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Julien, toi qui préfères les hommes

Friday, December 9th, 2011

Publication exclusive du pre-
mier livre de Caroline Gréco
portant sur l’annonce de l’ho-
mosexualité d’un jeune à ses
parents.
Photo: Julien – Gay Globe Média Publié avec l’aimable autorisation de l’auteure et de Gilles Schaufelberger
Aux parents dont les enfants sont différents!
Je suis triste et perdue ce soir. Je suis là, dans cet apparte- ment que j’aime et je voudrais être à des kilomètres de chez moi. Je suis sous le choc, j’ai mal à l’estomac, mal à la vie, je tourne en rond dans ces pièces que je connais dans leurs moindres détails, et même la présence des objets familiers me laisse perplexe : j’ai l’impression de visiter une maison que je connais bien, mais qui n’est pas la mienne. Le temps s’est arrêté : où est passée l’âme de cet appartement ? Et pourtant, j’aime ce salon avec le grand canapé et ses fau- teuils en cuir, la petite table basse en verre, où traînent toujours journaux, livres et revues. Je traverse la pièce, dé- place un bibelot, redresse un tableau, gestes automatiques et bêtes, mais qui me donnent l’impression de faire quelque chose. Je n’arrive pas à rester tranquille, à me calmer. Tout est silencieux, froid, tout me semble hostile. Alors, pour me donner du courage, je fais le tour des chambres, comme le faisait Julien lorsqu’il revenait après quelques jours d’absence.
« Maman, je fais mon tour ! »
C’était la phrase rituelle après les embrassades de bienve- nue. Il passait ensuite bruyamment de pièce en pièce :
« Oh, joli ce bouquet… Et cette chaise, où l’as-tu dénichée ? Ah, ici tout est à sa place. »
Il reprenait ainsi possession de « son » territoire, de « sa » maison, en commençant par sa chambre. Je le retrouvais au salon, vautré dans un fauteuil.
« Comme on est bien, chez soi ! »
Il a fallu une petite phrase pour que le monde bascule pour moi. Julien rentrait d’un week-end, heureux. Il m’a regardée, le visage in- quiet et les yeux brillants. Très vite, il m’a dit :
« Maman, je dois te dire quelque chose de très sé- rieux : je suis homosexuel et amoureux ! »
Un cyclone me secoue, me laissant anéantie, déses- pérée, sans force. Dans ma tête, c’est la cavalcade des pensées folles, sans réponse. Julien ? Ce n’est pas possi- ble ! Mon Dieu, non, pas lui !

Que va-t-il devenir ? Com- ment l’en empêcher ? Quelle horreur, quel dégoût ! Il faut le changer, le guérir, vite, avant qu’il ne soit trop tard ! Trop tard pour quoi ? L’angoisse m’étreint : com- ment le dire à mon mari ? Comment réagira-t-il, lui qui est parfois assez intransi- geant et qui a des principes sévères ! Pourra-t-il encore accepter son fils après cet aveu ? J’ai peur. Il y aura des discussions sans fin, des scènes, des larmes … Est-ce que Frédéric est au courant ? Est-ce que son frè- re lui a fait des confidences ? Cela fait deux ans qu’il est parti poursuivre ses études à Paris et nous ne le voyons plus que pour les vacances, mais les deux garçons ont toujours été très unis.

Je regarde Julien dans les yeux : il a son sourire clair, net, pétillant. Non, il n’a pas changé. Et alors ? Cela ne s’inscrit pas sur son front !

J’essaie de déceler des gestes efféminés, j’essaye de repérer de quelle façon on peut voir sa différence… Rien ! Il est là, devant moi, pareil à lui-même, souriant comme d’habitude. Homosexuel !

Enfin, voyons, cela ne se fait pas en un jour ! La voix de la raison essaie de se faire entendre dans ma tête en déroute. Julien n’est plus un enfant, il est libre de choisir sa route. J’ai toujours donné la priorité absolue à la liberté du choix. On peut conseiller un adulte, discuter, peser le pour et le contre, clarifier ses idées, en reparler, lui laisser un temps de réflexion, mais c’est lui, lui seul qui doit prendre ses res- ponsabilités, faire son choix, et en assumer les conséquen- ces.

