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FINI L’HÉPATITE C? Un traitement guérit 98% des patients

Sunday, February 23rd, 2014

La Presse

Un nouveau cocktail de deux médicaments s’est avéré très efficace contre l’hépatite C, selon les résultats mercredi d’un essai clinique montrant que cette infection chronique du foie, qui a tué plus d’Américains que le sida, serait en passe d’être vaincue.

Cette étude, qui porte sur la combinaison de deux antiviraux pris oralement, le daclatasvir et le sofosbuvir, respectivement des laboratoires pharmaceutiques Bristol Myers Squibb et Gilead Sciences, a entraîné un taux de guérison de 98% sans effet secondaire important. «Les médicaments standard contre la maladie vont connaître une amélioration considérable d’ici l’année prochaine, conduisant à des avancées sans précédent dans le traitement des malades», déclare le Dr Mark Sulkowski, directeur du Centre des hépatites virales de la faculté de médecine Johns Hopkins. L’essai clinique de phase deux a été mené sur 211 hommes et femmes infectés par l’une des trois principales souches du virus responsable de cette infection hépatique chronique, qui conduit à la cirrhose et au cancer du foie, nécessitant une greffe de cet organe.

Ce cocktail a été efficace, même chez les patients difficiles à traiter, pour qui la triple thérapie conventionnelle (telaprevir ou boceprevir, plus peginterferon et ribavirin), a échoué. Parmi les 126 participants infectés par le génotype 1 du virus de l’Hépatite C, la souche la plus fréquente aux États-Unis, et n’ayant reçu aucun traitement préalable, 98% ont été guéris.

De même, 98% des 41 patients encore infectés après une triple thérapie conventionnelle n’avaient plus aucune trace du virus dans leur sang trois mois après la fin du traitement expérimental. Le taux de guérison a été similaire chez les 44 autres participants à l’étude, infectés par les génotypes 2 et 3 du virus, moins communs aux États-Unis. Les participants ont pris quotidiennement une combinaison de 60 milligrammes de daclatasvir et 400 milligrammes de sofosbuvir, avec ou sans ribavirin, pendant trois à six mois.

Le traitement de l’hépatite C sera aussi considérablement simplifié, passant de 18 comprimés par jour plus une injection hebdomadaire, à un ou deux comprimés quotidiens, souligne-t-il. Selon les Centres fédéraux américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), moins de 5% des 3,2 millions d’Américains atteints d’hépatite C ont été guéris.
Les CDC estiment aussi que de 50 à 75% ignorent être infectés, le plus souvent par des injections de drogue, des transfusions de sang contaminé dans les années 70 et 80, ou par des contacts sexuels.

Au moins 185 millions de personnes sont infectées par le virus de l’hépatite C dans le monde.

Le Sofosbuvir reçoit son autorisation de mise sur le marché européen

Monday, January 27th, 2014

Vih.org

On l’attendait, elle est arrivée : la commission européenne vient d’octroyer le 17 janvier dernier l’autorisation de mise sur le marché (AMM) du sofosbuvir, développé par Gilead-Sciences pour le traitement de l’hépatite chronique C sous la marque Sovaldi®.

C’est la première AMM d’une nouvelle arme thérapeutique contre le VHC dont il a déjà été question sur Vih.org. C’est aussi la première de cette nouvelle classe thérapeutique des inhibiteurs nucléotidiques de la polymérase du VHC, administrée par voie orale, qui permet dans un certain nombres de cas de traiter le VHC sans passer par la case Interféron.

Cette autorisation de mise sur le marché concerne 28 pays de l’Union Européenne et fait suite, comme c’est le cas pour ces molécules d’une nouvelle classe à une procédure accélérée de l’agence européenne des médicaments (Emea). Elle est la suite logique des résultats accumulés par la firme concernant l’utilisation de cette molécule – avec ou sans Peg Interferon, chez les patients naïfs de traitement ou pré-traités, (dans les études NEUTRINO, FISSION, FUSION, POSITRON, VALENCE), et aussi chez les patients co-infectés par le VIH (PHOTON 1).

