Posts Tagged ‘traitements’

Hépatite C, traitements actuels et futurs

Sunday, September 8th, 2013

VIH.org

L’infection par le virus de l’hépatite C (VHC) touche 3% de la population mondiale. La mortalité directement liée au VHC est estimée à environ 250000 à 350000 personnes par an. La prévention des complications de l’hépatite chronique C (HCC) repose sur le traitement antiviral, soit par la combinaison interféron pégylé alpha (PEG-IFN) et ribavirine (RBV), soit par la trithérapie, PEG-IFN, RBV et l’un des deux inhibiteurs de la protéase de première génération du VHC, télaprévir (TVR) ou bocéprévir (BOC).

Cet article a été publié dans le Swaps n°70 qui propose un dossier spécial consacré au “Crack”

L’autorisation de mise sur le marché (AMM) du TVR et du BOC, courant 2011 en France, a profondément changé la prise en charge des patients atteints d’HCC de génotype 1. L’association française pour l’étude du foie (AFEF) a publié des recommandations de l’utilisation du BOC et du TVR, administrés en trithérapie chez des patients naïfs mais également chez des prétraités1, fondées sur les résultats des différents essais de phase III2,3,4,5,6. La disponibilité de la trithérapie ne change pas les indications de traitement au cours de l’HCC mais en modifie radicalement les modalités chez les patients infectés par un génotype 1. Le traitement antiviral doit être discuté chez tous les patients naïfs, à l’exception de ceux ayant une cirrhose décompensée. Il doit être initié sans réserve chez ceux ayant une fibrose avancée (F3-F4) et est indiqué pour les fibroses modérées (F2). En cas de fibrose absente ou minime (F0-F1), le traitement doit être discutée au cas par cas, en tenant compte des facteurs connus de la progression de la fibrose, comme les symptômes (manifestations extra-hépatiques) et la motivation du patient7.

Selon les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS), une évaluation par une méthode non invasive de la fibrose est recommandée chaque année chez les patients non traités. Différentes méthodes sont disponibles et validées par la HAS pour l’évaluation de fibrose hépatique : l’élastographie impulsionnelle ultrasonore (FibroScan®) et des scores biologiques composites sanguins (FibroTest®, Fibromètre® et Hépascore®). Ces examens sont remboursés depuis juin 2011 par la Sécurité sociale (JO 19-5-2011). Chez les patients naïfs, le BOC et le TVR associés au PEG-IFN et à la RBV ont montré un taux de réponses virologiques soutenues (RVS) de 66 à 75% (30% supérieur à celui observé chez les patients qui recevaient une bithérapie pégylée pendant 48 semaines)8,9. Ces essais ont permis également de déterminer que les patients qui pouvaient recevoir une durée courte de traitement, soit 24 et 28 semaines de traitement pour le TVR et le BOC respectivement10,11 étaient ceux ayant une réponse virologique rapide étendue (eRVR), définie pour le TVR par un ARN indétectable aux quatrième et douzième semaines de traitement, et par un ARN indétectable aux huitième et vingt-quatrième semaines de traitement pour ceux qui recevaient du BOC. Ce décalage de 4 semaines est lié à l’utilisation d’une phase initiale de bithérapie (PIB) de 4 semaines avec le BOC. Cinquante à 60% des patients naïfs sont candidats à ces traitements courts associés à une RVS de l’ordre de 90%2,4. En revanche, chez les patients cirrhotiques qui avaient une eRVR, le taux de RVS était de l’ordre de 90%, mais pour une durée de 48 semaines de traitement, suggérant qu’il n’est pas possible de réduire la durée du traitement chez les patients cirrhotiques traités par trithérapie, même en cas de eRVR12,13. Environ 10% des patients naïfs pourraient continuer à être traités par bithérapie pégylée. Les patients au génotype CC pour l’IL28B ont une probabilité de l’ordre de 30% d’atteindre une RVR associée à un taux de RVS de l’ordre de 90%.