Si moi je l’oblige, si je lui impose mes idées, cela ne durera pas. Sa volonté et son envie le feront revenir sur cette déci- sion forcée. J’ai toujours milité avec ferveur pour la liberté. Changer Julien ? Je sais que c’est impossible et que j’en suis incapable. La panique me reprend : que faire ? Si je suis honnête envers moi-même, si je le laisse vraiment libre de choisir, je suis obligée d’accepter son choix, de le tolérer, même si cela me paraît affreux. Alors, il n’a qu’à partir vivre sa vie. J’imagine Julien ici, à la maison, me présentant un ami : quelle honte, c’est affreux, non jamais je ne pourrais le supporter ! Je vais mettre Julien à la porte, que je ne le voie plus, que je ne pense plus à lui, oui, que je l’oublie… Qu’il s’en aille vite, qu’il fasse sa vie, mais loin. Que personne ne soit au courant, les grands-parents, la famille, les amis… Je ne veux pas de scandales, je ne veux pas voir son copain homosexuel ! Comment peut-il être attiré par les garçons ? C’est trop laid, trop moche, trop sale. Julien ! Pourquoi ? Pourquoi devient-on comme ça ? Je me sens vidée, je suis désespérée.

Tout d’un coup, il y a du brouillard devant mes yeux, je m’aperçois que je pleure et je pense :
« Mais je l’aime, cet enfant ! »
Il me fait si mal, mais j’aurais encore plus mal si je ne le voyais plus. Oublier Julien ? Je suis folle, je ne pourrais pas. Je ne sais plus où j’en suis, ce que je dois faire ni ce que je dois dire. Il faut que je fasse un gros effort et surtout que je ne coupe pas le contact. Il faut que nous puissions parler en toute franchise. Quoi qu’il dise, je ne dois pas fermer la porte de la communication.

En serais-je capable ?
Julien me regarde étonné :
« Maman, tu pleures ? »
Je me tais, je fais un effort pour me dominer. Énervé, Julien dit :
« Ce n’est pas la peine d’en faire un drame ! Je suis comme ça, je n’y peux rien. J’ai beaucoup hésité avant de t’en par- ler, mais je ne veux plus te mentir. Et puis, zut, tu es ma mère, tu as le droit de savoir ! »
Et devant mon silence :
« Si tu veux, je fous le camp. Tu seras tranquille, dans cette maison, avec papa, tu ne devras plus me supporter.
- Julien, ai-je dit tout bas, ne soit pas idiot, ce n’est pas la peine d’en rajouter ! Calme-toi, laisse-moi m’habituer… Dieu sait si j’étais loin de m’imaginer tout cela. »

Nous sommes restés un long moment face à face, en si- lence. A quoi pensait Julien ? Un baiser léger :

« Bonne nuit, maman. Ne t’en fais pas »
Et il est parti dans sa cham- bre en murmurant :

« Quelle affaire ! Si j’avais su… »
Je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit-là : est-ce que Julien a vite trouvé le som- meil ? Nos yeux cernés et notre mauvaise mine, le len- demain matin, en disaient long sur nos échanges de la soirée. Je suis sûre que Ju- lien ne s’attendait pas à ce que je prenne son aveu avec autant de « complications ». Il était surpris et étonné de ma réticence à accepter son homosexualité et cela le mettait mal à l’aise et le chagrinait. Tous ses efforts pour essayer de dissiper ce climat lourd et pénible qui gênait nos relations, d’habi- tude simples et confiantes, ne faisaient que renforcer le malaise. Dans ma tête, cette petite phrase « mon fils est homosexuel » prenait une place démesurée, qui tour- nait à l’obsession : impossi- ble de faire la part des cho- ses ! Et mon mari qui était parti à un congrès pendant cinq jours ! Il aurait été bon d’en parler avec lui, cela m’aurait calmée, j’en suis sûre. Pour le moment je gar- dais cette confidence

bien cachée au fond de moi, en attendant avec impatien- ce son retour.
Pourquoi Julien avait-il attendu que son père soit absent ? Était-il tellement ému par la découverte de cet amour ? N’avait-il pas pu se taire plus longuement ? Craignait-il la réaction de son père ? Voulait-il d’abord me tester ?

Je me demandais avec cu- riosité depuis quand Julien était attiré par les garçons. Mon Dieu, tout cela était bien pénible, compliqué, fatiguant : quelle confusion dans ma pauvre tête !

En tout premier lieu, il ne fallait sous aucun prétex- te perdre le contact et la confiance de Julien, mais lui montrer et lui faire com- prendre que tout continuait comme avant, le laisser par- ler, s’il en avait envie, de son copain, de ses copains et surtout, avec beaucoup de tendresse, lui montrer que je ne le rejetais pas et que mon amour pour lui restait toujours le même : profond et immense.

Julien est parti travailler et je suis restée seule devant ma tasse de café vide : seule, assommée, pensive. Et tout d’un coup, ce texte de Khalil Gibran m’est revenu en mé- moire : ————

Suite de cette publication dans notre édition numéro 81 – Janvier 2012.

Pour lire le livre gratuitement dans sa version intégrale et le tome II – À Dieu Julien, rendez-vous au www.gayglobe. us/julien/

Deux livres de Caroline Gréco publiés sur Gay Globe Média

Sunday, May 15th, 2011

Deux livres de Caroline Gréco publiés sur Gay Globe Média

Gay Globe Média, au http://www.gayglobe.us, annonce la publication en primeur de deux livres de l’auteur Caroline Gréco portant sur l’annonce de l’homosexualité d’un jeune homme à ses parents et de l’annonce de la séropositivité d’un jeune homme à ses parents. Deux documents références d’une grande aide pour les parents d’enfants gais.


