L’Église d’Angleterre entrouvre la porte aux évêques homosexuels
Qu’a décidé l’Église d’Angleterre ?
Il ne s’agit pas d’une décision formelle, mais d’un simple conseil juridique donné par le bureau légal de l’Église d’Angleterre (anglicane) au clergé. À la suite de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur l’égalité au Royaume-Uni en octobre 2010, un document a été envoyé aux membres du synode fin décembre – et rendu public lundi 20 juin – pour expliquer ses conséquences juridiques.
La loi interdit entre autres la discrimination pour des orientations sexuelles, sauf pour une « vraie nécessité d’emploi ». Le bureau légal de l’Église d’Angleterre en conclut qu’il est parfaitement possible de refuser à un prêtre de devenir évêque s’il est ouvertement homosexuel et dans une relation sexuellement active (la même raison permet d’ailleurs de bloquer l’ordination de prêtres).
En revanche, il serait illégal de bloquer l’ordination d’une personne ouvertement homosexuelle mais célibataire et sans relations sexuelles. « Il n’est pas autorisé de prendre en considération le simple fait que quelqu’un est homosexuel par orientation sexuelle », écrit le document.
Les évêques ayant passé un partenariat civil sont donc exclus ?
Non, car il existe une zone grise pour ceux qui ont signé un partenariat civil (l’équivalent du pacs), mais qui ne sont pas dans une relation sexuellement active. Théoriquement, une telle situation est possible, dans la mesure où le partenariat civil peut parfaitement être passé sans qu’il existe de relations sexuelles.
Face à une telle situation, le document légal renvoie la balle à la CNC (Crown Nominations Commission , la commission des candidatures de la Couronne), chargée de choisir les évêques. C’est à elle, « en consultation avec l’archevêque (…) de décider si la personne concernée peut agir comme un centre d’unité ».
Une liste de facteurs à prendre en considération est ensuite donnée : le candidat a-t-il toujours respecté les enseignements de l’Église d’Angleterre dans son activité sexuelle homosexuelle ? Est-il en partenariat civil ? Est-ce avec quelqu’un avec qui il a eu une relation sexuelle dans le passé ? Est-il repentant de possibles relations sexuelles passées ? Cette personne serait-elle une cause de division ?
Cela signifie-t-il qu’un évêque homosexuel pourrait prochainement être ordonné ?
Probablement pas. La liste des conditions à remplir, listée ci-dessus, rend la probabilité d’un tel événement assez faible. En particulier, il sera toujours possible d’arguer du fait que la nomination d’un homosexuel, même célibataire, serait « cause de division ».
L’ensemble de la Communion anglicane à travers le monde se déchire sur la question depuis des années. La nomination d’un évêque homosexuel aux États-Unis avait provoqué une vaste controverse, et une large partie des autres provinces anglicanes, notamment dans les pays du Sud, avait menacé de schisme.
En 2008, la conférence de Lambeth, qui réunit toutes les provinces anglicanes, avait été houleuse, mais avait évité l’implosion en promettant de ne pas prendre de décision sur le sujet pendant plusieurs années.
La porte est donc à peine entrouverte, ce qui fait que certains sceptiques se demandent pourquoi l’Église d’Angleterre a publié de tels conseils juridiques. Keith Porteous Wood, directeur de la National Secular Society , une association de défense de la laïcité, estime que la loi ne s’applique probablement pas aux évêques, grâce à l’exception de « vraie nécessité d’emploi ».
Pour lui, ce conseil légal semble faire passer en catimini une décision en faveur des prêtres et évêques homosexuels, sans hérisser l’aile traditionnelle de l’Église d’Angleterre. Il estime que la loi sur l’égalité est « utilisée comme un écran de fumée pour faire passer des décisions impopulaires ».
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