Monseigneur Lépine Voulait convertir les homo- sexuels en hétérosexuels!
Saturday, April 28th, 2012̀peine quelques heures après sa nomination au poste d’Archevêque de Montréal, en remplacement de Monsei- gneur Jean-Claude Turcotte, Cardinal à la retraite, Monsei- gneur Christian Lépine se retrouve face à une controverse de taille, lui qui a prétendu par le passé qu’il pouvait trans- former les gais en hétérosexuels. Je suis toujours fasciné par ces hommes d’Église, ces imams et ces rabbins qui, sous le prétexte de la foi et de leur morale, veulent jouer dans les culottes de leurs ouailles.
Changer les gais en hétéros, juger les homosexuels et leur refuser les mêmes droits qu’au reste de la population, inter- dire aux femmes de se faire avorter suite à un viol, jouer au touche-pipi avec nos enfants quand ils sont en situation d’autorité… Ces exemples me fascinent, car peu d’organisa- tions se drapant d’une moralité biblique se mêlent autant de sexualité que l’Église, un paradoxe qui soulève de plus en plusderéactionsdelapartd’unpublicquivaloriseetexige aujourd’hui la laïcité complète de la sphère publique.
Quelles sont les implications de telles déclarations sur les gais de la part de Monseigneur Lépine? La Charte québécoise des Droits et Libertés prévoit que toute discrimination basée sur l’orientation sexuelle est illicite et que cette discrimina- tion est génératrice de dommages moraux. Quand l’Église catholique et son plus haut représentant à Montréal décla- rent que l’on peut intervenir directement auprès de person- nes homosexuelles pour les transformer en hétérosexuels, on cible directement, sans distinction, une minorité protégée etontentedecrédibilisercettethèseeninvoquantlaliberté de religion pour éviter évidemment les poursuites judiciai- res basées sur l’atteinte d’un droit protégé par la Charte.
Or, la liberté de religion elle aussi est partie intégrante à la Charte québécoise, on mentionne d’ailleurs à l’article 3 : Toute personne est titulaire des libertés fondamentales tel- les la liberté de conscience, la liberté de religion, la liberté d’opinion, la liberté d’expression, la liberté de réunion paci- fique et la liberté d’association.
Mais cette garantie de liberté religieuse entre directement en conflit avec les articles 5 (Toute personne a droit au respect de sa vie privée), l’article 10 (Toute personne a droit à la reconnaissance et à l’exercice, en pleine égalité, des droits et libertés de la personne, sans distinction, exclusion ou préférence fon- dée sur la race, la couleur, le sexe, la grossesse, l’orien- tation sexuelle), l’article 10.1 (Nul ne doit harceler une personne en raison de l’un des motifs visés dans l’arti- cle 10), et l’article 11 (Nul ne peut diffuser, publier ou exposer en public un avis, un symbole ou un signe comportant discrimination ni donner une autorisation à cet effet).
La Charte prévoit certaine- ment une protection pour l’Église qui souhaiterait convertir des fidèles à sa religion ou à ses croyances, mais convertir la nature des humains, vouloir chan- ger leur orientation sexuelle n’est certainement pas ce qui était prévu par le légis- lateur quand il a voté la Loi
en y introduisant une pro- tection pour la liberté de reli- gion. Toute personne qui dé- cide de ne pas pratiquer une religion est, elle aussi, proté- gée par cette même Charte, car sa liberté de conscience est reconnue à l’article 3. Le refus par l’Église catholique montréalaise de reconnaî- tre ce droit est certainement une situation qu’il serait intéressant de tester devant la Commission des Droits de la Personne dans le cadre d’une plainte.
Est-ce qu’une personne de la communauté gaie mon- tréalaise aura le courage et la détermination de porter ces propos devant la Com- mission? Ça reste à voir!