Le cadre de cette AMM peut sembler complexe, et ce, à cause des changements réglementaires en France concernant les molécules sortant d’une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) dite «de cohorte». Le cadre de l’AMM fixé le 17 janvier est pour l’instant le même que celui qui permettait l’octroi de la molécule dans le cadre de l’ATU de cohorte, à savoir que le Sofosbuvir est «indiqué pour le traitement des patients adultes atteints d’infection virale C chronique  en association avec d’autres molécules, présentant la maladie à un stade avancé et pour lesquels il n’existe pas d’alternative thérapeutique appropriée». Cela concerne aussi «les patients sur liste d’attente pour une transplantation hépatique ou ayant subi une transplantation hépatique et présentant une récurrence de l’infection par le virus de l’hépatite C agressive ».

La question du prix

L’applicabilité de l’autorisation de mise sur le marché dans le périmètre de l’ATU est suspendu à la fixation du prix. Une question du prix non accessoire, dans la mesure où il est fixé à 1 000 dollars US (780 euros) le comprimé pour des traitements entre 12 et 24 semaines dans le cadre de l’ATU américaine1. Le traitement peut par ailleurs êtres pllus longs lorsqu’il s’agit d’une transplantation hépatique, puisque le traitement est poursuivi dans ce cas jusqu’à l’intervention chirurgicale.

Le cadre de l’AMM prévoit que globalement tous les patients, quelque soit le type de virus (génotype 1, 2, 3, 4, 5 ou 6), puissent accéder à un traitement, que ce soit associé à la Ribavirine et à Peg Interferon avec des traitements de 12  semaines, ou associé seulement à la Ribavirine chez des patients notamment intolérants à l’Interferon pégylé pour un traitement de 24 semaines.

Concrètement la molécule sera disponible uniquement en pharmacie dès que l’ATU de cohorte sera close, dans les prochains jours, avec une dispensation uniquement en pharmacie hospitalière. Les caractéristiques du produit sont disponibles sur www.emea.europa.eu et les précautions d’emploi sont, somme toute assez restreintes : Elles imposent une contraception chez les femmes en âge de procréer et d’éviter les molécules ayant des interactions négatives telles les inducteurs de la pP-gp (Rifampicine, Millepertuis, Carbamazepine …etc), qui sont contre indiqués avec cette molécule.

Une avancée thérapeutique importante

Selon Gilead, à ce jour près de 3 000 patients ont reçu au moins une dose de Sofosbuvir au cours des études de phase 2 et de phase 3 avec une bonne tolérance clinique et des événements indésirables le plus souvent d’intensité modérée.

Cela représente indiscutablement une avancée thérapeutique importante. Le champ thérapeutique théorique est donc imposant mais ne réglera pas tous les problèmes des patients infectés par le VHC. Notamment en l’absence de donnée concernant les stades très avancés de cirrhose décompensée et aussi chez les patients déjà lourdement prétraités par des associations de tri thérapies Interferon + Ribavirine + inhibiteur de protéase.

Le lancement du Sofosbuvir marque une étape historique dans la prise en charge des patients infectés par le VHC sans qu’on sache précisément si cette molécule et les suivantes des autres laboratoires vont permettre de régler les 3 problèmes majeurs que pose l’infection par le VHC en santé publique: Le nombre important dans les pays industrialisés d’infections non diagnostiquées (autour de 40% en France), l’importance des diagnostics tardifs faits encore au stade de cirrhose et enfin la problématique d’accès de ces molécules innovantes et coûteuses dans les pays du Sud et sa régulation dans l’économie de plus en plus contrainte des pays du Nord.

Notons que d’autres molécules sont actuellement disponibles dans un cadre de plus restreint, tel le siméprevir qui est un inhibiteur de protéase de Janssen et l’azunaprévir, inhibiteur de protéases de BMS, ainsi que le Daclatasevir (BMS), toutes deux actuellement disponibles en ATU nominative.

