Se découvrir gay lorsqu’on est jeune n’est jamais un moment facile à passer. Pour les ados concernés comme pour leurs parents, la nouvelle peut être dure à gérer. Dans ce dossier, retrouvez des interviews, reportages et des ressources pour comprendre et dialoguer en famille.
L’adolescence, ce n’est pas une nouveauté, est une étape charnière de notre existence, qui permet de passer plus ou moins bien de l’enfance à la vie adulte. C’est l’âge des grandes questions, de la recherche de soi, et bien évidemment de la découverte de la sexualité. C’est donc souvent à la puberté que se révèlent les préférences sexuelles. Souvent, les parents possèdent à l’égard de leurs enfants des schémas de vie bien tracés, dont l’homosexualité ne fait pas partie. Mais l’orientation sexuelle n’étant pas un choix, il n’y a pas grand chose à faire pour inverser cette tendance, le mieux pour tout le monde étant de s’y adapter. Le cheminement vers l’acceptation d’une telle nouvelle sera pour certaines familles rapide, pour d’autres très long et se ponctuera, dans tous les cas, d’inquiétudes et de remises en question. Mais il en est de même pour l’adolescent homosexuel qui devra tôt ou tard s’assumer et en parler à son entourage.
Communiquer avec la famille
Accepter et ensuite assumer son homosexualité à l’adolescence, puis dans la vie adulte est un passage difficile à franchir. « Avant d’accepter mon homosexualité, c’est vrai que j’ai eu une période très homophobe parce que ça me faisait peur et que je n’avais pas envie d’être comme ça » avoue Samia, jeune étudiante de 21 ans de confession musulmane. Sa différence, elle s’en est rendu compte dès le collège, mais ne s’y est résolue qu’en entrant à la fac, où elle a rencontré sa première copine.
Ensuite, s’ouvrir à sa famille ou même ses amis est une autre affaire, et c’est souvent l’étape la plus primordiale dans la vie d’un jeune homo. Il ne faut pas perdre de vue qu’avant de l’annoncer, ou bien avant que la famille ne le découvre, l’enfant ou plutôt le jeune adulte, est passé lui aussi par un réel questionnement sur lui-même tout en appréhendant ce que serait la réaction de ses proches. Passer ce cap est donc très compliqué pour la plupart des homosexuels. « Je pense qu’il faut le faire dans un moment où l’on se sent fort » explique Katia, en charge du pôle Jeunesse du centre pour les Lesbiennes, Gai, Bisexuels et Transsexuels (LGBT) de Paris. (Suite à la page 20)
Aujourd’hui en Master de logistique, Samia a appris à vivre pleinement son homosexualité, mais loin de sa famille. Depuis que sa sœur a découvert et révélé l’homosexualité de Samia à leur mère, la jeune femme est contrainte de mentir : « J’ai dû passé des moments difficiles avec [ma mère] en lui disant que c’était fini pour pouvoir la rassurer… et aussi pour pouvoir rester chez moi. Je lui ai dit que ce n’était qu’une passade et pour le moment c’est ce qu’elle croit. Malheureusement. » explique-t-elle, avant de rajouter : « C’est très dur car il y a une espèce de schizophrénie entre ma vraie vie et celle que je peux partager aujourd’hui avec mes parents ».
Lucie aussi s’est très vite rendue compte de son attirance pour les femmes, mais elle, l’a accepté dès la seconde, vers 14/15 ans, même si il lui a été difficile d’en parler tout de suite autour d’elle : « Je me suis assumée très vite dans ma tête (…) par contre vis-à-vis des autres ça a mis du temps à sortir ». Lucie a attendu un an avant d’en parler à sa mère, puis deux pour évoquer le sujet avec son père. Alors très tendue, elle a vite compris que ses parents se doutaient déjà de ses préférences sans que cela ne pose de problème. « Il n’y a jamais eu aucun soucis avec mes parents, (…) ils m’ont toujours dit qu’ils m’aimeraient quels que soient mes choix et je pense que ça m’a beaucoup aidé » confie la jeune fille.
