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Cameroun : un homme accusé d’homosexualité pour… avoir bu du Baileys

Thursday, September 18th, 2014

Afrik.com

Boire du Baileys au Cameroun peut mener en prison. Un homme ayant consommé cette boisson jugée « féminine » l’a appris à ses dépens.

Au Cameroun, plus besoin de coucher avec une personne du même sexe pour être condamné à des peines allant jusqu’à cinq ans de prison, selon l’article 347 bis du code pénal camerounais. Boire du Baileys, une liqueur à base de whisky irlandais et de crème, suffit pour être jeté en prison, et ce, qu’on soit homosexuel ou non. En effet, ce stéréotype gay/lesbienne suffit à mettre un homme derrière les barreaux, explique Miche Togue, l’avocat camerounais d’un buveur de Baileys.

D’après l’avocat, sur une douzaine de clients accusés d’homosexualité, seuls quelques uns ont réellement été pris en train d’avoir une relation sexuelle, rapporte ThinkProgress. Au Cameroun comme ailleurs, il suffit qu’une personne soit accusée d’acte d’homosexualité pour qu’elle soit arrêtée.

« Un homme coiffeur ou une femme mécano risque gros au Cameroun », explique Michel Togue. Son client a été arrêté pour avoir commandé une boisson jugée trop « féminine ». D’après le juge, seule une femme aurait pu commander une telle boisson, le Baileys.

STUPÉFACTION!!! Steeve Biron condamné à 6 ans de prison…

Tuesday, September 9th, 2014

Roger-Luc Chayer

Stupéfaction au palais de justice de Québec le 29 août dernier! Voilà que l’Affaire Steeve Biron trouvait un dénouement plus que surprenant; 6 ans de prison pour un utilisateur de Gay411 qui sollicitait des rencontres sexuelles.

Petit rappel de l’affaire… Steeve Biron est un jeune homme de Québec qui, comme de nombreux gais, sollicitait des rencontres sexuelles principalement via le site très connu Gay411. Biron sollicitait essentiellement des relations «bareback», ses adeptes sachant très bien que le barebacking est une forme de roulette russe qui consiste à avoir des relations non protégées et risquées, avec des individus qui peuvent potentiellement être porteurs du VIH ou d’autres maladies sexuellement trans-missibles. Le kick pour ses adeptes est d’obtenir une plus grande jouissance avec la tension générée par la prise de risque. Se sachant séropositif, Biron ne mentionnait pas son statut à ses rencontres et comme pour la plupart des adeptes du barebacking, «jouait la gamme», jusqu’à ce qu’une ex-baise décide de violer sa vie privée en consultant sans droit son dossier médical, cette personne étant infirmier.

La pseudo victime s’est ensuite présentée à la police pour porter plainte, les policiers se sont mis à la recherche des autres baises bareback de Biron et 15 personnes se sont manifestées. Suite au dépôt d’accusations d’agression sexuelle, Gay Globe a fait enquête et a réussi à obtenir, sous une fausse identité sur Gay411, des rendez-vous multiples avec la plupart des pseudo-victimes, en mentionnant que c’était pour du bareback, sans l’usage de condom. CES MÊMES PERSONNES ÉTAIENT POURTANT SIGNATAIRES DE PLAINTES DISANT QU’ELLES N’AVAIENT JAMAIS CONSENTIES À CE TYPE DE SEXE.

L’affaire était dans le sac, pour notre enquête du moins, mais voilà que l’avocat de Biron a d’abord décidé de ne pas présenter le dossier de milliers de pages en preuve lors du procès initial et, pire, il a décidé de ne pas en faire mention lors des plaidoiries, affirmant alors que le tribunal n’en tiendrait pas compte. Or, voilà que dans le jugement de la Juge  Marie-Claude Gilbert, elle mentionne spécifiquement que le consentement éclairé des victimes ne s’est pas fait et qu’elles ont été trahies. ERREURpuisque notre dossier prouvait le contraire. Steeve Biron se voit donc condamné à 6 ans de prison, qu’il devra purger dans une prison fédérale. L’ordonnance de non-publication subsistant, nous ne pouvons pas mentionner le nom des  pseudo victimes. Le pire dans toute cette affaire est que dorénavant, toute personne qui se sait infectée par le VIH peut être arrêtée et condamnée à la prison si elle omet de mentionner son statut à ses relations, même si elles ne veulent pas le savoir!

Le Québec retourne 20 ans en arrière en matière de campagnes de dépistage du VIH!
À cause du refus de la part de l’avocat de Steeve Biron de produire un dossier journalistique prouvant que certaines victimes sollicitaient en toute connaissance de cause des relations bareback même après le dépôt de leurs plaintes, contredisant leurs affirmations sur le consentement éclairé et pouvant faire bénéficier Steeve Biron du doute raisonnable nécessaire à son acquittement, voilà que les personnes susceptibles de bénéficier du dépistage du VIH pour se traiter rapidement pourraient dorénavant refuser ces tests car en découvrant leur nouveau statut, elle deviennent potentiellement criminelles si elles ne respectent pas certaines obligations de divulgation à tous leurs partenaires, AVANT d’avoir une seule relation sexuelle. Allez convaincre maintenant les jeunes de se faire dépister! Entre l’ignorance et la prison, la liberté vaut plus cher!!!

Jugement Steeve Biron: Stupéfaction!

Saturday, August 30th, 2014

Par Roger-Luc Chayer

Screen Shot 2014-08-30 at 07.45.45STUPÉFACTION!!!
Steeve Biron condamné à 6 ans de prison…
Stupéfaction au palais de justice de Québec le 29 août dernier, voilà que l’Affaire Steeve Biron trouvait un dénouement plus que surprenant, 6 ans de prison pour un utilisateur de Gay411 qui sollicitait des rencontres sexuelles.

Petit rappel de l’affaire… Steeve Biron est un jeune homme de Québec qui, comme de nombreux gais, sollicitait des rencontres sexuelles principalement via le site très connu Gay411. Biron sollicitait essentiellement des relations «bareback», ses adeptes sachant très bien que le barebacking est une forme de roulette russe qui consiste à avoir des relations non protégées et risquées, avec des individus qui peuvent potentiellement être porteurs du VIH ou d’autres maladies sexuellement transmises. Le kick pour ses adeptes est d’obtenir une plus grande jouissance à cause de la tension générée par le prise de risque. Se sachant séropositif, Biron ne mentionnait pas son statut à ses rencontres et comme pour la plupart des adeptes du barebacking, «jouait la game», jusqu’à ce qu’une ex-baise décide de violer sa vie privée et de consulter son dossier hospitalier, cette personne étant infirmier.

La pseudo victime s’est ensuite présentée à la police pour porter plainte, les policiers se sont mis à la recherche des autres baises bareback de Biron et 15 personnes se sont manifestées. Suite au dépôt d’accusations d’agression sexuelle, Gay Globe a fait enquête et a réussi à obtenir, sous une fausse identité via Gay411, des rendez-vous multiples avec la plupart des pseudo-victimes, en mentionnant clairement que c’était pour du bareback, sans l’usage de condom, CES MÊMES PERSONNES ÉTAIENT SIGNATAIRES DE PLAINTES DISANT QU’ELLES N’AVAIENT JAMAIS CONSENTIES À CE TYPE DE SEXE.

L’affaire était dans le sac, pour notre enquête du moins, mais voilà que l’avocat de Biron a décidé d’abord de ne pas présenter notre dossier de milliers de pages en preuve lors du procès initial et, pire, il a décidé de ne pas en faire mention lors des plaidoiries, affirmant alors que le tribunal n’en tiendrait pas compte. Or, voilà que dans le jugement de la Juge  Marie-Claude Gilbert, elle mentionne spécifiquement que le consentement éclairé des victimes ne s’est pas fait et qu’elles ont été trahies. FAUX puisque notre dossier prouvait le contraire.

Steeve Biron se voit donc condamné à 6 ans de prison, qu’il devra purger dans une prison fédérale. L’ordonnance de non-publication subsistant, nous ne pouvons pas mentionner le nom des victimes. Le pire dans toute cette affaire est que dorénavant, toute personne qui se sait infectée par le VIH peut être arrêtée et condamnée à la prison si elle omet de mentionner son statut à ses relations.

Le Québec retourne 20 ans en arrière en matière de campagnes de dépistage du VIH!
À cause du refus de la part de l’avocat de Steeve Biron de produire un dossier journalistique prouvant que certaines victimes sollicitaient en toute connaissance de cause des relations bareback même après le dépôt de leurs plaintes, contredisant leurs affirmations sur le consentement éclairé et pouvant faire bénéficier Steeve Biron du doute raisonnable nécessaire à son acquittement, voilà que les personnes susceptibles de bénéficier de dépistages du VIH pour se traiter rapidement pourraient dorénavant refuser ces tests car en découvrant leur nouveau statut, elle deviennent potentiellement criminelles si elles ne respectent pas certaines obligations de divulgation à tous leurs partenaires, AVANT d’avoir une seule relation sexuelle. Allez convaincre maintenant les jeunes de se faire dépister! Entre l’ignorance et la prison, la liberté vaut plus cher!!!

Maroc : Des verdicts de culpabilité pour homosexualité ont été confirmés en appel

Tuesday, August 5th, 2014

HRW.org

(Rabat) – Une Cour d’appel marocaine a confirmé, le 2 juillet 2014, des verdicts de culpabilité prononcés en première instance à l’encontre d’hommes accusés de s’être livrés à des actes homosexuels, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Au moins quatre des six accusés dans cette affaire, jugée dans la région du centre du Maroc, avaient été déclarés coupables de chefs d’accusation qui incluaient la commission « d’un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe », aux termes de l’article 489 du code pénal marocain.

Outre que cette affaire repose sur des chefs d’accusation qui sont discriminatoires à l’égard de l’orientation sexuelle, elle pourrait également soulever des questions quant à l’équité des procédures, a affirmé Human Rights Watch.  La Cour d’appel de la ville de Beni Mellal a confirmé les verdicts prononcés contre ces hommes sur la seule base de déclarations faites par eux alors qu’ils étaient aux mains de la police. Les six hommes sont par la suite revenus sur ces déclarations lors du procès, affirmant les avoir signées sous la menace des policiers, selon le témoignage d’une avocate de la défense, Hadda Maidar, recueilli par Human Rights Watch. La cour d’appel n’a appelé aucun témoin à la barre et n’a examiné aucun autre élément de preuve, et lors de l’audience, tous les accusés ont nié être homosexuels, a ajouté cette avocate.

« Les autorités marocaines devraient cesser de poursuivre en justice et d’emprisonner des personnes en raison de leur comportement dans l’intimité avec d’autres adultes consentants », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Quelle que soit l’orientation sexuelle de ces six accusés, elle ne devrait pas les rendre passibles de sanctions pénales. »

Il s’est avéré difficile d’obtenir des détails sur cette affaire, du fait qu’elle s’est déroulée dans une région reculée du pays, et en raison de la réticence de nombreuses personnes liées à des procès au pénal relatifs à des activités homosexuelles à en discuter publiquement.

Les six hommes ont été arrêtés par la police en avril à Fqih Ben Salah, une petite ville de l’intérieur du Maroc située à 200 kilomètres au sud de Rabat. Le 12 mai, le tribunal de première instance de Fqih Ben Salah les a déclarés coupables d’actes homosexuels, d’incitation à la prostitution, ainsi que d’ivresse publique ou de conduite en état d’ivresse. Il a condamné l’un d’eux à trois ans de prison, un autre à deux ans et demi de prison et les quatre autres à des peines plus courtes. Le tribunal a également banni plusieurs des accusés, et peut-être tous les six, de la région, punition prévue par l’article 504 du code pénal pour des crimes contre « la moralité ». Dans sa décision du 2 juillet, la cour d’appel a réduit les deux peines de prison les plus longues, a assorti du sursis les autres peines de prison et a annulé les mesures de bannissement.

Les deux accusés condamnés à la prison ferme sont incarcérés à la Prison rurale de Fqih Ben Salah.

L’un des accusés a affirmé à la cour qu’alors qu’il était en état d’ivresse, il avait fait monter dans sa voiture une personne qu’il croyait de sexe féminin mais qui, en fait, était un homme, selon les déclarations de Hadda Maidar à Human Rights Watch. À l’exception de cet aveu, les accusés ont clamé leur innocence concernant tous les chefs d’accusation.

Que les autres chefs d’accusation retenus dans cette affaire soient fondés ou non, et que les six hommes aient bénéficié ou non d’un procès équitable, le gouvernement marocain devrait cesser de poursuivre des personnes en justice pour homosexualité, a déclaré Human Rights Watch.

L’article 489 du code pénal punit les actes homosexuels d’une peine de six mois à trois ans de prison et d’une amende de 200 à 1 000 dirhams (24 à 120 dollars).

En 2007, un tribunal de la ville de Ksar el-Kbir, dans le nord du Maroc, a condamné six hommes à des peines de prison en vertu de cet article 489. La police les avait arrêtés après l’apparition sur YouTube d’une vidéo censée montrer une réunion privée, à laquelle les accusés auraient assisté, et que les médias avaient décrite comme un « mariage gay ».

Criminaliser les relations homosexuelles consensuelles entre adultes constitue une violation de droits humains fondamentaux qui sont protégés par le droit international. Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), que le Maroc a ratifié en 1979, interdit les ingérences dans le droit à la protection de la vie privée. Le Comité des droits de l’homme des Nations Unies a condamné les lois réprimant les relations homosexuelles consensuelles comme étant en contravention avec le PIDCP. Le Groupe de travail de l’ONU sur les détentions arbitraires a affirmé que les arrestations pour relations homosexuelles consensuelles constituaient, par définition, des violations des droits humains.

La constitution marocaine de 2011 affirme, dans son préambule, que le Maroc s’engage à « bannir et combattre toute discrimination à l’encontre de quiconque,  en raison du sexe, de la couleur, des croyances, de la culture, de l’origine sociales ou régionale, de la langue, de l’handicap ou de quelque circonstance personnelle que ce soit ».

« Si le Maroc aspire à devenir un leader régional en matière de droits humains, il devrait prendre l’initiative d’abolir certaines de ses lois qui établissent une discrimination à l’égard de certaines activités entre adultes consentants pour la seule raison qu’ils sont de même sexe », a conclu Sarah Leah Whitson.

DERNIER VOYAGE La fin de l’enfer en prison pour Stéphane G.

Sunday, February 23rd, 2014

Stéphane G.

Tout allait bien! Lorsque j’étais détenu dans mon centre régulier, jusqu’à ce qu’on vienne me chercher pour me transférer dans la prison de transit…

En attendant ma libération totale suite à mon rapatriement, je suis dans un horrible endroit où la quasi-totalité des détenus n’y sont qu’en transit, en attente d’être transférés soit vers leur institution de détention permanente ou soit déportés comme moi dans leur pays d’origine.

Ici les règlements sont appliqués au point et à la virgule par un personnel déplaisant ayant plus de respect pour du bétail que pour les êtres immondes que nous sommes comme détenus.

Il faut être constamment vigilant car plusieurs gardiens prennent un vif plaisir à donner des rapports disciplinaires continuels pour nous placer en détention solitaire le plus longtemps possible.

C’est la loi de la jungle qui règle en Roi et maître ici. Dès mon arrivée je me suis fait voler mes souliers d’une valeur de 60$, alors que je siestais. Consterné par le vol, je suis allé rapporter l’incident au gardien en devoir du dortoir et sa réponse à été «Bienvenu en prison».

Et sans le savoir, je venais de briser le code de conduite des détenus qui nous interdit de rapporter un incident et surtout de demander de l’aide aux gardiens. Il faut s’occuper de ça entre nous!

Après deux années complètes passées dans un programme de réhabilitation en compagnie d’autres détenus cherchant à s’améliorer, j’avais oublié qu’en quittant le centre Jackson j’allais de nouveau avoir affaire aux loups qui, généralement, peuplent les prisons de l’État. Je suis arrivé ici rempli de confiance en la fin si proche et j’aurais du être plus prudent. Comme le dit si bien Jean de la Fontaine, «cette leçon vaut bien un fromage sans doute». Alors j’avale durement ma bêtise en me disant que ça ne durera pas éternellement. Deux semaines tout au plus.

Reste maintenant à savoir comment ça se passera avec l’immigration, priez pour moi afin que je rentre au plus vite au pays, sain et sauf.

NDLR: Cette chronique sera la dernière de Stéphane  puisque son aventure comme détenu aux États-Unis est terminée. Il nous accordera toutefois une entrevue sous peu afin de dévoiler sa véritable identité et nous raconter, à visage découvert, ce qui l’aura mené vers une si longue peine et l’impact sur sa vie d’artiste. Un article à lire absolument dans notre prochaine édition.

MA VIE EN PRISON Le début de la fin!

Friday, November 29th, 2013

Stéphane G.

Au moment où j’écris ces lignes, il ne me reste que 60 jours avant la fin de ma sentence. Et les exigences de publication font en sorte que lorsque les lecteurs de Gay Globe liront cette chronique, je serai très près de ma sortie du «Department of Corrections» de l’État de la Floride, possiblement quelque part en attente des procédures de déportation au Canada.