Gageons qu’un certains nombre de patients, notamment ceux ayant des stades de fibrose nuls ou peu évolués, vont attendre impatiemment les premières associations de ces molécules. Leur efficacité semble en effet impressionnante, à l’instar de la publication le 16 janvier dans le New England Journal of Medecine par Sulkowski MS. et al., et des résultats extrêmement encourageant de l’association Daclatasvir + Sofosbuvir, précisément, chez les patients infectés par le VHC de génotype 1 en échec d’inhibiteur de protéase de première génération – Bocéprévir ou Télaprevir – et ayant des stades de fibrose Fo-F2.

D’autres associations ont aussi montré d’imposants résultats, telle l’association Siméprevir + Sofosbuvir (étude Cosmos : CROI 2013 abstract 155LB ) ou l’association Sofosbuvir + Lédipasvir (New England Journal of Medecine 2013 ; 368 :34-44) dans l’étude Electron, ou encore l’association Faldaprevir + Déléobuvir dans l’étude Sound – C2 publiée aussi dans le New England of Medecine (369 : 630 – 9).

HÉPATITE C Évolution rapide des traitements

Sunday, October 27th, 2013

Top Santé

L’hépatite C est une des causes les plus importantes des maladies du foie, comme la cirrhose ou le cancer du foie. 230 000 personnes seraient porteuses du virus en France. Des traitements existent pour guérir la maladie et la recherche a fait de grands progrès ces dernières années en mettant au jour de nouvelles molécules antivirales. Alors que des travaux ont démontré que la combinaison de deux ou trois de ces molécules donnait des taux de guérison entre 80 et 100%, une nouvelle étude souligne l’efficacité d’un traitement associant un antiviral et un médicament expérimental.

Cette découverte vient des Etats-Unis, où l’hépatite C cause 15 000 décès chaque année. Le Dr Shyam Kottilil a testé avec succès la combinaison de l’antiviral ribavirine et du sofosbuvir, une molécule expérimentale développée par le laboratoire américain Gilead sur des malades atteints d’hépatite C chronique. Ce traitement pris sous forme orale pendant six mois s’est traduit par un taux de guérison de 70 % et a été bien toléré par les patients touchés par  le génotype 1 du virus de l’hépatite C, dont la plupart avait le foie endommagé. Parmi les soixante participants,  50 étaient des Noirs, une population plus infectée par le virus et qui guérit moins bien que les patients à la peau blanche.

Les conclusions de cet essai clinique représentent une avancée pour les chercheurs, car le génotype 1 et les personnes noires répondent en principe moins bien aux traitements classiques. Ceux-ci consistent en des injections hebdomadaires d’interféron-alpha et de l’antiviral ribavirine ajoutés à un autre médicament. «Ce résultat est encourageant d’autant qu’une forte proportion des volontaires avait un profil qui les fait mal répondre aux traitements existants comme le fait d’être un homme, d’être infecté par un virus de génotype 1, d’être noir et d’avoir un foie très endommagé», commente le Dr Shyam Kottilil, cité par l’AFP.

Hépatite C, traitements actuels et futurs

Sunday, September 8th, 2013

VIH.org

L’infection par le virus de l’hépatite C (VHC) touche 3% de la population mondiale. La mortalité directement liée au VHC est estimée à environ 250000 à 350000 personnes par an. La prévention des complications de l’hépatite chronique C (HCC) repose sur le traitement antiviral, soit par la combinaison interféron pégylé alpha (PEG-IFN) et ribavirine (RBV), soit par la trithérapie, PEG-IFN, RBV et l’un des deux inhibiteurs de la protéase de première génération du VHC, télaprévir (TVR) ou bocéprévir (BOC).