Ainsi, il n’existe pas de gain thérapeutique associé à la trithérapie chez ces patients. En revanche, les patients non-CC ont une probabilité d’obtenir une RVR faible (de l’ordre de 5%), l’immense majorité devant recevoir une trithérapie pour obtenir une guérison optimale. Ainsi, chez des patients naïfs, avec des facteurs prédictifs de bonne réponse (génotype CC de l’IL28B et score de fibrose inférieur à F3) le traitement antiviral pourrait commencer par une PIB, suivie d’une bithérapie simple en cas de RVR, l’inhibiteur de la protéase étant ajouté, en l’absence de RVR. La possibilité de traiter uniquement avec une bithérapie pégylée ne concerne que 10% environ des patients naïfs infectés par un génotype 1. Par ailleurs, dans cette même population, à partir d’une analyse rétrospective réalisée chez les patients inclus dans l’essai Prove2, il a été montré que le traitement avec 12 semaines de trithérapie associant PEG-IFN, RBV et TVR était possible. Un essai thérapeutique dont le but est d’évaluer l’efficacité de 12 semaines de trithérapie (TVR) par rapport à celle de 24 semaines de traitement chez des naïfs ou des rechuteurs (génotype CC pour l’IL28B, sans cirrhose) est en cours. Chez les patients avec de mauvais facteurs de réponse (génotype non-CC de l’IL28B ou ayant une fibrose avancée), la trithérapie est le traitement de choix en première intention14.

Chez les patients prétraités, les essais de phase III ont montré que la réponse au traitement antérieur était l’un des facteurs qui jouait un rôle important sur l’efficacité de la trithérapie. Ainsi, son succès serait fondé sur l’efficacité de la combinaison PEG-IFN, RBV. En effet, chez les patients rechuteurs, les taux de RVS étaient élevés, de 75 à 85% pour une durée de 48 semaines15,16. Ces taux élevés étaient observés quelle que soit la sévérité de la fibrose suggérant que les rechuteurs étaient les meilleurs candidats à la trithérapie. L’indication de la trithérapie chez ces patients doit être rapide pour les fibroses avancées (F3-F4), indiquée pour les fibroses modérées (F2) et discutée au cas par cas chez les patients ayant une fibrose absente ou minime (F0-F1)17. Chez les répondeurs partiels, les taux de RVS étaient inférieurs à ceux observés chez les rechuteurs, mais un gain thérapeutique significatif était observé avec la trithérapie associée à des taux de RVS compris entre 40 et 59%, les taux les plus élevés étant obtenus pour une durée de traitement de 48 semaines18,19. Chez ces patients, la fibrose était un facteur de réponse au traitement, le taux de RVS passant de 72% pour les F0-F1 à 34% chez les F4 (TVR)20. La trithérapie est à commencer rapidement chez les répondeurs partiels ayant une fibrose avancée (F3-F4) alors que le traitement doit être discuté au cas par cas chez les patients ayant une fibrose absente ou modérée (F0-F2)21.

Chez les répondeurs nuls, le taux de RVS pour 48 semaines de traitement était plus modeste (de l’ordre de 35%) et la cirrhose était également un facteur de mauvaise réponse. Les taux de RVS étaient de l’ordre de 40% pour les F0-F3 et de 14% en cas de cirrhose (TVR)22.

Il n’y a pas de donnée de la trithérapie avec le BOC chez des patients ayant une fibrose avancée. La trithérapie n’est donc pas le traitement optimal chez les répondeurs nuls, d’autres stratégies doivent être proposées afin d’améliorer le taux de RVS et de prévenir l’émergence de variants résistants. Cependant, l’utilisation d’une PIB pourrait être intéressante pour sélectionner les répondeurs nuls qui ont des chances significatives d’obtenir une RVS. En effet, un taux de RVS supérieur à 50% a été montré chez les patients qui restauraient une réponse au PEG-IFN et à la RBV (diminution de la charge virale supérieure à 1 log, après 4 semaines de PIB). En revanche, chez ceux qui ne restauraient pas de réponse au PEG-IFN et à la RBV (décroissance de la charge virale inférieure à 1 log après les 4 semaines de PIB), le taux de RVS était faible, de l’ordre de 15%. Chez les répondeurs nuls, le traitement est à discuter au cas par cas chez les F0-F2, fondé sur l’évaluation de la balance bénéfice/risque. Chez les patients ayant une fibrose avancée (F3-F4), la trithérapie n’est indiquée qu’en l’absence d’alternative thérapeutique, en particulier d’essais thérapeutiques.

Une PIB est utile afin d’évaluer les chances de succès, le TVR n’étant introduit que chez les patients ayant une décroissance de leur charge virale supérieure à 1 log à la quatrième semaine de PIB23.

La tolérance de la trithérapie est différente de celle de la bithérapie pégylée. Dans les essais de phase III, la fréquence de l’anémie (Hb < 10 g/l) était de 20% supérieure au cours de la trithérapie comparée à la bithérapie pégylée pour les deux molécules. Plusieurs études ont évalué l’intérêt de l’introduction de l’érythropoïétine (EPO) ou celui de la diminution de dose de RBV pour la gestion de l’anémie observée au cours de la trithérapie.