Je suis extrêmement fébrile. Après plus de 10 ans d’incarcération au Québec et en Floride, j’ai peine à croire que tout cela s’achèvera bel et bien au cours des prochains jours. Très bientôt je retrouverai cette chère liberté qui me permettra à nouveau de pouvoir choisir, CHOISIR! Un mot que j’avais presque oublié.

J’aurai passé les 10 dernières années à ne pas avoir le choix. Ne pas choisir quoi et quand manger. Ne pas choisir avec quoi me vêtir, ni à quelle heure j’éteignais la lumière pour aller me coucher, ni quand je la rallumais pour me lever. Ne pas choisir où aller et venir, ni quand me rendre à la cantine ou dans la cour de récréation. Tous mes choix étant dictés jour après jour par les autorités de la prison. Le seul choix qu’on m’aura laissé est celui de réagir devant ces manques de choix. Et la perspective d’avoir bientôt à faire face à une innombrable possibilités de choix m’apparaît quelque peu dérangeant, même apeurant. Je m’apprête à «ré-entrer» dans la société. Une expression un peu froide, même clinique à première vue, mais quand on y pense bien, c’est sûrement le meilleur terme. Cela me rappelle que de retourner dans la société après un séjour en prison, c’est un peu comme la navette spatiale revenant sur Terre après un voyage dans l’espace. Tout le monde a entendu dire que la phase de «ré-entrée» est la plus dangereuse de tout le voyage spatial.

Bien des choses risquent de mal tourner pour la navette à ce moment-là. Elle peut descendre trop vite et se consumer dans l’atmosphère. Elle peut s’écraser sur Terre à la moindre erreur de calcul. Pour qu’une «ré-entrée» soit réussie, le plan doit être bien pensé. Un plan sécuritaire qui assure un retour à la maison sans problème ou ombrage.

C’est un peu la même chose pour un détenu retournant dans la société. Après un certain temps d’incarcération, nous ne sommes plus ajustés à l’atmosphère du monde extérieur.
Nous pouvons faire les choses trop rapidement ou impulsivement, sans calcul et tout simplement nous écraser en nous consumant. Chaque détenu retournant à la maison a besoin de deux choses: Une profonde vision d’espoir et des attentes réalistes. L’espoir sans attentes réalistes n’amène que des pensées mélancoliques suivies de déceptions. C’est pourquoi depuis plusieurs mois, voire même quelques années, j’ai commencé à me préparer à mon retour en société.

À ce jour, la planification de mon retour au Québec va bon train. Je sais où et avec qui je vais habiter. J’ai déjà un travail qui m’attend et je sais exactement de quoi sera fait le premier jour de mon arrivée.

Lors du dévoilement de ma véritable identité et grâce à l’aimable collaboration de Roger-Luc Chayer, éditeur de Gay Globe Magazine, j’accorderai une entrevue TV en profondeur qui me permettra d’expliquer au grand public les raisons de mon incarcération. Une confession libératrice des crimes commis qui m’auront valu plus de 10 années d’emprisonnement. Cela me permettra de remettre certains pendules à l’heure et de pouvoir passer à autre chose l’âme en paix. Cette préparation m’est possible grâce au temps qui m’est accordé ici en prison. Le temps est un luxe que j’ai choisi d’utiliser à bon escient. J’ai choisi d’utiliser mon temps pour m’améliorer, approfondir mes connaissances intérieures et extérieures, acquérir sagesse et perspicacité et pour me bâtir une force physique et émotionnelle que je ne possédais pas auparavant.

Je me suis demandé de quelle façon je voulais revenir parmi «le monde». Est-ce que j’allais devenir un homme responsable de ses gestes, de ses pensées, de ses émotions et de ses relations avec les autres?

La préparation de mon retour n’est que la partie agréable de ce voyage. La prochaine étape sera de mener mon rêve à la réalité. C’est à ce moment-là que tout ce que j’aurai appris et assimilé durant ces dernières années sera mis à rude épreuve. Mais ma vision est claire. Mon plan est ferme, spécifique, atteignable et mesurable. Plus que jamais, je suis déterminé à réussir ce retour à la liberté tant souhaitée. Au risque de faire cliché, je peux affirmer sans l’ombre d’un doute que plus jamais je ne reviendrai en prison, du moins, pas comme détenu.

Un ami m’a dit un jour que l’on reconnaissait la grandeur d’un homme à sa façon de se relever après être tombé. Et bien, ouvrez grand vos yeux et regardez-moi me relever car comme le chantait si bien notre diva nationale Diane Dufresne, je n’ai qu’une chose à vous dire: «Tiens-toé ben, j’arrive!».

NDLR: Il a été convenu depuis longtemps avec Stéphane G. que son identité serait révélée exclusivement lors d’une émission diffusée sur Gay Globe TV et tournée dès son retour, une sorte de documentaire sur ce qui a mené Stéphane à purger une si longue peine. Il a aussi été décidé de supporter Stéphane dans sa «ré-entrée»…

CHRONIQUE EN PRISON Nous éprouvons quelques délais supplémentaires…

Sunday, October 27th, 2013

Stéphane G.

Alors que je me prépare mentalement à être relâché et à rentrer au pays, voilà que j’apprends que l’immigration américaine vient d’émettre un ordre de détention contre moi!

Cela signifie qu’à ma date de remise en liberté, vers janvier 2014, je serai attendu à la grille par des agents d’immigration américains qui auront la tâche de m’escorter vers un des établissements fédéraux d’immigration de la Floride où je serai à nouveau détenu en attente des procédures de déportation vers le Canada.

Impossible de savoir où je serai détenu ni pour combien de temps. Tout ce que j’ai réussi à savoir, via le Consulat du Canada à Miami, c’est qu’il y aura des délais minimum d’une semaine mais que ça peut aussi aller jusqu’à un mois. Une fois passé devant le tribunal de l’immigration, le juge pourra soit ordonner ma déportation ou encore me permettre de rentrer au Canada par mes propres moyens avec un délai maximal pour m’exécuter. Mais je ne me fais pas d’illusions, comme pour les 220,000 autres détenus de l’an passé, ma déportation sera probablement ordonnée. Une fois l’ordre prononcé, on me ramènera à un centre de détention pour immigrants illégaux où je devrai attendre patiemment que l’on veuille bien me ramener au Canada. Là encore, impossible de savoir combien de temps ça pourrait prendre. On me parle d’une durée pouvant aller de 2 semaines à 3 mois après mon audition. Imaginez!

Inutile de vous dire que je ne suis pas très heureux de tout cela parce que j’ai entendu toute sortes d’histoires plus sordides les unes que les autres à propos de ces lieux dits de transition où la salubrité laisserait grandement à désirer.

Je suis aussi préoccupé par la façon dont je serai accueilli dans cette population carcérale par certaines personnes qui ont pour origine un pays où on condamne les homosexuels… Et pire, j’apprenais par le consulat que je pouvais être déporté n’importe où au Canada, pas nécessairement dans ma ville d’origine. Je pourrais donc théoriquement atterrir à Trudeau mais aussi à Toronto, Vancouver ou Halifax. Je dois donc me résoudre à l’inévitable et voir le côté positif à tout cela. Si je dois rester ici encore quelques semaines, moi qui déteste l’hiver, ça me fera toujours quelques jours de plus sous le chaud soleil de Floride, loin de l’hiver québécois. Mais entre la prison et la liberté dans la froidure, je préfère de loin «mon pays ce n’est pas un pays c’est l’hiver»!

CHRONIQUE EN PRISON 10 ans : Ça change un homme!

Thursday, August 22nd, 2013

Stéphane G.

Date d’arrestation : Le 11 septembre 2003. Me voici maintenant dix ans plus tard , à quelques 3 mois de ma libération et je constate que je ne suis plus tout à fait le même.

Bien que mon apparence ne semble pas avoir trop souffert de cette longue incarcération, il y a tout de même quelques signes de vieillissement qui ont fait leur apparition. Quelques cheveux gris ici et là, des ridules au coin des yeux qui restent même quand je ne ris pas, des taches sur les mains et les avant-bras, les jointures fripées, de grosses veines bleues sur le dessus de mes mains et des poches sous les yeux qui ressemblent bien plus à des sacs d’épicerie en papier qu’autre chose.

Mais c’est le changement qui s’est opéré en moi qui me fascine le plus. Pour certains, être en prison peut ressembler à un arrêt dans le temps mais que l’on soit à l’intérieur ou à l’extérieur des murs, on fait tous “du temps”.

Tout le monde veut se sentir bien. Consciemment ou pas, chaque être vivant se déplace dans le temps en essayant de se sentir le plus complet et le plus satisfait possible. De la bataille quotidienne contre la plus petite bactérie à l’illumination du plus sage des êtres humains, la vie sur terre consiste à faire son temps selon les meilleures dispositions. Du fait du nombre illimité de choix à faire, de nombreuses décisions sont inévitablement mauvaises et nous gâchent la vie.

Voler une banque ou tuer quelqu’un peut sembler comme des moyens plus que fous à utiliser pour se sentir bien. Le voleur espère dérober un peu de satisfaction alors que le tueur essaie d’éliminer sa propre douleur insupportable qui le fait se sentir séparé du monde qui l’entoure. Mais honnêtement, la société et les gouvernements font aussi parfois sensiblement la même chose, parfois sur une plus grande échelle. Comme le chantait Bob Dylan : “Vole un oeuf et on te jettera au cachot. Vole un boeuf et on te fera Roi”.

Les mondes de l’insécurité et du désir partagent les mêmes motivations, peu importe la classe sociale à laquelle on appartient.

Me voici donc 10 ans plus tard. 10 années durant lesquelles j’ai cherché à comprendre qui je suis et dans quel monde je vis. Mon incarcération aura été pour moi une rencontre avec la vérité, comme si je m’étais retrouvé assis seul au sommet d’une montagne éloignée. Ce qui me semblait au début être une punition extrême et non méritée s’est révélée comme une bénédiction. Être en prison n’a pas d’importance. Ce n’est qu’une excuse qui m’aura permis d‘entrer en contact avec moi-même et aussi avec vous, lectrices et lecteurs.

Qui que l’on soit, à l’intérieur ou à l’extérieur, on purge tous du temps extrêmement difficile tant qu’on ne trouve pas une certaine liberté, à l’intérieur de soi! Pour y arriver, on doit être honnête avec soi même et être prêt à travailler fort pour y parvenir.

Je crois que tout le monde, détenus compris, aimerait pouvoir arrêter de se mentir, de prendre de mauvaises décisions et de se sentir incomplets. Avec la foi, la patience et un immense sens de l’humour, on peut faire l’expérience véritable de la vie plutôt que de simplement exister. J’espère le plus sincèrement du monde que tous et chacun trouveront leur voie, leur propre chemin menant à la complète libération, comme je l’ai vécu ici, en prison aux États-Unis depuis maintenant 10 ans. Vivement la fin…

Scandale en Équateur Des cliniques anti-homosexualité illégales

Wednesday, July 24th, 2013

Gay Globe

Cela fait maintenant plus de deux ans que les autorités équatoriennes cherchent à fermer les cliniques clandestines offrant de soi-disant soigner l’homosexualité. Une trentaine de centres ont déjà été fermés, le dernier en date cette semaine dans la petite ville de Tena dans la région amazonienne. Ce dernier fait scandale puisque sa propriétaire n’était autre qu’une fonctionnaire du Ministère de la Santé.

C’est une jeune lesbienne de Guayaquil qui a déclenché l’affaire. Âgée de 22 ans, Zulema Constante s’était confiée à sa famille en mars dernier avant de s’enfuir chez sa compagne. Le 17 mai dernier, sa famille avait alors organisé son enlèvement par des fonctionnaires du centre.

Pendant deux mois, Zulema a été victime de «mauvais traitements physiques et psychologiques». Elle recevait tous les jours des sermons religieux pour essayer de la convaincre que son orientation sexuelle était une maladie, un pêché, une abomination. Zulema a dénoncé des conditions d’hygiène et une nourriture « déplorables ».

Après avoir réussi à s’échapper, Zulema a porté plainte.C’est alors qu’elles fermaient le centre que les autorités du ministère équatorien de la Santé ont réalisé que sa propriétaire était l’une de leurs fonctionnaires. Et pas n’importe quelle fonctionnaire puisque Janine Olmedo s’occupait justement de contrôler les centres de réhabilitation à la drogue et à l’alcool. Olmedo et cinq autres personnes ont été arrêtées et pourraient être condamnées à une peine de six mois à deux ans de prison.

Chronique: En prison… Homosexualité de circonstance

Wednesday, July 24th, 2013

Stéphane G.

Récemment, pendant une discussion de groupe portant sur les conditions de détention et le comportement des détenus face à ces conditions, j’ai eu l’occasion d’entendre un nouveau terme qualifiant les relations sexuelles entre prisonniers: l’homosexualité de situation!

Ce terme aurait pour but d’expliquer, si ce n’est d’excuser, le pourquoi des activités homosexuelles en milieu carcéral. L’explication donnée serait que les détenus ont des relations entre eux simplement du fait de la promiscuité et de l’impossibilité de trouver des partenaires féminins. Ayoye! Encore de la psycho à 5 cents! Je me suis quand même posé la question: Et si je me retrouvais emprisonné sur une île peuplée que de femmes, pourrais-je devenir victime d’hétérosexualisme de situation? Est-ce que le fait d’être privé de partenaires masculins ferait en sorte que j’accepterais d’avoir des relations avec des femmes, même temporairement?

Malgré tout le respect que je porte au sexe féminin, je dois admettre que je n’y suis aucunement attiré sexuellement, je deviendrais probablement 100% auto-sexuel. J’ai souvent parlé ici d’homosexualité en prison et je sais très bien qu’un détenu qui se déclare hétéro, même s’il a des relations sporadiques avec des hommes, a probablement déjà un antécédent homosexuel, possiblement bien enfoui je le conviens…

Il y a bien évidemment des détenus qui sont à 100% hétéros, ils n’ont aucune relation avec qui que ce soit pendant leur séjour et sont parfois très homophobes. Il y a ceux qui ont des relations homos mais qui ne “s’associent” qu’avec des gais efféminés dans le but de perpétuer ou de tenter de reproduire l’image traditionnelle d’une relation homme/femme. Tôt ou tard, l’illusion fait place à la réalité, plus ou moins facile à accepter pour eux car il y a le jugement des autres, celui des gardiens aussi.

En prison, tout est une question d’image, celle que l’on veut montrer aux autres. Est-ce qu’il est possible de devenir homosexuel à cause d’une situation particulière?

Personnellement je ne le crois pas. Les circonstances peuvent susciter l’éclosion d’une homosexualité refoulée. On peut toutefois décider de devenir hétéro dans le but d’être accepté par ses parents, ses amis, la société ou par principes religieux mais là encore, combien de mariages hétéros ont été brisés à la suite d’une “sortie du placard” tardive d’un des époux?

Tout est une question d’acceptation de soi et de capacité à faire la paix avec sa conscience. Acceptes-toi et tu accepteras les autres! Comprends-toi et tu comprendras les autres. Aimes-toi et tu aimeras les autres peu importe la sexualité ou l’orientation affective du moment!

Ma vie en prison Une lumière au bout du tunnel

Thursday, May 30th, 2013

Stéphane G.

Voilà, je m’y attendais, ma requête en libération vient d’être rejetée par le tribunal floridien sur la base des arguments frauduleux et manipulateurs du Procureur de l’État. Le Tribunal statuant que ma requête était sans fondement.

J’ai donc commencé véritablement à me concentrer sur le scénario le plus probable et inévitable; ma libération à la fin de ma sentence purement et simplement. Au moment où j’écris ces lignes, il ne me reste que neuf mois à purger avant la date prévue de ma libération, le 12 janvier 2014, soit 288 jours. J’ai peine à croire après dix ans de pénitencier, que très bientôt je serai hors d’ici. Bien que la logique soit irréfutable, elle me semble irréelle…

Aurais-je certaines craintes quant à la perspective de mon retour dans la société? Absolument! Comment vais-je être reçu par ma famille, mes amis, mes anciens collègues de travail, mes fans et le public en général? Est-ce que je pourrai reprendre ma carrière là où je l’ai laissée ou devrais-je faire autre chose? De quoi sera fait le reste de ma vie? Qu’est-ce qui m’attend?

Le fait d’avoir un dossier criminel aux Etats-Unis ne m’en donne pas un automatiquement au Canada, reste qu’avec l’Internet, il sera très facile d’avoir accès à mon dossier américain. Une simple recherche sur mon nom et voilà mon dossier accessible à tous. C’est donc le temps de me préparer mentalement au fait de devoir vivre avec les conséquences des erreurs de mon passé. J’aurai certainement à faire face à des gens qui ne pardonneront pas mes crimes et ce, même si j’en aurai payé chèrement le prix. En vérité, ma crainte est due au fait que non seulement je devrai repartir à zéro, mais que je devrai le faire avec un lourd bagage lié à mon passé.

Il me faudra rétablir un lien de confiance avec mon entourage et poursuivre le cheminement amorcé durant ma période d’incarcération afin de devenir un être meilleur, prêt à faire face à l’adversité.

Finalement il s’agira pour moi de garder le focus sur cette lumière intérieure qui marque la route à suivre pour devenir celui que je veux devenir.

