Plainte Stéphane Monfette et Samedi Express
Friday, June 13th, 2014Ville de Montréal Avis
Date: 15 décembre 2001
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Monsieur Stéphane Monfette, journaliste
Journal Samedi Express (Granby)
Mis-en-cause
et
Madame Liette Senay, Éditrice
Samedi Express
Mis-en-cause
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AVIS
Le Conseil de Presse Gai du Québec a souhaité rendre un avis suite à la publication d’un article signé de M. Stéphane Monfette publié dans le journal Samedi Express de Granby du 3 novembre 2001.
L’article en question porte le titre : Les jeux gais à Montréal…
´Il paraît que nous vivons dans une société qui se dit ouverte d’esprit. Eh bien, la ville de Montréal vient d’en faire la preuve en acceptant cette semaine d’être l’hôte, en 2006, des 7èmes jeux gais. Après les jeux para-olympiques et les jeux pour greffés, voici les jeux gais. Même si on parle de retombées économiques de plus de 150 millions$, utiliser de tels jeux pour affirmer son orientation sexuelle me laisse tout à fait perplexe. Les homosexuels s’affirment de plus en plus, mais je crois bien sincèrement qu’il y a des limites. Ils ont leur parade, leurs émissions de télé, leurs journaux et leurs revues. C’est à croire qu’ils sont vraiment aussi différents des autres. Ce n’est pas d’hier que les gais ont leurs jeux. Les premiers jeux gais ont été ceux de San Francisco auxquels, en 1982, près de 1600 ´athlètesª participaient. À Montréal, ils seront près de 25,000. C’est à croire qu’ils peuvent maintenant se reproduire ma foi du bon Dieu!
Pire encore: Les organisateurs de ces jeux ne voulant probablement faire aucune discrimination, invitent même les athlètes hétérosexuels à y participer. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour s’intégrer d’avantage? J’imagine très mal un hétéro haltérophile se vanter d’avoir remporté une médaille d’or aux jeux gais de Montréal ne croyez-vous pas?
On cherche à prouver quoi?
Même si les jeux gais existent depuis presque 20 ans, on apprenait seulement depuis peu qu’ils auront lieu dans notre cour, à Montréal. Il est vrai que plusieurs questions méritent d’être soulevées, entre autres: qu’est-ce qu’on cherche à prouver avec la présentation de tels jeux? Veut-on faire la promotion du sport ou bien de l’homosexualité? Veut-on démontrer que les homosexuels sont des personnes comme les autres? Si oui, pourquoi ces jeux alors?
Quoi qu’il en soit, je crois en toute franchise que nous sommes rendus trop loin. Ai-je un esprit trop fermé? Peut-être. Mais j’ai du mal à croire que des lutteurs olympiques peuvent s’embrasser à la fin de leur combat plutôt que de se donner la traditionnelle poignée de main. C’est le baron Pierre de Coubertin qui doit capoter dans sa tombe!
Il est également vrai que, de plus en plus, les races, les sociétés et les idéologies religieuses tendent à s’isoler les unes des autres, prétextant vouloir affirmer leur propre identité. Par cette façon d’agir je crois que c’est plutôt l’inverse qui se produit.
De toute façon, même si beaucoup de progrès ont été réalisés dans ce sens, on se rend bien compte que l’homosexualité aura toujours de la difficulté à faire l’unanimité dans notre société majoritairement hétérosexuelle. Quant à moi, j’imagine que la présentation des jeux gais à Montréal n’y changera pas grand-chose, sinon de faire augmenter les mauvaises blagues… Tant qu’à faire, c’est pour quand les jeux pour fumeurs de 30 cigarettes et plus par jour ou bien les jeux pour alcooliques?ª
L’image d’accompagnement utilisée était la suivante:
Le Conseil, dans un courriel au journaliste, a demandé à ce dernier de l’éclairer sur certains aspects de son article, celui-ci répliquant que ne nous connaissant pas, la demande devait être non-sérieuse. L’Éditrice du journal corrigeant d’ailleurs cette méprise au nom de son journaliste.
