Masturbation, divorce et homosexualité
Saturday, June 30th, 2012Le mariage homosexuel, la masturbation, les unions après un divorce : les thèmes défendus sans tabou par la sœur américaine Margaret A. Farley dans un livre lui ont valu une lourde condamnation du Vatican lundi 4 juin.
Son ouvrage, Just Love – A Framework for Christian Sexual Ethics (Juste l’amour, un cadre pour l’éthique sexuelle chrétienne), ne correspondait pas à la position de l’Eglise et ne devait être donc ni enseigné ni recommandé a estimé la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) dans une lon- gue mise au point, rapporte l’Agence France-Presse.
La CDF fustige sans nuance les différentes opinions de Sœur Farley, s’exposant ainsi à de vives réactions dans les milieux libéraux de l’Eglise, analyse l’AFP. Cette censure in- tervient quelques semaines seulement après la réprimande par le Vatican du groupe de soeurs américaines, Leadership Conference of Women Religious. De nombreux catholiques avaient contesté cette décision, relate le New York Times. Le groupe de sœurs qui défend des positions libérales sur l’homosexualité notamment, avait alors refusé les accusa- tions du Vatican, les estimant “sans fondement”.
Dans un pays où l’Eglise, catholique, mormone ou pro- testante, peut parfois afficher des positions très libérales, défendant notamment les unions homosexuelles à la veille des élections présidentielles, le cas de Margaret A. Farley n’est pas inédit. Un autre ouvrage, Quest for the Living God : Mapping Frontiers in the Theology of God, de la Sœur Eli- zabeth A. Johnson avait été condamné en 2011, rappelle le quotidien américain. “Le mariage homosexuel, outre l’avor- tement, est devenu le grand point d’achoppement des prê- tres américains,” analyse le New York Times.
La masturbation permet aux “femmes de découvrir leurs propres potentialités de plaisir”
Sur l’homosexualité, Sœur Farley se déclare en faveur d’une possibilité de mariage et ajoute que les relations homo- sexuelles devraient être respectées, “que les personnes aient le choix ou non d’être autrement”, selon l’AFP.
Concernant le divorce, elle estime que cela peut être une solution pour des couples qui se sont éloignés. Une position en opposition totale avec l’”indissolubilité du mariage” de l’Eglise catholique, peut-on lire dans le New York Times.
Le passage “le plus osé” selon les termes du journal américain porte sur la mas- turbation féminine. Selon la religieuse américaine, cette pratique permet aux “fem- mes de découvrir leurs pro- pres potentialités de plaisir, quelque chose que certaines n’ont pas expérimenté ni même connu dans la rela- tion sexuelle ordinaire avec leurs maris”.
La note du Saint-Siège considère que “le recours délibéré à la sexualité, pour quelque raison que ce soit, en dehors du mariage, est essentiellement contraire à son objet”. Même si, note-t- elle, pour la masturbation, “l’anxiété, “l’habitude”, l’im- maturité affective peuvent atténuer ou même suppri- mer la culpabilité morale”.
NDLR: Oui, je sais, vous al- lez dire “encore le Vatican”, mais si nous effectuons un tour du fil de presse avec le mot clé “homosexualité”, plus de 50% des résultats concernent nos amis les prêtres. Ils occupent une place énorme dans la société et depuis quelques années, semblent renier le pacte qui sépare l’Église de l’État en se mêlant de toutes les ques- tions sociales sans toutefois contribuer avec leurs im- pôts à cette société. Si nous en parlons tant c’est que nous voulons rééquilibrer
le débat en diffusant le plus possible les interventions de l’Église afin que le public puisse décider ou non d’in- tervenir. À vous de décider. Roger-Luc Chayer