Quant à l’avenir, et à la question de l’homoparentalité, les deux femmes se disent optimistes. Samia parle déjà de projets, mais sait que sa situation risque de compliquer sa future vie de famille et reste très lucide : « Je n’ai pas envie de couper les liens non plus, mais j’aurai des choix à faire un jour et c’est sûr que je choisirai de pouvoir vivre ma vie », conclut-elle tristement.
Se débarrasser des stéréotypes
La vision que la société a des homosexuels n’a pas toujours été très positive. Bien souvent, on caricature les gays comme étant très efféminés ou les lesbiennes comme ayant un physique de camionneur. « Moi je me reconnais pas là-dedans » s’indigne Lucie, avant de rajouter : « Je pense que finalement il y a plus un intérêt [des médias] à conforter les gens dans l’image qu’ils peuvent parfois se faire des homosexuels plutôt que de leur montrer que le milieu homosexuel ce n’est pas seulement la Gay Pride, des mecs torse nus ou des nanas qui sortent toutes ensembles. Ce n’est pas ça les homosexuels.»
Ces représentations réductrices prennent souvent part au malaise que ressentent les parents, mais cachent en vérité un milieu bien plus ouvert et beaucoup moins stéréotypé que l’on veut bien nous le montrer. Les ados homosexuels ne sont ni plus ni moins des adolescents « normaux », dont les besoins sont les mêmes que leurs autres petits camarades hétérosexuels, si ce n’est, peut-être, qu’il faudra plus les écouter et les encourager à communiquer sur cette « différence » qui peut les perturber. Sans tomber dans la paranoïa, il est important d’avoir un regard attentif sur les jeunes homos qui viennent de se découvrir et dont le risque d’être confronté à des idées noires voire suicidaires est 5 fois plus élevé que pour un adolescent hétérosexuel selon une étude publiée en juin 2007 par l’INVS, confirmée le 4 mars dernier par une autre étude du Mag. L’autre inquiétude qui peut survenir chez les parents de jeunes gay est l’homophobie. En effet, difficile d’imaginer son enfant recevoir des menaces, se faire insulter ou même subir une agression verbale ou physique à caractère discriminatoire. Par exemple, il n’est pas rare d’entendre des couples de femmes se plaindre de la lourde et malsaine insistance de certains hommes à leur égard, ou encore d’entendre un gay se faire traiter de « tapette » dans la rue. « Avec le temps et en grandissant on n’y fait plus attention, même si parfois c’est pesant » témoigne Lucie. Heureusement ce genre d’acte diminue et les mentalités évoluent, notamment grâce à la pénalisation de l’homophobie en 2004 en France, ainsi qu’à la création de la HALDE qui ont toutes deux servi à réduire les discours discriminatoires en les punissant sévèrement.
Des associations pour les jeunes homosexuels et leur entourage
Depuis plusieurs années maintenant, les associations luttant pour les droits des homosexuels fleurissent de toute part. La véritable notion de cause est née en 1968 à New-York, où suite aux nombreuses brimades infligées aux gays par la police, la population homosexuelle s’est rebellée. L’année suivante, une manifestation eut lieu en commémoration, marquant ainsi la naissance d’une nouvelle marche des fiertés : la fameuse Gay Pride qui a désormais lieu tous les ans dans les grandes villes d’Europe et d’Amérique du nord (voir historique ci-contre). Depuis, la cause homosexuelle a fait bien du chemin et a motivé la création de nombreuses associations (voir annexe en bas de page). En France, les centres LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transexuels) font partie des associations les plus actives dans la conquête de l’égalité pour tous. En plus d’être à l’écoute de ceux qui acceptent mal leur différence, les centres LGBT proposent souvent des activités, des débats, des sorties culturelles sur des thèmes touchant de près ou de loin à la question de l’homosexualité.