Julien, toi qui préfères les hommes: Caroline Grécoje suis triste et perdue ce soir. je suis là dans cet appartement que j’aime et je voudrais être à des kilomètres de chez moi. je suis sous le choc, j’ai mal à l’estomac, mal à la vie, je tourne en rond dans ces pièces que je connais dans leurs moindres détails, et même la présence des objets familiers me laisse perplexe : j’ai l’impression de visiter une maison que je connais bien mais qui n’est pas la mienne… Il a fallu une petite phrase pour que le monde bascule pour moi. Julien rentrait d’un week end, heureux. Il m’a regardée, le visage inquiet et les yeux brillants. Très vite, il m’a dit: “Maman, je suis homosexuel et amoureux!

Commence alors pour cette mère très aimante un lent et douloureux parcours qui l’amènera à comprendre puis à accepter le choix de Julien. Le récit que Caroline Gréco en donne nous a semblé remarquable par sa pudeur, son authenticité et son honnêteté. Il met en lumière les préjugés ambiants sur l’homosexualité mais aussi les difficultés de la condition homosexuelle. Il rend compte surtout du défi posé aux parents qui découvrent l’homosexualité de leurs enfants.

À Dieu, Julien: Caroline Gréco «C’est là, au bord de la rivière, dans ce pré où tu aimais venir te reposer et admirer la nature, que nous t’avons vraiment quitté. Tes cendres étaient dans le caveau familial mais nous avions souhaité planter cet arbre avec tes amis, en souvenir… Nous avions tous quelque chose en commun : toi et la douleur de ta perte. Tu n’étais plus là, mais à cause de cette douleur qui nous unissait, nous nous sentions moins seuls et nous trouvions une certaine consolation dans ce partage … »

Julien est mort du sida. C’est avec sa famille qu’il a affronté la maladie et le regard des autres. Témoin et complice de tous ces jours, ces mois et années d’espoir, d’angoisse et de souffrance, Caroline Gréco, sa mère, nous raconte ce combat. Dans ce récit remarquable par sa pudeur, elle nous parle aussi de la complexité de sa relation avec ce fils aimé, de l’incommunicabilité et de l’agressivité qu’elle a dû parfois affronter avec humilité malgré sa douleur. Ensemble, ils ont parlé de la vie, de la mort. Ou simplement, ils ont échangé un regard, des gestes de tendresse. Caroline Gréco a accompagné son fils jusqu’au bout.

La publication en primeur sur GGTV se fait avec l’aimable autorisation de Caroline Gréco, donnée avant son décès en 2010 des suites d’une longue maladie et pour rendre hommage à Julien, de son vrai nom Pascal Coste, décédé en mai 1995. Ces deux publications sont offertes tout à fait gratuitement en version PDF directement sur le site de Gay Globe Média au http://www.gayglobe.us. Les versions papier ne sont plus disponibles sur le marché, ces publications sont donc exclusives.

1996- À Dieu, Julien: Lettre d’une mère à son fils mort du SIDA.

Thursday, January 27th, 2011

Caroline Gréco nous offre ici un second livre traitant du SIDA et particulièrement, de l’homosexualité de son fils Julien. Le premier, (italique) Julien, toi qui préfères les hommes (fin de l’italique), publié aux Éditions Critérion, avait eu un assez large succès. Dans ce second livre, Caroline Gréco parle à son fils comme dans une lettre posthume.

Julien est mort du SIDA. C’est avec sa famille qu’il a affronté la maladie et le regard des autres. Témoin et complice de tous ces jours, ces mois et années d’espoir, d’angoisse et de souffrance, Caroline Gréco, sa mère, nous raconte ce combat. Dans ce récit remarquable par sa pudeur, elle nous parle aussi de la compléxité de sa relation avec ce fils aimé, de l’incomunicabilité et de l’agressivité qu’elle a du parfois affronter avec humilité malgré sa douleur. Ensemble, ils ont parlé de la vie, de la mort. Ou simplement, ils ont échangé un regard, des gestes de tendresse. Caroline Gréco a accompagné son fils jusqu’au bout.

Tout au long de cette histoire vraie, on a l’impression que l’auteure nous parle, comme si la lettre nous était adressée. On assiste à la longue agonie d’un sidéen mais aussi à l’amour inépuisable d’une mère pour son fils. En plus d’être un guide qui saura réconforter de nombreux parents et amis de personnes atteintes, il saura aussi être un réconfort pour ceux qui se sentent seuls devant cette maladie si dégradante.

