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Le retour des drags au Québec

Saturday, January 23rd, 2010

Le phénomène des drags au Québec est en pleine renaissance autant en popularité auprès du public que chez les artistes qui veulent pratiquer cet art et qui le font plus ouvertement que jamais.

Tout d’abord, si vous aimez la photo d’accompagnement de cet article, nous vous invitons à visiter le site de son créateur, Jack Mackenroth au thequeensofdrag.com qui a donné son aimable autorisation de publication sur cette photo absolument fantastique.

Montréal a toujours été une sort de Mecque mondiale du phénomène drag queen et dès les années 30, on y présentait de nombreux spectacles de cabaret en commençant avec l’intemporelle Guilda.

Grâce aux spectacles de tels artistes et aux revues musicales très populaires des années 50 à 80, le phénomène est devenu une forme d’art respectée du public québécois qui remplissait les salles de Guilda dès qu’elle se produisait ou qui était rivé devant les écrans de télé dès que la star apparaissait à une émission de variétés.

Maintes fois imitée mais jamais égalée, Guilda a quand même fait des petits dans des variantes plus intimes comme avec Luc d’Arcy, Mado Lamotte ou Michel Dorion, qui sont les plus réputées à l’heure actuelle.

La popularité des drags ne se dément pas et en 2008, GGTV osait mettre en ondes une émission portant sur les 20 ans de la mort de Dalida qui figure encore en 2010 dans les 10 émissions les plus vues de la seule webTV gaie au Canada.

Le premier segment du documentaire était alors présenté par Mado Lamotte qui a raconté son amour et l’origine de sa passion pour la grande Dalida, avec une mise en scène visuelle absolument géniale à tel point que le document, deux ans plus tard, est encore présenté dans les nouveautés de GGTV au www.gayglobe.us/dalida1.html

Les admirateurs de Mado peuvent aussi voir le document directement sur le site du comédien au www.mado.qc.ca dans la section Télémado.

Le phénomène drag queen n’est pas qu’un show de gars déguisés en filles ou une forme artistique développée principalement par la communauté gaie, c’est aussi un phénomène social qui a le sens des responsabilités et qui fait sa part partout dans le monde soit pour faire avancer les droits des gais ou pour contribuer à financer des causes comme la recherche et la prévention dans le domaine du VIH/SIDA.

Les drag queens sont des acteurs au coeur sensible qui chantent par passion et refont vivre les plus grandes divas d’un autre temps et sans elles, nous en serions probablement encore aux spectacle de variétés avec Manda Parent qui donne une bonne raclée à son gendre Gilles Latulippe.

Les drag queens se produisent dans de nombreux endroits au Québec mais principalement au Cabaret Chez Mado (mado.qc.ca), au Café Cléopâtre (cleopatramontreal.com), au bar le Cocktail (Village Gai de Montréal), souvent les samedis au Club échangiste Le 3333 Bélanger (sauna3333.com) ou au Cabaret Le Drague de Québec (ledrague.com)

Personnificateur, la suite

Thursday, October 1st, 2009

Si on a voulu que ce soit drôle et flamboyant de voir arriver une drag

queen à la Caisse populaire, c’est un peu raté. Moi, je l’ai déjà fait pour

les besoins d’un clip. Nous sommes partis habillés dans le genre Priscilla

les reines du désert et nous sommes allés magasiner au centre-ville, en

métro, puis nous sommes revenus à pied. Sauf que je ne me suis pas mis

un petit tailleur féminin, style «petite madame de bureau», avec la petite

sacoche assortie. Écoutez, je portais des plumes sur la tête, des talons

plate-formes, etc. Là, c’était flamboyant. Les gens ont alors remarqué

quelque chose et c’était drôle. Si je m’étais habillé en «madame de ban-

lieue», oui je me serais fait regarder, mais l’effet n’aurait pas été le même

et ça n’aurait pas été amusant du tout. Mais là, c’était vraiment drôle. Il y

avait même des touristes qui nous on pris en photo. L’effet était là. Donc,

tant qu’à vouloir surprendre et faire rire, la série aurait dû en mettre plus.

