L’Union
Créée en 1995 pour proposer une écoute aux personnes concernées par le sida, l’association risque de cesser d’exister, à défaut de bénévoles.
«CE qui arrive, c’est que cette association va, je crois, clore ses activités en fin d’année. » Le président de Soutiens-Sida n’y va pas par quatre chemins. Denis Mahaffey s’apprête à rendre son tablier… Il veut mettre fin aux fonctions qu’il occupe depuis 1995, année de la création de l’association. Ce sera certainement chose faite en fin d’année, au moment de l’assemblée générale. À moins… « d’une reprise en main par une nouvelle équipe ». Le responsable pense que le besoin – d’accueil et d’accompagnement de toutes les personnes concernées directement et indirectement par le Sida – est toujours existant. Même si l’évolution des traitements rend peut-être l’écoute moins indispensable. « On a fait notre temps » et l’équipe se réduit comme peau de chagrin.
Elle n’a jamais été bien grosse, mais a tout de même atteint la dizaine de membres. Aujourd’hui, ils ne sont plus que trois, tous présents dès le départ et, parmi eux, l’une habite à Paris, une autre est bien occupée par ses responsabilités dans une autre structure…
Évidemment, on ne s’improvise pas bénévole dans une telle association.
On n’y vient d’ailleurs souvent pas par hasard. « Un de mes amis est mort du sida », confie Denis Mahaffey. C’était un ami des trois membres restants et « si nous sommes restés si longtemps, c’est peut-être par fidélité ». Mais voilà, pour lui, quatorze ans de présidence, c’est assez, plus, ce serait trop. Néanmoins, le président se dit prêt à soutenir quiconque déciderait de s’investir pour maintenir la structure occupant un local près de l’hôpital. Lui-même a suivi plusieurs formations pour vivre des expériences dont il se souviendra : « Il nous est déjà arrivé d’avoir un entretien dans une pièce avec le malade et dans une autre avec sa sœur. » Sans parler des fois « où on est allés jusqu’au bout », c’est-à-dire jusqu’au décès de la personne. Discrétion de rigueur, bien entendu, en toutes circonstances !
Passé de mode
Denis Mahaffey se souvient avoir été sollicité par des gens souhaitant aider l’association, mais ça n’arrive plus. C’est à se demander si le sida n’est pas passé de mode… L’association soissonnaise, créée à l’initiative de deux élèves infirmières n’habitant plus maintenant Soissons, soutenue par un médecin, n’a plus beaucoup d’activités. Dans le passé, en effet, des interventions dans les établissements scolaires et les écoles d’infirmières s’ajoutaient aux soutiens individuels…
Restera, en tout cas, une satisfaction pour le président : « J’en ai appris davantage sur la nature humaine, y compris sur la mienne. »