L’ensemble des études prospectives ou rétrospectives indique que la réduction de la dose de RBV représente la première ligne de gestion de l’anémie au cours de la trithérapie. Le rash cutané est de 20% plus fréquent au cours de la trithérapie (TVR), incluant quelques cas de formes sévères dont l’existence nécessite une coopération avec un dermatologue référent et l’arrêt immédiat du TVR24. Dans la cohorte française CUPIC, qui a inclus des patients ayant une cirrhose prétraitée, la fréquence des effets indésirables sérieux et des complications sévères (décès, infections sévères ou décompensation hépatique) était plus élevée qu’au cours des essais de phase III.

Cette différence était liée aux caractéristiques distinctes des patients inclus dans les essais et dans cette cohorte. La présence d’une concentration d’albumine inférieure à 35 g/l et d’une valeur de plaquettes ≤ 100000 était associée à une probabilité importante (environ 45%) de complication sévère25. Ainsi, la trithérapie chez ces patients n’est pas recommandée.

Un autre point important est l’existence d’interactions médicamenteuses associées au TVR et au BOC. Celles-ci nécessitent une vigilance accrue de la part du médecin, des infirmières d’éducation thérapeutique, mais aussi du patient. Le parcours de soins des patients traités par trithérapie implique une collaboration étroite entre les différents intervenants. Il inclut les périodes avant la mise en place, pendant et après le traitement. Le début de la trithérapie doit être discuté et programmé avec le patient, le médecin référent et éventuellement les intervenants sociaux. Pendant le traitement, l’accompagnement du patient par des infirmières d’éducation thérapeutique est primordial, afin d’améliorer son observance, et aussi pour dépister et permettre de prendre en charge ses effets indésirables. Enfin, les interactions médicamenteuses peuvent être évitées grâce au médecin traitant et au pharmacien impliqués dans le parcours de soins.

L’AMM du TVR devrait être modifiée prochainement en raison de la possibilité d’une administration en 2 prises (3 comprimés toutes les 12 heures au lieu de 2 comprimés toutes les 8 heures). En effet, les résultats d’une étude prospective chez des patients naïfs, dont 30% avaient une fibrose avancée, ont montré des taux de RVS similaires pour les deux rythmes d’administration, quels que soient la sévérité de la fibrose et le génotype de l’IL28B. Ce changement d’administration pourrait améliorer la prise en charge de ces patients.

En résumé, la trithérapie accroît de façon importante l’efficacité du traitement antiviral de l’hépatite C de génotype 1, permettant d’obtenir une guérison chez 35 à 85% des patients, parfois avec un traitement court de 24 semaines. Cependant, le profil de tolérance est médiocre et la gestion des effets indésirables et des éventuelles interactions médicamenteuses nécessitent une surveillance rapprochée du patient par le médecin et les différents acteurs impliqués dans le parcours de soins.

La caractérisation du cycle cellulaire du VHC a permis d’identifier d’autres cibles que la protéase et de développer d’autres agents antiviraux, comme les inhibiteurs de la polymérase ou les inhibiteurs de NS5A. Chaque molécule doit analyser trois caractéristiques importantes : la puissance antivirale, la barrière génétique à la résistance et le profil de tolérance, celles-ci pouvant varier d’un génotype ou d’un sous-type à l’autre.

D’autres trithérapies pourraient être disponibles prochainement, toujours fondées sur l’administration de PEG-IFN et de RBV et d’un antiviral direct qui pourrait être, soit un inhibiteur de la protéase de deuxième génération, soit un inhibiteur de la polymérase, soit un inhibiteur de NS5A.

L’avantage de ces nouveaux antiviraux directs est une administration plus simple (1 à 2 prises par jour) que celle du BOC ou du TVR (toutes les 8 heures). Par ailleurs, l’anémie et le rash cutané ne sont plus observés avec ces antiviraux. Le taux de RVS devrait être similaire à celui observé avec la trithérapie actuelle, la tolérance meilleure et la durée du traitement raccourcie, jusqu’à 12 semaines pour l’association PEG-IFN, RBV et sofosbuvir.

