André Arthur
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André Arthur (Québec, 21 décembre 1943 – ) est une personnalité des médias et de la politique québécoise. Il a été animateur de radio et occupe présentement le poste de député indépendant représentant la circonscription de Portneuf—Jacques-Cartier à la Chambre des communes du Canada, depuis le 23 janvier 2006.
Surnommé « Le Roi Arthur »[1],[2], le controversé animateur a dominé les ondes de Québec durant un quart de siècle, trônant au sommet des cotes d’écoute partout où il est passé, de CHRC sur la bande AM, à CJMF sur la bande FM. Son influence est inégalée dans le milieu radiophonique de la capitale québécoise. Adulé par plusieurs, il a aussi beaucoup d’ennemis, comme en font foi les dizaines de poursuites — souvent pour diffamation —, intentées contre lui au cours de sa carrière. On lui attribue aussi la paternité d’une orientation de radio de ligne ouverte très contrôlante, plus agressive ou belliqueuse que celle de Montréal et spécifique à la radio de la ville de Québec. Ce style, popularisé depuis les années 1970, est qualifié depuis les années 1990 et 2000 de « radio poubelle », par ses détracteurs.
Biographie
Jeunesse
Né le 21 décembre 1943 de parents en provenance de Turquie, Arthur grandit dans un monde où règne la radio. Son père René Arthur (1908-1972)[3] et son oncle Gérard Arthur furent aussi animateurs de radio. Les deux arrivèrent à Montréal enfants, en provenance d’Istanbul, via New York, avec leur famille, qui portait alors le nom d’Isaakian (d’origine arménienne). Comme ce nom contenait le prénom hébreu Isaac, la famille se faisait souvent prendre pour des Juifs, à Montréal. Ils déménagent à Québec et prennent alors le nom à consonance française, qui était le prénom du grand-père d’André : Arthur Isaakian[4].
Carrière radiophonique
Après avoir été arbitre de sports à 17 ans[4], André Arthur entreprend des études en science politique à l’Université Laval[1], puis est fonctionnaire[4] lorsqu’il débute sa carrière à la radio, le 1er juillet 1970, à la station CHRC à Québec, en remplaçant temporaire de l’animateur du matin. Pour ne pas contrarier son père, ce n’est qu’après le décès de celui-ci (en 1972), qu’il se voue entièrement à la radio[4]. Il s’y présente comme un journaliste populiste « s’adressant à la basse-ville de Québec, opposée à la haute-ville, hautaine et bourgeoise[4] », émettant son opinion et l’imposant, « ayant le dernier mot, comme un arbitre de sport[4] ». Il est demeuré à l’antenne de CHRC jusqu’en 1982. Il passe ensuite chez la station rivale, CJRP 1060.
Le 8 mai 1984, avant de se rendre en direction du Parlement de Québec où s’ensuivra une tuerie sanglante qui à marqué l’histoire du Québec, le caporal Denis Lortie laisse à la station de radio où travaille Arthur une cassette audio destinée à ce dernier. Son équipe de production remet rapidement l’information aux policiers et, plus tard dans la journée, il fera la couverture de l’événement sur l’ensemble du réseau radio Radiomutuel.
Au cours des années, Arthur a acquis une grande popularité auprès des auditeurs de la Vieille Capitale, comme les sondages du Bureau of Broadcasting Measurement (BBM) le démontrent, et a reçu le surnom du « Roi Arthur ». Durant les années 1970, il a aussi animé le bulletin de nouvelles de Télé-4 à Québec en compagnie de Frank Fontaine.
En 1985, il achète la station CHRC où il a longtemps été animateur, ainsi que sa station-sœur d’alors, CHOI, en compagnie de trois hommes d’affaires.
En 1987, à la suite du décès de l’ancien journaliste et premier ministre du Québec René Lévesque, qui co-animait une émission en compagnie de Jacques Proulx à la station CKAC de Montréal, Arthur est recruté par cette station pour remplacer Lévesque, tâche qu’il acquitte en plus de ses émissions à CHRC.
En 1992, il est promptement engagé par CKVL, dans l’un des derniers actes de Jack Tietolman à titre de propriétaire du poste qu’il avait fondé. Arthur a été diffusé à Montréal sur les ondes de CKVL, mais l’auditoire qu’il recrute dans la métropole n’égala jamais celui qu’il possédait dans la Capitale.
Au début de 1995, les stations radiophoniques dont il est le co-propriétaire sont vendues à Télémédia. Plus tard au cours de la même année, après avoir fait part en ondes de son intérêt pour la conduite de véhicules, il est engagé à temps partiel à titre de chauffeur d’autocar par la compagnie Intercar, emploi qu’il occupe toujours.
À la fin de 1997, il quitte CHRC pour devenir le nouveau matinier de CKVL, en plus de continuer à y animer l’émission du midi (cette dernière étant désormais retransmise sur les ondes de CJMF-FM à Québec).
