Posts Tagged ‘cameroun’

Cameroun : un homme accusé d’homosexualité pour… avoir bu du Baileys

Thursday, September 18th, 2014

Afrik.com

Boire du Baileys au Cameroun peut mener en prison. Un homme ayant consommé cette boisson jugée « féminine » l’a appris à ses dépens.

Au Cameroun, plus besoin de coucher avec une personne du même sexe pour être condamné à des peines allant jusqu’à cinq ans de prison, selon l’article 347 bis du code pénal camerounais. Boire du Baileys, une liqueur à base de whisky irlandais et de crème, suffit pour être jeté en prison, et ce, qu’on soit homosexuel ou non. En effet, ce stéréotype gay/lesbienne suffit à mettre un homme derrière les barreaux, explique Miche Togue, l’avocat camerounais d’un buveur de Baileys.

D’après l’avocat, sur une douzaine de clients accusés d’homosexualité, seuls quelques uns ont réellement été pris en train d’avoir une relation sexuelle, rapporte ThinkProgress. Au Cameroun comme ailleurs, il suffit qu’une personne soit accusée d’acte d’homosexualité pour qu’elle soit arrêtée.

« Un homme coiffeur ou une femme mécano risque gros au Cameroun », explique Michel Togue. Son client a été arrêté pour avoir commandé une boisson jugée trop « féminine ». D’après le juge, seule une femme aurait pu commander une telle boisson, le Baileys.

Cameroun : Roger Jean-Claude Mbédé, mort d’avoir été homosexuel

Sunday, February 23rd, 2014

France24

Il était devenu un symbole, à son corps défendant. Roger Jean-Claude Mbédé, condamné en avril 2011 à trois ans de prison pour homosexualité, est décédé le 10 janvier dans le petit village de Ngomou, près de Yaoundé, au Cameroun. Alors qu’il avait été libéré sous caution en 2012, son affaire, devenue emblématique pour les défenseurs des droits des homosexuels, devait être la première jugée par la Cour suprême. Pour l’une de ses avocates, l’homme de 35 ans, qui souffrait d’un cancer des testicules diagnostiqué en juillet 2013, est mort «séquestré» par sa famille.

Cameroun – Issa Tchiroma: «Les gays circulent en liberté»

Tuesday, July 23rd, 2013

Cameroon info

Faut-il y voir un signe? Le Ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, a réuni des journalistes vendredi soir dans son cabinet ministériel. «Je vous ai fait venir pour protester contre des médias internationaux qui muent par certains activistes, mènent une campagne savamment orchestrée. Et font état de la récurrence d’agressions et violences de tous ordres contre les homosexuels au Cameroun, sans que les autorités ne mènent des enquêtes conséquentes», a déclaré le Mincom. Il a dit que c’est une tentative insidieuse de la part de ces médias. Car, affirme le Ministre, «une telle situation prévalant au Cameroun n’est pas conforme à la réalité».

Selon Issa Tchiroma, «de nombreux homosexuels notoirement connus vivent et circulent en toute liberté au Cameroun, sans que ne soient organisées des battues ou des expéditions punitives contre eux». Il a ajouté qu’on peut remarquer que des activistes qui traitent de cette question ne sont jamais inquiétés. Ces médias ont, d’après Issa Tchiroma, fait un traitement tendancieux de la mort de Eric Lembembe, dont le Mincom dit qu’ «il est présenté comme un journaliste infographe et activiste pour la défense des droits des homosexuels».

Issa Tchiroma déplore toutefois les circonstances crapuleuses de ce décès tout en regrettant le traitement des radios et journaux internationaux, «qui ont tendance à trainer dans la boue l’image de marque de notre nation. Ils se livrent à un procès d’intentions, à la chasse aux sorcières».

Le Mincom a rappelé que les autorités judiciaires compétentes en la matière sont saisies de l’affaire. «Il faut attendre que la justice ait établi les faits. C’est inapproprié d’en parler avant. Nous ne pouvons pas interférer sur son travail», a conclu le Mincom.

Cameroun: renvoi du cas de trois hommes accusés d’homosexualité

Friday, July 19th, 2013

Google/AFP

YAOUNDE — Un tribunal de Yaoundé a reporté vendredi l’annonce de son verdict sur la culpabilité de deux hommes et d’un mineur accusés d’homosexualité, passible de cinq ans de prison au Cameroun, dans un climat de peur au sein de la communauté homosexuelle après le meurtre d’un militant des droits des gays.

La tribunal devait annoncer si les accusés étaient déclarés ou non coupables. “Le délibéré a été prorogé au mardi 23 juillet”, a déclaré à l’AFP un des avocats de la défense, Michel Ntogué. “Cela veut sans doute dire que le tribunal n’était pas encore prêt”, a-t-il ajouté, sans autre commentaire.

Les deux adultes poursuivis, Séraphin Ntsama et Joseph Omgba, sont en détention préventive à la prison centrale de Yaoundé depuis août 2011. Le mineur, un temps détenu, a ensuite été remis en liberté.

Le 10 août 2011, Joseph Omgba avait été arrêté à son domicile à Yaoundé alors qu’il était en compagnie d’une autre personne à qui il devait vendre une vidéo à caractère pornographique, selon ses avocats. Séraphin Ntsama et le mineur avaient été interpellés peu après dans les locaux de la police, lors d’une visite à Joseph.

Mercredi, lors d’une audience devant le tribunal, leurs avocats ont demandé la relaxe de leurs clients.

“Je vous prie d’ordonner la relaxe immédiate de nos clients pour qu’ils puissent retrouver la liberté et leur honneur”, a plaidé Me Alice Nkom, célèbre pour son engagement en faveur de la défense des homosexuels au Cameroun où les pratiques homosexuelles sont sévèrement réprimées par les tribunaux.

