Depuis quelques semaines, on entend abondamment parler de cette nouvelle compagnie qui offre de racheter les assurances-vie des malades terminaux soit du SIDA ou du cancer, moyennant le paiement d’une commission substantielle. En effet, la Canadian Life, présidée par monsieur Patrick William BRUNELLE, offre aux malades de racheter leur assurance-vie afin de leur donner un peu d’argent pour faire ce qu’ils ont toujours voulu faire avant de mourir. L’idée parait alléchante au départ mais en entrevue avec RG, BRUNELLE est loin d’être convaincant de ses bonnes intentions. Voici intégralement les questions et les réponses abordées lors de l’entrevue téléphonique du 28 juillet dernier.
RG: Vous annoncez dans votre pub, que les demandeurs reçoivent leur argent dans les cinq jours suivant l’acceptation du rachat. Qu’en est-il du délais pour recevoir l’acceptation de rachat elle même?
BRUNELLE: Je ne sais pas et je ne souhaite pas en parler. Ca peut aller de quelques jours à quelques semaines.
RG: De combien disposez-vous véritablement comme budget pour ces rachats?
BRUNELLE: Il n’est pas question que je parle de ça! De toute façon, je ne vous le dirai jamais.
RG: En Angleterre, que vous citez en exemple, seules 5 demandes sur 300 sont acceptées, quel est votre objectif?
BRUNELLE: On a le budget pour répondre favorablement à une trentaine de demandes.
RG: Vous annoncez qu’une partie des profits sera versée aux sidéens. Combien et à qui?
BRUNELLE: Je n’ai pas l’intention d’en parler. Nous déciderons nous même au moment venu de notre don mais il n’est pas question qu’on en parle maintenant.
RG: Que pensez vous des commentaires négatifs sur votre projet émanants du docteur Gervais FRECHETTE de l’ACTUEL?
BRUNELLE: Chacun a droit à son opinion!
RG: La Canadian Life est-elle incorporée?
BRUNELLE: Non.
RG: Quel est le nom de votre fiducie in trust?
BRUNELLE: C’est un peu compliqué de vous expliquer mais c’est Montréal Trust qui gère notre budget.
RG: Quel est le nom du médecin qui serait consultant et qui s’occuperait des résidents d’une maison pour sidéens dont parle La Presse?
BRUNELLE: Je ne souhaite pas parler de ça. En fait, on n’a pas encore de contrat avec lui. Il y pense.
RG: Comment sélectionnez-vous les clients potentiels?
BRUNELLE: En fait, ça dépend de la phase de la maladie. plus le patient en est phase terminale, plus c’est intéressant pour nous. Tout ce qu’on souhaite c’est de donner de l’argent à un malade pour lui faciliter la vie et pour qu’il réalise des projets qu’il n’aurait pas les moyens de financer.
RG: Que pensez-vous des mises en garde du COCQ-SIDA?
BRUNELLE: Chacun a droit à son opinion!
RG: Quelles sont exactement vos fonctions à la Canadian Life?
BRUNELLE: Je suis Président, Directeur des opérations et Directeur de la promotion et du service à la clientèle.
RG: Combien avez-vous d’employés?
BRUNELLE: une seule, la secrétaire.
On pourrait conclure de cette entrevue que ce n’est pas la volonté de collaborer qui anime notre interlocuteur. RG a procédé a quelques vérifications et les réponses du président BRUNELLE ne sont pas tout à fait conformes à la réalité. BRUNELLE affirme vouloir aider les malades à mieux vivre mais ce qu’il ne dit pas, c’est que l’apport soudain d’une somme d’argent importante peut avoir des conséquences dramatiques dans la vie d’un malade. d’abord, il ne sera plus admissible à l’aide sociale donc il devra subvenir à ses besoins de base avec l’argent. plus d’aide sociale, plus de carte-médicament, il devra payer les médicaments non couverts par le gouvernement. De plus, recevoir une somme de 50,000$ d’un coup fait augmenter la tranche d’impôt et le patient devra payer environ 20,000$ rien qu’en impôt. S’il habite dans un loyer subventionné, il ne sera plus admissible au logement et devra déménagé. En fin de compte, ce qu’il croyait être un cadeau du ciel pourrait être une catastrophe.
Il existe une alternative intéressante pour les assurés qui souhaitent obtenir de l’argent pour réaliser un rêve. C’est de contracter un prêt sur son assurance-vie. En effet, tout assuré peut demander un prêt à sa compagnie d’assurance, sur les mêmes critères de santé que pour le système offert par la Canadian Life. Le malade recevra une somme d’argent importante non imposable, à un taux d’intérêt comparable aux banques et il n’aura rien à donner à la compagnie d’assurance en échange. Au décès du malade, la compagnie fera les comptes de ce qui est dû, elle ajoutera l’intérêt et versera ce qui reste au bénéficiaire.
Le prêt est beaucoup moins coûteux que le système de rachat qui lui, comporte une commission de 45% à céder au racheteur. Quant à toute la publicité faite autour du souhait de la Canadian Life de verser des commandites aux fondations pour sidéens, le flou est roi et rien n’oblige la compagnie à respecter sa parole. Après tout, comme le dit si bien BRUNELLE, chacun a droit à son opinion, n’est-ce pas?
R.L.C.
Réf: The Gazette, La Presse, Monsieur Michel Bégin, comptable.