̂tre gai est un crime! Observations de notre chroniqueur en prison aux États-Unis

Les conditions d’incarcération ici ont commencé à se res- serrer et à devenir quasi insupportables depuis qu’en no- vembre dernier, une violente bagarre a éclaté entre détenus dans la cour de récréation. 77 détenus ont été transférés d’urgence le soir même et une vingtaine se sont retrouvés en détention disciplinaire. Il nous est dorénavant interdit de nous parler lorsque nous attendons en ligne ou encore dans la salle à manger. En vérité, les animaux de ferme sont mieux traités que nous, ils mangent certainement mieux aussi!
Pour essayer de fuir tout cela et de trouver un certain récon- fort, de manière à éviter les gardiens, j’ai décidé de fréquenter la Chapelle. Mais voilà, je suis homo, est-ce qu’il existe un péché plus grave que celui d’homosexualité chez les chré- tiens? À la Chapelle de ma prison, il existe un groupe qui a pour but de guérir les homosexuels… Afin d’en savoir plus et comme tout journaliste professionnel, je me suis inscris au groupe et depuis quatre semaines, j’assiste aux rencontres hebdomadaires. Incroyable! Le groupe a pour objectif de se débarrasser du péché d’homosexualité tout en atteignant la “pureté sexuelle”.
Selon mes chefs chrétiens, on ne naît pas homosexuel. Ce n’est pas un choix non plus mais une réponse à un problème de développement survenu dans l’enfance, un père absent, une mère dominante ou de trop grandes affinités avec des soeurs, des tantes ou une grand-mère…
Heureusement, je ne suis pas assez imbécile pour m’être laissé prendre au jeu. En fait selon moi, le véritable péché n’est pas d’être homosexuel mais de perpétuer le mythe que nous sommes déficients, inadéquats, un danger pour l’ordre établi et la société.
Les relations physiques ici en prison au pays de l’Oncle Sam sont strictement interdites et passibles de représailles disci- plinaires. Les gardiens ferment toutefois les yeux, de façon hypocrite, sur nos activités et nos ébats.
GAYGLOBE MAGAZINE 8
Photo: Google.com
Pendant que d’un côté on “tolère” notre réalité homo- sexuelle, à la Chapelle on perpétue le mythe d’un péché contre Dieu et la na- ture. Un crime de société, un danger pour l’ordre… Et voilà qu’on nous affirme en prison ce qui est inac- ceptable de dire en dehors, l’homosexualité serait une aberration du déroulement de l’enfance.
Il se font et se disent en pri- son des choses qui feraient l’objet de manifestations et de poursuites pour propos haineux en dehors mais ici, personne ne peut rien y faire.
Ici, comme tout le reste, on se fout de la réhabilitation des détenus et de ce qu’ils font. Pourvu qu’ils ne se fas- sent pas prendre “les culot- tes baissées”. On nous garde en cage, on nous apprend n’importe quoi et ensuite on est surpris que certains en sortent comme des animaux sauvages et y reviennent en prison peu de temps après…


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