“Il n’y a rien dans le dossier. Ils sont détenus arbitrairement”, a estimé Me Nkom. Me Ntogué, lui aussi engagé dans le combat pour les droits des homosexuels, a demandé qu’ils soient “déclarés non coupables pour infraction non caractérisée”.

Le procureur de la République Maurice Soh a lui requis la condamnation de Joseph Omgba et du mineur. Il a laissé entendre que Joseph avait avoué avoir eu “une activité homosexuelle” par le passé, l’accusant également d’avoir tenté d’entretenir des rapports avec le mineur. Concernant le troisème accusé, il a estimé que les débats n’ont pas permis de “dire avec conviction qu’il avait une activité homosexuelle”.

“Nous avons tous peur”

“Nous avons tous peur”

Ce nouveau procès se déroule dans un climat délétère, quelques jours après le meurtre d’un militant des droits des gays, Eric Lembembe.

Il a été retrouvé mort à son domicile à Yaoundé après avoir subi de nombreuses tortures, avait annoncé mardi l’organisation Human Right Watch (HRW), dont il était “un proche collaborateur”.

Le ou les auteurs du meurtre n’ont pas été arrêtés pour le moment. Mais les avocates du militant, dont Me Nkom, ont accusé jeudi la police d’avoir bâclé l’enquête et de n’avoir “rien fait” pour collecter d’éventuels indices sur le corps supplicié.

“Personne (les policiers) n’a relevé le moindre indice. Personne n’a fait la moindre photo. Personne n’a relevé tout ce qui devait rester pour permettre une investigation sérieuse et crédible”, s’est indignée Me Nkom.

“(Cela) est totalement ahurissant et tue tout espoir de pouvoir retrouver les auteurs de ce crime odieux”, a-t-elle ajouté.

“Je suis également surprise qu’il n’y ait pas eu d’autopsie (…) On est dans l’indifférence totale”, a dénoncé l’autre avocate, Me Saskia Ditisheim, présidente de l’ONG Avocat sans frontières-Suisse (ASF-Suisse), qui séjourne actuellement au Cameroun.

De nombreuses ONG dénoncent régulièrement les arrestations et emprisonnements de personnes homosexuelles au Cameroun, de même que les nombreuses pressions et menaces à l’égard des défenseurs de leurs droits.

Résumant les sentiments qui animent la communauté gay, un militant, s’exprimant sous couvert d’anonymat pour des raisons de sécurité, témoigne: “nous avons tous peur pour nos vies parce que la menace est partout. Si des gens en arrivent à supprimer la vie à un individu (comme Eric), nous ne sommes pas à l’abri”.

Le Président Gambien aux homosexuels: «Si on vous prend, vous regretterez d’être nés»

Sunday, May 5th, 2013

Cameroon Info

Alors que le reste du monde débat sur le mariage des personnes du même sexe, le discours n’est pas le même en Gambie.

En fin de semaine dernière, devant le Parlement de Banjul, le président gambien, Yahya Jammeh, a exprimé son ressenti sur les homosexuels. Pendant son discours, il a déclaré officiellement que gays et lesbiennes ne sont pas autorisés à fouler le sol de la Gambie. Même traitement pour les touristes en vacances dans le pays.

Selon le président, les homosexuels seront immédiatement emprisonnés dans les prisons de femmes. Il ajoute que l’homosexualité est contraire à Dieu, que cela ne respecte pas les principes d’humanité et de civilisation. Il ajoute qu’il souhaite que beaucoup d’enfants naissent en Gambie et qu’il refuse l’homosexualité.

Enfin, il termine par une menace d’une extrême violence: «Si on vous attrape, vous regretterez d’être nés».

Le calvaire de deux jeunes homosexuels au Cameroun

Monday, July 23rd, 2012

LeMonde

Au Cameroun, comme dans 38 autres pays du continent africain, l’homosexualité est un délit. Vendredi 20 juillet, à Yaoundé, s’est tenue l’audience en appel de deux jeunes Camerounais, Jonas Singa Kumie et Franky Djome, respectivement âgés de 19 et 20 ans, accusés d’avoir eu des rapports sexuels ensemble.

La salle était comble, plus de 200 personnes étaient venues assister à ce procès. Plusieurs affaires civiles et pénales étaient appelées successivement. Franky et Jonas étaient assis au premier rang. Ils étaient menottés l’un à l’autre, chose peu courante en salle d’audience. Leurs juges se sont faits attendre ; ils sont finalement arrivés avec une heure de retard. L’audience a commencé à midi au lieu de neuf heures.

En novembre 2011, le tribunal de première instance d’Ekounou (Yaoundé) les avait condamnés pour “fait d’homosexualité” à cinq ans de prison ferme, la peine maximale pour ce type de pratique, assortie d’une condamnation au versement d’une amende de 200 000 FCFA, soit 300 euros. Depuis 1972, l’article 347 bis du code pénal camerounais stipule qu’“est punie d’un emprisonnement de six mois à cinq ans ferme et d’une amende de 20 000 à 200 000 FCFA [soit 30 à 300 euros] toute personne qui a des rapports sexuels avec une personne de son sexe”.

Les deux accusés séjournent en prison depuis leur arrestation fin juillet 2011, tandis qu’un troisième jeune homme, interpellé avec eux, a bénéficié d’une mesure de liberté provisoire parce qu’il a pu payer directement l’amende. Pour rappel, les trois hommes avaient été surpris alors qu’ils avaient des rapports sexuels à bord d’un véhicule sur la voie publique dans le quartier d’Essos à Yaoundé, dans la nuit du 26 au 27 juillet 2011.

