Code de déontologie de la Fédération Professionnelle des Journalistes du Québec
Saturday, July 20th, 2013Ce Guide de déontologie, le tout premier Guide destiné à l’ensemble des
journalistes du Québec, a été discuté aux congrès de 1994, 1995 et 1996 de
la Fédération professionnelle des journalistes du Québec
.
Il a été formellement adopté lors de l’assemblée générale de la FPJQ le 24
novembre 1996 et amendé le 28 novembre 2010
Préambule
Le rôle essentiel des journalistes est de rapporter fidèlement, d’analyser et de commenter
le cas échéant les faits qui p
ermettent à leurs concitoyens de mieux connaître et de mieux
comprendre le monde dans lequel ils vivent.
Une telle information complète, exacte et pluraliste est une des garanties les plus
importantes de la liberté et de la démocratie.
Les informations
d’intérêt public doivent circuler librement et en tout temps. Les faits et
les idées doivent pouvoir être communiqués sans contraintes ni entraves. Les journalistes
ont le devoir de défendre la liberté de presse et le droit du public à l’information, sacha
nt
qu’une presse libre joue le rôle indispensable de chien de garde à l’égard des pouvoirs et
des institutions. Ils combattent les restrictions, les pressions ou les menaces qui visent à
limiter la cueillette et la diffusion des informations.
Les journali
stes servent l’intérêt public et non des intérêts personnels ou particuliers. Ils
ont le devoir de publier ce qui est d’intérêt public. Cette obligation prévaut sur le désir de
servir des sources d’information ou de favoriser la situation financière et con
currentielle
des entreprises de presse.
Les journalistes considèrent leur rôle avec rigueur. Les qualités déontologiques qu’ils
exigent de ceux qui font l’actualité, ils les exigent d’eux
-
mêmes. Ils ne peuvent pas
dénoncer les conflits d’intérêts chez les
autres et les accepter dans leur propre cas.
Ce Guide formule les règles déontologiques qui doivent orienter le travail des
journalistes. Elles fondent leur crédibilité, qui est leur atout le plus précieux.
Ce Guide n’est pas un code au sens strict car
il tient compte de la nature particulière du
milieu journalistique. Au Québec, il n’existe pas de regroupement obligatoire des
journalistes au sein d’un ordre professionnel. Ni le titre de journaliste, ni l’acte
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journalistique ne sont réservés à un groupe
particulier de personnes. Le milieu
journalistique est un milieu ouvert et les journalistes le veulent ainsi. Il n’existe pas non
plus de tribunal disciplinaire disposant de l’autorité légale nécessaire pour sanctionner les
écarts déontologiques. Les journ
alistes sont soumis à l’ensemble des lois qui régissent la
vie des citoyens.
Le présent Guide n’a donc pas de pouvoir coercitif.
Il n’est pas moins indispensable aux journalistes, aux entreprises de presse et au public.
Le journalisme se pratique de
plus en plus à l’extérieur des grandes salles de rédaction et
la transmission de la culture journalistique
–
des normes déontologiques
–
se fait plus
difficilement d’une génération de journalistes à l’autre. Plusieurs journalistes amorcent
ou poursuivent
leur carrière dans l’isolement, sans bénéficier de l’encadrement d’une
salle de nouvelles. Le Guide peut alors être un point de référence pertinent.
Les journalistes des salles de rédaction et les directions des entreprises de presse y
trouveront tout au
tant un rappel utile des règles déontologiques de leur profession que les
exigences de la concurrence peuvent parfois faire perdre de vue. Sans l’appui des
directions des médias, la mise en application des normes déontologiques de ce Guide
pourrait être sé
rieusement compromise. Le Guide doit inspirer autant la direction des
grands médias nationaux que celle des médias régionaux ou des médias plus petits.
De son côté, le Conseil de presse du Québec pourra considérer ce Guide comme un outil
pour appuyer les
décisions de son tribunal d’honneur.