Un être libre oui, mais libre dans tous les sens du mot. Libre de mon passé, de mes erreurs de pensée et aussi libre de mon avenir, de ma façon d’être et d’agir. Libre de vivre le moment présent, d’être moi-même et libre d’être aimé et d’aimer librement, sans arrière-pensée, sans chercher à combler un manque ou à remplir un vide, le mien ou celui des autres. Libre de ma prison…

4 homosexuels condamnés au Maroc : L’ambassadeur des Pays Bas « attristé »

Monday, May 27th, 2013

Yabiladi.com

Gérard Strikker, l’ambassadeur des Pays Bas au Maroc se dit « attristé » par la condamnation de 4 hommes, en mai, pour homosexualité au Maroc. Il estime que la criminalisation de l’homosexualité est un « anachronisme ».

« Je suis attristé par le fait que les autorités marocaines ont récemment condamné deux couples homosexuels (à Temara et à Souk al Arbaa) à des peines de prisons, allant jusqu’à trois ans de prison ferme », indique l’ambassadeur des Pays Bas au Maroc, Gérard Strikker, dans un communiqué publié via Facebook, aujourd’hui, vendredi 24 mai. Il fait référence aux deux condamnations pénales successives et récentes contre 4 hommes pour homosexualité, près de Rabat.

Un premier couple a été condamné, le 6 mai, à Souk Al Arbaa, à 3 ans d’emprisonnement et 1000 dirhams d’amende pour avoir entretenu, pendant 10 ans une relation homosexuelle. Le second couple, dont la condamnation est intervenue le 20 mai, après la médiatisation des premiers et après la journée internationale de lutte contre l’homophobie, a été condamné à, Temera, à quatre mois de prison ferme.

Anachronisme

« Les peines de prison vont même, à mon avis, à l’encontre du premier article de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, qui statue que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » », ajoute l’ambassadeur dans son communiqué. Ces peines ont été réalisées en application de l’article 489 du Code pénal marocain dont le texte précise : « est puni d’emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de 200 à 1 000 dirhams, à moins que le fait ne constitue une infraction plus grave, quiconque commet un acte impudique ou contre nature avec un individu de son sexe ».

« Pour moi, c’est un anachronisme que l’homosexualité soit toujours considérée comme un crime au Maroc, presque 25 ans après cette décision de l’Organisation Mondiale de la Santé de ne plus la considérer comme une maladie. […] J’espère qu’un jour, les homosexuels au Maroc seront acceptés comme des citoyens à part entière, qui ne sont ni malades, ni criminels », se permet même d’ajouter l’ambassadeur.

Dans le contexte marocain, son communiqué est assez audacieux étant donnée sa position politique, puisqu’il représente les Pays Bas au Maroc, et alors que les deux pays sont aux prises avec une affaire délicate : la suppression des allocations aux MRE des Pays Bas. Il donne directement son opinion sur une décision de justice et même sur un article du code pénal marocain.

 « Non » à l’homophobie!

Cette prise de position fait écho aux interventions de l’ambassade des Pays Bas, le 17 mai, pour la journée internationale de lutte contre l’homophobie. Sur Facebook, elle a écrit : « à cette occasion nous souhaitons réaffirmer l’importance de lutter contre les violations des droits de l’homme fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre et l’engagement des Pays-Bas dans ce combat. Nous disons « non » à l’homophobie! »

L’ambassade indique également qu’elle « est fière d’avoir pu apporter son soutien à la lutte contre l’homophobie au Maroc, à travers une exposition à l’Institut Néerlandais. » Cette exposition de photographie était organisée par le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI) surtout connu pour ses actions coups de poing. Cet événement a connu la participation et le soutien de personnalités connues dans le monde de l’art et de la culture: Naïma Zitan, Lamia Berrada-Berca, Sonia Terrab, Jean Zaganiaris, Fatym Layachi et Hicham Tahir, rapporte Media24.

Vivre en prison aux USA Mes douze règles de vie

Wednesday, April 3rd, 2013

Voici les douze règles qui me permettent au quotidien de survivre à mon incarcération aux États-Unis:

1- Mettre de l’ordre dans ma vie et me discipliner. Par définition, la discipline consiste à faire le contraire de ce qu’on a envie de faire. Les moyens d’y arriver son simples: – se fixer des délais – chercher ce qu’on fait de mieux et se concentrer dessus – remplacer ses mauvaises habitudes par des bonnes en commençant par le plus facile.

2- Respecter le temps qui m’est donné. Le temps est la plus grande richesse pour un prisonnier, c’est aussi la seule limite à ce qu’on peut accomplir. Le temps perdu ne se rattrape jamais. Je m’efforce donc de ne jamais m’engager dans des activités qui ont pour seul but de “faire passer le temps”.

3- Réfléchir attentivement avant toute promesse ou engagement. Les promesses sont des contrats qu’il faut honorer, y compris les résolutions que je prends personnellement.

4- La prudence évite de gros regrets. Toujours espérer le meilleur et se préparer au pire. La vie est facile quand on s’attaque aux difficultés et difficile quand on cherche la facilité.

5- Coucher et réveil aux mêmes heures toute la semaine. Je ne m’écarte pas de ces horaires à moins d’exception. Je ne bois ni café ou alcool, je ne fume pas et j’évite de manger deux heures avant de me coucher.

6- Chaque matin, j’écris au moins 90 minutes. Je ne regarde pas la télé ou toute émission violente ou encore les nouvelles qui ne proposent en grande majorité que des mauvaises nouvelles.

7- Chaque soir, je fais une liste des choses à faire le lendemain. Je tiens à jour un journal avec mes objectifs de vie et mes progrès.

8- J’évite tout conflit avec qui que ce soit. C’est une perte de temps et d’énergie. Si je cause du tort, je présente mes excuses et je résous le problème le plus vite possible. Je contrôle toute situation qui peut dégénérer avec un grand recul et beaucoup de diplomatie.

9- Rien n’est important. La vie est remplie de petites mesquineries qui peuvent nous bloquer. Chaque être humain a une mission à accomplir, il n’y a pas de temps à perdre avec des problèmes secondaires.

10- “Ça ne durera pas”. Cette formule m’aide dans les bons comme dans les mauvais moments. La petite souffrance que j’endure sera vite oubliée plus tard, lorsque j’y repenserai et profiterai du fruit de mes efforts.

11- Je ne serai pas la personne que je ne veux pas être. Je ne serai ni mesquin, ni jaloux, ni envieux ni ne céderai à aucun sentiment facile. Je ne participerai pas au ragots, je ne serai pas négatif. C’est ma vie et tout cela est plus important que ce que les autres peuvent penser de moi.

12- Je parlerai et écrirai avec honnêteté et délicatesse. Je ne me soucie plus de ce que les autres pensent de moi. Ce qui m’importe c’est le nombre de personnes que je peux aider en partageant mon histoire et mon cheminement via ma réhabilitation. Je ne m’arrêterai pas tant que je n’aurai pas aidé un million de gens à reprendre le contrôle de leur santé, de leur corps et de leur esprit pour transformer leur vie, mieux préparer leur avenir et mieux vivre l’instant présent. Je n’arrive pas tout le temps à respecter mes 12 règles mais cela me donne un cadre et m’aide vers le chemin de la liberté.

Vivre positif Dans une prison américaine

Sunday, February 3rd, 2013

Depuis le début de cette chronique, il y a plus de trois ans déjà, j’ai souvent parlé des aspects négatifs de mon incarcération. Dernièrement, je me suis demandé s’il pouvait y avoir quelque chose de positif à mon aventure carcérale et à la lumière d’une analyse personnelle sincère et profonde, j’ai été surpris de constater qu’il y a effectivement du bon à mon séjour en prison.

D’abord il y a ma santé. Même si les soins médicaux ici ne sont pas de première classe, avant mon arrestation je ne prenais aucun médicament contre le VIH. Étant considéré comme sidéen par les médecins de la prison sur la base de mes analyses sanguines, j’ai décidé de commencer une trithérapie en 2003 avec comme résultat une nette amélioration de ma condition physique peu de temps après. Si j’étais resté en liberté, j’aurais probablement repoussé la prise de mon traitement salvateur et je serais probablement dans un pire état aujourd’hui, pour ne pas dire mort. Je pense même que mon arrestation m’a sauvée la vie.

J’ai souvent repensé à ma vie d’avant, à mon enfance, mes bonnes et moins bonnes décisions, mes bons et mauvais coups, mes moments de joie intense et de profonde tristesse et à mes jours de désespoir. J’ai surtout pensé à celui que je voulais devenir et ce que je voulais faire dans le futur, à ma sortie. Je crois sincèrement que je vais sortir d’ici plus équilibré. Je suis plus que jamais déterminé à voir mes objectifs s’accomplir.

Le fait de vivre en prison en Floride a contribué grandement à ma meilleure connaissance de la langue anglaise. J’ai même joué dans des pièces de théâtre de Shakespeare, ce qui relève de l’exploit pour moi. Finalement, mon temps passé derrière les barreaux m’a permis de rencontrer et d’échanger avec des gens de toutes cultures, de toutes races et de tous âges.

J’ai appris à mieux me connaître et à corriger ma façon erronée de penser. J’ai arrêté de juger les autres, j’ai aussi arrêté de me juger de façon néfaste moi-même. En changeant ma façon de voir les autres, j’ai changé ma propre façon de me voir moi-même. J’ai découvert celui que je voulais être. En découvrant celui que je voulais être, j’ai vu mon avenir. Un avenir meilleur, rempli de joie et de réussites où plus jamais je n’aurai à revenir en prison y chercher l’essence de ce que je suis.

NDLR: Gay Globe Média a déjà offert son aide à Stéphane à son retour sur la scène artistique au Québec l’an prochain, à suivre…

Presque libre! Chronique d’un québécois emprisonné aux États-UnisAu moment où j’écris ces lignes, il ne reste que 24 heures au bureau du procureur de l’État de la Floride pour produire sa réponse à ma requête en libération, tel qu’ordonné par la Juge Barbara McCarthy de la Cour criminelle de Broward. Si le procureur ne présente pas ses arguments, et ne s’oppose pas par conséquent à ma demande, il est plus que probable que la Cour penche en ma faveur et ordonne ma libération immédiate. Nul besoin de vous expliquer dans quel état émotionnel je me trouve actuellement… J’ai beau tout tenter afin de ne pas me créer d’attentes, être si près de la liberté tant souhaitée et voir la possibilité de ma requête non contestée font que je me laisse envahir par l’espoir, ce sentiment tout à fait impalpable et inexplicable qui nous permet de rester vivant. S’il est vrai que tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, je peux vous assurer que le contraire est aussi exact… Tout est donc en place afin de m’assurer que je pourrai me procurer un billet d’avion sans délais et que le Consulat du Canada à Miami puisse émettre un passeport pour moi. J’ai même décidé à qui j’allais donner certains de mes effets personnels que je ne pourrai certainement pas rapporter avec moi au pays. Suis-je trop optimiste? Peut-être que Oui. J’ai toujours été un grand optimiste. Ce trait particulier de mon caractère, avec mon sens de l’humour, est ce qui m’a donné la force de surmonter les affres de cette horrible expérience qu’est l’incarcération aux États-Unis. Depuis ces derniers jours, alors que l’espoir de ma libération se fait grandissant, j’ai l’impression que les conditions de détention dans lesquelles je me trouve n’ont plus d’emprise sur moi. J’ai l’impression d’être déjà libre à l’intérieur de moi et j’entends plusieurs fois par jour cette petite voix intérieure qui me dit: “Tiens bon, ne t’en fais pas, c’est presque terminé”…

Tuesday, August 21st, 2012

Au moment où j’écris ces lignes, il ne reste que 24 heures au bureau du procureur de l’État de la Floride pour produire sa réponse à ma requête en libération, tel qu’ordonné par la Juge Barbara McCarthy de la Cour criminelle de Broward. Si le procureur ne présente pas ses arguments, et ne s’oppose pas par conséquent à ma demande, il est plus que probable que la Cour penche en ma faveur et ordonne ma libération immédiate.

Nul besoin de vous expliquer dans quel état émotionnel je me trouve actuellement… J’ai beau tout tenter afin de ne pas me créer d’attentes, être si près de la liberté tant souhaitée et voir la possibilité de ma requête non contestée font que je me laisse envahir par l’espoir, ce sentiment tout à fait impalpable et inexplicable qui nous permet de rester vivant. S’il est vrai que tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, je peux vous assurer que le contraire est aussi exact…

Tout est donc en place afin de m’assurer que je pourrai me procurer un billet d’avion sans délais et que le Consulat du Canada à Miami puisse émettre un passeport pour moi. J’ai même décidé à qui j’allais donner certains de mes effets personnels que je ne pourrai certainement pas rapporter avec moi au pays.

Suis-je trop optimiste? Peut-être que Oui. J’ai toujours été un grand optimiste. Ce trait particulier de mon caractère, avec mon sens de l’humour, est ce qui m’a donné la force de surmonter les affres de cette horrible expérience qu’est l’incarcération aux États-Unis. Depuis ces derniers jours, alors que l’espoir de ma libération se fait grandissant, j’ai l’impression que les conditions de détention dans lesquelles je me trouve n’ont plus d’emprise sur moi. J’ai l’impression d’être déjà libre à l’intérieur de moi et j’entends plusieurs fois par jour cette petite voix intérieure qui me dit: “Tiens bon, ne t’en fais pas, c’est presque terminé”…

Je sais par contre qu’en 24 heures, tout peut arriver. Le procureur peut très bien présenter sa réponse à la toute dernière seconde. Le travail rigoureux que j’ai accompli dans la rédaction de ma requête me permet toutefois de penser qu’elle est immunisée contre toute objection.

Mon espoir est supporté par les arguments présentés dans ma requête. Je vis dans une espérance méticuleusement calculée et légitime.

Seule une interprétation fallacieuse ou la présentation d’arguments malicieux pourraient permettre au procureur de s’opposer à ma demande ou, à tout le moins, de retarder l’inévitable. A-t-on déjà vu un procureur se ranger du côté d’un accusé? Pas vraiment…

Ainsi donc, il est fort probable qu’au moment où ces lignes seront publiées dans Gay Globe Magazine, je sois déjà de retour en sol québécois.

Sachez que j’anticipe grandement le plaisir de tous vous retrouver et de pouvoir divulguer enfin mon identité réelle, comme convenu avec notre éditeur dès le début de cette chronique il y a quelques années.

Ma requête est en béton armé, la délai pour répondre est quasi-expiré, l’espoir m’habite tout entier et mon départ de Floride est prêt. Patientons juste encore un peu, bientôt je serai là. Attention j’arrive!

NDLR: Suite à cette lettre de Stéphane datant de juin, Gay Globe n’avait aucune nouvelle de son cas et Stéphane, pour des raisons qui lui appartiennent totalement, a décidé de ne pas nous informer tout de suite de l’aboutissement de sa requête. Toutefois, à l’examen du registre des détenus en Floride, publié sur Internet, il y est toujours inscrit comme “détenu” et sa date de libération n’est pas fixée avant 2014. Une lettre lui a été envoyée, à suivre…

Quand le désespoir frappe

Saturday, June 30th, 2012

La semaine dernière on m’a raconté une histoire très tris- te que j’ai décidé de partager avec vous car non seulement elle est véridique, mais elle reflète bien ce que nous vivons à l’intérieur des murs aux États-Unis.

Un détenu de l’institution Jackson purgeait depuis 10 ans une peine à vie. Je ne sais pas quelle est la nature du crime mais il est inutile de vous dire qu’en Floride, il n’est pas nécessaire d’avoir commis un crime bien odieux pour se retrouver à vie en prison.

Karl (nom fictif) a été le témoin de la dégradation des condi- tions de détention de ces dernières années en Floride et il était persuadé que l’avenir serait pire et peu prometteur. Il était aussi séropositif et même si son état de santé était satisfaisant grâce à la trithérapie, il restait préoccupé par son sort.

Il y a plus d’un an, Karl a décidé de mettre un terme a sa vie de détenu d’une façon inusitée. Il a tout bonnement décidé d’interrompre ses traitements anti-vih et de laisser son corps décider de sa propre fin. Très rapidement son état général s’est dégradé, et il a contracté des infections oppor- tunistes à répétition. Il refusait tous les traitements offerts, même ceux qui ne visaient qu’à soulager les douleurs cau- sées par ses infections incessantes.

Il y a trois semaines, Karl, ne pouvant plus se nourrir ou se déplacer sans aide, a été transporté à l’infirmerie de la pri- son où sa sentence s’est terminée en même temps que sa vie.

Cette histoire m’a fait réfléchir longuement. Moi aussi je suis séropositif, moi aussi j’en ai plus qu’assez d’être incarcéré dans d’horribles conditions, moi aussi j’ai voulu mourir. Au début, j’étais traité comme un animal, on me criait après constamment, je me suis demandé comment j’allais faire

pour survivre à tout cela et surtout si ça en valait la peine. Il faut bien mourir un jour ou l’autre… Pourquoi pas maintenant pour éviter de souffrir?

Heureusement, ces idées se sont évanouies rapidement et j’ai décidé de m’accrocher en me concentrant sur une chose en particulier: ma date de sortie, le jour de ma remise en liberté.