DES CONDITIONS DE DÉTENTION SORDIDES

Le jugement est considéré comme particulièrement sévère par leur défense, qui estime que la décision a été “bâclée”. “La faute à l’acharnement d’un juge homophobe qui avait pris plaisir à s’attarder sur le détails des attouchements que les accusés pratiquaient, les perruques qu’ils portaient, et le Baileys qu’ils consommaient, une boisson jugée féminine”, déclare Saskia Ditisheim, présidente d’Avocats sans frontières Suisse (ASF), dont la mission est de couvrir chaque procès pour crime d’homosexualité au Cameroun. La décision est d’autant plus critiquée que les conditions de détention des prisonniers sont particulièrement sordides.

Jean-Claude Roger Mbede, un co-détenu des accusés, lui aussi condamné à trois ans de prison pour homosexualité en avril 2011, raconte comment, le 18 juin 2012, Francky Djome a été “passé à tabac par plusieurs gardiens de prison qui le traitaient de pédé parce qu’il avait des tresses sur le crâne”. Le jeune homme aurait ensuite été molesté pendant une quarantaine de minutes en même temps que les gardiens de prison lui rasaient le crâne, puis il aurait été “enchaîné une main au pied” avant d’être placé “assis à l’intérieur du caniveau d’où passent les crachats et toutes les autres immondicités du quartier des malades de la prison”. Il y serait resté toute la journée jusqu’à 17 heures sous le soleil, privé d’eau et de nourriture.

AMBIANCE TENDUE DANS LA SALLE

Saskia Ditisheim, qui plaide aux côtés d’Alice Nkom et Michel Togué, les avocats des deux accusés, est la première à prendre la parole durant l’audience du 20 juillet. Elle invoque les vices de forme, l’illégalité de l’article 347 bis (compte tenu du fait qu’il s’agit d’une ordonnance présidentielle), la violation des traités internationaux de l’article 1 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, du fait que tous les êtres humains naissent égaux en droit et en dignité.

Tollé général, la salle proteste et s’échauffe. Me Nkom plaide ensuite le délit de faciès et le fait que les accusés soient en prison “pour leur allure efféminée”. Elle se trompe volontairement et les nommant “ces deux jeunes filles”. Cette fois, la salle est prise d’un mouvement général de rire et l’atmosphère se décrispe un peu. La parole est ensuite donnée au représentant du ministère public qui s’insurge que l’“étrangère” qu’est la présidente d’ASF Suisse puisse “imposer son concept de dignité humaine”. “On ne peut tolérer que les hommes s’affichent ouvertement avec des hommes, et les femmes avec les femmes”, tance-t-il. Applaudissements dans la salle. Le juge décide finalement de  mettre son jugement en délibéré au 3 août.

UN DURCISSEMENT DES SANCTIONS EN PERSPECTIVE

Saskia Ditisheim espèrait beaucoup de cette audience en appel : “Notre but immédiat est que mes deux mandants puissent recouvrer la liberté dès que possible. Notre but ultime est la dépénalisation de l’homosexualité au Cameroun.”

Une dépénalisation qui semble pourtant loin d’être à l’ordre du jour, à l’heure où le gouvernement prépare la réforme du code pénal afin de “renforcer le délit d’homosexualité”, en faisant passer de 5 à 15 ans la peine de prison pour homosexualité en cas de “circonstances aggravantes”, affirme Me Alice Nkom, par ailleurs présidente de l’Association camerounaise pour la défense des droits des homosexuels (Adhefo). Les “circonstances aggravantes” concernent l’infraction d’homosexualité commise sur un jeune entre 16 et 21 ans, passible de 8 ans de prison, et celle commise sur mineur de moins de 16 ans et dont la condamnation oscille entre 10 et 15 ans d’emprisonement, le gouvernement n’hésitant pas à mettre sur un pied d’égalité homosexualité et pédophilie.

Les ONG sont de plus en plus nombreuses à se mobiliser pour la défense des droits des homosexuels en Afrique. En août 2010, Human Rights Watch (HRW) et Alternatives-Cameroun avaient demandé la dépénalisation des pratiques homosexuelles au Cameroun, invoquant les recommandations du Comité des droits de l’homme des Nations unies. En mars, Amnesty International (AI) a réitéré sa demande de libération des deux jeunes hommes. L’occasion de réclamer la fin des mises en détention “et autres formes de persécutions” contre les homosexuels dans ce pays. AI recense une centaine d’arrestations arbitraires d’homosexuels par an au Cameroun et 13 d’entre eux ont été emprisonnés depuis mars 2011. “L’utilisation de lois criminalisant des activités sexuelles privées entre adultes consentants va à l’encontre des lois internationales sur le respect des droits de l’homme que le Cameroun a ratifié “, souligne l’ONG.

http://www.gayglobe.us

Au Cameroun, Amnesty international veut la libération de deux jeunes homosexuels

Sunday, November 27th, 2011

RFI
Amnesty International exige la libération de deux jeunes gens condamnés le mardi 22 novembre 2011 à cinq ans de prison en raison de leur homosexualité. L’organisation de défense des droits de l’homme critique la façon dont le procès a été conduit et dénonce l’homophobie des autorités politiques camerounaises, en réclamant qu’elles revoient les lois qu’Amnesty juge discriminatoires.

Cameroun: Un maître-chanteur arnaque des gays sur internet

Tuesday, November 15th, 2011

Têtu.com
«Depuis quelques semaines, il prévaut dans la ville de Yaoundé au Cameroun un climat de peur et d’inquiétude parmi la communauté homosexuelle.» Le communiqué d’Alternatives Cameroun et Humanity First Cameroon résume ainsi l’impact des «guet-apens sur les sites de rencontre gay suivis d’arnaques», qui sont devenus «monnaie courante» et s’opèrent avec la «complicité de certains éléments des forces de l’ordre».

L’un des hommes qui sévit sur les sites de rencontre et les réseaux sociaux fait particulièrement parler de lui. «En octobre dernier, Alternatives Cameroun et Adefho (Association de défense de l’homosexualité) recevaient un courrier en signe d’alerte sur ce profil suspect, sur Gay Romeo. Nous avons immédiatement fait suivre à nos contacts locaux», indique Joseph, un militant de l’Adefho.