À Dieu, Julien se lit facilement

1995- Gros-mots Qui était Julien?

Thursday, January 27th, 2011

C’est avec l’autorisation de madame Gréco, auteure du livre Julien, toi qui préfère les hommes que j’aimerais vous raconter qui était véritablement Julien. J’ai personnellement connu Julien, de son vrai prénom Pascal alors que j’étais de passage à Marseille en 1988. C’était un garcon des plus charmant. Dès le début de notre amitié, il y a eu ce petit quelque chose qui ne pouvait me laisser indifférent. Il m’a fait visiter toute la région et encore aujourd’hui, mon album photo est garni de ces belles images et ma mémoire des délicieuses tomates farcies de sa mère Caroline Gréco. Pascal et moi avons entretenu une correspondance régulière et quand je suis retourné à Nice terminer un Doctorat es musique, nous avons eu l’occasion de nous revoir et de mieux nous connaitre. Comme vous le savez, je suis maintenant à Montréal depuis 4 ans mais je n’ai jamais désespéré de revoir mon ami Pascal et de plus en plus, j’avais envie de lui dire comme je l’aimais. Au printemps 1994, Pascal m’écrivait pour me dire qu’il aurait la possibilité de venir me voir à Montréal mais comme j’accompagnais une personne malade du SIDA en phase terminale et qu’il ne le savait pas, je lui ai proposé de venir plutot à l’automne, histoire de me dégager l’esprit et d’être avec lui à 100%.

L’automne est arrivé, pas de nouvelles. L’hiver est venu, je lui ai écrit pour lui demander de ses nouvelles, aucune réponse. Le printemps étant bien installé, je décide de lui demander de venir me voir et lui explique, en m’excusant, pourquoi je ne pouvais le recevoir l’automne précédent. Quelques semaines plus tard, je recois une lettre de Caroline Gréco, sa maman, qui m’annonce que pascal est décédé du SIDA deux jours après l’envoi de ma dernière lettre. Je n’ai jamais su qu’il était atteint, il n’a jamais voulu me le dire de peur de me chagriner. Il n’a jamais eu le temps de lire ma lettre dans laquelle je lui disais comme je l’aimais. Tu me manques Pascal!

1995- Julien, toi qui préfère les hommes Le livre d’une mère

Thursday, January 27th, 2011

Ce récit est remarquable par sa pudeur, son authenticité et son honnêteté. Il met en lumière les préjugés ambiants à l’égard des personnes homosexuelles, mais souligne aussi avec lucidité les difficultés de la condition homosexuelle. Il rend compte, de manière bien informée et sensible, du défi posé aux parents lorsqu’ils découvrent que leur fils (ou leur fille) a une orientation homosexuelle. Un tel ouvrage sera fort utile, tant pour les parents concernés que dans l’optique d’une vulgarisation intelligente et non idéologique de la question homosexuelle.” Telle est l’opinion de monsieur Denis MÜLLER, professeur d’éthique à la faculté de théologie de l’Université de Lausanne, en Suisse, sur le premier livre de Caroline Gréco.

En effet, cette mère apprend que son fils est homosexuel et sa vision du monde change soudainement. Elle se voit plongée malgré elle dans un monde de préjugés, un monde ou les homosexuels sont des “déviants”, le monde dans lequel son fils vivait déjà depuis de nombreuses années. RG a obtenu une entrevue avec Caroline Gréco dont voici quelques extraits.

RG: Quand avez-vous senti le besoin d’écrire votre vécu?

C.G.: Mon livre n’est pas si récent que cela. Je l’ai écrit il y a trois ans, et j’ai eu du mal à le faire publier. Les éditeurs, qui parfois m’ont fait des éloges, me répondaient par un refus. Pourquoi? Peut-être que l’homosexualité est un sujet tabou pour eux? Pourtant on publie des livres bien plus “scandaleux” que ma petite histoire de Julien…

A l’époque, Julien n’était pas encore malade. J’ai écrit ce livre pour les parents d’enfants homosexuels. A partir du moment ou Julien m’a mis au courant de son homosexualité, il m’a beaucoup parlé de ses copains et de la difficulté qu’ils avaient avec leurs parents lorsqu’ils avouaient leur tendance et de sa joie de pouvoir enfin me parler. J’ai pensé alors à tous ces parents qui n’arrivaient pas à accepter leur enfant “différent”, j’ai pensé à leur souffrance, à leurs drame. Ce livre leur est destiné. Je voudrais, à travers mon histoire, les aider à comprendre et surtout à ne pas perdre le contact avec leur enfant. Il s’agit pour certains parents, d’une expérience douloureuse et il est bon de savoir qu’elle est partagée. Je pense en particulier à ceux qui restent enfermés dans leur désespoir et qui n’oseront jamais en parler et à tous ceux qui rompent tout contact avec leur enfant.