Cet article a été publié dans le Swaps n°70 qui propose un dossier spécial consacré au “Crack”

L’autorisation de mise sur le marché (AMM) du TVR et du BOC, courant 2011 en France, a profondément changé la prise en charge des patients atteints d’HCC de génotype 1. L’association française pour l’étude du foie (AFEF) a publié des recommandations de l’utilisation du BOC et du TVR, administrés en trithérapie chez des patients naïfs mais également chez des prétraités1, fondées sur les résultats des différents essais de phase III2,3,4,5,6. La disponibilité de la trithérapie ne change pas les indications de traitement au cours de l’HCC mais en modifie radicalement les modalités chez les patients infectés par un génotype 1. Le traitement antiviral doit être discuté chez tous les patients naïfs, à l’exception de ceux ayant une cirrhose décompensée. Il doit être initié sans réserve chez ceux ayant une fibrose avancée (F3-F4) et est indiqué pour les fibroses modérées (F2). En cas de fibrose absente ou minime (F0-F1), le traitement doit être discutée au cas par cas, en tenant compte des facteurs connus de la progression de la fibrose, comme les symptômes (manifestations extra-hépatiques) et la motivation du patient7.

Selon les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS), une évaluation par une méthode non invasive de la fibrose est recommandée chaque année chez les patients non traités. Différentes méthodes sont disponibles et validées par la HAS pour l’évaluation de fibrose hépatique : l’élastographie impulsionnelle ultrasonore (FibroScan®) et des scores biologiques composites sanguins (FibroTest®, Fibromètre® et Hépascore®). Ces examens sont remboursés depuis juin 2011 par la Sécurité sociale (JO 19-5-2011). Chez les patients naïfs, le BOC et le TVR associés au PEG-IFN et à la RBV ont montré un taux de réponses virologiques soutenues (RVS) de 66 à 75% (30% supérieur à celui observé chez les patients qui recevaient une bithérapie pégylée pendant 48 semaines)8,9. Ces essais ont permis également de déterminer que les patients qui pouvaient recevoir une durée courte de traitement, soit 24 et 28 semaines de traitement pour le TVR et le BOC respectivement10,11 étaient ceux ayant une réponse virologique rapide étendue (eRVR), définie pour le TVR par un ARN indétectable aux quatrième et douzième semaines de traitement, et par un ARN indétectable aux huitième et vingt-quatrième semaines de traitement pour ceux qui recevaient du BOC. Ce décalage de 4 semaines est lié à l’utilisation d’une phase initiale de bithérapie (PIB) de 4 semaines avec le BOC. Cinquante à 60% des patients naïfs sont candidats à ces traitements courts associés à une RVS de l’ordre de 90%2,4. En revanche, chez les patients cirrhotiques qui avaient une eRVR, le taux de RVS était de l’ordre de 90%, mais pour une durée de 48 semaines de traitement, suggérant qu’il n’est pas possible de réduire la durée du traitement chez les patients cirrhotiques traités par trithérapie, même en cas de eRVR12,13. Environ 10% des patients naïfs pourraient continuer à être traités par bithérapie pégylée. Les patients au génotype CC pour l’IL28B ont une probabilité de l’ordre de 30% d’atteindre une RVR associée à un taux de RVS de l’ordre de 90%.

Ainsi, il n’existe pas de gain thérapeutique associé à la trithérapie chez ces patients. En revanche, les patients non-CC ont une probabilité d’obtenir une RVR faible (de l’ordre de 5%), l’immense majorité devant recevoir une trithérapie pour obtenir une guérison optimale. Ainsi, chez des patients naïfs, avec des facteurs prédictifs de bonne réponse (génotype CC de l’IL28B et score de fibrose inférieur à F3) le traitement antiviral pourrait commencer par une PIB, suivie d’une bithérapie simple en cas de RVR, l’inhibiteur de la protéase étant ajouté, en l’absence de RVR. La possibilité de traiter uniquement avec une bithérapie pégylée ne concerne que 10% environ des patients naïfs infectés par un génotype 1. Par ailleurs, dans cette même population, à partir d’une analyse rétrospective réalisée chez les patients inclus dans l’essai Prove2, il a été montré que le traitement avec 12 semaines de trithérapie associant PEG-IFN, RBV et TVR était possible. Un essai thérapeutique dont le but est d’évaluer l’efficacité de 12 semaines de trithérapie (TVR) par rapport à celle de 24 semaines de traitement chez des naïfs ou des rechuteurs (génotype CC pour l’IL28B, sans cirrhose) est en cours. Chez les patients avec de mauvais facteurs de réponse (génotype non-CC de l’IL28B ou ayant une fibrose avancée), la trithérapie est le traitement de choix en première intention14.