2001 à aujourd’hui
Le 15 octobre 2001, il est engagé à CJMS, une petite station de Saint-Constant dont le rayonnement déborde largement vers Montréal, afin d’y animer une émission du matin, ce qu’il fait à partir d’un studio aménagé dans sa maison en plus de ses émissions sur les ondes de CJMF-FM. Trois semaines plus tard, il est congédié par CJMF-FM, sous prétexte de commentaires désobligeants qu’il avait fait sur les ondes de cette station au sujet du matinier Robert Gillet. Ce dernier, en 2004, allait faire l’objet d’une condamnation criminelle liée au proxénétisme en lien avec l’affaire Scorpion, qui a entraîné un séisme politique dans la ville de Québec.
Il accepte, en juin 2002, que son émission matinale à CJMS soit diffusée en simultané sur les ondes de CIMI-FM. Quelques mois plus tard, il se fait engager par la station CKNU-FM de Donnacona, située à 40 kilomètres de Québec et diffusant dans tout l’ouest de la région de la Capitale-Nationale. Il y anime une émission du matin et une émission du midi. Son émission du matin fusionne quotidiennement le temps d’une demi-heure à celle de Jeff Fillion sur les ondes de CHOI-FM, la station-sœur de CKNU-FM.
Le 16 avril 2004, sa collaboration à l’émission de CHOI-FM prend fin, en raison de la volonté du propriétaire Patrice Demers de limiter l’impact des problèmes juridiques potentiels propres à une telle formule.
Au cours de l’hiver 2005, ses émissions ont été partiellement retransmises sur les ondes de WJCC, une station de Miami Springs (Floride, États-Unis), à l’intention des Québécois qui séjournent dans cette région durant la période hivernale.
Durant la période des fêtes 2005, il perd son micro à CKNU-FM et du même coup, par défaut, à CIMI-FM. Il n’y aura d’ailleurs plus vraiment d’animation sur les ondes de CKNU-FM (qui deviendra RadioX 2) pour plus d’un an. Arthur se retrouve donc à nouveau sans micro. Il continue cependant de pratiquer son hobby (aussi son gagne-pain) qui est de conduire des autocars.
Le 23 janvier 2006, il se présente aux élections fédérales dans la circonscription de Portneuf—Jacques-Cartier. Il est alors élu et devient le premier candidat indépendant à être élu depuis Tony Roman en 1984. Il marque aussi un nouvel épisode d’une série de changements d’allégeance du comté de Portneuf, qui est passée des bloquistes, aux libéraux et aux conservateurs.
À partir de juin 2007, il produit une chronique chaque jour de semaine pour le site Internet Radioreveil.com et éventuellement 9 stations de radio partout au Québec, dont CIMI-FM 103,7 (Québec), CHEQ-FM (Ste-Marie de Beauce), Génération Rock (Sherbrooke) et autres. Vers la fin août 2007, il commencera aussi la coanimation d’une émission animée par Marie St-Laurent sur les ondes de CHEQ-FM et en simultanée sur CIMI-FM. Ces deux projets seront cependant abandonnés par André Arthur le 17 septembre 2007.
Depuis novembre 2007, il anime les vendredis à la station de radio Internet RocKik.com.
Certaines rumeurs l’envoient maintenant de retour à son micro de CHRC, une station dont la vente à l’homme d’affaires Jacques Tanguay, à l’ami personnel d’André Arthur Michel Cadrin et à l’ex gardien de but Patrick Roy devrait bientôt être officialisée.
Il a animé une émission à TQS sur l’heure du midi jusqu’à l’été 2009. Il a fait plusieurs entrevues avec ses invités, comme par exemple le psychiatre Pierre Mailloux, le professeur de droit (à la retraite) de l’Université Laval Réjean Breton, le lutteur Jacques Rougeau, le professeur de psychoéducation de l’Université de Montréal Serge Larivée, l’animateur de radio (à la retraite) Gilles Proulx et le joueur de hockey professionnel Simon Gagné.
Peu importe le nom de son émission, André Arthur a toujours traité d’actualité et d’affaires publiques outre dans son émission du MIDI ou il a évolué dans un format magazine. Il a, à plusieurs reprises, fait appel à des collaborateurs spécialisés dans certains domaines, comme Roger-Luc Chayer dans le domaine de la communauté gay ou pour les actualités de Montréal (Voir la chronique Mourial sur les ondes de TQS à Le Midi avec André Arthur), Gaétan Hamel pour la botanique ou Jean-François Courteau pour l’informatique. Avec l’appui de son auditoire, qui respectait la maxime arthurienne « À la gang, on sait toute, suffit qu’on se parle! »
Carrière politique
Élection provinciale de 1994
En 1994, il se présente comme candidat indépendant dans son comté de Louis-Hébert à l’élection générale québécoise du 12 septembre 1994, recueillant 29 % des votes et finissant deuxième derrière le candidat péquiste Paul Bégin. Sa campagne électorale avait coûté un total de 1,88 $, soit un stylo et un carnet boudiné, qu’il utilisait en écrivant son nom et en donnant ces aides-mémoires aux électeurs.