Je ne suis pas si mal avec ma sentence de 12 ans. 15% des 103,000 détenus de Floride purgent des sen- tences à vie sans possibilité de libération conditionnelle ou sur parole. Ma sentence est presque terminée, j’ai réussi à passer au travers de cette épreuve. Dieu merci je suis toujours vivant et en relative bonne santé. J’ai compris que mon désespoir est minime en comparaison de celui des autres. Quand je me regarde, je me désole. Quand je me compare, je me console… Tout est une ques- tion de perspective… et de la durée de la sentence.

Au meurtre! Pas de prise de sang, pas de médicaments en prison!

Saturday, April 28th, 2012

Est-ce qu’un médecin peut annuler le traitement contre le VIH d’un patient simplement parce qu’il refuse de se sou- mettre à un nombre excessif de prises de sang?

C’est ce qui m’est arrivé à mon centre carcéral en Floride. Après avoir subi des prises de sang à trois reprises et ce, en l’espace de six semaines, les résultats revenaient toujours comme inconcluants, incomplets ou les analyses n’avaient pas été faites correctement. Jugeant abusifs ces tests, après avoir refusé la 4ème convocation et encore lors de la 5ème, j’étais loin de me douter que quelques semaines plus tard, le médecin allait simplement me punir… En annulant ma trithérapie!

J’ai eu beau crier au meurtre et à la violation de mes droits auprès des autorités médicales de l’institution, rien à faire! Pas de prise de sang = pas de médicaments. Pourtant, mon dossier médical indique clairement que je suis séropositif et ce, depuis le début de mon incarcération. À quoi jouait donc le médecin? Avec ma santé? Avec ma vie?

Est-ce ma faute si à chaque reprise les analyses ont été fai- tes de façon incorrectes? Dois-je faire les frais de l’incompé- tence du personnel médical et servir de rat de laboratoire? Surtout que ces analyses étaient routinières simplement afin de vérifier ma charge virale et mes niveaux de CD4.

Il aura fallu l’intervention de Christian Schoeppe, agent des services consulaires du Consulat du Canada à Miami pour rétablir les choses. Ayant été informé de mon sort dès les premiers jours de mon arrêt de traitement, M. Schoeppe est venu me rencontrer à l’institution de Jackson, où je suis dé- tenu, pour m’assister dans les démarches nécessaires afin que mon traitement soit rétabli dans les plus brefs délais.

Cette fois, les analyses ont été faites adéquatement et après une rencontre avec le médecin, mon traitement a recom- mencé. J’aurai passé cinq semaines sans traitements. Était- ce suffisant pour développer une nouvelle résistance aux médicaments et mettre ma vie en danger? Je le saurai dans quelques semaines après de nouvelles vérifications sangui- nes. Ne nécessitant actuellement qu’un seul comprimé de multithérapie contre le VIH, il se pourrait qu’à cause de ces événements, je passe à un traitement plus agressif.

En terminant, j’aimerais vous annoncer une bonne nouvelle. Dans une récente chronique, je vous racontais mon désarroi face à la viola- tion d’un accord avec l’État de Floride qui me permettait de purger ma sentence au Canada. Bref, après avoir déposé une requête en libé- ration sur la base d’une violation, le Tribunal flori- dien a déclaré ma requête recevable et bien fondée, ordonnant au Procureur en chef de l’État de répondre de façon préliminaire avec ses arguments dans les semai- nes à venir ou de déposer un règlement avec moi.

Je m’attends donc à une réponse d’ici juin de la part de l’État et si la Cour règle en ma faveur, comme prévu dans une entente signée et déposée en preuve, il est fort probable que je sois de retour au Québec au cou- rant de l’été 2012. Faites une petite prière pour moi!

NDLR: Nous souhaitons infor- mer nos lecteurs que Stépha- ne G. a accepté de contribuer à une émission de GGTV sur son aventure mais aussi pour se livrer en toute transparen- ce sur son identité une fois ici. Nous reviendrons donc sur cette émission lorsqu’il sera enfin au Canada.

̂tre gai est un crime! Observations de notre chroniqueur en prison aux États-Unis

Sunday, March 11th, 2012

Les conditions d’incarcération ici ont commencé à se res- serrer et à devenir quasi insupportables depuis qu’en no- vembre dernier, une violente bagarre a éclaté entre détenus dans la cour de récréation. 77 détenus ont été transférés d’urgence le soir même et une vingtaine se sont retrouvés en détention disciplinaire. Il nous est dorénavant interdit de nous parler lorsque nous attendons en ligne ou encore dans la salle à manger. En vérité, les animaux de ferme sont mieux traités que nous, ils mangent certainement mieux aussi!
Pour essayer de fuir tout cela et de trouver un certain récon- fort, de manière à éviter les gardiens, j’ai décidé de fréquenter la Chapelle. Mais voilà, je suis homo, est-ce qu’il existe un péché plus grave que celui d’homosexualité chez les chré- tiens? À la Chapelle de ma prison, il existe un groupe qui a pour but de guérir les homosexuels… Afin d’en savoir plus et comme tout journaliste professionnel, je me suis inscris au groupe et depuis quatre semaines, j’assiste aux rencontres hebdomadaires. Incroyable! Le groupe a pour objectif de se débarrasser du péché d’homosexualité tout en atteignant la “pureté sexuelle”.
Selon mes chefs chrétiens, on ne naît pas homosexuel. Ce n’est pas un choix non plus mais une réponse à un problème de développement survenu dans l’enfance, un père absent, une mère dominante ou de trop grandes affinités avec des soeurs, des tantes ou une grand-mère…
Heureusement, je ne suis pas assez imbécile pour m’être laissé prendre au jeu. En fait selon moi, le véritable péché n’est pas d’être homosexuel mais de perpétuer le mythe que nous sommes déficients, inadéquats, un danger pour l’ordre établi et la société.
Les relations physiques ici en prison au pays de l’Oncle Sam sont strictement interdites et passibles de représailles disci- plinaires. Les gardiens ferment toutefois les yeux, de façon hypocrite, sur nos activités et nos ébats.
GAYGLOBE MAGAZINE 8
Photo: Google.com
Pendant que d’un côté on “tolère” notre réalité homo- sexuelle, à la Chapelle on perpétue le mythe d’un péché contre Dieu et la na- ture. Un crime de société, un danger pour l’ordre… Et voilà qu’on nous affirme en prison ce qui est inac- ceptable de dire en dehors, l’homosexualité serait une aberration du déroulement de l’enfance.
Il se font et se disent en pri- son des choses qui feraient l’objet de manifestations et de poursuites pour propos haineux en dehors mais ici, personne ne peut rien y faire.
Ici, comme tout le reste, on se fout de la réhabilitation des détenus et de ce qu’ils font. Pourvu qu’ils ne se fas- sent pas prendre “les culot- tes baissées”. On nous garde en cage, on nous apprend n’importe quoi et ensuite on est surpris que certains en sortent comme des animaux sauvages et y reviennent en prison peu de temps après…

En prison aux États-Unis

Saturday, February 4th, 2012

Suite au refus de ma demande de transfèrement par le Gouverneur de la Floride, j’ai décidé de ne pas abdiquer. Après avoir bien digéré la nouvelle, je me suis retroussé les manches. En mars 2006, j’ai accepté l’entente négociée avec le Procureur de l’État qui, voulant éviter un procès coûteux et incertain, me proposait une sentence de 12 ans de prison en échange de mon plaidoyer de culpabilité.
En contre-partie, j’obtenais l’assurance du Procureur que l’État de Floride ne s’opposerait pas à mon transfèrement au Canada. Mes documents de sentence confirment cette en- tente et il y est écrit que “l’accusé peut transférer sa sentence au Canada sans objection de la part de l’État de Floride”.
Mieux encore, mon avocat de l’époque était retourné à la Cour deux jours plus tard pour demander au juge de signer une ordonnance disant “Le Tribunal, après avoir entendu les deux parties, n’a aucune objection à ce que l’accusé serve sa sentence au Canada conformément à sa prochaine demande de transfèrement pour ledit pays”. Ça ne pouvait être plus clair il me semble? Le Canada a donc accepté en février dernier ma demande de rapatriement, l’accord de la Floride devenait automatique en théorie, une simple formalité ad- ministrative il me semblait…
Or, voilà que le Gouverneur de la Floride, Rick Scott, a déci- dé à ma plus grande stupéfaction de violer l’entente. Ce n’est pas la première fois que l’État viole des ententes négociées avec des accusés. J’ai donc contacté mon avocat afin qu’il présente une requête à la Cour en citant la jurisprudence et en espérant que je ne sois pas obligé de me rendre jusqu’à la Cour d’Appel, avec les délais que ça comporte, avant d’obte- nir un jugement en ma faveur.
Je sais que chaque cas est différent et qu’ici, au pays de l’Oncle Sam, et encore plus en Floride, la justice n’est plus ce qu’elle était et ne possède certainement pas la définition qu’on lui connaît au Canada. J’essaie de ne pas me créer d’attentes mais malgré tout, je ne peux m’empêcher d’entre- tenir un certain espoir. Après tout, il me reste deux ans à servir, autant aller terminer ma sentence au Canada!

Sida : Neuf ans de prison pour avoir transmis le virus

Sunday, November 6th, 2011

France Soir
Le verdict est tombé vendredi en fin de journée : 9 ans de prison. Hicheim Gharsallah, 35 ans, en détention provisoire depuis 3 ans va donc passer quelques années de plus derrières les barreaux. L’homme a été condamné par la cour d’assises de Paris pour avoir volontairement transmis le virus du sida à sa compagne de l’époque aujourd’hui séropositive.

Ce « serial contamineur » comme l’appelle Agnès, la victime elle aussi âgée d’une trentaine d’années qui a témoigné à la barre a fait preuve d’une rare cruauté. Entre 2003 et 2004, Hichem Gharsallah l’oblige à avoir des rapports sexuels quotidiens non protégés alors qu’il se sait malade et qu’il n’a rien dit. « Je me disais que j’allais mourir, quoi qu’il arrive » a-t-il lancé devant le tribunal. Sur le fait de ne pas utiliser de préservatif, il a même soufflé « ça m’empêche d’avoir des sensations ».
“Je ne peux pas dire que je suis heureuse”

L’avocat général a comparé les débats à « une apnée au coeur d’un salaud ordinaire ». « L’accusé a bouleversé, fracassé les règles du vivre ensemble », a-t-il lancé avant de réclamer une peine d’emprisonnement comprise entre « huit et dix ans » pour « ce comportement social inqualifiable ».

Selon son avocat, Me Pascal Garbarini, l’accusé « était au départ dans un déni total » et « avait une attitude irresponsable même vis-à-vis de lui-même ». « Il refusait d’accepter sa maladie », mais aujourd’hui, « il l’accepte et il se soigne », assure-t-il.

« C’est une peine assez lourde, mais je ne peux pas dire que je suis heureuse. On ne me rendra jamais ma vie d’avant » a de son côté affirmé Agnès à l’énoncé du verdict.

Retour de Stéphane G. à Gay Globe Magazine

Wednesday, October 26th, 2011

Gay Globe Média est très heureux d’annoncer le retour de son chroniqueur Stéphane G. dans le cadre d’une chronique régulière portant sur la vie d’un gai québécois dans une prison américaine.

Condamné à une peine de longue durée en Floride pour des crimes graves, Stéphane G. a décidé il y a quelques années d’accepter l’invitation de Gay Globe Média pour collaborer à une chronique qui a pour objectif de partager le quotidien d’un homme gai incarcéré à l’étranger.

Après avoir annoncé il y a quelques mois la suspension de sa chronique afin de respecter ses conditions d’incarcération, qui ne lui permettaient pas d’écrire pour un média, Stéphane G., suite à un transfert de prison, peut maintenant reprendre ses collaboration et ce, dès la prochaine édition de Gay Globe Magazine, pour le plus grand plaisir de ses lecteurs.

PRIMEUR: Le rapatriement de Stéphane G. refusé par le Gouverneur de Floride

Wednesday, October 26th, 2011

Tout juste avant d’aller sous presse, Gay Globe Média recevait une lettre de Stéphane G., chroniqueur “vie gaie en prison” incarcéré en Floride, pour nous annoncer que sa demande de transfert au Canada, bien qu’acceptée par le Gouvernement fédéral, avait été refusée par le Gouverneur de Floride sans explications.

Ce revirement signifie que Stéphane devra purger le reste de sa sentence en Floride, près de deux ans encore. La décision du Gouverneur est finale et sans appel possible…

Rapatriement refusé… Ma vie gaie se poursuivra en prison!

Wednesday, October 26th, 2011

Après quelques mois d’absence du à des circonstances tout à fait hors de mon contrôle, je me réjouis de pouvoir vous retrouver et de continuer à partager avec vous mon cheminement de détenu gai incarcéré en pays étranger. Le 11 septembre dernier était une date mémorable pour moi car il s’agissait de mon 8ème anniversaire d’arrestation et de mon emprisonnement donc.

Peu après avoir été condamné et incarcéré dans une prison de la Floride, j’ai complété les documents nécessaires à mon transfert au Canada. Le Canada et les États-Unis sont en effet signataires d’une convention qui permet aux canadiens incarcérés aux Etats-Unis d’être transférés au Canada pour servir le reste de leur sentence.

Ma première demande avait été faite en 2006 mais avait été refusée par les autorités canadiennes en janvier 2008 probablement par manque de documentation. Quelques semaines plus tard, j’ai redéposé une demande mais cette fois, elle avait plus de 80 pages et était accompagnée d’une pétition de plus de 200 signature supportant mon transfert au Canada. Cette demande a finalement été acceptée par le Canada plus de 27 mois après son envoi.

Pour que le transfert puisse se faire, il fallait maintenant l’accord des Etats-Unis au niveau de Washington mais aussi au niveau du Gouverneur de l’État où je purge ma peine. Une fois l’ensemble de mes frais judiciaires remboursés à l’État, une somme d’environ 2114$ US, je remplissais les critères pour que Washington rende une décision, ce qui a été fait.

Ainsi plus de 7 mois après l’acceptation du Canada et le remboursement de mes frais judiciaires à l’État, voilà que le 12 octobre dernier je recevais une lettre du bureau du Gouverneur Rick Scott de Floride dans laquelle j’apprenais que ma demande était refusée, qu’aucune explication ne serait donnée quant au refus et que la décision était finale et sans appel. Au total, le processus de cette demande aura mis un peu plus de 3 ans à se faire où j’aurai entretenu l’espoir, non pas d’être libéré, mais de pouvoir au moins servir le reste de ma sentence de 27 mois dans mon pays, près de ma famille, de mes amis, dans des conditions beaucoup plus humaines et à la fois plus propices à ma réhabilitation.

La lettre de Monsieur Scott ne contenait que 8 lignes sur deux paragraphes et ne mentionnait aucune raison du refus “Le bureau du Gouverneur n’a pas à donner de raison spécifique lors du refus d’une demande”. Je garde donc espoir en me disant que d’ici ma prochaine libération, je continuerai à contribuer à votre information via les pages de Gay Globe Magazine.

Contaminations par le VIH en prison : l’Etat est responsable

Tuesday, October 11th, 2011

Nouvelobs.com
LE PLUS. Suite à l’article de Laurent Jacqua qui mettait en cause le gouvernement, le collectif TRT-5 a décidé de publier un communiqué de presse concernant l’urgence de la situation des contaminations par le VIH en prison, par manque de prévention et refus de la mise en place du programme d’échange de seringues.

Yann Mazens
> Par Yann Mazens Coordinateur du collectif TRT5

Edité par Gaëlle-Marie Zimmermann

Pour la mise en place de programmes d’échange de seringues en milieu carcéral : le collectif Inter-Associatif TRT-5 [1] a été associé à la mise en œuvre des études PREVACAR (estimation de la prévalence virale et de l’offre de soins en milieu carcéral) et PR2IDE (accès aux mesures de prévention et réduction des risques infectieux en milieu pénitentiaire).

heroine

Injection d’héroïne – DARRYL DYCK/SIPA

Ces études confirment les constats faits par les acteurs de terrain depuis plus de 15 ans et par nombre d’experts nationaux et internationaux, dont ceux de l’Organisation mondiale de la santé :

• Une prévalence du VIH en prison deux à quatre fois supérieure à celle de la population générale, celle de l’hépatite C de cinq à huit fois

• L’existence de pratiques à risques liées à l’injection de drogues par voie intraveineuse est désormais scientifiquement prouvée.

La situation actuelle en prison correspond donc à celle des années 80 où, en France, le refus de toute politique de réduction des risques a contribué à la contamination de milliers d’usagers de drogues.

Pourtant, les programmes d’échanges de seringues en milieu libre ont montré leur efficacité dans notre pays ; des expériences menées à l’étranger ont prouvé qu’il était possible de les développer en prison et d’en obtenir des bénéfices en matière de santé.

Le TRT-5 rappelle les dispositions de la loi du 18 janvier 1994 qui impose l’égalité de la prise en charge sanitaire entre le milieu libre et le milieu carcéral. La lutte contre les épidémies virales en milieu carcéral constitue un enjeu majeur de santé publique.

Ces résultats alarmants doivent être officiellement publiés dans les plus brefs délais et doivent servir de fondement à la mise en place rapide de programmes d’échanges de seringues en milieu carcéral. Nous ne pouvons plus attendre face à ce qui constitue un véritable scandale sanitaire.