Harcelés et rackettés pendant des semaines
D’après le site de RFI, qui a rencontré plusieurs victimes, l’arnaqueur fixe rendez-vous «toujours à proximité d’un commissariat de police ou d’une brigade de gendarmerie pour mieux» piéger les gays. «Il se présente alors comme un officier de marine mandaté par les autorités et menace ses interlocuteurs de les dénoncer pour homosexualité (…) s’ils refusent de le payer».

C’est ainsi que le 8 novembre un jeune homme de 28 ans a été piégé, avant d’être libéré le lendemain avec l’aide de Humanity First Cameroon et d’Alternatives Cameroun. Mais pas seulement. Le maître chanteur a «signé un reçu attestant qu’il a perçu 70 000 francs CFA de la famille (de la victime), avec son nom et son numéro de carte nationale d’identité», assure Jules Charles Eloundou Atamba, président de Humanity First Cameroon.
«Plusieurs de ces victimes (…) racontent ainsi avoir été harcelées, rackettées, des semaines durant, par leur agresseur, poursuit RFI. Ce dernier opère, toujours selon des témoins, en complicité avec des gendarmes et des policiers pour les menacer de détention si ses victimes refusent de payer.»

Un profil de prévention
Les associations rapportent entre une dizaine et une vingtaine de gays qui ont été bernés et se sont manifestés. Humanity First Cameroon, qui répertorie et documente les cas, diffuse l’identité, la photo et les différents numéros de l’arnaqueur, et consacre ses séances de sensibilisation sur les dangers d’Internet à ses «pratiques infâmes». En outre, elle annonce qu’un homosexuel de Yaoundé a créé un profil de prévention sur «Planetromeo, site que fréquente la majorité des gays ici». Problème: «Il y a une bonne partie de gays qui ne viennent pas dans les associations, et aussi quand bien même vous les sensibilisez sur Internet, ils vous envoient balader», déplore Jules Charles Eloundou Atamba.

Alternatives Cameroun et Humanity First Cameroon appellent à l’«incarcération effective» des maîtres-chanteurs et demandent une nouvelle fois l’abrogation de l’article 347 bis du code pénal», qui rend l’homosexualité passible de cinq ans de prison, favorisant de fait les «abus».

Cameroun : invasion gay, faut-il fermer les frontières ?

Friday, November 4th, 2011

Afrik.com
Après le « famlâ »*, le « kôn », les « mammy-wata », les sectes ésotériques, les pactes avec les entités mystiques, l’homosexualité est devenue une source d’explication de la richesse. Les Camerounais ne sont pas systématiquement homophobes, mais la théorie du complot est une constante dans leur culture. Plus qu’une constante, elle est une fonction.

Ainsi l’homosexuel est-il davantage un bouc émissaire. Le Cameroun, pour reprendre l’expression de Pierre Prier (Figaro.fr), n’est pas plus « noyauté » par les sectes que le Congo Démocratique, la France ou les Etats-Unis d’Amérique par exemple. On a vécu paisiblement durant de nombreuses années sans s’émouvoir ni de leur criminalisation dans le code pénal ni de leur présence parmi nous. Depuis le scandale médiatique créé par la publication dans une certaine presse des listes d’homosexuels, certaines personnes se sont curieusement radicalisées. Les Camerounais vivent-il en dehors du temps et de l’espace, au point de vouloir dire à notre époque « vade retro ! » ?

En réalité, qu’est-ce qui choque tant dans cette affaire ? La rencontre de deux plaisirs, la sexualité de deux adultes éclairés, quand au même temps, les partouzes se banalisent, et la sodomie se pratique couramment en dépit de la loi ? Les amalgames naissent de la faiblesse de l’argumentaire homophobe, l’on invoque les pratiques mystiques, comme si celles-ci n’avaient pas cours dans les relations hétérosexuelles ; l’enrichissement rapide qui est le plus sûr indicateur de corruption et de détournement de fonds publics trouve subitement sa genèse dans l’homosexualité.

On accuse la mondialisation, en jurant par tous les dieux que c’est une maladie bien occidentale que cette homosexualité : la belle blague ! Le « mevungu » des Pahouins et le « ko’o » des Bassas (Charles GUEBOGUO, 2006) ne sont ils pas des cérémonies initiatiques à caractère homosexuel ? Les conceptions chrétiennes et le code napoléonien condamnaient sans nuances ces pratiques, si cette « maladie » est donc importée d’Occident, les outils de sa répression également nous sont fournis par eux, ce ne sont pas nos traditions qui nous ont dicté cette fermeté vis-à-vis de cette pratique, puisque, à en croire certains, cela n’existait pas jadis.

En conséquence c’est aujourd’hui seulement que nous pouvons nous faire notre idée sur le sujet, sauf à dire que cela n’existe toujours pas. Dans dix ans, il s’en trouvera toujours des phénomènes pour vous expliquer que l’homosexualité féminine ou, plus graves, la pédophilie et l’inceste, dans les années 2000, ça n’existait pas au Cameroun.

C’est d’autant plus prévisible que la confusion entre homosexualité et pédophilie par exemple est régulièrement faite dans les médias les plus sérieux. L’invasion gay a commencé timidement : ils sont là, ne demandent ni à se marier, ni à adopter des enfants, ni à parader gaiement le 20 mai, ils vivent leur vie en somme, en plus on a l’assurance qu’ils ne peuvent pas se féconder entre eux. Malgré tout, cela a visiblement le don d’empêcher le législateur camerounais de dormir sur ses deux oreilles.