Les questions posées par le Conseil au journaliste étaient les suivantes:
- D’où vient l’image utilisée avec la chronique et quel est le lien entre celle-ci et les jeux gais de Montréal en 2006?
- En quoi la demande d’information du CPGQ datée du 7 novembre 2001 constitue une “menace” pour M. Monfette?
- Le Conseil souhaite obtenir la preuve que des lutteurs olympiques gais s’embrasseraient à la fin de leurs combats plutôt que de se donner la traditionnelle poignée de main, comme affirmé par M. Monfette. Une preuve photo serait acceptable.
- Est-ce que M. Monfette est famillier avec les guides déontologiques de la FPJQ et du Conseil de Presse du Québec?
- Pour quelle raison le journaliste responsable d’une chronique ne serait pas responsable de ses écrits? (clause de conscience)
- Pourquoi associer les jeux ou les athlètes gais à des problèmes d’abus de substances? (tel que mentionné dans la chronique)
Le 27 novembre 2001, Madame Liette Senay répondait ainsi au nom de son journaliste:
Monsieur Monfette admet que le terme ´ menace ª n’était pas du tout approprié. Ce qu’il souligne c’est qu’il avait l’impression que la demande n’était pas sérieuse car elle ne portait aucune signature. J’aimerais attirer à votre attention, qu’il a répondu à ce courriel sans nous consulter ou nous joindre en copie. Nous aurions, très certainement, traité votre demande sur un autre ton, car nous croyons que celui tenu dans la réponse de monsieur Monfette n’était pas approprié.
Après vérification auprès de Monsieur Monfette, il nous a confirmé ne pas être familier avec les guides de déontologie de la FPJQ et le Conseil de Presse du Québec. En fait, depuis quelques années monsieur Monfette collaborait avec le journal coopératif Samedi Express qui a été vendu en mai dernier. Nous, la nouvelle administration du journal, n’avons pas pensé faire ces vérifications au niveau de ses connaissances. Il a toujours soumis ses textes à la rédactrice en chef qui elle, avait le mandat de surveiller et corriger le contenu rédactionnel de monsieur Monfette. Suite au départ de Madame Isabelle Authier, rédactrice en chef, une personne a repris les fonctions par intérim pour faire les révisions de textes de monsieur Monfette. C’est le manque d’expérience qui a laissé passer de tels commentaires et cette personne n’avait reçu aucune consigne de la part de Madame Authier lors de la période de formation.
Nous ne voyons aucune raison pour laquelle le journaliste ne serait responsable de ses écrits. Cependant nous avons aussi notre rôle à jouer pour que des erreurs comme celles-ci ne se reproduisent. Il est clair que cette tâche reviendra à notre nouveau rédacteur que nous venons d’accueillir ce lundi 26 novembre.
À votre question, Pourquoi associer les jeux ou les athlètes gais à des problèmes d’abus de substances? Je ne suis pas certaine de bien comprendre à quelle partie du texte vous vous référez. Est-ce la conclusion ´Tant qu’à faire, c’est pour quand les jeux pour fumeurs de 30 cigarettes ou plus par jour ou bien les jeux pour alcooliques? ª? Si oui, je crois qu’une comparaison avec des jeux pour les blondes aurait pu être utilisée. En aucun cas il a voulu démontrer que l’homosexualité pourrait avoir un lien avec l’abus de substances.ª
- M. Monfette n’a pas souhaité collaborer.
- Le Conseil prend bonne note du manque de connaissances éthiques du journaliste qui l’admet.
- Quant à l’image utilisée pour accompagner le texte. Le Conseil informe le média et le journaliste que cette image était certainement protégée par des droits d’auteur et que son utilisation ne respecte sûrement pas la Loi sur les Droits d’auteur du Canada.
´ oeuvre artistique ª “artistic work”
b) d’autre part, si ces renseignements figurent dans la source :
(i) dans le cas d’une oeuvre, le nom de l’auteur.