Enfin, le public et les sources d’information y trouveront leur compte en connaissant plus
précisément les normes déontologiques dont ils peuvent exiger le respect par les
journalistes. Ce Guide leur permettra de mieux
juger leur comportement. Le public y
verra une manifestation de la volonté des journalistes de mieux le servir.
1. Définition
Dans ce Guide le terme «journaliste» réfère à toute personne qui exerce une fonction de
journaliste pour le compte d’une entrep
rise de presse. Exerce une fonction de journaliste la
personne qui exécute, en vue de la diffusion d’informations ou d’opinions dans le public,
une ou plusieurs des tâches suivantes : recherche de l’information, reportage, interview;
rédaction ou préparati
on de compte rendus, d’analyses, de commentaires ou de chroniques
spécialisées; traduction et adaptation de textes; photographie de presse, reportage filmé ou
électronique; affectation, pupitre (titrage, mise en pages…), correction des textes; dessin de
caricatures sur l’actualité; dessin et graphisme d’information; animation, réalisation ou
supervision d’émissions ou de films sur l’actualité; direction des services d’information,
d’affaires publiques ou de services assimilables.
2. Valeurs fondamentales
du journalisme
Les journalistes basent leur travail sur des valeurs fondamentales telles que l’esprit critique
qui leur impose de douter méthodiquement de tout, l’impartialité qui leur fait rechercher et
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exposer les divers aspects d’une situation, l’équ
ité qui les amène à considérer tous les
citoyens comme égaux devant la presse comme ils le sont devant la loi, l’indépendance qui
les maintient à distance des pouvoirs et des groupes de pression, le respect du public et la
compassion qui leur font observer
des normes de sobriété, l’honnêteté qui leur impose de
respecter scrupuleusement les faits, et l’ouverture d’esprit qui suppose chez eux la capacité
d’être réceptifs aux réalités qui leur sont étrangères et d’en rendre compte sans préjugés.
3. Vérité et
rigueur
3 a) Véracité des faits
Les journalistes ont l’obligation de s’assurer de la véracité des faits qu’ils rapportent au
terme d’un rigoureux travail de collecte et de vérification des informations. Ils doivent
corriger leurs erreurs avec diligence et
de façon appropriée au tort causé.
3 b) Mise en contexte
Les journalistes doivent situer dans leur contexte les faits et opinions dont ils font état de
manière à ce qu’ils soient compréhensibles, sans en exagérer ou en diminuer la portée.
3 c) Titres
Le
s titres et présentations des articles et reportages ne doivent pas exagérer ni induire en
erreur.
3 d) Opinions personnelles
Les journalistes doivent départager soigneusement ce qui relève de leur opinion
personnelle, de l’analyse et de l’information fac
tuelle afin de ne pas engendrer de
confusion dans le public. Les journalistes s’en tiennent avant tout au compte rendu précis
des faits. Dans les genres journalistiques comme les éditoriaux, les chroniques et les billets
ou dans le journalisme engagé, où l
’expression des opinions prend une large place, les
journalistes doivent tout autant respecter les faits.
3 e) Rumeurs
Une rumeur ne peut être publiée sauf si elle émane d’une source crédible, et si elle est
significative et utile pour comprendre un événe
ment. Elle doit toujours être identifiée
comme une rumeur. Dans le domaine judiciaire, la publication de rumeurs est à proscrire.
3 f) Citations
Les journalistes doivent respecter fidèlement le sens des propos qu’ils rapportent. Les
citations, les rapproc
hements, les ajouts sonores, etc. ou leur séquence ne doivent pas
dénaturer le sens de ces propos.
3 g) Images
Photos, graphiques, sons et images diffusés ou publiés doivent représenter le plus
fidèlement possible la réalité. Les préoccupations artistique
s ne doivent pas conduire à
tromper le public. Les photomontages doivent être identifiés comme tels.
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Le cas échéant, les journalistes doivent produire à leur employeur une déclaration
d’intérêts incluant les avoirs détenus dans des entreprises.