De Gaulle, les éthnies et la tolérance

Quel est aujourd’hui l’apport du Cameroun dans le concert des nations ? De quel message spécifique pouvons-nous nous déclarer porteurs ? Si cette question brûle les lèvres, c’est bien parce que c’est celle dont la réponse est la plus évidente pour tous. Le Cameroun est porteur d’un message d’espoir et de tolérance. Il n’est que de voir :
- 1 – Le règlement du différend frontalier camerouno-nigérian. Auraient-ils été des démocrates convaincus que personne n’aurait rien trouvé à redire si les présidents de ces deux pays avaient été récipiendaires du prix Nobel de la Paix.
- 2 – Depuis son accession à l’indépendance, le Cameroun n’a jamais connu de gouvernement militaire. Pourtant, et pour cause, il y a eu des contestations politiques fortes, notamment au milieu des années 80 et dans les années 90.
- 3 – La juxtaposition pacifique de toutes les grandes religions et les moins grandes sans qu’il y ait motif à déclarer des guerres saintes ou la cohabitation harmonieuse de sa foultitude d’ethnies. Les dérives tribalistes existent indubitablement, et continueront d’exister aussi longtemps qu’il y aura des tribus. La solution la plus originale à ce sujet a été proposée par une femme qui a renoncé à se présenter aux dernières présidentielles, Marie-Louise Otabela, qui suggère de détribaliser le Cameroun, c’est-à-dire, pour paraphraser Fichte, de couper leur tête à tous les Camerounais par une belle nuit de Saint Sylvestre, et d’en mettre à la place une autre où il n’y ait plus aucune idée tribale.

Au sujet de la France, De Gaulle aurait, dit-on, demandé un jour comment était-il possible de gouverner un pays qui comptait 258 variétés de fromage. Encore heureux ! S’il avait été camerounais, quel sort eût-il réservé à nos centaines de langues, pour gouverner au mieux ? Faudrait-il éclater notre pays en 258 parties correspondant aux groupes ethniques qui la composent ?

Maitre Nkom n’est pas seule

Le Cameroun doit rester un pays tolérant, garant des droits des minorités, des faibles, des victimes. Les homosexuels ne sont pas des délinquants. Il y a une parenté de valeurs entre les combats des associations qui défendent les prostituées et celles qui voudraient aider à une meilleure socialisation des homosexuels. Dès lors les attaques dont maître Alice Nkom a été victime sont d’une bassesse et d’un pathétique… ! Ni elle, ni moi-même ne tombons sous le coup de la loi camerounaise, qui en son article 267 condamne l’apologie de certains crimes et de certains délits.

L’argumentaire homophobe, en l’espèce, s’était réduit en la diabolisation des FCFA 200 millions que l’Union Européenne avait accordé à un collectif d’associations. Le contexte préélectoral a peut-être joué dans l’engagement du ministre des relations extérieures, dont le gouvernement avait pourtant stigmatisé ceux qui quelques années plus tôt (2006) s’étaient livrés à la divulgation des orientations sexuelles de certaines personnalités. Le ministre des relations Extérieures avait estimé que « Le peuple camerounais n’est pas prêt, ni disposé à aller dans le sens du développement de ces pratiques sur son territoire ». Défendre des faibles, revient-il à promouvoir l’homosexualité ? Quelque chose dans cette comédie passe l’entendement. L’on a même été, c’est vrai, jusqu’à déplacer le problème et à poser la légalité de ce financement, étant entendu que la loi camerounaise de 1990 sur les associations, interdit à celles-ci de recevoir des dons. Une disposition qui à force d’être transgressée a pourtant fini par faire croire que l’erreur commune faisait le droit.

Entre hypocrisie et lâcheté

Les plus homophobes qui sont souvent de grands fans de football ne se sont jamais émus de ces effusions à la limite de l’indécence, qui tranchent d’avec la retenue caractéristique de « l’homme africain » (en supposant qu’il existe une caractériologie qui leur soit typique), même dans la victoire. Ces débordements n’ont jamais scandalisé personne. On trouve acceptables les tapes appuyés de tel coach sur l’arrière-train d’Eto’o Fils, les étreintes fusionnelles sur le terrain avant le match ou pour célébrer un but, les baisers sur le crâne, les tempes, et, accidentellement on veut bien le croire, sur la bouche, la nudité dans les vestiaires, la proximité permanente dans les chambres d’hôtel, les massages thérapeutiques dans des zones fortement érogènes. Ah bien sûr il n’y a rien de sexuel ! La sexualité c’est dans le lit, entre quatre murs, dans le noir. Alors pourquoi braquer les lumières du code pénal sur ces « pratiques » ?

Les diplomates, les touristes et les visiteurs étrangers au Cameroun qui seraient gays ne devraient-ils pas en toute logique être interdits de séjour ? La loi veut-elle dire que l’homosexualité est tolérée tant que personne ne le sait ? Les homosexuels au Cameroun se comportent en coupables, tant l’image que l’on a de soi dans une société est surtout le reflet de ce que renvoie l’entourage. Il y a peu de peuples au monde qui aient jamais unanimement accepté cela, alors il convient sinon de dépénaliser l’homosexualité, d’accepter que ceux-ci puissent être secourus et défendus. On entend ici et là que ce ne sont pas des « gens normaux » : depuis quand met-on en prison des gens qui ne sont pas « normaux » ?

*famla (fam+ la) = plantation du village. Famla signifierait donc dans certaines langues du groupe ethnique bamiléké le travail de la plantation ( ?) Le famla serait une pratique maléfique bamiléké qui consiste à transformer des personnes en forçats inconscients,en main-d’œuvre servile, docile et gratuite dans « les plantations du village ». Le kôn peut être considéré comme l’une de ses variantes en pays bassa. Les mammy-wata (étymologiquement mère des eaux) sont des espèces de sirènes, chez les peuples côtiers (Kribi) qui inondent de richesses ceux dont elle s’éprend…Tous ont ceci de commun qu’ils désignent ou expliquent un enrichissement rapide et facile.