L’étape suivante sera probablement la possibilité de traiter les patients sans IFN par une combinaison de médicaments oraux avec ou sans RBV. Pour combiner deux antiviraux directs, il est important qu’au moins l’un d’entre eux ait une barrière génétique à la résistance élevée afin de prévenir un échappement virologique qui serait lié à la sélection de variants viraux résistants aux deux molécules. Les essais thérapeutiques en cours évaluent l’efficacité et la tolérance de ces traitements oraux avec des durées courtes de traitement, pouvant aller jusqu’à 12 semaines uniquement. La combinaison de ces antiviraux puissants, sans résistance croisée, associés à un excellent profil de tolérance, aboutira peut-être à de nouvelles stratégies de courte durée, qui pourraient, à terme, éradiquer le VHC sans IFN.

Les objectifs d’une recherche préoccupent la communauté gaie Traiter par trithérapie un séronégatif

Wednesday, June 15th, 2011

Par Roger-Luc Chayer
[email protected]

Photo Google

L’Essai Ipergay vise le traitement par trithérapie de sujets parfaitement sains, et séronégatifs, uniquement en prévention.

Une étude française du nom d’Essai Ipergay, lancée par l’Agence nationale de recherche contre le SIDA a été validée, après de nombreux débats, par la communauté gaie.

Dans les faits, elle vise à traiter par une médication de trithérapie des personnes homosexuelles parfaitement saines, séronégatives, donc non porteuses du VIH dans le but ultime de les protéger avant une éventuelle exposition à un virus, avant une relation sexuelle donc. En théorie, il s’agit de traiter à vie, en prévention, des personnes qui sont homosexuelles, pour rien.

Voilà une toute nouvelle approche dans la recherche de nouveaux moyens de prévention du VIH qui est loin de faire l’unanimité car elle soulève de sérieuses questions tant en matière de profits pour l’industrie pharmaceutique qu’en matière éthique.

D’une part, est-ce qu’il est si important de vendre des médicaments, à vie, à des personnes homosexuelles dans le seul but de faire diminuer le risque d’acquisition du VIH d’environ 42%, comme le démontrent des études antérieures? Car il faut bien comprendre ici que ce traitement préventif ne sera offert qu’aux homosexuels.

Qui paiera pour des traitements médicaux donnés à des personnes parfaitement saines? Est-ce que les gouvernements auront les moyens d’une telle campagne alors que les budgets de l’État en matière d’assurance-médicaments sont déjà très compromis.

Ensuite, il faut certainement se préoccuper des réelles intentions des compagnies pharmaceutiques qui voudraient maintenant, selon cette théorie, traiter à vie des personnes pour un risque éventuel. C’est comme prendre une chimiothérapie à vie contre un cancer qui n’existe pas en espérant que s’il survient, la chimio donnée par le passé ait un effet protecteur. C’est un peu exagéré comme théorie non?

Sauf pour l’enrichissement des compagnies pharmaceutiques, cette recherche ne semble pas s’orienter vers les vraies questions: À quand un médicament qui traite et guérit le SIDA et plutôt que de chercher à rentabiliser une trithérapie au maximum, pourquoi ne pas orienter les recherches vers un traitement définitif, comme il en existe avec les antibiotiques?

Il est vrai que la recherche d’un vaccin que l’on pourra donner seulement en une seule dose sera moins rentable que la prise quotidienne d’un médicament à vie qui ne soigne pas mais qui ne fait que “prévenir” quelque chose qui ne se produira peut-être jamais.

Pour certains acteurs de la communauté gaie, la question ne devrait même pas se poser tellement la finalité est absurde.

Nouveau: Tout sur les troubles de la prostate

Saturday, August 8th, 2009

Il nous fait plaisir de lancer ce tout nouveau service dédié exclusivement aux hommes qui souhaitent contribuer à mieux connaître les troubles de la prostate et à suggérer diverses pistes de gestion de tels troubles. Il s’agit d’une catégorie qui sera permanente et qui permetra la discussion autour de ce thème par les personnes qui voudraient contribuer à mieux comprendre la situation et parfois, à raconter leur vécu afin que l’ensemble de la communauté puisse y trouver des pistes de solutions.

Ce blogue est offert par Gay Globe TV et toute contribution y est encouragée.

À noter que les messages n’engagent que leurs auteurs et peuvent faire l’objet de modération. Nous invitons donc les utilisateurs à discuter ouvertment du sujet en respectant les règles de la nétiquette qui proscrivent les attaques personnelles. Merci. GGTV

SIDA: Traiter pour prévenir

Thursday, May 21st, 2009

C’est une nouvelle page qui s’ouvre dans l’histoire de l’épidémie. Le Conseil national du sida (CNS) présente un avis et formule des recommandations sur “l’intérêt du traitement comme outil novateur de la lutte contre l’épidémie d’infections à VIH”. Le traitement doit-il devenir un outil de prévention contre le VIH? Faut-il proposer un traitement précoce aux séropositifs dans le but de diminuer les risques de transmission? Faut-il dépister plus pour traiter plus? À ces trois questions, le Pr Willy Rozenbaum, président du CNS, répond par l’affirmative. Traitement et prévention classique deviennent complémentaires avec pour objectif de diminuer le nombre de transmissions.