- De plus, le Conseil ne voit aucun lien entre l’image utilisée dans l’article et les gais. M. Monfette se trompe si dans son esprit, il croit qu’un gai puisse être une personne en robe et perruque avec de faux seins. M. Monfette associe ou confond travestisme et homosexualité ce qui a certainement pu contribuer à créer une fausse image dans l’esprit de ses lecteurs. Le Conseil suggère à M. Monfette de prendre connaissance du rapport ” Mort ou fif” du chercheur Michel Dorais, établissant un lien entre suicide chez les jeunes et les images de gais véhiculées par les médias. D’ailleurs, la Fédération Professionnelle des Journalistes du Québec oblige les journalistes à ne pas tromper le public en utilisant des images non pertinentes:
3 g) Photos, graphiques, sons et images diffusés ou publiés doivent représenter le plus fidèlement possible la réalité. Les préoccupations artistiques ne doivent pas conduire à tromper le public. Les photomontages doivent être identifiés comme tels.
- M. Monfette n’a pas été en mesure de prouver l’affirmation à l’effet que “Mais j’ai du mal à croire que des lutteurs olympiques peuvent s’embrasser à la fin de leur combat plutôt que de se donner la traditionnelle poignée de mainª et le Conseil déplore ce type de commentaire gratuit, sans aucun fondement.
- Quant à la réplique de M. Monfette nous référant à ses supérieurs à propos de son texte, ce dernier devrait prendre connaissance de ses obligations éthiques face à ses lecteurs, obligations définies dans la clause de conscience du Guide de déontologie de la FPJQ:
- Quant à l’association entre des problèmes de santé ou d’abus de substance et homosexualité, le journaliste a été maladroit dans ses comparaisons qui encore une fois réflètent ses idées préconçues d’une réalité qu’il ne connaît manifestement pas. Le journaliste, dans ces circonstances, devrait s’en tenir à son rôle informatif.
3 b) Les journalistes doivent situer dans leur contexte les faits et opinions dont ils font état de manière à ce qu’ils soient compréhensibles, sans en exagérer ou en diminuer la portée.
3 c) Les titres et présentations des articles et reportages ne doivent pas exagérer ni induire en erreur.
3 d) Les journalistes doivent départager soigneusement ce qui relève de leur opinion personnelle, de l’analyse et de l’information factuelle afin de ne pas engendrer de confusion dans le public. Les journalistes s’en tiennent avant tout au compte rendu précis des faits. Dans les genres journalistiques comme les éditoriaux, les chroniques et les billets ou dans le journalisme engagé, où l’expression des opinions prend une large place, les journalistes doivent tout autant respecter les faits.
3 e) Une rumeur ne peut être publiée sauf si elle émane d’une source crédible, et si elle est significative et utile pour comprendre un événement. Elle doit toujours être identifiée comme une rumeur.
a) Les genres journalistiques
En matière d’éditorial et de commentaire, l’éditeur est libre d’exclure les points de vue qui s’écartent de la politique du média, sans qu’une telle exclusion puisse être considérée comme privant le public de l’information à laquelle il a droit.
a) Discrimination
Selon la Charte québécoise des droits et libertés de la personne8, toute personne a droit à la reconnaissance et à l’exercice, en pleine égalité, des droits et libertés de la personne, sans distinction, exclusion ou préférence fondée sur la race, la couleur, le sexe, la grossesse, l’orientation sexuelle,l’état civil,etc., et il y a discrimination lorsqu’une telle distinction, exclusion ou préférence a pour effet de détruire ou de compromettre ce droit.
En matière d’information, les médias et les journalistes n’ont pas à s’interdire de faire état des caractéristiques qui différencient les personnes telles la race, la religion, la couleur, l’origine ethnique, l’orientation sexuelle, etc. Toutefois, la mention de telles caractéristiques n’est justifiable que lorsque la cohérence du récit l’exige et lorsqu’elle est une condition essentielle à la compréhension du texte.
Un mis-en-cause qui souhaiterait faire appel de cet avis peut en faire la demande dans les 14 jours de la présente et doit produire des pièces justificatives susceptibles de faire changer l’avis actuel. Voir sur le site web du CPGQ pour la marche à suivre.
Pièces: Articles Samedi Express
Correspondances
CPGQ
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