LE TRT-5 DEMANDE LA PUBLICATION IMMÉDIATE DE CES RÉSULTATS ET LA MISE EN PLACE DE PROGRAMMES EXPÉRIMENTAUX D’ÉCHANGE DE SERINGUES EN MILIEU CARCÉRAL.

[1] Créé en 1992, TRT-5 est un collectif de neuf associations de lutte contre le VIH/sida impliquées sur les questions thérapeutiques et de recherche. TRT-5 poursuit principalement deux objectifs : faire valoir les besoins des personnes vivant avec le VIH auprès des acteurs du système de recherche et de prise en charge médicale et assurer la diffusion d’informations actualisées auprès des personnes concernées.

Et si les tests de dépistage du VIH servaient à emprisonner les gens?

Friday, July 15th, 2011

Par Roger-Luc Chayer

Il y a quelque chose de terriblement incohérent dans le fait qu’au Québec, l’État insiste pour faire passer des tests de dépistage du VIH prétextant les bénéfices sur la santé et sur le fait qu’il se serve des résultats positifs pour certaines personnes pour les accuser et les emprisonner après.

C’est ce qui se passe avec l’affaire Steve Biron, qui est en prison depuis près de 9 mois.

Si une personne décide de passer un test afin de savoir si elle est porteuse du VIH, est-ce que ce test, confidentiel selon le Minstère de la Santé du Québec, peut servir à des procureurs de la Couronne, comme ceux de Québec, pour accuser un séropositif d’avoir des relations non protégées et le foutre en prison sans jugement?

Est-ce qu’il s’agit d’une preuve légalement obtenue?

Il me semble que le message envoyé au public risque de nuire considérablement aux campagnes de prévention car selon moi, à partir du moment où on peut mettre en prison sans jugement n’importe qui sous prétexte qu’il se sait atteint du VIH, la solution logique est de refuser tout test de dépistage de manière à rester ignorant sur sa possible condition et éviter ainsi des accusations criminelles.

J’ai raison?

Sida et prison une catastrophe sanitaire annoncée

Saturday, June 25th, 2011

Nouvelobs

Entretien entre Marie-George BUFFET, Députée de Seine St Denis et Laurent JACQUA, ancien détenu, sur le thème du Sida en prison.

LAURENT, « Vous comprenez, la toxicomanie existe dans les prisons. A partir de là, il faut mettre les moyens nécessaires pour permettre aux prisonniers qui purgent leur peine de ne pas se contaminer. Se contaminer en prison, c’est une forme de double-peine ! ».DSC00995.JPG

MARIE-GEORGE BUFFET, « Je partage votre position. La contamination dans les prisons est une réalité qui doit être reconnue par tous et toutes. Comme s’accordent à le démontrer les instances nationales et internationales de lutte contre le sida, les programmes d’échanges de seringues et la mise à disposition de préservatifs sont des éléments de prévention essentiels. Notre pays devrait s’inspirer de leurs recommandations. »

LAURENT, « Les détenus ont des droits eux aussi. Les prisons ne doivent pas être des zones de non droits pour les détenus. J’ai commis des erreurs et la société m’a jugé pour cela, mais lorsque je suis arrivé en prison, j’ai été confronté à une violence quotidienne qui va au-delà de ce que les gens imaginent. Je me suis senti comme un sous-citoyen, sans aucuns droits. En 1991, le gouvernement de l’époque a autorisé un accès à l’échange de seringues en pharmacie mais en prison, la situation est bien plus compliquée, le taux de contamination y est six fois plus élevé qu’à l’extérieur et il y a une seringue pour cinq détenus ! Faute de distribution de seringues en prison, les personnes utilisent ce qu’elles ont ».

MARIE-GEORGE BUFFET, «  L’accès aux soins pour tous et toutes est un droit. L’égal accès à ce droit doit être garanti par l’Etat par le biais de mesures concrètes. La sécurité ne doit pas servir de prétexte pour priver les détenus de leur droit à la santé. Par ailleurs, à l’occasion de visites de centres pénitentiaires, j’ai pu constater que les personnels manquent de moyens pour mener des actions de prévention et de soin dans de bonnes conditions. La surpopulation carcérale s’ajoute à cela et constitue un facteur aggravant en matière de diffusion de l’épidémie ».

LAURENT, « Oui, parlons de la drogue. Nier la drogue en prison, c’est éviter d’y répondre. Tout le monde le sait mais aucun moyen n’est mis en place pour en gérer les conséquences ».

MARIE-GEORGE BUFFET, « En premier lieu, il faut reconnaître la présence de la drogue en prison et agir pour limiter les conséquences de sa diffusion tant pour les détenus que pour les personnels. Mais à côté de cela, il faut mener des actions de prévention et de soin ambitieuses ».

LAURENT, « Une prison va s’ouvrir prochainement à Melun et un seul médecin sera présent pour 700 détenus ! Comment voulez-vous garantir des soins adaptés dans cette situation ? ».

MARIE-GEORGE BUFFET, « Certains détenus ont besoin de soins spécifiques, mais ils ne bénéficient pas toujours de conditions d’accès appropriées à ceux-ci. Le sida est encore tabou dans les prisons. Certains évitent de regarder en face à cette situation, mais les élu-e-s politiques sont en responsabilité vis-à-vis des questions de santé en prison. C’est pour cette raison que j’ai tenu à évoquer le sujet à l’Assemblée nationale, car c’est l’un des lieux où des décisions peuvent et doivent être prises ».

LAURENT, « Nous n’attendons pas de la pitié mais l’accès à nos droits, comme tout citoyen ».

MARIE-GEORGE BUFFET, « La question de la reconnaissance des droits est primordiale dans la façon d’aborder le VIH-sida en prison. Vous vous battez dans cet objectif, je ne peux que partager ce combat ».

LAURENT, « J’ai eu de la chance si je peux dire car en prison, j’avais la lecture et l’écriture. C’est ce qui m’a aidé à sortir de prison ; c’est ce qui m’a permis d’éviter de sombrer comme tant d’autres. Pour ceux qui n’ont pas cette possibilité, je veux me battre car il faut changer cette situation dans les prisons. Ce n’est pas digne d’un pays comme la France ».

Note :

Mercredi 29 juin 2011, Bernard Thomasson, sur France Info, recevra Jean Luc ROMERO président de l’association ELCS (Elus Locaux contre le Sida) à cette occasion une interview avec Marie George BUFFET et moi-même sera diffusée entre 12h45 et 13h.

Laurent à L’Assemblée par LaurentJacqua

GROUPE D’ÉTUDES SUR LE SIDA

Compte rendu de l’audition du mercredi 6 avril 2011 à l’Assemblée Nationale.

Audition :

Ÿ M. Laurent JACQUA, ancien détenu

Ÿ Docteur Laurent MICHEL AP-HP (E. ROUX)

Et pour le Ministère de la Santé (DGS Direction générale de la santé) :

Ÿ Mme Dominique PETON-KLEIN titre à préciser

Ÿ Mme Laurence CATÉ – Bureau des infections par le VIH, les IST et les hépatites

Ÿ Mme Zinna BESSA – Sous direction de la prévention des risques infectieux

Associations présentes :

Ÿ Act-Up Paris : Mme Laura PETERSELL

Ÿ Aides : M. Fabrice PILORGÉ

Ÿ Solidarité Sida : Mme Mélanie HUBAULT

•••••••••••••••

Député(e)s présent(e)s ou représenté(e)s :

Mme Marie-George BUFFET, députée de Seine-St-Denis,

Présidente du groupe d’études sur le sida

M. Serge BLISKO, député de Paris

Président du groupe d’études sur les prisons et les conditions carcérales

Mme Catherine COUTELLE, députée de la Vienne

Mme Pascale CROZON, députée du Rhône

Mme Catherine GÉNISSON, députée du Pas-de-Calais

Mme Danièle HOFFMAN-RISPAL, députée de Paris

M. Michel HUNAULT, député de Loire-Atlantique

Mme Catherine LEMORTON, députée de Haute-Garonne

M. Patrice MARTIN-LALANDE, député du Loir-et-Cher

M. Alain MARTY, député de la Moselle

M. Alain VIDALIES, député des Landes

ŸŸŸŸŸŸŸŸŸŸŸŸŸŸŸ

Mme Marie-George BUFFET rappelle qu’une précédente audition avait été consacrée en mars 2009 au VIH en milieu carcéral au sein duquel le taux de prévalence est sensiblement supérieur à celui de la population générale. Le Conseil national du sida (CNS) juge incomplète la politique de réduction des risques à l’intérieur des prisons en soulignant la faible efficacité décontaminante de l’eau de Javel vis-à-vis du VIH et encore plus du VHC, indique Mme Buffet. Le plan stratégique 2010-2014 publié en octobre 2010 conjointement par les Ministères de la Santé et de la Justice concernant les personnes placées sous main de justice appelle des explications et des interrogations, estime Mme Buffet.

M. Laurent MICHEL précise que le groupe de travail de l’ANRS (Agence nationale de recherche sur le sida) consacré au risque infectieux en milieu carcéral a établi un état des lieux sous l’angle des deux textes réglementaires de référence, à savoir la circulaire de 1996 relative à la lutte contre le sida en milieu pénitentiaire et un guide méthodologique en voie de réactualisation.

Le principe d’équivalence des soins entre le milieu pénitentiaire et la population générale n’est pas respecté, affirme M. Michel. S’agissant de la prévention, le simple usage d’eau de Javel ne répond pas aux recommandations de l’OMS et d’ONUSIDA qui préconisent la mise à disposition de préservatifs et une politique d’échanges de seringues, observe M. Michel. La promiscuité, l’absence d’intimité ou les pratiques à risques qui restent taboues comme la sexualité ne font qu’aggraver l’état sanitaire de la population carcérale qui présente déjà des risques accrus à l’entrée en détention, indique encore M. Michel.

En Ile-de-France, un rapport de la DRASS (Direction régionale des affaires sanitaires et sociales) évalue les taux de prévalence du VHC et du VIH respectivement 7 fois et 3 fois supérieurs en détention, souligne M. Michel. Enfin, une enquête réalisée dans les UCSA concernant 70 % de la population carcérale a révélé de sérieuses insuffisances en terme de prévention (outils présents de façon très variable et moyennement connus) et a montré, estime M. Michel, un écart considérable entre les recommandations d’une politique de réduction des risques et les pratiques réelles. La politique de santé publique qui a donné des résultats, bons pour le VIH, plus moyens pour le VHC, ne peut pas s’arrêter à la porte des prisons, conclut M. Michel.

Mme Dominique PETON-KLEIN rappelle les axes du plan d’actions stratégiques 2010-2014 rendu public le 28 octobre 2010 :

Ÿ une connaissance de la santé des personnes détenues (en termes de données épidémiologiques) qui constituent une population à risque à l’entrée en détention et qui le reste à la sortie.

Ÿ une politique de prévention et d’éducation pour la santé : réduction des risques en prison, prise en charge du VIH, du VHC, des IST, dépistage

Ÿ un accès aux soins, tant somatiques que psychiatriques

Ÿ un dispositif de protection sociale avec une affiliation automatique des personnes détenues au régime général d’assurance maladie

Ÿ une politique d’hygiène et de salubrité des établissements pénitentiaires

Ÿ une réflexion sur les conditions d’incarcération des personnes détenues (promiscuité, facteurs à risques)

Mme Zinna BESSA précise que cette réflexion qui a fait d’une large concertation tant avec les associations que les milieux institutionnels a conduit à des recommandations soumises à la Conférence nationale de santé pour lesquelles le CNS a émis un avis favorable.

Après avoir indiqué qu’il a passé 25 années en détention en étant malade, M. Laurent JACQUA affirme que la population pénale est aujourd’hui en grand danger et souligne que les outils de prévention envisagés le sont 30 ans après l’apparition du VIH. S’agissant des échanges de seringues. M. Jacqua cite le cas de l’Espagne où cette disposition ne pose pas de problèmes alors qu’en France, on dénombre en moyenne une seringue pour dix détenus et un taux de vol élevé dans les UCSA qui explique le développement de la contamination.

Selon M. Jacqua, les UCSA manquent de moyens et sont totalement débordés alors que la liste d’attente est très longue pour consulter un médecin spécialiste. L’absence de secret médical, les trafics de drogue et les échanges de seringues conduisent tout droit à une véritable catastrophe sanitaire qui devrait appeler une forte réaction des pouvoirs publics, estime M. Jacqua en préconisant des aménagements de peine pour raisons médicales pouvant aller jusqu’à la suspension lorsque le pronostic vital est engagé.

Jugeant que les conditions difficiles comme le placement en quartier disciplinaire ou l’obsession de la sécurité sont peu compatibles avec une réelle politique de prévention et de soins, M. Jacqua déplore l’absence de mise en place de protocole pour les co-infectés. Le droit à la santé est un droit fondamental et les détenus restent des être humains, insiste M. Jacqua en regrettant le manque de données chiffrées sur les décès réellement dus au VIH en prison.

Pour Mme Marie-George BUFFET, le droit à la santé des personnes détenues constitue un enjeu majeur de santé publique.

M. Michel HUNAULT demande si la mise en place de caméras dans les cours ou les couloirs des prisons est susceptible d’apporter une amélioration en termes de sécurité et si l’affiliation au régime général de la sécurité sociale est suffisante pour assurer une bonne couverture maladie. M. Hunault reconnaît la nécessité de parfaire la prévention et demande des précisions sur l’examen médical et le dépistage, tant à l‘entrée en détention qu’à la sortie.

M. Serge BLISKO précise que les dispositions actuelles prévoient bien un examen médical à l’entrée en détention ainsi qu’une proposition de dépistage du VIH et du VHC et demande s’il est prévu un dépistage à la sortie qui permettrait d’évaluer les évolutions de la charge virale ainsi que les séroconversions.

M. Laurent JACQUA doute de l’efficacité des caméras installées dans les cours de promenade puisque les shoots de drogue ont surtout lieu en cellule et estime que les moyens financiers ainsi employés seraient bien plus utiles à la prévention et aux soins. M. Jacqua confirme que les UCSA proposent bien le dépistage à l’entrée en prison mais que beaucoup de détenus le refusent en raison de la stigmatisation de la maladie.

Mme Catherine GÉNISSON demande comment est prise en charge la toxicomanie en milieu carcéral.

M. Laurent JACQUA indique que les UCSA proposent du Subutex, mais que la drogue (l’héroïne) existe encore en prison et qu’elle est souvent injectée avec la même seringue partagée entre plusieurs détenus.

Mme Marie-George BUFFET confirme d’importantes entrées de drogue à la prison de Villepinte au sein de laquelle 60 % des détenus ont moins de 30 ans.

Mme Laurence CATÉ rappelle que le dépistage à l’entrée est systématiquement proposé sans être obligatoire et qu’il est souvent refusé. Elle précise que le Plan d’action 2010-2014 prévoit une amélioration du dépistage tant à l’entrée qu’à la sortie afin de mieux suivre les séroconversions, ainsi que le recommande la Haute Autorité de la Santé. Mme Caté précise qu’une étude sur la prévalence du VIH et du VHC en milieu carcéral (PREVACAR) est menée depuis fin 2007 par la DGS et l’InVS (Institut de veille sanitaire) grâce à des questionnaires adressés aux patients de 27 prisons ainsi qu’aux UCSA sur leurs pratiques de prise en charge. Le ministère de la Santé devrait en publier les résultats avant la fin du 1er semestre 2011, espère Mme Caté.

Mme Marie-George BUFFET demande quels sont les blocages ou les éventuels manques de moyens qui empêchent l’application de certaines recommandations au sein des prisons. A la prison de Villepinte, précise Mme Buffet, ce n’est pas un problème de postes en personnel mais le manque de motivation des praticiens à venir exercer dans les UCSA qui est à déplorer. Mme Buffet demande quelles incitations sont envisagées à ce sujet.

Il est prévu un médecin pour 600 détenus à la nouvelle prison de Melun, selon M. Laurent JACQUA qui réaffirme que les conditions de travail au sein des UCSA sont déplorables. Certains établissements comme la centrale de Poissy peuvent même être très bien pourvus, explique M. Jacqua, mais sans disposer des moyens nécessaires au bon suivi des dossiers.

M. Laurent MICHEL précise que les détenus, dont beaucoup sont déjà consommateurs de drogues à leur entrée en prison, ont le choix entre le sevrage ou un traitement de substitution. Le risque est alors grand de faire une overdose à la sortie pour les détenus qui ont caché leur habitude de consommation à leur entrée, explique M. Michel. S’agissant des soins, il constate une dotation insuffisante en médecins spécialistes et observe des disparités considérables entre les établissements qu’il attribue à une absence de politique globale. M. Michel estime qu’il manque aujourd’hui une vraie politique de réduction des risques dans les prisons qui soit calquée sur celle du milieu extérieur et qui passerait par une formation adaptée des soignants et des personnels pénitentiaires.

Mme Marie-George BUFFET demande quelles sont les responsabilités partagées entre les Ministères de la Santé et de la Justice.