RG: Comment doit-on comprendre et utiliser ce livre?

C.G.: Ce livre n’est ni un guide, ni un roman puisque c’est une histoire vécue. C’est un clin d’oeil d’amitié et d’encouragement pour les parents qui ont de la peine à accepter l’homosexualité de leur enfant. Julien a lu ce livre. Il m’a beaucoup encouragée car il pensait lui aussi aux parents et il était fier que sa mère ait réussi à se faire publier.

RG: Quelle a été la réaction des groupements homosexuels et des parents en général à la sortie de votre livre en France?

C.G.: J’ai été contactée par plusieurs associations homosexuelles qui ont apprécié mon livre et qui voulaient me rencontrer. Des centres AIDES, des associations homosexuelles à Paris, entre autre “Contact, puis à Grenoble. En février dernier j’ai participé à une émission télévisée de France 3, “Le cercle de famille” (voir horaire de TV5 Québec) où ils avaient réuni une mère, son fils homosexuel, une lesbienne, un jeune homme qui a profité de l’émission pour avouer à ses parents qu’il était homosexuel, un psychiatre et moi. La télé c’est toujours frustrant. On aurait envie de dire tellement de choses et puis on vous compte les minutes… J’aime pas ça!

RG: Que vous a apporté l’expérience de la rédaction de cet ouvrage en tant que parent?

C.G.: Au début c’est un pari que j’avais fait avec moi-même et je ne pensais pas pouvoir le gagner. Je me suis laissée prendre au jeu et en même temps c’était bon pour moi de mettre noir sur blanc des tas de réflexions qui me venaient à l’esprit et que j’effaçais de ma tête quand cela me dérangeait trop. Devant mon bout de papier, je me sentais obligée d’aller jusqu’au bout de ma pensée et cela m’a aidée à éclaircir pas mal de points.

Caroline Gréco a envie de continuer à écrire. Dans son prochain livre elle parlera du SIDA. Elle parlera de Julien, de sa maladie mais aussi de tous ces garçons qui meurent seuls, à l’hôpital, et de tous ces parents qui les abandonnent, car ils ont le SIDA!!! <<…C’est un scandale tellement grand, je ne peux pas ne pas le dire! Je dédierai, à titre posthume, ce prochain livre à Julien…>>

Caroline est devenue par la force des choses une amie et alliée des personnes homosexuelles. Elle a empruntée le chemin du combattant et en est ressortie gagnante, à notre gloire à tous. Un livre à lire, un livre à offrir à ceux qui veulent des réponses!

Pour commander le livre s’adresser aux éditions CRITERION, 11 rue Dugay-Trouin, 75006, Paris, France. Julien, toi qui préfère les hommes / Caroline GRECO. Paris Critérion, 1994. 109 pages. Cote A 1933. Prix 59FF (environ 15$).