Par exemple, le gars est chez lui, il reçoit sa carte de crédit or et là, tassez-

vous, il s’en va faire son show à la Caisse!

Vous auriez souhaité plus d’extravagance?

Si Véronica, par exemple, s’était habillée en marquise ou en reine Eliza-

beth pour aller à la Caisse parce qu’elle a reçu une carte or, ça aurait été

bien plus amusant et beaucoup plus provocant, à mon avis, et là, les gens

auraient davantage fait la différence entre la comédie qu’est Covergirl et

la réalité.

Vous savez, tout le monde se bat pour essayer de faire comprendre sa

réalité, autant les transexuels que les drag queens, donc on aurait pu faire

un effort en ce sens, un peu comme le fait le film Priscilla les reines du

désert. Dans ce film-là, les gars font du spectacle et tout est tellement clair.

Il y a un transexuel parmi les personnages, c’est clairement défini. Il est

toujours vêtu en femme et le jour, il ne porte pas de tenues extravagantes.

Il vit simplement sa vie de femme.

Quant aux autres protagonistes, en dehors des spectacles, ils vivent une vie

d’homme. Selon moi, Covergirl se rapproche davantage du film À Wong

Foo merci pour tout, une version américanisée de Priscilla.  Je comprends

cependant que les auteurs n’ont pas à plaire aux 40 travestis-drag queens-

personnificateurs féminins du Québec. Ils doivent trouver quelque chose

de drôle qui va plaire à l’ensemble du public.

Quelles suggestions aimeriez-vous leur apporter?

Bien, je me disais: pourquoi ne sont-ils pas allés chercher des personni-

ficateurs ou des drag queens pour faire les maquillages dans l’émission

et pour donner des idées pour les costumes? Je ne veux pas dire que les

personnes qui ont travaillé sur l’émission ne sont pas bonnes, mais les per-

sonnages, sauf peut-être dans le générique, sont un peu maquillés comme

des «madames». Je me souviens qu’à une certaine époque, il y avait des

personnificateurs qui donnaient des cours de maquillage aux débutants. Il

y a un personnificateur que je connais qui a donné des conseils, mais ils

ont sûrement une équipe de maquilleurs par qui ils doivent absolument

passer..

Mais il faut comprendre que c’est tout un travail de maquiller un homme,

de le transformer en drag queen pour que ce soit spectacualaire. Ce n’est

pas donné à tout le monde d’avoir ce talent-là. Au Québec, vous savez,

une drag queen, c’est un personnage comme Madame Simone ou Mado.

Mais je sais qu’aux États-Unis, une drag queen, c’est un peu de tout: un

personnificateur, un travesti, etc.

Et dans le milieu des personnificateurs, comment la série est-elle

perçue?

C’est vraiment partagé. Il y a environ 50% des gens qui détestent l’émis-

sion, qui n’aiment vraiment pas ça et qui sont choqués, et  50% qui trou-

vent ça drôle. C’est soi l’un ou l’autre: on aime ou on aime pas. Mais il y

a tellement de petits détails que l’on reconnaît, des phrases, des chansons,

que l’on ne peut pas dire que c’est carrément éloigné de notre univers.

La télésérie Covergirl est présentée sur les ondes de Radio-Canada jus-

qu’au 31 mars. Et selon ce qu’on a pu apprendre, les auteurs travailleraient

présentement à une suite. On ne sait cependant pas si elle sera présentée

l’an prochain et si la SRC acceptera à nouveau de la diffuser. Quoi qu’il

en soit, les cotes d’écoute ont été plus que satisfaisantes et les commen-

taires, somme toute, assez positifs pour une série qui fait tomber bien des tabous face à une partie relativement méconnue de la comunauté gaie.

Cover Girl: le personnificateur Michel Dorion livre ses impressions au Point!