Mme Dominique PETON-KLEIN reconnaît qu’il existe des disparités importantes entre les UCSA et indique que les nouveaux établissements pénitentiaires seront implantés en priorité près des grandes villes. L’informatisation des UCSA devrait être achevée à la fin de l’année 2011, espère Mme Peton-Klein qui annonce la possibilité pour les UCSA de proposer un dispositif ambulatoire diversifié dans les cinq ans à venir.

Mme Catherine GÉNISSON souligne la grande distorsion entre le nombre de psychiatres libéraux et hospitaliers et demande quelles mesures incitatives sont envisagées, sachant que la France est plutôt mieux pourvue en la matière que ses principaux voisins européens.

Mme Dominique PÉTON-KLEIN indique que 2/3 des psychiatres sont libéraux et que le nombre des psychiatres devrait diminuer d’un quart dans les 5 ans à venir. La faible attractivité des postes de praticiens hospitaliers explique en partie les vacances de postes à l’hôpital, estime Mme Péton-Klein en rappelant que le plan d’action 2010-2014 prévoit d’améliorer la motivation des personnels et de créer des postes d’internes et d’infirmiers au sein des prisons selon une formule de temps partagé avec l’extérieur.

M. Serge BLISKO rappelle le principe de volontariat du personnel médical dans les prisons et s’inquiète du respect du secret médical partagé.

M. Laurent JACQUA estime que le parfait respect du secret médical n’est pas compatible avec la détention si les co-détenus ont connaissance des convocations médicales, si les surveillants sont présents dans les infirmeries et si les policiers sont présents dans les blocs opératoires. Selon M. Jacqua, la surpopulation des maisons d’arrêt et l’instauration des peines planchées n’augurent rien de bon en la matière.

En conclusion, Mme Marie-George BUFFET estime que la richesse des interventions constitue une piste intéressante pour la prochaine audition du Ministre de la Santé prévue le mercredi 11 mai 2011.

A bientôt sur le BLOG pour la suite…

Laurent JACQUA

Affaire Steve Biron: 8 mois en prison à Québec malgré la science!

Wednesday, June 15th, 2011

Par Roger-Luc Chayer

Cette toute nouvelle recherche, publiée en mai 2011 par l’ONUSIDA et l’Organisation Mondiale de la Santé met en évidence encore une fois que dans le cas de ce jeune gai, emprisonné à Québec depuis 7 mois, la justice avance moins vite que la science et qu’elle s’adapte très difficilement à la réalité puisque la Cour d’Appel du Manitoba et celle du Québec reconnaissaient déjà en 2010 de telles recherches et vont jusqu’à libérer des accusés sous trithérapie. Steve Biron est actuellement en attente de son procès parce qu’il aurait eu des relations sexuelles non protégées alors qu’il se savait atteint du VIH. Il était pourtant sous trithérapie, sa charge virale était indétectable selon ses proches.

Un appel sera d’ailleurs déposé sous peu afin qu’il puisse recouvrer sa liberté en attendant la suite des procédures.

Les États-Unis, plus jamais!

Thursday, April 14th, 2011

Par
Stéphane G.
[email protected]
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Quand j’avais onze ans, mon
père a amené toute la famille
passer le mois de juillet à Virginia
Beach. Il s’agissait alors
de mon premier contact avec
les américains et je suis tombé
amoureux… avec les États-
Unis. Plus tard, à l’aube de mes
dix-huit ans, nous nous rassemblions
avec des amis, tous
entassés dans la même automobile
et passions la douane
américaine à Lacolle pour nous
rendre à Burlington, en passant
par Plattsburg, pour y passer la
soirée dans le seul bar gay de
la ville.
Nous n’étions peut-être pas très
loin de la vie trépidante des bars
de Montréal mais le fait d’être
là, entouré de gens parlant une
autre langue, ayant des visages
peu familiers me donnait
la certitude d’avoir fait un long
voyage à l’autre bout du globe.

Et nous repassions les douanes
aux petites heures du matin en
sens inverse avec l’impression
d’avoir vécu une aventure exceptionnelle,
à moins de deux
heures de Montréal. Pendant
quelques heures, nous étions
en sol américain. C’était avant
le SIDA, avant le 11 septembre,
avant “don’t ask, don’t tell”,
avant la proposition 8…
Même si le mariage gay n’était
pas reconnu au Canada ou aux
États-Unis à l’époque, j’étais
convaincu que les américains
étaient beaucoup plus avancés
que les canadiens en matière
de droits sociaux. C’était il y a
plus de 30 ans et bien avant
mon incarcération.
Il y a toute une différence entre
être un touriste et immigrer
dans un pays étranger. Ça faisait
deux ans que je vivais en
Floride quand j’ai été arrêté. Le
fait de vivre en sol américain
en y étant forcé me permet
de juger de façon beaucoup
plus réaliste que lors de mes
premiers voyages, que les homosexuels
au pays de l’oncle
Sam sont considérés et traités
comme des citoyens de second
ordre.
Les homosexuels sont actuellement
victimes de discrimination
et cette discrimination se reflète
jusqu’à l’intérieur des murs.
Tout le monde sait qu’en milieu
carcéral, l’homosexualité est
omniprésente. Or les autorités
jouent à l’autruche, les relations sexuelles entre détenus sont interdites
et passibles de rapports
disciplinaires pouvant influencer
sur la date de libération,
les condoms sont inexistants
et les infections transmissibles
sexuellement très présentes.
Il est bien évident que parce
qu’une chose est interdite, ça
ne veut pas dire qu’elle ne se
produit pas. Rien n’est plus
excitant que ce qui est interdit
et encore plus quand ça se rapporte
au sexe.
Il faut énormément de courage
et de tempérament pour aller
au-delà de nos besoins primaires.
La discipline qu’on nous
impose n’a rien à voir avec la
discipline de l’âme. Nous sommes
châtiés pour nos crimes,
non réhabilités et avec l’objectif
de faire de nous des citoyens
respectueux des lois. À la
lumière de tout ça et avec la
compréhension acquise depuis
quelques années, je n’ai plus
du tout envie de me retrouver
en sol américain. À ma libération,
je vais rentrer au Québec
et plus jamais je ne remettrai
les pieds aux États-Unis. Je
déteste ce pays comme on
peut détester un ex-amant qui
nous a trahi ou abusé. Tout a
tellement changé ici depuis
mes dix-huit ans. La Floride
c’est peut-être plus chaud que
le Québec mais rien ici n’a
d’égale que la chaleur de mon
peuple. Je n’ai jamais été aussi
fier d’être un homosexuel québécois
que depuis que je suis
aux États-Unis.

Enquête exclusive sur l’affaire Steve Biron

Monday, January 10th, 2011

Steve Biron : Emprisonné à Québec pour des relations sans condom…
L’importance d’utiliser les vrais mots…

Par
Roger-Luc Chayer
[email protected]

Photo
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La pire affaire de moeurs depuis l’Opération Scorpion visant la prostitution juvénile à survenir dans la vieille Capitale de Québec secoue en fait le monde entier en visant un homme gai pour des actes supposément répréhensibles.

Les fais sont simples: Steve Biron, actuellement emprisonné à Québec, est accusé d’avoir sollicité des hommes gais sur des réseaux de rencontres Internet dans le but d’avoir des relations sexuelles non protégées se sachant atteint du VIH.

La prémisse est simple et les questions soulevées par l’affaire très claires: Qu’est-ce qu’une relation sexuelle “safe”, une personne “clean” et surtout, qu’est-ce que le barebacking? Car toute l’affaire repose sur cette “mode” au sein de la communauté gaie en général. Avant d’aller plus loin dans la publication de l’enquête de Gay Globe, une ordonnance de non-publication quant à l’identité des victimes à été prononcée par le Tribunal. Nous ne mentionnerons donc pas le nom des “victimes” mais leur identité n’est pas importante puisque ce sont les comportements ici qui font l’objet d’un procès.

Au sein de la communauté gaie québécoise, les termes ont leur importance puisque ce sont avec ces expressions que les rencontres se font sur les sites Internet spécialisés comme Gay411 ou Priape. Les membres de ces sites Internet les utilisent régulièrement et en voici les principales définitions:

SAFE: Ce mot a une signification liée à un niveau de sécurité dans le cadre de la relation sexuelle. Il peut vouloir signifier l’usage de condoms mais est généralement utilisé en termes de comportements. Des relations sexuelles “safes” peuvent signifier des contacts sans échanges de fluides, des massages, des baisers, des caresses, des relations sans pénétration ou des jeux avec objets comme les dildos ou gels. La diversité des relations “safes” est vaste et ne peut être limitée ou simplement résumée qu’à l’usage d’un condom. Il serait tout aussi faux de prétendre qu’une relation “safe” signifierait une absence de VIH. Une personne séropositive peut très bien avoir des relations “safes”. CLEAN: En complément du terme “safe”, le mot “clean” est directement en lien avec un état de santé. Il peut signifier souvent une absence d’infection au VIH et un statut séronégatif mais il est aussi utilisé pour toutes les maladies transmises sexuellement comme la Gonorrhée, la Chlamydia, la Syphilis, l’Herpès ou les Hépatites et autres maladies transmissibles par contacts physiques.

Être “clean” peut aussi vouloir dire, pour certaines personnes, de se savoir séropositives mais indétectables au niveau de la charge virale. En effet, depuis quelques années déjà, on sait que grâce aux traitements de trithérapie, lorsque suivis régulièrement, la charge virale du VIH peut baisser au point de devenir indétectable dans le sang et, par conséquent, le virus devient plus difficile à se transmettre puisqu’il n’est pas en quantité suffisante pour constituer un risque grave. L’ONUSIDA compte d’ailleurs sur la trithérapie comme meilleur moyen de prévention de la transmission du VIH depuis 2010, avant l’usage du condom et le Canada adhère à cette position de l’organisation internationale liée à l’ONU.

Une personne séropositive traitée par trithérapie et dont la charge virale est indétectable pourrait se déclarer “clean” et la science supporte maintenant cette affirmation. Dans la même logique, certaines personnes séropositives et sous traitements par trithérapies se déclarent séronégatives, lorsqu’elles se savent indétectables. On peut ne pas être d’accord avec cette dernière vision mais en toute logique, elles sont en effet séronégatives par défaut.

BAREBACKING: Le barebacking est une pratique qui n’est pas tout à fait nouvelle et est apparue vers 1996 au sein de la communauté gaie mais principalement chez les personnes séropositives qui refusaient l’usage des condoms. Le consensus au sein des groupes communautaires spécialisés et au Ministère de la Santé du Québec est que cette pratique relève d’un désir conscient d’avoir des relations sexuelles non-protégées pour se placer en situation de risque afin d’en retirer un “thrill”, une montée d’adrénaline qui est alors associée à l’orgasme. Le barebacking est aussi synonyme de désir conscient de jouer avec la mort, comme on joue à la roulette russe. Certaines personnes dépressives qui ne se voient aucun avenir pratiquent le barebacking en se disant qu’elles ne vivront pas assez longtemps pour subir les problèmes liés à une infection au VIH. Le barebacking est aussi considéré dans certains cas comme une maladie mentale. Les personnes recherchant le barebacking sont toutes conscientes en fait qu’elles jouent avec le VIH et la mort.

Bavures policières et préjugés font bon ménage!

Par
Roger-Luc Chayer
[email protected]

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“Quand tout va mal, rien ne va plus…”. Voilà comment nous pourrions résumer la gestion de ce dossier tout à fait unique dans la province de Québec qui implique l’emprisonnement d’un homme gai, Steve Biron, pour avoir pratiqué, selon les actes d’accusation, des relations sexuelles non-protégées en se sachant porteur du VIH.

Tout a commencé, selon le témoignage du policier responsable de l’enquête lors de l’audience du 22 décembre dernier au Palais de justice de Québec, par le dépôt de plaintes de personnes se prétendant victimes de Biron. Le sergent-détective Louis Lachance du Service de Police de Québec, interrogé par la représentante de la Couronne Maître  Rachel Gagnon, a tenté de façon visiblement maladroite de résumer le dossier à la Juge Chantale Pelletier dans le cadre d’une audition sur une requête en liberté provisoire en attendant la suite des procédures.

Le policier Lachance a tenté d’expliquer la différence entre les mots “safe”, “clean” et “barebacking”, confondant les définitions et allant jusqu’à admettre qu’il n’était pas en possession de tous les éléments du dossier pour en relater les faits.

Il présente d’ailleurs le site de rencontres Gay411 comme un site d’échanges sexuels réservé aux “homosexuels” qui ne propose que des relations anales top ou bottoms. Or, il est de notoriété publique, la simple visite du site le confirme d’ailleurs, que Gay411 est un site de rencontres pour hommes (qu’ils soient gais, bisexuels ou hétéros à la recherche d’aventures différentes), qui propose des services sexuels certes mais de nombreux autres services comme l’amitié, la discussion de type “tchat” ou l’amour. Il est tout à fait erroné de prétendre que le site ne s’adresse qu’aux tops ou bottoms puisque ces pratiques ne sont pas communes à tous les gais.

Le témoignage du policier constituait finalement  bien plus une démonstration gênante de préjugés sur la vie des gais qu’une description exacte d’un site servant aux rencontres gaies comme on pouvait s’attendre du fonctionnement habituel d’un tribunal criminel. Le policier a aussi confondu le sens des mots “safe” et “clean”, affirmant que safe voulait dire séronégatif et clean la même chose, ce qui est pourtant faux. L’avocat de l’accusé Steve Biron quant à lui, Maître Herman Bédard, semble avoir décidé, à la surprise générale de tous incluant celle de son client, de ne pas déposer ses preuves et de laisser la juge rendre une décision qui semble ne pas être tout à fait éclairée.

Par exemple, l’avocat avait déclaré lors des rencontres préparatoires avec son client, avec l’auteur de ces lignes, les membres de sa famille et son conjoint, être prêt à déposer les résultats de l’enquête de Gay Globe Média qui démontraient que certaines des prétendues victimes n’étaient pas si propres et innocentes qu’elles le prétendaient dans leurs déclarations écrites à la police.

L’avocat devait aussi permettre à la juge Pelletier de prendre connaissance de l’avancement de la médecine en matière de trithérapie et de charge virale indétectable, ce qu’il a finalement laissé tomber, malgré l’ensemble des autorités et des documents en sa possession. Le tout a résulté en un jugement qui maintenait emprisonné Steve Biron pour la suite des procédures dont une enquête préliminaire prévue pour le 31 janvier 2011. Est-ce qu’on peut vraiment parler de justice quand l’incompétence est Reine à un procès criminel?

La Cour d’appel du Manitoba libère pourtant un séropositif sous traitement par trithérapie…

Par Gay Globe Média

La Cour d’appel de la province canadienne du Manitoba, plus haut tribunal provincial juste en dessous de la Cour Suprême du Canada, dans le dossier de la Reine contre Mabior, a rendu un jugement qui ne fait pas jurisprudence partout au Canada mais dont la juge Chantale Pelletier, responsable du dossier de Steve Biron, décidait de ne pas tenir compte malgré tout.
Dans son jugement, la Cour déclare “Pour qu’une personne soit déclarée coupable de voies de fait ou d’agression (sexuelle) (grave(s)) pour n’avoir pas divulgué sa séropositivité au VIH, le risque de transmission du VIH doit avoir été important. Sur la base des faits ainsi que des preuves médicales présentés dans cette affaire, la Cour d’appel a conclu que si un condom a été utilisé de manière prudente ou si la charge virale de l’accusé était indétectable, l’acte ne comportait pas de risque important de transmission du VIH. Par conséquent, il n’y avait pas d’obligation de divulgation de la séropositivité dans ces circonstances.”

Vraies ou fausses victimes? Voilà la question…

Par
Roger-Luc Chayer
[email protected]

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Le Soleil

Nous ne pouvions pas prétendre publier une enquête complète sur l’affaire Steve Biron sans effectuer un certain nombre de vérifications quant aux activités de certaines victimes qui se réclament pures et chastes, si on doit se fier à leurs déclarations produites à la Cour.

Comme la plupart des victimes  prétendaient utiliser les services du site Gay411 pour faire la rencontre de Steve Biron et comme Gay Globe Média y avait un compte, il a été très facile de retracer les victimes, sous le couvert de l’anonymat le plus stricte et ce, bien longtemps après leurs déclarations au Service de Police de Québec menant à l’arrestation de Steve Biron.

Un point en commun entre ces personnes et pour résumer, les victimes mentionnent toutes ou presque qu’elles ne recherchaient pas de barebacking, que ces relations sexuelles non-protégées avaient été consenties sous de fausses représentations de la part de Biron, qu’elles avaient été inquiétées par la transmission possible du VIH, quelles avaient l’assurance de Biron qu’il n’était pas séropositif au préalable et que jamais elles n’ont été impliquées dans du barebacking auparavant. Notons aussi que pour le moment, toutes les victimes se disent séronégatives et tous les tests confirment depuis l’arrestation de Biron que personne n’a été infecté, supportant la thèse à l’effet qu’une personne séropositive sous traitement et indétectable ne peut transmettre la maladie.

L’enquête de Gay Globe ne laisse aucun doute sur le fait que certaines des “victimes” semblaient mentir dans leurs déclarations aux policiers. D’abord, une personne de Gay Globe posant comme membre de Gay411 à la recherche de relations sexuelles non-protégées a tenté de communiquer avec certaines victimes dont le compte était toujours ouvert et  fonctionnel. Il n’a pas été difficile de créer des liens avec au moins cinq des prétendues victimes de Steve Biron. L’identité web de ces victimes, leur nom d’usager autrement dit, étant clairement mentionné dans leurs plaintes et dans leurs récits des événements aux policiers.