55- Pascal Sevran et Jean Daniel Cadinot nous quittent…

Saturday, December 18th, 2010

L’animateur de télévision Pascal Sevran est décédé vendredi matin à Limoges à l’âge de 62 ans des suites d’un cancer du poumon. « Je fais le mirliflore à la télévision et sur scène », disait-il. Pascal Sevran, monument rétro de la télé, farouche défenseur de la chanson francophone, a quitté le plateau, mort des suites d’une ma- ladie qu’il ne voulait pas nommer mais que « tous les Français connaissent », euphémisait-il.
Si Charles Aznavour, Laurent Gerra, Annie Cordy et même Céline Dion sont passés sur le plateau de son émission, « La Chance aux chansons », qu’il a animée pendant seize ans sur TF1 puis sur France 2, c’est aux côtés de Dalida qu’il a commencé, en composant quelques-uns de ses titres. Dont le tube « Il venait d’avoir 18 ans ». Par l’intermédiaire de la chanteuse, il rencontre François Mitterrand. Certains disent qu’il servait au président de bouffon à qui l’on demandait des chansons. Mais sa fidélité pour le chef de l’Etat, resté quatorze ans à gouverner la France, a continué même après sa mort, en 1996. Ainsi, il aurait fait partie de ceux qui ont payé la caution de 5 millions d’euros du fils du président défunt, Jean-Christophe Mitterrand, mis en détention en 2000 pour « complicité de commerce d’armes illicite et trafic d’influence ».
Mais quand il écrit, noir sur blanc, qu’il faudrait « stériliser la moitié de la planète », il se grille aussi bien à gau- che qu’à droite et à la télé. Cette phrase, inscrite dans son livre « Le Privilège des jonquilles », paru en janvier 2006 a sonné le glas de la bonhomie de l’animateur: « Les coupables (de la famine au Niger, ndlr) sont facile- ment identifiables, ils signent leurs crimes en copulant à tout va. La mort est au bout de leur bite. Ils peuvent continuer puisque ça les amuse. Personne n’osera jamais leur reprocher cela, qui est aussi un crime contre l’humanité : faire des enfants, le seul crime impuni ». Scandale. Le ministre de la culture de l’époque, Renaud Donnedieu de Vabres, juge les propos « scandaleux, inadmissibles et racistes ». Depuis, difficile de trouver sur le Net des pages qui évoquent Sevran sans faire allusion à cette histoire, à son homosexualité ou aux propos limites qu’il tenait sur les femmes ou son homosexualité.
Disparition du réalisateur de films gays : Jean Daniel Cadinot
Le cinéaste français Jean-Daniel Cadinot, connu dans le monde entier pour ses films pornos gays, est mort le 23 avril à l’âge de 64 ans d’une crise cardiaque. En activité depuis la fin des années 70, Cadinot a imposé un style (minets en chaleur) et une éthique progressiste du méli-mélo black-blanc-beur au plumard avant que cela soit de mode dans la rue. Quatre-vingts films à son actif dont certains mythiques (Sacré Collège, Tendres cousins), qui encouragèrent à leur sexualité « différente » plusieurs générations d’adolescents. Le dernier, Subversion, sortira cette année.
“Lorsque vous lirez ces mots, j’aurai posé la caméra, éteint les lumières, baissé le rideau et tiré mon ultime révérence. Puissent les efforts et le travail de toute une vie, concentrée sur la recherche de cet instant de vérité pure qu’est la communion sublime de deux êtres envoûtés par l’indicible désir de l’autre, inspirer mes héritiers de cœur. Jamais la réussite ni la fortune personnelle ne furent mon credo. Vous m’offrez la reconnaissance, je vous en remercie car je n’aspire à rien d’autre. Cadinot vous salue, souvenez-vous d’un bonhomme ob- servateur à l’extrême avec ses coups de gueule et ses contradictions mais à l’écoute des autres et tout plein d’amour.”

La souffrance de ceux que j’aime…

Tuesday, November 2nd, 2010

Pascal Coste était mon amoureux à Nice (France) dans les années 80 jusqu’en 1991, et j’ai toujours gardé une très forte affection pour ce garçon même après mon retour à Montréal en 1992 lorsque nous n’étions plus un couple en devenir. Il devait venir me visiter à Montréal entre 1992 et 1995 mais il était atteint d’une maladie grave, ce que je ne savais pas et qu’il ne voulait pas que je connaisse, il est décédé en 1995 à quelques semaines de la mise en marché officielle d’un nouveau médicament qui lui aurait sauvé la vie.

Pascal était doté d’une intelligence supérieure, d’un charme naturel fou, il brisait les coeurs partout où il allait sans jamais savoir à quel point il était aimé. Il avait un look GQ et restait toujours ouvert et disponible pour ses amis et ceux qui l’aimaient. Il me manque plus que tout depuis son décès et grâce à lui, indirectement, j’ai réalisé que j’étais sensible au décès de certaines personnes, un peu trop, je ne sais pas comment l’exprimer correctement…

Pascal Coste

Pascal Coste

Je tente le plus possible d’éviter maintenant d’être présent au décès des gens car la mort de Pascal a été terrifiante pour moi et je ne souhaite à personne de vivre de telles émitions. Mon bon ami Jean est décédé il y a deux ans et même si je n’ai pas été présent lors des dernières heures, j’ai été tout aussi affecté par sa souffrance, ne sachant pas quoi dire ou quoi faire.

J’ai souvent demandé à mes lecteurs de me guider, de m’aider à comprendre mes émotions face à la mort de mes amis proches et j’ai toujours été très sensible aux conseils que vous vouliez bien m’envoyer.

Ces temps-ci je suis très préoccupé par les épreuves de santé de la mère de Pascal, l’auteure Caroline Gréco, qui combat une maladie grave avec des traitements très agressifs et je sais qu’elle souffre moralement. Elle était une belle-mère pour moi mais depuis la mort de Pascal, c’est plus une mère qui me parle, qui communique avec moi et qui garde un contact très apprécié et valorisant pour moi.

Caroline Gréco vit des moments difficiles, les lecteurs de Gay Globe la soutiennent beaucoup par des mesages emails de sympathie et si tout va bien, elle pourra reprendre un peu de répit d’ici quelques mois. Je le lui souhaite, beaucoup.