9 c) Cadeaux et gratifications
Les journalistes doivent refuser les c
adeaux et gratifications qui pourraient leur être offerts
à cause de leurs fonctions. Les cadeaux reçus seront retournés à leurs expéditeurs avec une
explication.
L’acceptation des cadeaux compromet l’impartialité ou l’apparence d’impartialité des
journa
listes. Les cadeaux ne constituent pas un avantage normal, inhérent à la profession
journalistique.
Ils ne sont acceptables que lorsqu’ils servent directement l’accomplissement du travail
journalistique : livres, disques, billets gratuits dans le cas des
critiques en arts et spectacles,
certains objets dans le cas du journalisme de consommation, etc. Après usage, lorsque leur
nature s’y prête, ces objets devraient être remis à des organismes communautaires ou
publics, sauf s’ils demeurent utiles comme out
ils de référence.
Un cadeau peut aussi être acceptable lorsque sa valeur est peu importante et que le coût du
retour à son expéditeur dépasse le coût de l’objet.
9 d) Concours de journalisme
Les journalistes participent, comme candidats ou jurés, aux seu
ls concours de journalisme
qui servent l’avancement du journalisme.
Les concours servent le journalisme lorsque le jury est indépendant des commanditaires,
qu’il est majoritairement formé de journalistes, et qu’il juge les oeuvres selon des critères
jour
nalistiques reconnus. On évite ainsi que la crédibilité des journalistes ne serve d’appui
et de caution à une cause. On évite en outre que les prix ne servent à orienter le travail
futur des journalistes.
9 e) Voyages payés
Les journalistes et les médias
doivent payer les frais associés à leurs reportages. Ils ne
doivent pas accepter des voyages gratuits ou des participations financières aux frais de
reportages de la part d’organismes publics ou privés à la recherche d’une couverture dans
les médias.
Les
voyages payés par des sources risquent de créer une distorsion dans la couverture, en
favorisant des groupes d’intérêts plus fortunés, au détriment de ceux qui n’ont pas les
moyens de financer des reportages. Ils peuvent aussi, au moins en apparence, limi
ter la
liberté d’expression des journalistes.
Un voyage offert par une source peut cependant être accepté :
• lorsqu’il n’existe aucune autre façon d’obtenir l’information ou de se rendre sur les lieux.
Dans ce cas, le média cherchera à évaluer le coût du
voyage et le remboursera;
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• lorsque le voyage vise uniquement la formation et le perfectionnement professionnels et
non la production de reportages.
Dans tous les cas où un média choisit, en dernier recours et dans des circonstances
exceptionnelles, d’ac
cepter un voyage payé par une source, le journaliste doit pouvoir
conserver sa liberté professionnelle dans l’accomplissement de son reportage et le texte
doit mentionner explicitement que celui
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ci découle d’un voyage payé.
10. Médias sociaux
Les journal
istes exercent le même discernement dans l’utilisation des médias sociaux que
dans l’ensemble de leur pratique. Ils doivent s’assurer de toujours être en mesure
d’expliquer leur démarche journalistique.
La nature sociale de ces réseaux implique que chaque
propos qui y est échangé peut
devenir public, malgré la possibilité de paramétrer les réglages de confidentialité. En
conséquence, les journalistes ne doivent pas tenir dans les médias sociaux des propos qu’ils
ne tiendraient pas en ondes ou dans leur pub
lication.
Ils doivent également s’assurer de toujours être en mesure de protéger leurs sources. Par
ailleurs, la vélocité de ces réseaux ne doit pas faire oublier l’obligation de s’assurer de la
véracité des faits et de les mettre en contexte. Pour éviter
le plagiat, le journaliste doit
identifier la source d’origine de l’information diffusée».
11. Clause de conscience
Les journalistes sont responsables de leurs actes. Ils ne doivent pas être contraints de
recourir à des pratiques contraires à l’éthique
et à la déontologie de leur profession, pas
plus qu’ils ne peuvent rejeter le blâme de leurs propres actions sur les autres. Ils ne peuvent
être contraints de signer un de leurs reportages qu’on aurait modifié substantiellement.