Cameroun: Quatre nouvelles arrestations pour homosexualité

Sunday, September 25th, 2011

Les arrestations pour ho- mosexualité continuent au Cameroun. Après les trois hommes arrêtés le mois dernier, quatre nou- velles personnes soupçon- nées d’être homosexuelles ont été inculpées à Yaoun- dé, a affirmé samedi leur avocat. «Tous les quatre ont été écroués vendredi après leur inculpation», a déclaré à l’AFP Me Michel Togué. «Le motif d’homo- sexualité a été retenu pour les quatre», a-t-il ajouté.
La législation camerou- naise interdit les prati- ques homosexuelles. De fait, toutes les personnes arrêtées et inculpées ris- quent jusqu’à cinq ans de prison ferme. Selon des militants gais, le gouver- nement camerounais pré- pare une réforme de sa législation pénale pour durcir la répression des pratiques homosexuelles considérées comme un délit dans le pays.

Homosexualité : le Cameroun défend ses « valeurs spécifiques »

Tuesday, September 20th, 2011

Mutations
Les autorités camerounaises ont réaffirmé mardi dernier à Yaoundé au cours d’une concertation avec l’Union européenne (UE) leur préoccupation pour le respect de l’intérêt national, du droit à la différence et « les valeurs spécifiques de la société camerounaise » au sujet de l’homosexualité.

Celle-ci a récemment provoqué une crise diplomatique entre les deux parties. Fin 2010, la délégation de l’UE au Cameroun avait accordé un financement estimé à 200 millions de francs CFA (400.000 USD) en faveur d’associations dites de défense des droits des homosexuels qui, selon ces associations, souffrent de marginalisation et de répression. Un acte qui avait valu à l’ambassadeur et chef de la délégation de l’UE, Raul Mateus Paula, d’être convoqué pour explications au ministère des Relations extérieures.

« Nous avons par le passé eu l’occasion de passer le message du gouvernement. L’Union européenne a eu l’occasion de donner des précisions sur l’approche et les actions spécifiques qu’elle entendait soutenir en termes des droits des personnes. L’essentiel est de retenir qu’en ce qui concerne la position camerounaise, la législation camerounaise demeure valide et ce sont ces rappels qui ont pu être faits », a affirmé mardi le ministre des Relations extérieures, Henri Eyébé Ayissi.

D’après lui, « comme par le passé, c’est l’intérêt national et même le droit à la différence et au respect des valeurs spécifiques de la société camerounaise que nous avons eu l’occasion de mettre en avant ». « Nous avons considéré, a-t-il cependant ajouté, qu’il est important que dans ce domaine le dialogue se poursuive dans la connaissance précise des positions des deux parties ».

Les deux parties se sont rencontrées dans le cadre d’une session annuelle du dialogue politique structuré inspiré par l’Accord de Cotonou de 2004 entre l’UE et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Au menu, cette question de soutien de l’UE à l’homosexualité, puis la sécurité dans le golfe de Guinée, les migrations et la présidentielle du 9 octobre au Cameroun.

« C’est une question qui a émaillé l’actualité camerounaise. C’était aussi l’occasion de discuter de ce point de vue-là, de rappeler les positions de l’Union européenne, les positions du Cameroun et de dissiper des malentendus, notamment sur le fait que l’Union européenne défend les droits de l’homme, y compris les droits des prisonniers, la dignité des personnes », a reconnu Mateus Paula.

« C’est le cas des homosexuels comme c’est le cas de n’importe quel être humain. Nous avons discuté, nous avons pris acte donc des positions respectives », a-t-il précisé. En marge des négociations ACP-UE, les pays africains avaient déjà mis un veto à la révision des accords par rapport à ce sujet qui fâche, a rappelé le ministre Eyébé Ayissi face à la presse.

Il a, en effet, insisté sur « la nécessité de respecter les valeurs culturelles africaines, l’intérêt national et d’inscrire les évolutions au Cameroun au rythme que la société permet d’enregistrer et de considérer comme fondamental un certain nombre de positions, comme celle concernant l’homosexualité qui, en ce moment, n’est pas tolérée, n’est pas validée ni par la législation, ni par l’opinion publique dominante ».

« Le débat sur la protection des minorités, a-t-il martelé, est d’un autre registre, mais au Cameroun la législation demeure, la répression n’a pas été renforcée, mais nous souhaitons d’abord voir respecter la loi dans ce domaine, par les citoyens camerounais et par les étrangers. Au niveau international, c’est la position que nous réaffirmons ».

Au Cameroun, le ciel tombe sur la tête des homos

Monday, September 5th, 2011

Slate Afrique
C’est dans la nuit du 26 juillet 2011, à Essos, un quartier populaire et animé de la capitale camerounaise, que deux hommes, 19 et 22 ans, sont arrêtés en compagnie d’un troisième, plus âgé. Ils rentrent en voiture, après avoir vidé quelques verres à la terrasse d’un bar. Selon la police, les trois compagnons auraient été surpris pratiquant un rapport sexuel à bord de leur véhicule. D’après des associations de défense du droit des minorités sexuelles saisies du dossier, l’allure très «féminisée» des deux plus jeunes —maquillage et coiffure— aurait justifié leur arrestation lors d’un contrôle de police. Ils sont conduits au commissariat, gardés à vue jusqu’au 1er août, date de leur déferrement devant le procureur de la République.

D’après ces mêmes associations, ils auraient été battus et livré des aveux sous la contrainte. Le procureur délivre alors un mandat de détention provisoire contre les deux garçons, tandis que leur coaccusé sur qui pèse également une accusation de tentative de corruption est, lui, libéré, officiellement pour problème de santé. Pour Maître Alice Nkom qui assure la défense de ces jeunes hommes, l’affaire serait émaillée de violations de droit susceptibles d’annuler la procédure:

«Les faits se sont passés le 26 juillet. Ils ont été déférés au Parquet le 1er août. Donc ils sont restés en garde à vue dans les locaux de la Police judiciaire du 26 au 1er août alors que la garde à vue est de 48 heures. Mais en plus, elle n’était pas justifiée parce que le texte prévoit qu’il n’y a pas de garde à vue lorsqu’il y a un domicile connu.»