Sevran se sent ridiculisé par Dalida

Saturday, October 10th, 2009

L’animateur va attaquer en justice les auteurs du téléfilm consacré à Dalida: il s’y trouve caricatural
Par: Google.news
N’empêche! Pascal Sevran n’en démord pas: «Jamais on ne m’a demandé
l’autorisation pour ce film, pour me faire apparaître, sous les traits d’un
comédien, aux côtés de Dalida lorsque je lui ai proposé la chanson Il venait
d’avoir 18 ans. D’ailleurs, on n’avait pas à me demander l’autorisation…
Quant aux commentaires de la réalisatrice, qu’elle les garde pour elle! Le
jeune homme que j’étais avait 23 ans et non pas 40… J’ai fait trente chan-
sons pour Dalida et j’ai vécu près d’elle pendant quinze ans…»
A présent, Pascal Sevran annonce qu’il va attaquer en justice les auteurs du film,
au prétexte qu’il estime avoir été ridiculisé. Et Orlando, le frère-producteur de
Dalida, fait savoir qu’il soutient Pascal Sevran. Lequel n’est toutefois pas fâ-
ché avec le diffuseur français de Dalida: France 2 et l’animateur réfléchissent
à une prochaine émission de chansons le samedi en prime time! Comme quoi,
dans le petit monde de la télé, certains intérêts restent au-dessus des autres…
(PARIS) Fidèle à sa réputation… Donc, il n’a pas manqué de réagir à
Dalida, le film télé en deux parties réalisé par Joyce Buuel et diffusé par
France 2 ces lundi et mardi derniers, quelques semaines après RTL-TVi.
Certes, l’audience était au rendez-vous proposé par la deuxième chaîne
française (une moyenne de 6,5 millions de télé- spectateurs), mais Pascal
Sevran n’en retient que la séquence d’à peine deux minutes qui évoquait
sa rencontre avec la belle chanteuse italo-égyptienne.
Vu par la réalisatrice, le personnage de Sevran apparaît comme une cari-
cature extrême. Et l’animateur-auteur-chanteur de crier son écoeurement:
« Je suis ridiculisé », lance-t-il sur le ton de l’indignation. Déjà, certains
expliquent que le présentateur de Chanter la vie (sur France 2 le dimanche
à 12 h 05) et d ‘Entrée des artistes (« Une Star Academy où l’on ne donne
pas d’argent et où l’on ne promet pas le statut de star!») s’offre une nou-
velle fois un caprice de diva.
Et la réalisatrice Joyce Buuel d’ajouter: «Il n’y a aucune caricature dans
mon film. Orlando, le frère de Dalida, pense que tous les homosexuels
sont des caricatures alors qu’ils ne le sont pas. Il faut juste assumer ce
qu’on est… Et dans le cas de Pascal Sevran, je dirai seulement qu’en
général on n’aime pas se voir représenter à l’écran par un comédien…»

10 ans sans Pascal…

Thursday, October 1st, 2009

Par: Roger-Luc Chayer

Je ne me décidais pas à t’écrire, même si le temps passe, c’est pas vrai

que la douleur s’efface, je ne sais pas d’où vient cette croyance. Je me

suis quand même décidé à t’écrire par que Pia, ta maman de Marseille, me

disait il y a quelques jours que tu étais parti depuis 10 ans, comme si je

m’étais refusé à compter les années pour ne plus penser à mettre quelque

chose de définitif à ton départ.

Et puis il y a eu Jean-Luc Romero qui a écrit dans ces pages une lettre à

Hubert, son conjoint décédé lui aussi de la même maladie que toi, allez,

il faut prononcer le mot: SIDA. Tu es parti juste avant que les médecins

n’obtiennent le droit de traiter la maladie avec la trithérapie, juste avant de

pouvoir profiter un peu plus de la vie grâce à de nouveaux médicaments.

Quelques mois de plus et tu serais peut-être encore là avec nous. 10 ans

déjà.

Tu savais toi que nous allions beaucoup souffrir de ce décès. Tu étais

si jeune et particulièrement beau je dois l’admettre… Tu t’es caché pour

mourir, comme les oiseaux! Tu ne voulais tellemet pas faire de peine, tu

étais si gêné de parler de cette maladie. Il y avait de quoi. À cette époque,

longtemps avant les revendications pour des traitements plus humains des

personnes atteintes, la société considérait cette maladie comme la peste.

Tu n’étais pas un pestiféré Pascal, tu

étais un simple garçon, très gentil,

qui ne voulait que le bien de tous

et qui n’avait pas à se cacher pour

mourir. C’était toutefois ton droit et

même si 10 ans plus tard je n’ai pas

encore digéré ta mort, je respecte

ton choix de ne pas m’en parler,

de ne rien me dire alors que j’étais

persuadé que tu allais venir me re-

joindre au Québec pour continuer là

où nous en étions dans nos coeurs.