Thursday, October 1st, 2009

Par: Éric Gauthier

Toutefois, peu de personnifi cateurs féminins se sont exprimés ouverte-

ment sur le sujet. Le Point a rencontré Michel Dorion, qui compte plus

de 17 ans de métier et qui a offert tout au long de sa carrière un nombre

incalculable de spectacles (dont son fameux Dorion chante Dion présenté

l’an dernier) afi n de recueillir ses impressions sur la télésérie.

Avec l’expérience que vous avez de la scène et du millieu, que pensez-

vous de la série?

-Je ne peux pas dire que ce n’est pas bon ou que j’ai détesté. J’ai toutefois

eu une sorte de choc lors de la diffusion de la première émission. Étant

donné que ça représente un peu mon univers, j’ai été quelque peu déçu,

mais à partir du  troisième épisode, je me suis fait à l’idée que ce n’est pas

une série réaliste. Cependant, j’ai des amis qui m’ont demandé d’écrire

une biographie parce que l’émission entretient une certaine confusion face

au comportement diurne des personnifi cateurs féminins.

Les gens croient que vous sortez vêtu en femme pour aller faire vos

courses, comme le font les personnages?

Même s’il s’agit d’une comédie et que c’est de la pure fi ction, pour la

plupart des gens, la série est censée montrer comment vivent et travaillent

les drag queens. Et ceux qui ne sont pas des habitués de la ville ne savent

pas toujours faire la différence entre la réalité et la fi ction. C’est certain

qu’il y a un fond de vérité dans cette série.

C’est vrai qu’il y en a qui font la rue, d’autres qui ne peuvent pas faire un

spectacle sans avoir une ligne de cocaïne ou quelques verres dans le nez,

mais ce n’est pas la majorité. Reste que le fait que les personnages soient

habillés en fi lles à coeur de jour est déroutant pour ceux qui ne connaissent

pas le milieu. Il faut savoir qu’un travesti, un personnifi cateur féminin ou

une drag queen, ça ne s’habille pas en femmes 24 heures par jour et ça

ne va pas, comme vous le disiez tout à l’heure, faire ses courses vêtu de

cette façon. Par contre, il s’agit là d’un comportement de transexuel et je

pense que c’est ça qui est mêlant. On confond les drag queens avec les

transexuels. Prenez le cas du deuxième épisode. Le personnage de Lana

expliquait qu’il ne veut plus jamais de sa vie se voir en homme et qu’il

n’est pas bien lorsqu’il est en homme. Ce n’est pas une mentalité de drag

queen. J’aurais aimé que pendant la journée, les personnages, sans perdre

leur exubérance et leur humour, demeurent ce qu’ils sont, c’est-à-dire des

garçons.

Selon vous, la série tomberait alors dans un autre registre?

Oui, mais on la présente bel et bien comme étant une série sur les drag

queens et je trouve qu’à cet égard, ils sont allés jouer sur le terrain des

transexuels et des transgenres. Vous savez, ça fait 17 ans que je fais ce

métier, que je me promène en région, que je me produis dans des endroits

qui ne sont pas forcément fréquentés par les gais, comme des centres

communautaires ou des marchés aux puces, et ça fait 17 ans que je tente

d’expliquer aux gens la différence entre un travesti, un personnifi cateur

féminin et une drag queen et que j’essaie de leur préciser dans quelle

catégorie je me situe.

Covergirl vient donc brouiller les cartes, en quelque sorte?

Tout à fait. C’est parfois diffi cile pour moi de négocier certains contrats,

surtout lorsqu’il s’agit d’une clientèle plus âgée. Et lorsque la série a été

diffusée, j’ai eu peur de perdre certains engagements. Mais je n’y peux

rien et je sais très bien que c’est une émission pour faire rire.

Justement, peut-être a-t-on voulu mettre l’accent sur le côté burlesque

de la chose? Voir débarquer une drag queen dans un lieu public semble,

à la rigueur, beaucoup plus amusant qu’un homme ordinaire vivant sa

vie d’homme ordinaire, même s’il pratique un métier plus marginal.