Liberté
Une douzaine d’imams des principales mosquées d’Oran ont répondu positivement à l’invitation de l’Association de protection contre le sida, l’APCS, qui a organisé récemment une table ronde portant sur la nécessaire lutte contre le virus du sida en Algérie.
Une démarche qui aurait pu être qualifiée d’osée, de périlleuse même, mais qui s’est avérée au contraire prometteuse, estiment les bénévoles de l’association qui se battent depuis des années aux côté des séropositifs.
En effet, la prise de contact entre les membres de l’association et les imams a montré de la part de ces derniers une ouverture dans l’approche et une disponibilité dans le dialogue, sans jugement moral, sans discrimination et stigmatisation, quand il s’agit d’évoquer le sida. Il faut dire que les quelques chiffres fournis par l’APCS à la demande des imams a de quoi effrayer puisque l’on dénombre 6 nouveaux cas de sida chaque semaine alors que dans les années 1990, il n’y avait qu’un cas par an. Plus grave, sur les quelque 20 à 30 000 séropositifs que compterait l’Algérie, seulement 4 000 sont dépistés.
On parle de véritable “bombe à retardement dans notre pays” lorsque l’on évoque la progression du VIH. Les imams ayant pris la parole à maintes reprises ont évoqué eux-mêmes les cas auxquels ils ont été confrontés, se voyant dans leurs mosquées et dans leurs quartiers appelés par des fidèles n’ayant d’autres écoutes que celle de l’imam. Entre l’infidélité conjugale des hommes, la mère de famille abandonnée par son mari et contrainte à se livrer à la prostitution, les homosexuels qui se cachent, la drogue, ces hommes de foi sont ainsi les témoins de tous les maux sociaux.
L’un d’entre eux allant même à parler de la marginalisation générale de la population. C’est aussi pour et à cause de leur proximité avec cette même population que l’association APCS a choisi de faire appel aux imams d’Oran pour les impliquer dans un programme d’information et de sensibilisation autour du dépistage et de la prévention. “Il faut se mobiliser pour stopper à tout prix la chaîne de contamination dans notre pays, les médicaments existent et les séropositifs peuvent mener une vie normale, mais il faut faire des dépistages au maximum”, interviendra un médecin de l’association. Au terme de ce premier contact et à la demande des imams, sollicitant la mise en place d’ateliers pour parfaire leurs connaissances et les informations liées à la transmission du VIH, d’autres séances de tables rondes devraient être organisées afin d’aller vers un vaste mouvement de prise de conscience et de mobilisation contre la transmission du sida.