Homosexualité : le Cameroun défend ses « valeurs spécifiques »

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Les autorités camerounaises ont réaffirmé mardi dernier à Yaoundé au cours d’une concertation avec l’Union européenne (UE) leur préoccupation pour le respect de l’intérêt national, du droit à la différence et « les valeurs spécifiques de la société camerounaise » au sujet de l’homosexualité.

Celle-ci a récemment provoqué une crise diplomatique entre les deux parties. Fin 2010, la délégation de l’UE au Cameroun avait accordé un financement estimé à 200 millions de francs CFA (400.000 USD) en faveur d’associations dites de défense des droits des homosexuels qui, selon ces associations, souffrent de marginalisation et de répression. Un acte qui avait valu à l’ambassadeur et chef de la délégation de l’UE, Raul Mateus Paula, d’être convoqué pour explications au ministère des Relations extérieures.

« Nous avons par le passé eu l’occasion de passer le message du gouvernement. L’Union européenne a eu l’occasion de donner des précisions sur l’approche et les actions spécifiques qu’elle entendait soutenir en termes des droits des personnes. L’essentiel est de retenir qu’en ce qui concerne la position camerounaise, la législation camerounaise demeure valide et ce sont ces rappels qui ont pu être faits », a affirmé mardi le ministre des Relations extérieures, Henri Eyébé Ayissi.

D’après lui, « comme par le passé, c’est l’intérêt national et même le droit à la différence et au respect des valeurs spécifiques de la société camerounaise que nous avons eu l’occasion de mettre en avant ». « Nous avons considéré, a-t-il cependant ajouté, qu’il est important que dans ce domaine le dialogue se poursuive dans la connaissance précise des positions des deux parties ».

Les deux parties se sont rencontrées dans le cadre d’une session annuelle du dialogue politique structuré inspiré par l’Accord de Cotonou de 2004 entre l’UE et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Au menu, cette question de soutien de l’UE à l’homosexualité, puis la sécurité dans le golfe de Guinée, les migrations et la présidentielle du 9 octobre au Cameroun.

« C’est une question qui a émaillé l’actualité camerounaise. C’était aussi l’occasion de discuter de ce point de vue-là, de rappeler les positions de l’Union européenne, les positions du Cameroun et de dissiper des malentendus, notamment sur le fait que l’Union européenne défend les droits de l’homme, y compris les droits des prisonniers, la dignité des personnes », a reconnu Mateus Paula.

« C’est le cas des homosexuels comme c’est le cas de n’importe quel être humain. Nous avons discuté, nous avons pris acte donc des positions respectives », a-t-il précisé. En marge des négociations ACP-UE, les pays africains avaient déjà mis un veto à la révision des accords par rapport à ce sujet qui fâche, a rappelé le ministre Eyébé Ayissi face à la presse.

Il a, en effet, insisté sur « la nécessité de respecter les valeurs culturelles africaines, l’intérêt national et d’inscrire les évolutions au Cameroun au rythme que la société permet d’enregistrer et de considérer comme fondamental un certain nombre de positions, comme celle concernant l’homosexualité qui, en ce moment, n’est pas tolérée, n’est pas validée ni par la législation, ni par l’opinion publique dominante ».

« Le débat sur la protection des minorités, a-t-il martelé, est d’un autre registre, mais au Cameroun la législation demeure, la répression n’a pas été renforcée, mais nous souhaitons d’abord voir respecter la loi dans ce domaine, par les citoyens camerounais et par les étrangers. Au niveau international, c’est la position que nous réaffirmons ».

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Roger-Luc Chayer Journaliste et éditeur de Gay Globe TV et de la Revue Le Point
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