Chez les patients prétraités, les essais de phase III ont montré que la réponse au traitement antérieur était l’un des facteurs qui jouait un rôle important sur l’efficacité de la trithérapie. Ainsi, son succès serait fondé sur l’efficacité de la combinaison PEG-IFN, RBV. En effet, chez les patients rechuteurs, les taux de RVS étaient élevés, de 75 à 85% pour une durée de 48 semaines15,16. Ces taux élevés étaient observés quelle que soit la sévérité de la fibrose suggérant que les rechuteurs étaient les meilleurs candidats à la trithérapie. L’indication de la trithérapie chez ces patients doit être rapide pour les fibroses avancées (F3-F4), indiquée pour les fibroses modérées (F2) et discutée au cas par cas chez les patients ayant une fibrose absente ou minime (F0-F1)17. Chez les répondeurs partiels, les taux de RVS étaient inférieurs à ceux observés chez les rechuteurs, mais un gain thérapeutique significatif était observé avec la trithérapie associée à des taux de RVS compris entre 40 et 59%, les taux les plus élevés étant obtenus pour une durée de traitement de 48 semaines18,19. Chez ces patients, la fibrose était un facteur de réponse au traitement, le taux de RVS passant de 72% pour les F0-F1 à 34% chez les F4 (TVR)20. La trithérapie est à commencer rapidement chez les répondeurs partiels ayant une fibrose avancée (F3-F4) alors que le traitement doit être discuté au cas par cas chez les patients ayant une fibrose absente ou modérée (F0-F2)21.

Chez les répondeurs nuls, le taux de RVS pour 48 semaines de traitement était plus modeste (de l’ordre de 35%) et la cirrhose était également un facteur de mauvaise réponse. Les taux de RVS étaient de l’ordre de 40% pour les F0-F3 et de 14% en cas de cirrhose (TVR)22.

Il n’y a pas de donnée de la trithérapie avec le BOC chez des patients ayant une fibrose avancée. La trithérapie n’est donc pas le traitement optimal chez les répondeurs nuls, d’autres stratégies doivent être proposées afin d’améliorer le taux de RVS et de prévenir l’émergence de variants résistants. Cependant, l’utilisation d’une PIB pourrait être intéressante pour sélectionner les répondeurs nuls qui ont des chances significatives d’obtenir une RVS. En effet, un taux de RVS supérieur à 50% a été montré chez les patients qui restauraient une réponse au PEG-IFN et à la RBV (diminution de la charge virale supérieure à 1 log, après 4 semaines de PIB). En revanche, chez ceux qui ne restauraient pas de réponse au PEG-IFN et à la RBV (décroissance de la charge virale inférieure à 1 log après les 4 semaines de PIB), le taux de RVS était faible, de l’ordre de 15%. Chez les répondeurs nuls, le traitement est à discuter au cas par cas chez les F0-F2, fondé sur l’évaluation de la balance bénéfice/risque. Chez les patients ayant une fibrose avancée (F3-F4), la trithérapie n’est indiquée qu’en l’absence d’alternative thérapeutique, en particulier d’essais thérapeutiques.

Une PIB est utile afin d’évaluer les chances de succès, le TVR n’étant introduit que chez les patients ayant une décroissance de leur charge virale supérieure à 1 log à la quatrième semaine de PIB23.

La tolérance de la trithérapie est différente de celle de la bithérapie pégylée. Dans les essais de phase III, la fréquence de l’anémie (Hb < 10 g/l) était de 20% supérieure au cours de la trithérapie comparée à la bithérapie pégylée pour les deux molécules. Plusieurs études ont évalué l’intérêt de l’introduction de l’érythropoïétine (EPO) ou celui de la diminution de dose de RBV pour la gestion de l’anémie observée au cours de la trithérapie.