Fait troublant, non seulement des victimes qui se disaient traumatisées et en traitement post-exposition préventif étaient toujours très actives sur le site Gay411, trois de ces personnes répondaient positivement à nos demandes de relations sexuelles de type “bareback”, sans nous poser une seule question sur notre statut de VIH ou notre santé et acceptaient même de nous rencontrer dans un hôtel connu de Québec. Concrètement, des personnes qui se disent victimes d’un barebackeur qui aurait menti sur son statut de séropositif recherchaient de façon très actives des relations bareback sans se soucier une seule seconde du VIH, contredisant totalement leurs plaintes criminelles. De plus, comme ces victimes se savent potentiellement infectées du VIH, c’est ce qu’elles prétendent dans leurs plaintes, en taisant ce renseignement à notre représentant lors de leurs recherches de relations bareback, elle commettaient elles-mêmes les actes reprochés à Steve Biron, démontrant le peu de cas qu’elle font de la situation.
L’identité exacte de ces personnes est connue et sera dévoilée à la Cour puisque l’avocat de Steve Biron a annoncé à Gay Globe la venue d’un subpoena nous obligeant à faire cette divulgation, ce à quoi nous ne nous objecterons pas puisque la liberté d’une personne est en jeux.

Conclusion
Steve Biron est accusé d’avoir volontairement voulu transmettre le VIH et il fait face à une peine de prison pouvant aller jusqu’à 14 ans. Les questions qui retiennent notre attention sont simples: Si Biron avait vraiment l’intention de transmettre la maladie, pourquoi est-ce qu’il se traitait par trithérapie si la seule raison de le faire est de diminuer la charge virale? Est-ce que Steve Biron a vraiment voulu commettre un acte criminel? Il existe un doute raisonnable dans cette affaire et devant le doute, l’acquittement est le seul remède, c’est la règle dans le pays dans lequel nous vivons…

Que risquent ceux qui portent de fausses accusations?
Par Gay Globe Média

Toute personne qui porte de fausses accusations contre autrui s’expose à de graves conséquences légales. Par exemple, la police pourrait accuser l’auteur de méfait qui pourrait résulter en une amende ou une peine de prison. Une personne qui livrerait un faux témoignage à la Cour s’exposerait aux mêmes conséquences.

Enfin, les auteurs de fausses plaintes à la police pourraient s’exposer à des poursuites civiles et ce, pour des montant très importants. Matière à réflexion…

Enquête dans l’affaire Steve Biron: Des victimes pas si victimes que ça…

Friday, January 7th, 2011

Le journaliste Roger-Luc Chayer, éditeur des médias du Groupe Gay Globe vient de publier les résultats de son enquête sur les dessous de l’affaire Steve Biron, ce jeune gai emprisonné à Québec depuis deux mois pour avoir sollicité, selon les accusations, des relations sexuelles sans condoms en se sachant séropositif.

L’enquête peut être lue sur Gay Globe au http://www.gayglobe.us/Biron.pdf et ces résultats exclusifs mettent en évidence le fait troublant que les prétendues victimes ne sont peut-être pas si victimes que ça. Un dossier explosif pour les homophobes qui veulent mettre les gais séropositifs derrière les barreaux et pour les tribunaux qui devront se questionner sur leurs connaissances en 2011 du VIH face à la trithérapie.

Affaire Steve Biron: Le journaliste Roger-Luc Chayer fait enquête

Tuesday, January 4th, 2011

COMMUNIQUÉ

Le journaliste et éditeur du Groupe Gay Globe http://www.gayglobe.us, Roger-Luc Chayer, s’apprête à publier dans la prochaine édition du magazine Gay Globe (#73) une enquête journalistique détaillée et minutieuse portant sur l’affaire de cet homme gai de Québec, Steve Biron, emprisonné depuis 2 mois pour avoir pratiqué des relations sexuelles sans condoms se sachant atteint du VIH.

Or, cette enquête, en plus de mettre en évidence l’incompétence du système judiciaire de Québec et les préjugés du Service de Police de cette même ville, démontre que certaines des “victimes” ne sont pas si pures et propres qu’elle le déclarent dans leurs plaintes écrites. Une de ces “victimes” la première a s’être manifestée, a même un lourd dossier criminel en matière de fraude et de divers violations de conditions qui font réfléchir sur sa crédibilité.

Ce qui a commencé comme une vérification de routine de certains fait présents dans les déclarations écrites de certaines pseudo victimes dans cette affaire s’est transformé en la découverte de comportements de la part de certaines de ces mêmes “victimes” qui sont en totale contradiction avec l’objet de leurs plaintes et qui font croupir en prison un homme qui ne devrait peut-être pas y être“, déclare Roger-Luc Chayer qui est journaliste d’enquête depuis plus de 15 ans pour divers médias dont TQS, le Journal de Montréal, RG et Le Point. Roger-Luc Chayer est aussi Vice-président du chapitre montréalais de l’Association Canadienne des Journalistes, associée à l’Investigative Reporters and Editors des États-Unis dont il est aussi membre.

On pourra prendre connaissance de l’enquête dans la version papier de l’édition 73 du Magazine Gay Globe dès sa sortie fin janvier et en primeur dans la version PDF publiée sur le site web de Gay Globe au http://www.gayglobe.us une semaine avant.

Roger-Luc Chayer est disponible pour répondre à toute question liée à son enquête et on peut communiquer avec lui par courrier électronique à [email protected] ou par téléphone au 514-728-6436.

52- Premier mariage gai à la prison de Cowansville

Saturday, December 18th, 2010

Deux détenus s’uniront devant le juge de paix, le 29 octobre, dans la chapelle du péni- tencier de Cowansville. Le mariage, une première à l’établissement, sera célébré en toute intimité.
Deux détenus s’uniront devant le juge de paix, le 29 octobre, dans la chapelle du pénitencier de Cowansville. Le mariage, une première à l’établissement, sera célébré en toute intimité. Deux déte- nus du pénitencier de Cowansville uniront bientôt leur destinée. Sony-Jean Martin, condamné pour meurtre, et David Bédard, qui purge une sentence pour homicide involontaire, se marieront à la chapelle de l’établissement carcéral dans quelques semaines. “C’est assez particulier” convient Lu- cette L’Espérance, directrice adjointe aux services de gestion au pénitencier. “Mais on ne peut pas les en empêcher. Ça fait partie de la Charte canadienne des droits et libertés”. Mme L’Espérance affirme qu’il s’agit du premier mariage gay célébré à l’établissement cowansvillois. Elle ne pouvait toutefois pas confirmer si ce sera le premier au Québec, voire au Canada, dans un pénitencier. Le mariage sera célébré le 29 octobre par un juge de paix de la Cour du Québec.
En toute intimité, prévient Mme L’Espérance.

72- Compter les jours…

Sunday, December 5th, 2010

Par
Stéphane G.
Photo
Pingwy
En ce mois de décembre 2010,
cela fait très exactement 2636
jours que je suis incarcéré et
sur ce nombre, 2360 passés
dans l’une ou l’autre des 8 prisons
floridiennes où j’ai été
hébergé depuis le jour de mon
extradition du Canada le 24
septembre 2004.
Les chiffres et les dates sont
mes spécialités. Je possède
à ce qu’on dit un esprit cartésien
assorti d’une excellente
mémoire et je fais ces calculs
régulièrement. Ma date de remise
en liberté est actuellement
fixée au 3 janvier 2014, il ne me
reste donc que 1129 jours de
détention, un peu plus de 3 ans
à peine. Et pourtant, après plus
de 7 années passées derrière
les barreaux, ça me semble
bien loin.
Depuis les derniers mois, je
souffre d’une écoeurantite aigu.
J’ai mon voyage, assez c’est
assez, trop c’est trop!
Gay Globe Magazine
et Pharmaprix Rosemont
unis pour aider
la Fondation d’Aide
Directe Sida Montréal
Par Gay Globe Média
Suite à un appel public lancé
par la seule fondation montréalaise
oeuvrant dans l’aide
directe et alimentaire pour les
personnes atteintes du VIH/
SIDA en perte de moyens,
Gay Globe a décidé de faire
un don, en sollicitant l’aide
de la Pharmaprix Rosemont,
propriété de Daniel Gagné.
Une cargaison de savon,
denrée rare pour les comptoirs
d’aide, a été livrée au
local de la FADSM et nous
tenons à remercier Daniel
Gagné pour sa grande générosité
qui permet de fournir
des centaines de barres de
savon et du shampoing aux
personnes dans le besoin.
Gay Globe a aussi fait l’achat
de 7 caisses de 24 portions
individuelles de soupes Ramen,
faciles à préparer et à
consommer.
Tout cela a débuté avec mon
transfert dans une nouvelle institution
en mars dernier, le 9ème
et je suis ici depuis bientôt 9
mois. Je n’arrive toujours pas à
m’adapter. Je déteste cette prison
plus que toutes les autres,
les restrictions y sont d’ailleurs
pire qu’ailleurs. En août 2010 un
nouveau règlement est entré en
vigueur qui interdit aux détenus
de correspondre ou de recevoir
du courrier dans toute autre langue
que l’anglais ou l’espagnol.
L’application d’un tel règlement
m’affecte considérablement. À
ce jour, quelques 24 lettres ont
été retournées aux envoyeurs
parce qu’elles étaient écrites
en français. Quel crime! Bien
que depuis les 3 derniers mois
je tente de contester ce règlement,
je suis toujours sans
réponses à mes nombreuses
plaintes contre ce qui semble
être un règlement discriminatoire
qui viole mes droits. Je suis
cependant bien conscient que
la lutte que je mène s’apparente
à celle de David contre Goliath
mais je n’ai pas l’intention de lâcher
prise ni de me laisser faire
avant d’avoir eu gain de cause.
Certains lecteurs m’envoyaient
des courriels par l’entremise
de Gay Globe Magazine. Notre
éditeur Roger-Luc Chayer a
bien tenté de me les faire parvenir,
sans succès parce qu’ils
étaient rédigés en français.
C’est donc avec un immense regret
que je n’ai pas pu prendre
connaissance de ces emails ou
d’y répondre.
Il s’agit évidemment d’une situation
complètement hors de
mon contrôle ou de celui du
magazine et j’espère que vous
saurez comprendre et me pardonner.
Je suis actuellement
à la préparation d’une plainte
qui sera acheminée au bureau
chef du service correctionnel et
j’ai de bonne raisons de croire
que ce problème de communication
sera réglé en ma faveur
au cours des prochains mois et
que je pourrai recevoir à nouveau
mon courrier en français,
ma langue maternelle.
Je vous demande donc, chers
lecteurs, de bien vouloir patienter
encore un peu. Vous
pouvez continuer à m’envoyer
vos courriels ou votre courrier
régulier au bureau de Gay
Globe à [email protected] ou
à l’adresse: CP 172 Rosemont,
Montréal, Qc H1X 3B7.
Dès que j’aurai réussi à régler
la situation, je serai de nouveau
prêt à recevoir vos missives et
commentaires qui sont toujours
appréciés d’ailleurs. Ce sera
également avec une immense
joie que je m’appliquerai à vous
répondre sans plus de délais.
D’ici-là, comptez les jours avec
moi, tout simplement.
NDLR: Le courrier destiné
à Stéphane est confidentiel
et protégé par la Charte canadienne
des droits et libertés.
Vous pouvez donc vous
adresser à lui avec la garantie
que votre courrier ne sera
jamais publié.

71- La vie gaie en prison aux États-Unis L’homophobie en prison, avec humour…

Wednesday, October 13th, 2010

Par Stéphane G.
Photo Fondation Émergence

Nous sommes en 2010 et pourtant, l’homophobie est partout, même en prison. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, elle ne vient pas  que des détenus car ils comprennent généralement que l’homosexualité en prison est une conséquence de l’incarcération.

La majorité des prisons de la Floride est située en région rurale et bien souvent, les employés qui y travaillent sont aux prises avec une mentalité dictée par l’Église qui condamne l’homosexualité. Le personnel masculin est généralement plus homophobe et il n’est pas rare de voir les détenus gais être les victimes d’une certaine forme de discrimination de la part des gardiens.

À cause de mon orientation sexuelle, j’ai souvent l’impression que les règlements me sont appliqués plus sévèrement.

Lors de fouilles générales, je suis régulièrement appelé à justifier la présence de “Gay Globe Magazine” dans mon casier. Bine qu’il soit impossible pour eux de lire les articles en français, les gardiens cherchent en vain une photo quelconque pouvant les amener à ridiculiser les homosexuels en général, et moi en particulier.

Si certains détenus sont plus homophobes que d’autres, cela est dû à mon avis au fait qu’ils sont vivement encouragés  à l’être par l’Église qui a un pouvoir énorme en prison. L’étude de la Bible y est hautement recommandée en lieu et place des programmes de réhabilitation inexistants. Voici quelques exemples d’enseignements reçus par les prisonniers, on se demandera ensuite d’où vient l’homophobie dans la société…

Levictus 12:22 L’homosexualité est une abomination!

Levictus 25:44 On affirme que j’ai le droit de posséder deux esclaves, hommes ou femmes en autant qu’ils soient achetés de nations avoisinantes.

Exodus 21:7 Un chrétien d’ici voudrait vendre sa fille comme esclave, tel que permis par la Bible cependant il n’arrive pas à se décider à savoir quel serait le juste prix de nos jours.

Levictus 15:19-24 Il n’est pas autorisé d’être en contact avec une femme pendant ses menstruations. Comment faire pour le savoir? Est-ce une question acceptable pour une femme?

Levictus 11:10 Quelqu’un ici croit que même si manger des fruits de mer est une abomination, c’est tout de même moins grave que l’homosexualité. Est-ce qu’il y a différents niveaux d’abomination?

Levictus 1:9 Si je brûle un taureau sur l’autel du sacrifice, cela créé une odeur plaisante au Seigneur. Cependant si les voisins s’en plaignent, dois-je les ignorer?

Levictus 11:6-8 Toucher à la peau d’un cochon mort me qualifie d’impur. Dois-je jouer au football avec des gants?

Levictus 19:19 Mon oncle a une ferme et y fait pousser deux légumes différents et ma tante s’habille avec des vêtements faits de deux tissus différents (laine et polyester). Selon la Bible il faudrait les lapider! Est-ce que le Village entier doit être présent ou ne pourrions nous pas en faire une affaire familiale privée et juste les excommunier?

Les prisonniers sortent de prison avec ces enseignements en tête et doivent ainsi réintégrer la société. Est-ce qu’on se surprendra de voir le nombre d’homophobes en liberté?

On peut écrire à Stéphane à l’adresse [email protected]

Argentine : un groupe immobilier veut construire un quartier gai
Par E-Illico

Un groupe immobilier veut construire le premier quartier privé pour homosexuels d’Argentine. L’idée est de construire “un complexe de résidences pour les gens de même sexe”, a expliqué Antonio Forte, un responsable du projet qui dément toutefois que la mesure soit discriminatoire. “Ceux qui le veulent pourront y habiter”, “ce ne serait pas exclusivement pour les homosexuels”, a-t-il précisé.

Le choix de la ville où sera construit le quartier fermé, d’une centaine de logements haut de gamme, n’a pas encore été arrêté. Par ordre de préférence : Mendoza (ouest), Cordoba (centre) ou San Luis (centre-ouest). Chaque maison sera construite selon le goût du client. Les constructeurs prévoient de plus la création d’un “lac artificiel et un centre de spa et de détente”, selon Forte.

Plus d’une centaine de couples de gays et de lesbiennes se sont mariés depuis l’entrée en vigueur de la loi en Argentine, le premier pays à légaliser le mariage homosexuel au niveau de tout le pays, en Amérique latine.

70- La vie gaie en prison aux États-Unis… La réhabilitation en prison? Connais pas!

Thursday, August 19th, 2010

Par Stéphane G.
Photo Google.com

J’ai souvent parlé ici des conditions de détention qui sont imposées aux personnes incarcérées aux États-Unis.

Au début de mon incarcération, j’étais hébergé dans des dortoirs à aires ouvertes comme ce que l’on peut voir dans les films où les toilettes et les douches sont aussi ouvertes à la vue de tous, d’où la rumeur sur les savons que l’on échappe… Comme je suis un homosexuel déclaré, j’attirais l’attention bien malgré moi.

À prime abord, cela peut sembler agréable, même excitant, mais quand j’ai commencé à me faire réveiller à deux heures du matin par un premier, un second puis un régiment de détenus en chaleur, qui voulaient avoir du sexe la nuit, j’ai trouvé cela un peu moins amusant.

N’oubliez pas que tous les contacts sexuels en prison sont strictement interdits.

Il n’existe que trois unités de ce genre actuellement en Floride. Elles hébergent un total d’environ 240 à 250 détenus et sont peuplées de détenus qui sont à risque de subir une forme de violence quelconque de la part des détenus de la population dite “générale”.