Élection pour la mairie de Ste-Foy en 1997
En 1997, il se présente comme candidat à la mairie de l’ex-ville de Sainte-Foy — depuis fusionnée à la Ville de Québec — contre Andrée P. Boucher, afin de susciter la candidature de candidats indépendants aux postes de conseillers et de maire, l’opposition étant inexistante. Il a obtenu 33 % des votes.
Élection fédérale de 2006 et entrée aux Communes
André Arthur s’est porté candidat aux élections fédérales de 2006 en tant qu’indépendant dans le comté de Portneuf-Jacques-Cartier. Sa campagne électorale fut très modeste, sans affiches, ni publicités dans les médias. Il limite ses apparitions médias sur invitation et ne dépose un rapport de dépenses électorales pratiquement nul. Il affirme avoir dépensé au plus 1 000 CAD pour cette campagne. Il faut toutefois signaler qu’avant de se présenter officiellement, il a su profiter de son statut d’animateur-radio, particulièrement en décembre 2005, pour promouvoir sa possible candidature. et a profité ainsi d’une tribune radiophonique quotidienne dont le coût en termes de placements-médias aurait été très élevé.
André Arthur a été élu le 23 janvier 2006 avec 20 158 contre 13 094 pour le député sortant du Bloc québécois, Guy Côté.
Depuis son élection, André Arthur n’a pas dévié du style qui l’a rendu célèbre dans sa ville natale. Le 22 août 2006, pendant le conflit israélo-libanais de 2006, il déclare au Journal de Québec que les 15 500 Libanais qui ont été rapatriés au Canada profitent du système, ajoutant : « ils se servent de leur passeport canadien pour venir skier au pays ou y faire opérer une tante », et il déplore que les Québécois prennent toujours le parti des Arabes[5].
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe a porté un jugement sur le fait qu’André Arthur fait de la publicité pour certains commerces de la région de Québec. Pourtant, aucun règlement parlementaire n’empêche ce dernier d’exercer d’autres métiers pour avoir des revenus additionnels. André Arthur a mentionné lors de sa prestation au bulletin de nouvelles TVA 18 heures du 31 août 2006 que la publicité lui permettait de l’aider à défrayer les coûts des poursuites judiciaires qui sont intentées contre lui.
En mai 2007, André Arthur est intervenu en Chambre pour dénoncer la peine légère rendue contre le juge Yves Alain, qui avait reconnu sa culpabilité pour conduite en état d’ivresse avancée (avec un taux d’alcoolimie de 0,28). Le juge Alain a pu conserver son poste de juge, lui qui, avant tous ces événements, avait accordé 340 000 CAD à Sophie Chiasson, dans la poursuite qui l’opposait à CHOI, Jeff Fillion et autres.
Élection fédérale de 2008
André Arthur a annoncé le 30 novembre 2006 qu’il est atteint d’un cancer de la prostate, diagnostiqué au premier stade. Le cancer a été découvert dix jours auparavant lors d’un test de routine pour le dépistage du cholestérol ; il commença son traitement en décembre et n’entend pas abandonner son travail de député[6].
Son état de santé ne l’empêche pas de solliciter un second mandat à la Chambre des communes. Le du 14 octobre 2008, André Arthur est réélu lors de l’élection fédérale. Il obtient alors 15 062 voix, devançant le candidat du Bloc québécois, Richard Côté, qui récolte 14 401 votes. Fait notable, le Parti conservateur du Canada avait choisi de ne pas présenter de candidat dans cette circonscription.
André Arthur figure donc parmi les deux députés indépendants composant la Chambre, avec Bill Casey, du comté de Cumberland—Colchester—Musquodoboit Valley, en Nouvelle-Écosse.
En mars 2011, différents médias soulignent que, durant les derniers quatre ans, André Arthur était absent lors de 95 des 311 votes en Chambre, ce qui le classe au neuvième rang des députés les plus absents[7].
Opinions politiques
Les opinions politiques d’André Arthur se situent généralement à droite sur le spectre politique et il se considère comme étant un libertarien. Il s’oppose donc à l’intervention de l’État et aux taxes qu’il juge trop élevées à l’heure actuelle au Canada en général, et au Québec en particulier. Il s’oppose à ceux qui font la promotion de l’intervention de l’État et de ceux qui en profitent, selon lui, comme les syndicats. Grand admirateur des États-Unis, il soupçonne qu’il existe une prévalence de l’antiaméricanisme au Québec[8] qui, à l’image de l’appui à la cause palestinienne, résulte d’un racisme envers les anglophones plus ou moins camouflé.
André Arthur est un fervent fédéraliste, non pas du fait d’un attachement particulier au Canada, mais plutôt parce qu’il croit que l’indépendance entraînerait une augmentation du socialisme au Québec. Il est d’ailleurs blâmé par quelques analystes du Parti québécois comme étant l’un des artisans de leur défaite référendaire en 1995[réf. nécessaire].