L’ensemble des études prospectives ou rétrospectives indique que la réduction de la dose de RBV représente la première ligne de gestion de l’anémie au cours de la trithérapie. Le rash cutané est de 20% plus fréquent au cours de la trithérapie (TVR), incluant quelques cas de formes sévères dont l’existence nécessite une coopération avec un dermatologue référent et l’arrêt immédiat du TVR24. Dans la cohorte française CUPIC, qui a inclus des patients ayant une cirrhose prétraitée, la fréquence des effets indésirables sérieux et des complications sévères (décès, infections sévères ou décompensation hépatique) était plus élevée qu’au cours des essais de phase III.

Cette différence était liée aux caractéristiques distinctes des patients inclus dans les essais et dans cette cohorte. La présence d’une concentration d’albumine inférieure à 35 g/l et d’une valeur de plaquettes ≤ 100000 était associée à une probabilité importante (environ 45%) de complication sévère25. Ainsi, la trithérapie chez ces patients n’est pas recommandée.

Un autre point important est l’existence d’interactions médicamenteuses associées au TVR et au BOC. Celles-ci nécessitent une vigilance accrue de la part du médecin, des infirmières d’éducation thérapeutique, mais aussi du patient. Le parcours de soins des patients traités par trithérapie implique une collaboration étroite entre les différents intervenants. Il inclut les périodes avant la mise en place, pendant et après le traitement. Le début de la trithérapie doit être discuté et programmé avec le patient, le médecin référent et éventuellement les intervenants sociaux. Pendant le traitement, l’accompagnement du patient par des infirmières d’éducation thérapeutique est primordial, afin d’améliorer son observance, et aussi pour dépister et permettre de prendre en charge ses effets indésirables. Enfin, les interactions médicamenteuses peuvent être évitées grâce au médecin traitant et au pharmacien impliqués dans le parcours de soins.

L’AMM du TVR devrait être modifiée prochainement en raison de la possibilité d’une administration en 2 prises (3 comprimés toutes les 12 heures au lieu de 2 comprimés toutes les 8 heures). En effet, les résultats d’une étude prospective chez des patients naïfs, dont 30% avaient une fibrose avancée, ont montré des taux de RVS similaires pour les deux rythmes d’administration, quels que soient la sévérité de la fibrose et le génotype de l’IL28B. Ce changement d’administration pourrait améliorer la prise en charge de ces patients.

En résumé, la trithérapie accroît de façon importante l’efficacité du traitement antiviral de l’hépatite C de génotype 1, permettant d’obtenir une guérison chez 35 à 85% des patients, parfois avec un traitement court de 24 semaines. Cependant, le profil de tolérance est médiocre et la gestion des effets indésirables et des éventuelles interactions médicamenteuses nécessitent une surveillance rapprochée du patient par le médecin et les différents acteurs impliqués dans le parcours de soins.

La caractérisation du cycle cellulaire du VHC a permis d’identifier d’autres cibles que la protéase et de développer d’autres agents antiviraux, comme les inhibiteurs de la polymérase ou les inhibiteurs de NS5A. Chaque molécule doit analyser trois caractéristiques importantes : la puissance antivirale, la barrière génétique à la résistance et le profil de tolérance, celles-ci pouvant varier d’un génotype ou d’un sous-type à l’autre.

D’autres trithérapies pourraient être disponibles prochainement, toujours fondées sur l’administration de PEG-IFN et de RBV et d’un antiviral direct qui pourrait être, soit un inhibiteur de la protéase de deuxième génération, soit un inhibiteur de la polymérase, soit un inhibiteur de NS5A.

L’avantage de ces nouveaux antiviraux directs est une administration plus simple (1 à 2 prises par jour) que celle du BOC ou du TVR (toutes les 8 heures). Par ailleurs, l’anémie et le rash cutané ne sont plus observés avec ces antiviraux. Le taux de RVS devrait être similaire à celui observé avec la trithérapie actuelle, la tolérance meilleure et la durée du traitement raccourcie, jusqu’à 12 semaines pour l’association PEG-IFN, RBV et sofosbuvir.