Nous savons depuis plusieurs années que la diminution de la charge virale sous traitement réduit aussi le risque de transmission. Au niveau collectif, traiter au moins 50% des personnes infectées permettrait, selon de nombreuses études, de diminuer le nombre de nouvelles contaminations. Sur un plan individuel aussi, le traitement, efficace, bien pris, induit une réduction de la transmission. Mais sur cet aspect, l’avis du CNS reste mesuré, car le risque résiduel de transmission existe. Les membres du Conseil ne vont pas, comme les autorités suisses, jusqu’à expliquer que les couples sérodiscordants peuvent abandonner le préservatif, à condition que le partenaire séropositif ait un traitement efficace. Pour Willy Rozenbaum, il est cependant indispensable d’informer les séropositifs et leurs partenaires de l’existence de cette nouvelle donne et de redéfinir la complémentarité des outils de prévention: oui la capote protège du VIH, mais le traitement aussi. Il serait inefficace de les opposer.
Bien entendu, cette stratégie fait porter sur le séropositif une nouvelle responsabilité, comme le souligne l’avis du CNS: “Avec le traitement, en revanche, apparaît un moyen, médicalisé et non comportemental, dissocié de l’acte sexuel, de rendre les personnes porteuses du virus très peu contaminantes. La maîtrise de ce moyen n’est plus également partagée par les partenaires, elle relève du seul partenaire infecté, qui porte alors entièrement, si aucune autre technique de protection n’est utilisée, la responsabilité de réduire le risque pour l’autre.

Entrevue : Roger-Luc Chayer L’avant et l’après trithérapie en 1996 pour les jeunes…

Thursday, December 4th, 2008

“J’ai vécu au premier degré l’avant 1996 alors que les personnes de la communauté gaie tombaient comme des mouches et l’après 1996, alors que les 18-24 sont aujourd’hui les premiers contaminés par le VIH-SIDA parce qu’ils n’ont aucune image de la mort liée à cette maladie”, déclare Roger-Luc Chayer, éditeur du Point et de Gay Globe TV.

“Je livre aujourd’hui ce témoignage car sans les témoins de l’apparition du VIH/SIDA dans notre communauté, entre 1984 et 1996, nous ne pourrons jamais faire comprendre aux jeunes les dangers qui les guettent car la mort est toujours présente”. Roger-Luc Chayer, qui collaborait de 1993 à 1998 à la revue RG, a été profondément marqué par son passage au magazine. Seulement que dans l’entourage de la publication, il a été témoin de la lutte et de la mort du correcteur de textes Guy, du graphiste, de deux amis de l’éditeur Jacques et Alain et c’est sans parler de son ami Pascal de Marseille et de nombreuses autres personnes qui sont toutes mortes avant l’arrivée de la trithérapie.

“Inutile de vous dire que ça laisse un goût amer que de repenser à tout cela mais il faut malheureusement le faire et en parler le plus possible car je suis aussi le témoin du comportement de la plupart des jeunes de moins de 30 ans qui n’ont rien vu de l’époque où près de 30% des gais sont morts du SIDA et qui ont des comportements sexuels tels qu’ils sont potentiellement condamnés”, explique Roger-Luc Chayer qui ne cache pas son impatience quand il donne des exemples de comportements dont il est témoin auprès des jeunes qu’il croise comme éditeur et personne impliquée dans la communauté.

“Si seulement nous pouvions revenir en images dans le passé et faire voir à ceux qui pensent que l’on peut guérir du SIDA aujourd’hui que cette maladie peut encore et toujours tuer, briser des vies et détruire toute qualité de vie pour certains qui en survivent, nous pourrions peut-être arriver à une prise de conscience équivalente à celle de la communauté gaie en 1996, juste avant que la trithérapie n’arrive, lorsqu’il était de rigueur et de bon goût d’utiliser le condom pour toute relation intime, c’est d’ailleurs à cette seule époque que le taux de transmission du SIDA a vraiment baissé au Québec”. “Si je ne suis pas atteint personnellement, c’est que j’ai vu l’horreur causée par la maladie chez les autres, je leur dois un peu la vie. C’est le message que nous pourrions livrer aux jeunes!”, conclut l’éditeur du Point.