Maître Nkom ne souhaite pas s’appesantir sur les conditions de détention de ses clients, ses «enfants» comme elles les appellent affectueusement. Une chose est sûre: il ne fait pas bon être incarcéré pour homosexualité dans un univers pénitencier tristement célèbre pour sa surpopulation et sa violence. L’avocate préfère jouer la carte de l’optimisme sur l’issue du procès pour cause de dossier vide, assure-t-elle.

Le 23 août, les deux hommes sont présentés devant le Tribunal de Première instance d’Ekounou, sur les hauteurs de Yaoundé. Le juge doit se prononcer sur leur demande de mise en liberté provisoire. La presse camerounaise n’a que succinctement relaté l’affaire, pourtant ils sont une bonne centaine de journalistes à attendre aux abords du palais de Justice. Ils sont venus «les» voir comme pour mettre un visage sur ce qui est considéré par la grande majorité de la population, au mieux comme une maladie de blancs, au pire comme une pratique diabolique ou un outil de promotion sociale. Les deux hommes sont escortés par leurs gardiens jusque dans la salle d’audience. Ils arrivent dans le box des accusés, sous les regards du public. Le visage poupon, minces tous les deux, vêtus de jeans, chemise claire pour l’un, débardeur violet pour le second. Le verdict tombe: ils retourneront en prison et attendront leur procès derrière les barreaux. Leur demande est rejetée au motif de «garantie de représentation insuffisante».
Arbitraire et homophobie

Le vendredi 26 août 2011, RFI faisait savoir que quatre autres personnes avaient été arrêtées le 10 août, inculpées pour homosexualité. Ce qui porte à sept le nombre d’interpellations pour le même motif en un mois. Pour les associations de défense des droits des minorités sexuelles, il ne fait pas de doute que cette nouvelle affaire est une énième arrestation arbitraire. Le Cameroun en totaliserait chaque année près de 200. Les interpellations se font dans les rues, aux terrasses de bar prétendument gay ou encore sur dénonciation. L’acte restant évidemment difficile à prouver hors flagrant délit, de nombreux prévenus seraient jugés coupables après des aveux obtenus par la force, selon les associations militantes qui dénoncent inlassablement le climat de violente homophobie entourant ces affaires.

Le Collectif constitué des Adolescents contre le sida (Sid’ado), l’Association pour la défense des homosexuel-le-s (Adefho) et des familles d’enfants homosexuels (Cofenho) va plus loin, et considère illégal le fameux article 347 bis du code pénal qui punit l’homosexualité. Maître Alice Nkom, par ailleurs fondatrice de l’Adhefo souligne les contradictions du système camerounais:

«Lorsque le Cameroun a signé un traité, une convention qui dit “zéro discrimination” on ne doit pas pouvoir trouver une loi interne qui établit une discrimination dans son libellé. Cet article lui-même est irrégulier et il viole des dispositions qui lui sont supérieures.»

Des lendemains sombres

Les militants de la cause homosexuelle tirent par ailleurs la sonnette d’alarme à propos du code pénal camerounais en préparation. Stéphane Koche est le vice-président de l’Adhefo:

«Dans l’alinéa 2 (l’alinéa 1 reprend le texte actuel, ndlr) l’homosexualité est punie d’une peine de prison allant jusqu’à 10 ans, si l’acte est commis sur un mineur dont l’âge est compris entre 16 et 21 ans. L’alinéa 3 prévoit jusqu’à 15 ans de prison et une amende de 2 millions de francs CFA (3000 euros) si l’infraction est commise sur un mineur de moins de 16 ans. L’article qui suit immédiatement (347.2) intitulé pédophilie reprend in extenso l’alinea 3 de l’article 347.1. Il y a un amalgame entretenu, volontaire, des autorités en charge de cette réforme entre la pédophilie et l’homosexualité.»

Maître Alice Nkom a également fait part de ses craintes concernant une recrudescence des arrestations en cette période préélectorale propice à contenter la population, majoritairement homophobe.

De leurs côtés, les autorités continuent d’affirmer que le peuple n’est pas prêt à accepter ces pratiques. La Commission nationale des droits de l’homme et des libertés tient à peu de mots près, le même langage tout en assurant néanmoins s’assurer du respect des procédures.

Rappelons que selon la législation actuelle, les rapports sexuels entre personnes de même sexe sont punis de six mois à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de 20.000 à 200.000 francs CFA (entre 30 et 300 euros). Ce sont les peines encourues par les «présumés homosexuels» qui se présenteront le 27 septembre 2011 au tribunal. Ils ont plaidé non coupables.

La demande de mise en liberté provisoire des deux homosexuels en délibéré au 23 août

Tuesday, August 23rd, 2011

e-ilico

La demande de mise en liberté provisoire des deux homosexuels camerounais qui sont en prison depuis le 26 juillet et attendent d’être jugés a été mise en délibéré au 23 août parle tribunal d’Ekounou à Yaoundé.

Deux jeunes hommes emprisonnés pour homosexualité dans l’attente d’être jugés

Selon la police, trois hommes ont été surpris pratiquant des rapports sexuels dans un véhicule au quartier Essos à Yaoundé. Selon l’acte d’accusation lu au tribunal, ils auraient “dans la nuit du 26 au 27 juillet, eu des rapports sexuels avec des personnes de même sexe (qu’eux)”. L’un d’entre eux a été remis en liberté provisoire.

Les trois hommes risquent jusqu’à cinq ans de prison, la législation
camerounaise interdisant les pratiques homosexuelles. Deux des trois prévenus ont comparu pour la deuxième fois jeudi au tribunal d’Ekounou à Yaoundé. Le troisième, en liberté provisoire, n’était pas présent à l’audience de jeudi.

