André Boisclair et le mea culpa

Jamais je nʼaurais voulu écrire cet éditorial. Jʼai pensé dès le début de
lʼannonce de son éventuelle participation à la course que le candidat
Boisclair pouvait être lʼhomme du renouveau, celui qui pouvait faire les
choses avec intelligence et modération, ce qui me donnait le goût de lui
ressembler.
Je nʼavais pas prévu que celui qui menait dans la course politique et celle
de mon opinion personnelle allait subir un tel revirement et cela, non
pas pour ses opinions politiques mais sur sa consommation de cocaïne
antérieure. Gaffe de jeunesse? Pourquoi ajouter le ridicule à lʼinsulte? M.
Boisclair nʼavait pas 15 ans au moment où il consommait cette terrible
drogue, il était MINISTRE du Gouvernement du Québec. Homme dʼétat,
il avait non seulement des responsabilités nationales mais avait juré, en
étant assermenté comme député, puis ministre, quʼil ferait tout en son
pouvoir pour respecter LA LOI. Le code criminel prévoit que la consom-
mation de cocaïne est une offense grave punissable de peines de prison
sévères, bon sang, il avait lʼobligation de ne pas consommer, comme pour
tout les québécois et il avait aussi lʼobligation de ne pas lʼacheter, ques-
tion de ne pas contribuer aux problèmes sociaux causés par cette drogue.
Lors dʼune conférence de presse le 18 septembre 2005, le candidat
Boisclair est allé encore plus loin, il a accusé les québécois dʼêtre des
utilisateurs de cocaïne, tous autant quʼils sont. Du moins, il affirmait que
tout le monde avait déjà fait ça dans sa jeunesse. Voilà ce quʼil ne fallait
pas dire, du moins pas chercher à faire croire à un public choqué dʼune
telle annonce.
Le fait de modérer lʼimpact de sa consommation en généralisant la
commission dʼun acte illégal par tous les québécois «comme toutes les
québécoises et tous les québécois, jʼai tenté mes expériences dans ce do-
maine…», cʼest aller trop loin dans son désir de partager ses expériences
de drogué et jʼai été personnellement choqué dʼune telle déclaration. Je
nʼai jamais consommé, pas une seule fois, ni drogues, ni cigarettes, ni
«potte» et je nʼai pas lʼintention de le faire dʼici à ma mort. De quel droit
est-ce que le candidat préféré des péquistes viendrait t-il dévaloriser toutes mes années de respect de la loi et de respect de la société en ve-
nant affirmer sur la place publique que cʼest normal de consommer de la
Coke? Non, il nʼavait pas le droit de le faire parce quʼen agissant ainsi, il
lançait un message très clair aux jeunes et aux accrocs des drogues dures
que lʼon peut contrevenir aux lois un jour et être ministre le lendemain
sans que lʼon doive subir de répercussions judiciaires.
Et quand les statistiques démontrent que les invasions de domiciles, la
plupart des meurtres au Québec et les vols violents sont causés par des
drogués à la cocaïne, en manque de poudre, qui font nʼimporte quoi pour
sʼapprovisionner, il devient encore plus choquant pour les victimes de
ces crimes de voir le futur Premier ministre du Québec trouver tout cela
normal de se droguer à la Coke! M. Boisclair aurait mieux fait de se taire
avant de normaliser et de mêler lʼensemble de la population à une situation
odieuse qui fait souffrir terriblement de monde dans la société. Dans la
dernière édition du Point, nous annoncions notre appui à M. Boisclair dans
la course à la direction du PQ mais aujourdʼhui, quelques semaines plus
tard, il a trouvé le moyen de fâcher et de choquer tellement de monde dont
des honnêtes gens qui ne consommeront jamais de telles substances que
notre position est plus modérée, nous en reparlerons avant de dire oui…


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