L’hyper-médiocrité des actualités de TVA

Par Roger-Luc Chayer

HYPER MÉDIOCRITÉ DE TVA: J’ai réalisé quelque chose hier qui m’a sauté aux yeux en tombant par hasard sur les nouvelles du poste 22 (ABC) de Burlington au Vermont. Une sous-station de TV avec des journalistes hyper-locaux. J’ai écouté les 10 premières minutes et tout ce dont il était question étaient les meurtres du jour, les procès de viols, les 2 vols avec violence du jour et que des faits divers sans importance à long terme. J’ai sursauté car je trouvais que c’était exactement comme à TVA qui est pourtant, contrairement au 22, une chaîne de télé nationale québécoise, beaucoup plus étendue et avec une responsabilité plus large… Et j’ai réalisé que TVA était dans le fond victime de l’incompétence de certains membres de son personnel qui n’arrivaient pas à élever la nouvelle au dessus des événements quotidiens. TVA se comporte en sous-TV d’une sous-région, sous-développée et a pourtant les moyens des plus grandes télévisions nationales. Ce constat est effrayant! Je reste persuadé que les québécois désirent plus qu’un compte-rendu quotidien des actes violents et des enterrements du jour, qu’ils veulent savoir ce qui se passe aux États-Unis pas juste à Hollywood, que le sort de la Syrie est important pour eux, que les coût du pétrole au Québec sont conditionnés par le Brent et non l’OPEP comme tout le monde le croit et que des recherches santé se font dans tels domaines avec tels résultats tant à Paris qu’à Pékin. Vous souvenez-vous dans les années 70, aux actualités, on présentait les nouvelles selon un certain ordre: On commençait avec les nouvelles internationales, le national et les nouvelles locales avec meurtres etc n’occupaient que quelques minutes, on terminait avec les sports et la météo? C’était logique et la présentation reposait sur un ordre d’importance provenant de la sélection de nouvelles faite par des journalistes compétents. Je pense qu’il faudrait revenir à ces valeurs professionnelles et laisser tomber le spectacle macabre de la violence au quotidien comme source de nouvelles. Les québécois en sortiront mieux informés sur les grands enjeux du monde et sortiront de leur bulle abrutissante actuelle. Quant à Radio-Canada, vous me demanderez: Mais est-ce la SRC et RDI font exactement ce que vous suggérez? Non, pas du tout car encore ici, la nouvelle est présentée en fonction de critères gouvernementaux reliés au mandat pan-canadien de la télé nationale. Plutôt que de prendre le temps de bien nous faire comprendre ce qui se passe ailleurs et de nous rapporter la nouvelle qui risque d’avoir un impact sur nos vies et nos affaires, de l’importer dans nos foyers, on tente de nous informer du sort des pêcheurs de molusques de la région des grands lacs (Ils sont 23 au pays à faire ce métier), on nous raconte en détails les revendications du conseil inuit de Machinbouctuk à 7500km de nous et on nous explique comment on fait pousser des tulipes au milieu des prairies au mois de Janvier. Voilà de quoi intéresser le public… Il y a une place en or au Québec pour une information à la France 2, pour quelque chose de recherché pour les masses et qui ouvre les yeux des auditeurs sur autre chose que le système de justice criminel québécois et l’insurmontable combat de Claude Poirier contre son dentier. Il faut voir plus haut, regarder plus loin et peut-être serons-nous alors la sorte de grand peuple que René Lévesque voyait en nous.


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