L’étape suivante sera probablement la possibilité de traiter les patients sans IFN par une combinaison de médicaments oraux avec ou sans RBV. Pour combiner deux antiviraux directs, il est important qu’au moins l’un d’entre eux ait une barrière génétique à la résistance élevée afin de prévenir un échappement virologique qui serait lié à la sélection de variants viraux résistants aux deux molécules. Les essais thérapeutiques en cours évaluent l’efficacité et la tolérance de ces traitements oraux avec des durées courtes de traitement, pouvant aller jusqu’à 12 semaines uniquement. La combinaison de ces antiviraux puissants, sans résistance croisée, associés à un excellent profil de tolérance, aboutira peut-être à de nouvelles stratégies de courte durée, qui pourraient, à terme, éradiquer le VHC sans IFN.

Hépatite C : vers l’élaboration d’un vaccin préventif

Saturday, August 6th, 2011

LeParisien

Des chercheurs du CNRS et de l’Inserm ont mis au point une nouvelle stratégie de développement vaccinal contre le virus de l’hépatite C, maladie générant de nombreuses complications telles que l’insuffisance hépatique et le cancer du foie. Publiés dans la revue Science Translational Medicine, mercredi 3 août, leurs travaux pourraient permettre à long terme d’élaborer le premier vaccin contre la maladie, mais également de développer des vaccins contre d’autres infections comme le VIH ou la dengue.

Via cette étude européenne, les chercheurs avaient pour objectif de développer un vaccin contre le virus de l’hépatite C. Ils ont ainsi élaboré une technologie basée sur l’utilisation de “pseudo-particules” virales qui sont identiques aux particules virales sans toutefois être dangereuses.

Après cette première étape, les scientifiques ont mis au point des “pseudo-particules” virales “chimériques”, c’est-à-dire conçues à partir de fragments issus de deux virus distincts.

Des souris et des macaques ont été vaccinés pour la première fois avec ces particules virales spécifiques. Résultat : les chercheurs ont découvert qu’en réaction à la vaccination, les animaux ont produit des anticorps neutralisant le virus de l’hépatite C.

Ces résultats sont importants pour la mise au point d’un vaccin préventif contre le virus de l’hépatite C. Plus généralement, ils sont applicables au développement de stratégies similaires pour des vaccins contre d’autres infections, comme le VIH, la dengue, le Virus respiratoire syncytial (RSV)…”, concluent les principaux auteurs de l’étude.

Enquête : Des suppléments de vitamines C et E, ce n’est pas la panacée !

Thursday, December 4th, 2008

Près de 15.000 médecins – de sexe masculin suivis pendant 10 ans. Et une conclusion lapidaire : la supplémentation quotidienne en vitamines C et E ne protège pas contre les risques de cancers. De la prostate notamment… Dans le cadre de la Physicians’ Health Study, le Dr Howard Sesso et ses collègues de Boston ont suivi pendant 10 ans donc 15.000 confrères âgés de 50 ans et plus au début de l’enquête. Les participants ont pris quotidiennement soit des gélules de vitamine C (500mg) et E ou un placebo.
Les chercheurs ont présenté leurs conclusions lors de la 7e Conférence internationale Frontiers in Cancer Prevention Research organisée par l’American Association for Cancer Research (AACR) qui se déroule jusqu’à mercredi cette semaine au Maryland.
« Au bout de 10 ans de suivi, nous n’avons trouvé aucune preuve permettant de conclure qu’une telle supplémentation apporte un bénéfice en termes de prévention des cancers, notamment de la prostate », explique l’auteur. Inutile donc de se jeter sans avis médical sur ces compléments alimentaires. D’autant, comme le conclut Michael Gaziano, co-auteur de ce travail : « Il est vrai que plusieurs travaux antérieurs ont montré les bénéfices d’un régime alimentaire riche en vitamine C et E. Il semble toutefois que ces vitamines prises dans le cadre d’une supplémentation n’aient pas les mêmes avantages que celles des aliments ».