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Ukraine

Sunday, March 11th, 2012

Des thérapies pour «guérir» du
«virus» de l’homosexualité
Photo: Ong Diana/SUPERSTOCK/SIPA
Àtout mal, son remède. En Ukraine, pays encore forte- ment conservateur et patriarcal, l’homosexualité est sou- vent considérée comme une anomalie de la nature, une perversion occidentale, voire comme une maladie. Des as- sociations et médecins proposent assistance et “thérapies” pour y remédier.
Dans un café du centre de Kiev, Igor Medvid, représentant de Health Protection LGBT, une association de défense des droits des homosexuels et transsexuels atteints du Sida, dé- crit le travail de son organisation et la faible prise en charge des malades du Sida en Ukraine. Très vite, la conversation dérive sur les discriminations quotidiennes dont les homo- sexuels peuvent être l’objet, et les clivages mentaux qui persistent dans le pays. Lui-même, ouvertement gay, s’est trouvé confronté de nombreuses fois à une intolérance in- surmontable.
“Au cours d’examens médicaux à la suite d’un problème vasculaire, j’ai parlé ouvertement de ma situation et j’ai dit que je préférais les hommes. Et là, le médecin m’a fortement conseillé d’aller me faire soigner, m’a dit que l’homosexua- lité était une maladie. Il y a encore un stéréotype très fort qui persiste parmi le personnel médical, mais aussi au sein de la police. On nous considère, au mieux, comme des “gens bizarres”.
En Ukraine, l’homosexualité est de longue date perçue par la majorité de la population comme un comportement déviant, voire une maladie. Sur les pages “diagnostics” du portail médical Medicina, elle est d’ailleurs classée comme un “dysfonctionnement sexuel”.
Igor Medvid pointe aussi du doigt l’association “Amour Contre Homosexualité”, groupement chrétien qui promeut les unions hétérosexuelles et les valeurs familiales com- me fondements d’une société harmonieuse. Ses membres prennent en charge des dizaines d’homosexuels désireux de guérir. Porte-parole de “Amour contre Homosexualité”, Yuri Shpirniy rappelle que l’acceptation du phénomène est une tendance récente importée d’Occident, et qui va, d’une part contre les écrits de la Bible, et, d’autre part, contre le développement équilibré d’une société. Il ne se considère pas “homophobe”, mais préfère le qualificatif “d’homo-né- gativiste”.
Pour lui, seule une faible pro- portion d’individus souffrent naturellement d’un dysfonc- tionnement hormonal ou génétique qui les condamne à l’homosexualité. Mais cel- le-ci, en tant qu’orientation sexuelle, n’existe pas. La véritable cause de l’homo- sexualité résiderait dans les troubles sociaux et spiri- tuels de l’époque, ainsi que dans un effet d’imitation des pratiques occidentales.
Nombre d’homosexuels qui s’adressent à l’association sont redirigés vers la psy- chologue Ludmila Gridko- vets, qui anime des séan- ces de thérapies de groupe dans une église gréco-ca- tholique de Kiev. Elle traite de problèmes conjugaux, de maternité ou encore de mal- êtres d’adolescents selon la méthode dite des “constel- lations familiales” de Hel- linger. Forte de son expé- rience dans la résolution des problèmes conjugaux entre mari et femme, Gridkovets est catégorique: il ne peut y avoir d’harmonie dans une relation entre individus du même sexe, dans la mesure où leurs natures s’opposent plutôt qu’elles ne se complè- tent.
Et elle affirme rencontrer un franc succès dans ses thérapies. Début février, pas moins de 48 hommes auraient rejeté leur homo- sexualité grâce à son traite- ment.
En Ukraine et dans d’autres pays de l’ex-URSS, cette division entre homosexua- lités “naturelle” et “sociale” est aujourd’hui utilisée pour tenter d’endiguer le phéno- mène, voir d’en nier la réali- té. En Russie et en Lituanie, des lois adoptées récemment interdisent toute mention de l’homosexualité dans un espace public et a fortiori, médiatique.
La Verkhovna Rada (Par- lement ukrainien) étudie, depuis l’été 2011, un projet similaire.
Dans le bar du centre de Kiev, Igor Medvid finit de si- roter un thé vert de manière pensive. Il se prépare à por- ter devant un tribunal une affaire de discrimination homophobe dont il a été vic- time. Malgré sa détermina- tion à lutter pour faire res- pecter ses droits, il confesse être dépassé par la situation en Ukraine.

Une Église gaie en Ukraine

Friday, December 9th, 2011

Une Église gaie et œcumé- nique a ouvert ses portes, en février 2011, à Donetsk, dans l’Est de l’Ukraine. Un refuge et un lieu de parole dans le pays d’Europe où les droits des homos et des lesbiennes sont le moins res- pectés.
En moins d’une demi-heu- re, la messe est dite, et les paroissiens se répartissent en petits groupes pour dis- cuter, plaisanter et échan- ger leurs expériences de la semaine tout en profitant du thé et du café mis à leur dis- position.
L’Église de Saint Cornelius est en effet avant tout un cer- cle chaleureux de rencontre et de détente, qui permet à ces chrétiens homosexuels de se retrouver à l’écart des pressions de la société.