Les deux prévenus présents jeudi ont plaidé non coupables bien qu’ayant “plaidé coupables le jour de leur déferrement” tandis que le troisième avait plaidé non coupable, a rapporté le Procureur de la République ajoutant que la comparution des policiers qui ont interpellé les prévenus sera “indispensable” pour juger cette affaire.

“Les violations qui ont émaillé la procédure auraient dû entraîner sa
nullité”, a affirmé à l’AFP Me Alice Nkom, avocate de deux des prévenus (photo). Elle a notamment cité la violation de la durée de garde à vue qui est de “48h” alors les prévenus ont été gardés à la “police judiciaire” du 27 juillet au 1er août.

En août 2010, l’ONG américaine Human rights watch et l’ONG camerounaise Alternatives-Cameroun avaient demandé la dépénalisation des pratiques homosexuelles au Cameroun, invoquant les recommandations du Comité des droits de l’homme des Nations unies. Selon ce comité, la criminalisation de l’homsexualité “viole les droits à la vie privée et à la liberté de ne pas être discriminé.

Le ministre camerounais des Relations extérieures Henri Eyebe Ayissi, avait affirmé en janvier à Cameroon Tribune que “Le peuple camerounais n’est pas prêt, ni disposé à aller dans ce sens du développement de ces pratiques (homosexuelles) sur son territoire”.

(Source AFP)

Homosexualité: Ouverture du procès de deux jeunes au Cameroun

Thursday, August 18th, 2011

Journal du Cameroun

Ils sont jeunes et homosexuels. Les dénommés Franky et Jonas deux jeunes camerounais, ont été surpris et arrêtés lez 25 juillet dernier dans une voiture garée devant une boite de nuit de Yaoundé, la capitale du pays. L’ouverture de leur procès c’est ce jeudi. Si le flagrant délit est constaté, les deux jeunes âgés respectivement de 20 et 19 ans, encourent une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison ferme. Leur situation inquiète aujourd’hui Amnesty International qui dans un communiqué en date du 15 août dernier, a demandé aux autorités camerounaises qu’elles relâchent les deux jeunes hommes. «Étant donné le degré élevé d’homophobie toléré par les pouvoirs publics au Cameroun, les personnes arrêtées en vertu de cette loi risquent d’être agressées et soumises à d’autres formes de mauvais traitements par leurs codétenus ou par les autorités carcérales en raison de leur orientation sexuelle présumée», a déploré Erwin Van Der Borght, directeur du programme Afrique d’Amnesty International. Une requête qui sera difficile à satisfaire. Les deux jeunes hommes sont aujourd’hui inculpés au titre de l’article 347a du Code pénal camerounais, qui érige en infraction les actes sexuels entre personnes du même genre. Une situation que déplore Amnesty international. « Le Cameroun doit abroger cette loi draconienne. En arrêtant des personnes au seul motif de leur orientation sexuelle présumée, le gouvernement camerounais viole de manière flagrante les traités internationaux en matière de droits humains qu’il a signés ou ratifiés » peut-on lire dans le communiqué.

Pour les deux jeunes inculpés, leur condamnation sera une simple formalité. Plus que la loi, la société camerounaise dans son immense majorité est radicalement homophobe. « Si ce n’est pas le diable lui-même qui pousse ces gens là c’est quoi ? Il faut être possédé pour se livrer à de telles pratiques », déclare Eric, un jeune cadre interrogé sur le sujet. Ce qui est frappant dans cette nouvelle histoire, c’est l’âge des prévenus. Malgré les dénonciations, malgré les stigmatisations, le nombre d’homosexuels découverts au Cameroun semble croitre. Pire, la pratique semble gagner les plus jeunes. Les politiques et l’ensemble de la société camerounaise se refusent à tout débat ouvert sur le sujet. Pourtant, un fait demeure constant, au nom de leur orientation sexuelle, les adeptes de cette pratique encourent un bannissement qui ne dit pas son nom au sein de la société. Dans les cellules de prisons, ils sont très souvent maltraités et pourtant leurs crimes sont parfois moins dommageables pour la société que celui des détourneurs de fonds publics ou des meurtriers. Une situation que craint Amnesty International. En mars 2011, le dénommé Jean-Claude Roger Mbede a été condamné à 3 ans de prison après avoir envoyé des SMS tendancieux à un homme de sa connaissance. Il purge actuellement sa peine à la prison centrale de Kondengui, dans des conditions difficiles. Selon certaines informations rapportées par Amnesty, la santé physique et mentale de Jean-Claude Roger Mbede se serait dégradée.

Le gouvernement camerounais se refuse aujourd’hui à reconnaitre l’homosexualité comme un choix possible de la personne humaine. La société tolère encore des unions incroyables entre des personnes âgées et des mineures. Des arrestations, détentions et procès d’hommes homosexuels et de personnes soupçonnées d’être homosexuelles ont lieu fréquemment en vertu de l’article 347a du Code pénal camerounais. Mais la position des décideurs est difficile à cerner aujourd’hui. Il y a quelques années, lorsque des personnes haut placées dans l’appareil étatique avaient été citées dans une affaire d’homosexualité, l’affaire avait viré au scandale socio-politique. Evoquant le sujet, le président Biya avait fait savoir que c’était des questions relevant de la vie privée. Récemment par contre, le gouvernement camerounais avait rappelé à l’ordre l’Union Européenne. Sa représentation camerounaise avait octroyé un financement de près de deux cent millions de FCFA pour assurer la garantie des droits des homosexuels lorsqu’ils sont devant des juges ou dans les prisons. Si l’article 347a est en vigueur depuis 1972, cela fait seulement quelques années qu’elle est appliquée avec grande force. Paradoxalement, cela coïncide aussi avec une augmentation de sa pratique dans la société et surtout parmi les plus jeunes.