1996- La Croix-Rouge canadienne, section Québec: Encore et toujours aussi méprisante envers les gais!

Du 30 septembre au 3 octobre dernier se tenait à l’Université McGill une collecte annuelle de sang pour la Croix-Rouge. Comme pour tout événement similaire, les étudiants et professeurs étaient mis à contribution, l’objet étant de ramasser le plus grand nombre de litres durant la période attribuée. Toutes les personnes furent donc invitées à donner, toutes, sauf les hommes homosexuels. Or, après seulement deux jours d’activité, l’organisation levait les pattes du campus suite aux questionnements de Monsieur Chris Carter, président de l’Association des étudiants de l’Université McGill.

La Croix-Rouge applique depuis de nombreuses années des critères d’exclusion envers les hommes gais et elle ne s’en cache pas. Le questionnaire de sélection est d’ailleurs très éloquent et classe les homosexuels dans la même catégorie que les prostitués et toxicomanes. À la question 15 du questionnaire, on peut lire: <<… Selon la Croix-Rouge canadienne, il existe un grand risque que vous soyez porteur du VIH si vous faîtes parti d’un des groupes suivants: 1) si vous êtes un homme ayant eu une relation sexuelle avec un autre homme, même une seule fois, 2) si vous avez déjà fait utilisation de seringues pour usage de drogues, 3) s’il vous est déjà arrivé de recevoir ou de donner de l’argent pour des services sexuels ou 4) si vous êtes le conjoint d’une personne ayant participé à l’une ou l’autre de ces activités et ce, depuis 1977…>>

Toute personne pourrait croire, à la lecture de ce questionnaire, que la Croix-Rouge canadienne discrimine et ce, malgré les nouvelles lois fédérales et québécoises qui interdisent ce genre de pratique. Est-ce que l’on peut s’imaginer qu’il y ait encore aujourd’hui des “ploucs” à la Croix-Rouge qui croient qu’on attrape le SIDA en touchant un homme alors que ce sont les pratiques sexuelles à risques qui sont dangereuses? Que le fait de payer pour des services sexuels donne le SIDA alors qu’encore une fois, ce sont des comportements risqués qui entraînent la maladie? et enfin, pourquoi est-ce qu’on ne vise pas les lesbiennes ou les femmes hétérosexuelles qui représentent en 1996, le groupe le plus à risque?

Monsieur Carter souhaitant attirer l’attention des médias sur cette question convoquait le 2 octobre une conférence de presse pendant laquelle il avait l’intention de se présenter au kiosque de prélèvement pour prouver qu’il allait être rejeté pour homosexualité. Or, la Croix-Rouge ayant eu vent de la chose, a plutôt décidée de quitter le campus de peur de voir une horde de gais venir contaminer le sang des chastes hétérosexuels. Elle ne manquait d’ailleurs pas l’occasion d’annoncer publiquement que la collecte était annulée à cause des homosexuels et qu’elle n’avait plus l’intention de revenir sur le campus.

LA COLERE GRONDE À McGILL

Le 10 octobre avait donc lieu une immense manifestation contre les critères discriminatoires de la Croix-Rouge canadienne à laquelle participaient la Commission des Droits de la personne de l’université, le Centre des assauts sexuels de McGill, la Société étudiante de McGill, l’Association des gais, lesbiennes, bisexuels et transsexuels étudiants de McGill, l’Union des femmes de McGill et la société des post-gradués de l’université. La Croix-Rouge ce jour-là, préférait ne pas commenter. Il est toutefois intéressant de savoir que la Croix-Rouge canadienne a été bannie de l’Université de Victoria, d’Ottawa et de celle d’York pour les mêmes raisons. Comme cette organisation semble oublier qu’il existe maintenant des lois contre de telles pratiques discriminatoires et que le sang des gais est aussi bon que celui des hétéros il est sûrement à prévoir des poursuites judiciaires.

Un directeur peu préoccupé par les gais.

En entrevue avec Monsieur André Ménard, directeur des relations publiques de la Croix-Rouge, RG a appris que la société serait à modifier l’aspect du questionnaire portant sur la mention de l’homosexualité dans la même section que la toxicomanie et la prostitution. Pour ce qui est de l’homosexualité proprement dite, pas question de changer quoi que ce soit, le questionnaire étant imposé par le Gouvernement américain qui achete notre sang, le transforme et nous le revend sous forme de produits divers. Devant la menace d’un éventuel boycotte total des dons à son organisme, Monsieur Ménard répond: <<… Ce serait un grand drame pour les sinistrés du Québec, eux seuls en souffriraient…>> Comme si les 700 000 homosexuels du Québec ne souffraient pas du rejet de la Croix-Rouge et allaient accepter de donner leur argent sans qu’on accepte leur sang!

ALAIN, LE RESTE EN ENCADRÉ OK en caractères italique?

“LE CENTRE DE TRANSFUSION DU QUÉBEC NE PREND AUCUN RISQUE ET ANNULE SA COLLECTE DE SANG À L’UNIVERSITÉ McGILL. Afin de protéger la sureté de l’approvisionnement en sang… Cette décision est entraînée par la possibilité que certains étudiants, se déclarant homosexuels et en désaccord avec le questionnaire-santé, voulaient tenter de faire un don de sang dans le cadre de la collecte de McGill…

(après en caractère normal) Communiqué officiel de la Croix-Rouge non daté mais reçu par fax le 23 octobre 1996.


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