On y retrouve d’anciens policiers, des avocats et autres représentants de la loi, des délateurs, des détenus d’un certain âge, trop jeunes ou trop vieux qui n’arrivent pas à s’adapter sans subir de pressions, un grand nombre de détenus comme moi qui sont homosexuels et qui ont été victimes de harcèlement sexuel et enfin de certains transsexuels.

Ces unités sont placées dans des institutions régulières souvent adjacentes à d’autres unités du même dortoir hébergeant des détenus généraux.

Tout cela nécessite une logistique spéciale au niveau de la sécurité afin qu’en aucun temps, un détenu protégé ne se trouve en présence d’un détenu de la population générale. Bien entendu, cela génère de nombreux délais lors des déplacements à l’intérieur du périmètre de la prison ne serait-ce que pour se rendre à la salle à manger ou au pavillon médical.

Comme cela s’est répété à plusieurs reprises, j’ai dû me résoudre à contacter la sécurité. Une équipe de classification a donc déterminé que j’étais matière à risque vu mon orientation sexuelle connue et qu’il valait mieux pour ma sécurité que je sois transféré dans une unité de protection. Je me suis donc retrouvé là où je réside actuellement, dans des conditions pas si inconfortable puisque j’ai une cellule climatisée.

Tout dernièrement, un juge de la Cour criminelle de Floride a été condamné pour corruption et a reçu une sentence de 20 ans de détention. Il est arrivé dans mon unité il y a deux semaines et a vite attiré l’attention des autres détenus. J’ai eu le plaisir de m’entretenir avec lui à quelques reprises et au cours d’une conversation, je lui ai demandé s’il avait déjà sentencé des prévenus à des peines de prison.

Après avoir répondu par l’affirmative, je me suis dépêché de le questionner sur ce qu’il pensait du système pour lequel il avait travaillé maintenant qu’il se trouvait à l’intérieur des murs. Il m’a répondu “en tant que juge, je t’avouerais que je n’avais aucune idée ce que qu’était la prison. Je crois que le système d’incarcération est aberrant et totalement défaillant. Si le but de l’incarcération est la réhabilitation, cela m’apparaît tout à fait inexistant ici.

Je crois que tout juge qui siège sur une Cour de justice devrait être incarcéré ne serait-ce qu’une semaine afin de se rendre compte de l’inutilité et de l’inefficacité du système.”  Adjugé votre honneur!!!

NDLR: Notre chroniqueur Stéphane G. est une personnalité de la culture québécoise incarcérée pour une sentence de longue durée suite à des actes graves. Sa contribution nous aide collectivement à mieux comprendre la réalité vécue dans une prison aux États-Unis et à comprendre le cheminement d’un homme gai dans cet environnement. On peut lui communiquer des suggestions ou lui transmettre des commentaires ou questions à [email protected]

La résilience est plus facile à gérer que la combativité

Tuesday, July 13th, 2010

Par Stéphane G.
Photo : Alonios

(Selon Wikipédia) La résilience est un phénomène psychologique  qui consiste, pour un individu affecté par un traumatisme, à prendre acte de l’événement traumatique pour ne plus vivre dans la dépression. La résilience serait rendue possible grâce à la réflexion, à la parole, et à l’encadrement médical d’une thérapie, d’une analyse.

Dernièrement, je recevais quelques courriels et lettres de lecteurs me félicitant pour cette chronique et exprimant beaucoup de sympathie à mon égard. Je tiens d’abord à vous remercier pour ce support et si ma chronique peut aider à mieux faire comprendre la réalité carcérale d’un détenu, j’en suis extrêmement flatté. On me demande comment je fais pour passer à travers tout ça?

Il faut du courage et une force de caractère à toute épreuve pour survivre à cet environnement mais il faut parfois simplement s’y résigner, arrêter de se battre et accepter les choses telles qu’elles se présentent.

J’ai vite compris ici ce qu’était que l’absence de choix. Je n’ai pas le choix de ce qui sera servi aux repas, ni de l’heure à laquelle je pourrai manger. Je n’ai pas le choix de me lever à 7h le matin, de me vêtir et de faire mon lit sauf si je souhaite me retrouver avec un rapport disciplinaire. Je n’ai pas le choix d’allumer ou d’éteindre le néon de ma cellule puisque l’éclairage est contrôlé par les gardiens. Avec le manque de choix vient inévitablement le manque de contrôle.

Puisque je n’ai plus le choix face aux événements qui régissent ma vie et ma condition de détenu, je n’ai donc pas de contrôle sur ces événements et les conditions qui s’y rattachent. La seule chose sur laquelle j’ai un choix mais pas toujours le contrôle c’est la façon que je réagis à ce manque de choix.

Mon niveau d’acceptation de ce qui, auparavant, m’apparaissait insupportable s’est considérablement élevé au cours des dernières années. Il ne s’agit pas ici de résignation, comme certains pourraient le penser. Il s’agit plutôt de la compréhension qu’une situation aussi difficile qu’elle puisse être n’est que temporaire, aussi interminable qu’elle puisse paraître dans son “impermanence” et son intolérabilité.

Après tout, la perception que nous avons de contrôler tous les éléments de notre vie est peut-être fausse. Même dans la libre société, il y a des gens qui sont encore plus emprisonnés que les détenus. Ils ne contrôlent pas leurs problèmes ou leur façon de réagir à la vie.

Pour ma part, en acceptant de réagir de manière à ne pas me sentir frustré ou injustement traité a eu pour effet d’augmenter mon niveau de tolérance en général et je suis maintenant plus flexible face à ma condition de détenu et à ce qui s’y rattache.

Plutôt que de me concentrer sur mes horribles conditions de détention, je porte mon attention sur la façon de les alléger.

Ce n’est pas toujours évident et je suis souvent testé dans ma théorie. Si parfois je me sens démoralisé ou impuissant devant l’ampleur de la tâche, je me concentre alors sur les paroles d’un ami qui se reconnaîtra sûrement ici et qui disent à peu près ceci: “ Il ne peut pas pleuvoir à tous les jours. Tôt ou tard, il fera soleil”. Après tout, ne suis-je pas en Floride, The Sunshine State?

On peut écrire à Stéphane G. à [email protected]

68- Chronique carcérale: C’est quoi ton nom?

Wednesday, May 5th, 2010

Notre chroniqueur Stéphane G. est incarcéré aux États-Unis pour une peine de longue durée pour divers crimes contre la personne. Pour communiquer avec lui, n’hésitez pas à nous envoyer un courriel à [email protected], nous nous ferons un devoir de lui transmettre.

Chers lecteurs, Dans cette édition, j’ai décidé de vous parler d’un sujet plus léger mais tout de même révélateur de la vie carcérale, les surnoms des détenus.

Les détenus utilisent entre eux des pseudonymes, comme si leur véritable nom était à proscrire et réservé qu’à des fonctions officielles ou administratives. Le pseudonyme choisi est plus facile à retenir car il reflète souvent un trait de personnalité prédominant chez la personne ou une caractéristique particulière.

La plupart du temps, les gardiens respectent ces pseudos et il n’est pas rare de les entendre utiliser ces surnoms pour communiquer avec les détenus. Une majorité de détenus utilisent un pseudo relatif à leur région géographique d’origine. On entend donc souvent des gars répondre à l’appel de “Kentucky”, “Minnesota”, “New York” ou “Orlando”. Dans mon cas, c’est “Canada” mais aussi, selon les circonstances, “Frenchie” ou, à cause de mon homosexualité ouverte, “Stéphanie”.

Et pourtant, je me suis toujours présenté sous mon véritable nom, dans sa version masculine, mais il ne semble pas s’enregistrer correctement dans le cerveau des autres détenus. Pour eux, je suis gai donc, j’aurais voulu être une femme donc, dans leur logique, je suis “Stéphanie”.

Avant mon incarcération, je ne m’étais jamais présenté de façon féminine pour me nommer mais comme je l’ai raconté souvent dans ces pages, la prison est un monde à part avec ses propres règles et codes. Par exemple, voici quelques pseudos utilisés dans mon dortoir: “Rat”: Il a la tête de l’emploi, petit nez pointu et une voix fatiguante aigu.
“Cowboy”: Il a été élevé sur une ferme.
“T.J.”, “E.J.”, “D.J.”: Plusieurs gars répondent aux initiales de leur nom.
“Gator”: Un mordu de football et fan de l’équipe de l’Université de Floride, les Gators.
“Fisherman”: Le plus straight de tous. Avant d’être incarcéré, il travaillait sur un bateau de pêche en haute mer.
“Geiko”: Il se déplace comme le fameux reptile.
“Chi-Chi”: Des noms plutôt féminins pour des détenus très efféminés. Souvent transgenres, ils ont des implants mammaires mais possèdent toujours leurs fixtures masculines.
“69”: Ouvertement gai de race noire, 6’4”” et plutôt “butch” d’allure, on se demande bien ce qu’il voudrait exprimer par ce chiffre…

Ma visite dans un centre de réinsertion

Sunday, May 2nd, 2010

Vendredi dernier, je me suis retrouvé en visite dans une résidence hébergeant des criminels de longue durée en liberté post-détention. Des meurtriers ou des gens à l’origine de crimes très graves nécessitant entre 15 et 25 ans de prison qui ont fait leur temps y résident.

Je me suis retrouvé là pour visiter un ex-détenu que je connais et qui y habite en dépannage, c’est-à-dire qu’il n’est pas un criminel de longue durée à l’origine d’un crime violent mais qu’il avait besoin d’un hébergement à sa sortie de prison le 1er avril dernier le temps de se remettre sur pieds.

Une fois entré dans l’établissement, où les pensionnaires circulaient tout à fait librement, sans surveillance et qui sont totalement libres, je remarque que contrairement à de nombreuses résidences communautaires dans le milieu gai/sida, l’endroit est superbe, propre, moderne, rénové et on procure aux locataires des conditions de vie très agréables.

Lors de mon court passage de 30 minutes et après avoir visité toutes les pièces, je me suis demandé pourquoi ce type d’établissement devait se cacher et ne pas afficher ouvertement qu’il sert de réinsertion pour des meurtriers. On peut répondre par la logique en se disant qu’après tout, il est normal d’être nerveux quand on y entre ou quand on sait que nous avons de tels voisins car les crimes commis sont graves et violents. Mais voilà, moi je ne ressentais pas cette nervosité, rien, au contraire, je me sentais bien mieux que quand je vais visiter un malade du sida qui est hébergé dans un des taudis communautaires qui prétendent procurer un agréable hébergement de fin de vie pour les notres.

Et après réflexion, j’ai peut-être trouvé le pourquoi du fait que je ne me sentais absolument pas terrorisé dans cette maison. Ceux qui y sont hébergés sont des meurtriers ok, soit… Mais entre le meurtrier qui a tué une fois, à coup de révolver ou autre et un chasseur qui, à chaque année astique son fusil en anticipant la jouissance que lui procure le fait de tuer un orignal, un caribou ou un ours et qui n’attend que la saison de la chasse pour aller tuer à coup de carabine des animaux 8 fois plus gros que lui, j’ai moins peur du meurtrier que du chasseur. Le chasseur lui n’a aucun contrôle, canalise ses pulsions meurtrières en les validant sous le prétexte d’une chasse légale, d’un sport, alors que l’ex-meurtrier lui, qui a tué il y a 25 ans, qui n’a pas ressenti de plaisir et qui n’a aucune pulsion à recommencer est certainement plus sécuritaire, du moins dans mon esprit.

Il y a des ces contradictions dans la société parfois… J’étais bien en visitant mon ami et j’y retournerai. Pensez-y!

La violence conjugale en prison aux USA!

Saturday, March 6th, 2010

Notre chroniqueur Stéphane G. purge une peine de prison de longue durée aux États-Unis. Il
a accepté de se confier dans nos pages et de partager sa vie avec les lecteurs dans le but de
mieux faire connaître certaines réalités. On peut lui écrire à [email protected].

La prison est un milieu violent.
Cette violence est parfois accentuée
par les conditions de
détention, la perte de contrôle
sur sa vie, les privations et la
frustration de se sentir diminué
au quotidien.
Il faut donc faire attention et être
prudent avec ses paroles, ses
gestes, ses regards car un seul
mauvais geste peut provoquer
une réaction cataclysmique. On
dit bonjour avec le sourire, les
yeux vers le sol…
À cette menace s’ajoute celle
vécue par les homosexuels en
couple, la violence conjugale
en prison. Ici, la plupart des
couples sont de type dominant/
dominé. La jalousie, la possessivité
et le contrôle de l’autre
forment les fondations habituelles
de la vie de couple en
prison. Je n’accepte personnellement
pas ce genre de relation
pour ma part.
Depuis quatre ans en prison,
j’ai vécu quatre relations amoureuses.
Elles ont toutes été violentes
autant physiquement que
verbalement. Avec le temps, j’ai
appris que j’attirais ce genre de
relation parce que je suis dépendant
sexuel et affectif. J’ai
donc décidé de travailler sur
moi et de corriger ces traits de
caractère car il est plus facile
de se changer soi-même que
d’essayer de changer les autres
c’est connu.
Malgré la violence vécue avec
ces hommes dans mes relations
et les placements en protection
à quatre reprises, je suis
quand même reconnaissant envers
ces ex-conjoints car sans
eux, je n’aurais pas compris ma
propre situation, pas aussi rapidement
du moins.
Cependant, je reste convaincu
que rien ne justifie que l’on frappe
quelqu’un. Surtout pas au
nom de l’amour. Si un homme
veut se battre, qu’il se mette
des gants de boxe et qu’il saute
dans l’arène, là où un autre
aussi intéressé que lui l’attendra
et sera prêt à se battre. Je
ne me considère toutefois pas
affecté par le syndrome de la
“femme battue” qui retourne
toujours inévitablement vers
son agresseur.
J’aurais pu m’enliser dans de
telles relations destructrices et
y perdre mon identité. Je n’ai
jamais toléré la violence Dieu
merci, ni la mienne ni celle des
autres. Ma façon de réagir face
à la violence, qu’elle soit dans la
société libre ou en prison aura
toujours été la même depuis
mon enfance, tu me touches, je
me pousse!
Gay Globe Magazine
sur le web
www.gayglobe.us

Judiciaire: Ma vie en prison aux USA…

Saturday, January 23rd, 2010

Les programmes de réhabilitation au sein du “Department of Corrections” de Floride sont quasi inexistants. Le principal programme conçu dans le but de punir les détenus consiste à les faire travailler sans rémunération.

Il n’est pas question d’inculquer aux détenus les valeurs du travail et de l’argent, comme pour tout le monde dans une société normale. Les détenus aux États-Unis apprennent que le travail peut être ennuyant, dégradant et surtout pas payant. Refuser de travailler nous conduit directement en détention avec un rapport disciplinaire sur le dos.

Différents emplois sont offerts aux détenus tant aux cuisines qu’à la buanderie, à l’entretien ménager, à la bibliothèque ou au département médical.

Tous ces emplois ne sont pas rémunérés, ne procurent peu ou pas d’avantages et sont considérés comme partie intégrante au plan de réhabilitation du détenu. Le seul emploi qui offre une rémunération est celui d’opérateur de cantine qui rapporte 75$ par mois au détenu.

Les détenus n’ont pas le choix quant au travail qui leur est assigné. Notre emploi est déterminé par l’équipe de classification avec l’objectif de répondre aux besoins de la prison et non de ceux des détenus. Seules certaines limitations physiques peuvent être prises en compte dans la détermination, par exemple une personne ne pouvant rester debout suite à une opération au dos ne sera pas assignée à un poste debout.

Dans mon cas, étant séropositif, j’ai toujours été assigné à un travail d’entretien dans les dortoirs. Maximum une heure par jour plus ou moins. Or, en novembre dernier, la prison décidait de prendre le virage vert et de se lancer dans l’agriculture. Avec neuf autres détenus, on m’a assigné au poste de fermier. Tout se fait à la main en prison par sécurité, inutile de vous dire que le poste est exigeant et vu les effets secondaires liés à ma prise de trithérapie et l’impossibilité d’avoir accès aux toilettes lorsque je suis sur la “terre”, j’ai dû cesser de prendre mes médicaments.

Lorsque j’ai demandé un rendez-vous avec un médecin, vu le risque que je prenais avec ma santé, on m’a répondu qu’il y avait pénurie et qu’une rencontre n’était pas possible sauf si je payais un supplément de 5$ pour un médecin d’un autre programme.

La prison est à cours de médecins lorsque je demande un rendez-vous mais si je paie 5$, no problem! Comme quoi même en prison, “money talks” et comme le disait si bien Bob Gratton, “Les amarécains ils l’ont l’affaire”…

Le travail c’est la santé, pas en prison!

Enfin un
premier
mariage gai en Chine
Par : AFP

L’homosexualité a connu une nouvelle avancée en Chine mercredi avec la publication en “une” du quotidien officiel China Daily d’une photo du premier “mariage” homosexuel dans le pays.

L’union entre Zeng Anquan, un architecte divorcé de 45 ans, et Pan Wenjie, un soldat démobilisé de 27 ans, a eu lieu le 3 janvier dans un bar gay de la ville de Chengdu (sud-ouest). La Chine ne reconnaît toutefois pas les unions homosexuelles.

Le bonheur des jeunes mariés n’était toutefois pas complet, leurs familles ayant refusé d’assister à la cérémonie.