Éditorial: Roger-Luc Chayer
On va encore dire que je me répète, je le sens, mais c’est plus fort que moi,
l’actualité est la même depuis des lustres et encore une fois, à l’Orchestre
Symphonique de Montréal, tout va mal et la tourmente règne alors que
l’on annonce l’arrivée d’un nouveau chef d’orchestre, Monsieur Kent
Nagano.
Kent Nagano
Non mais il a l’air très gentil ce nouveau chef, je dirais même qu’il est
certainement très compétent, personne ne peut remettre en question le talent
d’un si jeune chef et encore moins quand il commence un nouvel emploi à
la tête d’un orchestre qui a déjà eu la réputation d’être un des meilleurs au
monde. Seulement voilà, c’est mon coeur qui parle, mes trippes, j’aurais
simplement aimé qu’enfin, on donne le poste à un québécois.
Je sais, il s’agit d’un geste hautement raciste de ma part mais je le répète, à
quand des québécois en majorité à l’Orchestre Symphonique de Montréal?
Car il faut être raciste pour prendre la défense des québécois chez eux. Il
faut être raciste pour aimer les québécois et avoir assez de respect pour eux
pour questionner leur absence de leur orchestre national. L’absence de qué-
bécois dans cet orchestre est peut-être justement la conséquence du racisme.
Monsieur Dutoit, c’est connu, n’aimait pas les québécois. Il ne les aimait tel-
lement pas qu’il n’en voulait pas dans son orchestre. Un orchestre pourtant
subventionné par l’état et l’argent public. À une époque, on ne retouvait
tellement pas de québécois au sein de l’orchestre que les conférences
de presse se déroulaient… en anglais. Que Diable!?!
En mars 2005, longtemps après le départ forcé du maestro Dutoit «Off the
roof» comme diraient les américains dans une mauvaise traduction, la situa-
tion des québécois n’est pas tellement mieux. On ne compte actuellement
que 36 musiciens d’ici sur un total de 94, un scandale si on se fie aux normes
européennes qui imposent des quotas d’embauche de musiciens locaux
en échange de subventions de l’ordre de 40%-60%. Pour qu’un orchestre
puisse bénéficier des subventions de l’état, on doit compter un minimum
de 60% de musiciens locaux et gare à ceux qu ne respectent pas la règle! Pendant des années, même pour de simples remplacements, on levait le
nez aux musiciens locaux pour faire venir des États-Unis ou de la France
des musiciens de remplacement alors qu’ils ne possédaient aucun visa de
travail. Les musiciens classiques québécois sont pourtant excellents. En
Europe, on retrouve souvent des musiciens québécois aux postes de solis-
tes dans les orchestres comme celui du Grand Duché du Luxembourg, de
Monaco, de Nice, de Cannes ou de Toulouse. Ils ne sont tout simplement
pas assez bons pour ceux qui embauchent, ici, au Québec et ça, c’est du
racisme. Je le sais moi, avant d’être journaliste, j’ai été corniste d’orchestre
symphonique et devinez où j’ai réussi à jouer: Cannes, Nice, Toulouse,
Paris, mais jamais à Montréal. Bienvenue monsieur Nagano mais n’oubliez
pas que vous êtes ici au Québec, même si l’orchestre symphonique natio-
nal devrait porter le nom d’Orchestre Symphonique d’Ailleurs, l’OSA!