Italie : le suicide d’un jeune homosexuel secoue le pays

Metronews

SOCIETE – Un jeune homosexuel de 21 ans s’est suicidé à Rome, le troisième en un an. Dans sa lettre d’adieu, il dénonce le climat d’homophobie qui règne dans la péninsule.

Malgré les manifestations de fierté homosexuelle comme la Roma pride, ici en juin dernier, l'homophobie est encore présente en Italie.

Malgré les manifestations de fierté homosexuelle comme la Roma pride, ici en juin dernier, l’homophobie est encore présente en Italie. Photo : FILIPPO MONTEFORTE / AFP

C’est une tragédie qui illustre une fois de plus le climat d’homophobie qui pèse sur l’Italie. Dans la nuit de samedi à dimanche, un jeune homosexuel de 21 ans s’est jeté du onzième étage d’un immeuble de Rome. En guise de testament, le malheureux a laissé une lettre où il écrit : “Je suis gay. L’Italie est un pays libre mais l’homophobie existe et ceux qui ont ce type d’attitudes doivent se confronter à leur conscience”.

Sous le choc, les parents du désespéré, qui suivait des études d’infirmier, ont affirmé ignorer tout de l’orientation sexuelle de leur fils : “Nous ne savions pas que notre fils était homosexuel, ni de son mal-être quand il était confronté à l’homophobie.”

“Arriération culturelle de notre pays”

Ce nouveau suicide n’a pas tardé à faire réagir les élus. Nicola Zingaretti, le président de la région, a ainsi écrit sur Facebook : “Le phénomène de l’homophobie est un drame poignant auquel nous devons mettre fin […] parce qu’il est inacceptable que surviennent encore des tragédies similaires.” Le maire de Rome, Ignazio Marion, quant à lui, n’a pas mâché ses mots pour commenter la triste nouvelle : “Je n’appellerais pas ça un drame mais le fruit de l’arriération culturelle de notre pays sur la question des droits.”

Ce suicide est le troisième recensé en douze mois dans la capitale italienne. En novembre 2012, un lycéen de 15 ans avait mis fin à ses jours en se pendant avec une écharpe. Homosexuel affiché, il était souvent victime des moqueries de ses camarades de classe. En juillet dernier, un ado de 14 ans se jetait de la terrasse de l’appartement familial, situé au 3e étage. “Je suis homosexuel, personne ne comprend mon drame et je ne sais pas comment le faire accepter à ma famille”, écrivait-il avant de commettre l’irréparable.

Manifestation à Rome

Pour Fabrizio Marrazzo, le porte-parole de Gay Center, “les suicides et tentatives de jeunes homosexuels sont un phénomène alarmant. Notre ligne verte Gay Help Line reçoit 2 000 appels par an et les données en notre possession montrent qu’un homosexuel sur dix a déjà pensé au suicide. Il est temps de dire stop.” Une manifestation est d’ailleurs prévue ce mercredi à 22 heures à Rome, à l’appel d’associations de défense des droits des homosexuels, afin d’obtenir du Parlement une loi contre l’homophobie.

Il faut dire que les responsables italiens ne font rien pour atténuer le climat d’homophobie latente qui règne en Italie. Avant le patron de Barilla qui avait choqué l’Italie en excluant les gays de ses publicités, Silvio Berlusconi avait déjà dérapé sur le sujet. En novembre 2010, pour justifier ses relations avec Ruby, la fameuse escort-girl, il avait déclaré : “Il vaut mieux être passionné par les belles filles qu’être gay.” Sans oublier Roberto Calderoli, membre de la Ligue du Nord et vice-président du Sénat, qui n’hésitait pas à déclarer : “la culture gay a transformé la Padanie [concept géographique développé par la Ligue du Nord qui recouvre l'Italie du Nord, ndlr] en un réceptacle de pédés.” De quoi sans doute expliquer le mal-être de nombreux homosexuels en Italie.


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