Non seulement tu seras parti rapidement, je n’aurai pas eu le temps de tout

te dire, de te dire à quel point tu comptais à mes yeux. Pia et moi parlons

souvent de toi, au passé, elle a une philosophie qui l’aide drôlement plus

que moi. Nous en parlons souvent parce que nous ne savons pas comment

aider les plus jeunes à comprendre que le SIDA, ce n’est pas seulement

une théorie, une maladie qui se traite avec des médicaments, c’est aussi et

surtout un drame qui touche des jeunes, des gens qui ne vivront pas leur

plein potentiel et qui s’éteindront en cachetteabsolument rien… 10 ans déjà…

Pascal, suite et fin…

Thursday, August 27th, 2009

Pascal n’a pas laissé d’adresse ni de numéro de téléphone me permettant de prendre de ses nouvelles. Il n’a pas laissé non plus son nom de famille. Il est parti ce soir-là comme il est arrivé, peut-être embarrassé d’en avoir trop dit sur lui.

Pascal a toutefois le mérite de m’avoir ouvert les yeux, au premier degré, sur une réalité à laquelle nous n’associons pas de visages. Le désespoir d’être un jeune gai a maintenant un visage, nous espérons tous qu’il s’en sorte avant que l’irréparable se produise. Pour les personnes qui vivent le même drame il y a des moyens rapides d’intervention, en voici quelques-uns:

Suicide Action
514-723-4000

Jeunesse J’écoute
1-800-668-6868
jeunessejecoute.ca

Info-Santé
Service psychosocial
8-1-1

Gai Écoute
514-866-0103
gaiecoute.org

Confidence Il se porte volontaire pour mourir

Thursday, August 27th, 2009

Il se prénomme Pascal, il a 18 ans et depuis 3 mois, il a décidé de mettre un terme à ses jours, passivement, parce qu’il n’en peut plus d’être “une tapette” auprès de sa famille et dans son entourage. Il se confie à Gay Globe Magazine.

En février dernier, je rencontrais un jeune homme désespéré, de la vie et de son orientation sexuelle, qui m’a parlé longuement de son désir de mettre un terme à sa vie de façon passive, en toute lucidité et conscience. J’ai décidé d’en parler seulement aujourd’hui parce que j’avais la certitude que le cas de Pascal n’était pas unique et que peut-être arriverions-nous à lui redonner espoir et ouvrant le débat, grâce à lui.

Pascal a 18 ans, il vient tout juste de les avoir. Je le rencontre lors d’un vendredi soir ordinaire dans un bar gai de Montréal, il a l’air très sympathique, il me plaît d’ailleurs beaucoup avec ses grand yeux verts. Après deux bières, il se détend un peu et commence à me regarder dans le blanc des yeux, comme s’il y cherchait un peu de réconfort, de paix, comme s’il voulait, l’espace d’un instant, ne plus penser à ce qui l’accablait tant, son homosexualité. Est-ce qu’il est encore possible en 2009 d’être jeune et persécuté pour être gai à Montréal?

“ Les biens et les maux qui nous arrivent ne nous touchent pas selon leur grandeur, mais selon notre sensibilité. “ (La Rochefoucauld)

“J’ai décidé il y a quelques mois de ne plus me protéger, de me placer volontairement en situation dangereuse et de vivre une sorte d’hypersexualité de manière à en finir au plus vite du fardeau d’être gai”, me lance tout bonnement Pascal, pourtant lucide et très articulé. “ À l’école primaire et encore plus au secondaire, comme j’étais très mince et peu sportif, on me traitait tout le temps de fif, de tapette, de “mangeux de q…” et quand je revenais chez moi et que j’en parlais à ma mère, en espérant qu’elle me dise quelque chose de remontant, elle le répétait à mon père qui me répondait que j’avais juste à ne pas agir en tapette pour régler ça… Mais je suis une tapette, je ne savais plus comment m’en sortir…”, nous explique Pascal.

Partout dans sa vie, on lui a reproché d’avoir l’air de ce qu’il était, sans qu’il ne puisse jamais dire ce qu’il était. Pendant notre conversation, je lui demande s’il était vraiment une “tapette” ou s’il n’était pas plutôt un jeune homosexuel persécuté. Il me répond qu’il ne sait justement plus quoi penser d’où son profond désir de se suicider par des relations non protégées avec des personnes qu’il sait potentiellement atteintes de maladies graves transmissibles. Il a d’ailleurs contracté à quelques reprises quelques maladies comme l’herpès et une ghono, “c’est parti tout seul avec le temps, sans antibiotiques”, me lance t-il en riant. “Si je pouvais attraper un SIDA, ça ferait ben mon affaire, il y en a qui brailleraient un bon coup si j’en mourrais, ça serait une sorte de vengeance. Je fais tout ce qu’il faut pour y arriver”.

La dévalorisation de soi, le désespoir et la dépression causés par la cruauté d’un entourage inconscient est un motif de suicide chez de nombreux jeunes gais, nous le savons depuis de nombreuses années. Pascal a accepté de m’en parler non pas parce qu’il souhaitait s’aider lui-même à se sortir de son état mais pour me solliciter, espérant que je puisse l’aider à mener à terme son triste projet.