Lutte contre le Sida : baisse de la vigilance chez les gays

Midi Libre

Le professeur de médecine Jacques Reynes coordonne la lutte contre le VIH en Languedoc-Roussillon. Alors qu’on constate une baisse de vigilance chez les gays, il a répondu aux questions de Midi Libre.

On sort d’une semaine d’invitation au dépistage, et un nouveau rapport d’experts vient d’être présenté au ministère de la Santé. Que peut-on dire, aujourd’hui de la prise en charge du sida ?

On a longtemps vécu dans l’utopie de dépister toute la population. On revient aujourd’hui à un dépistage large centré sur les “HSH”, les hommes qui ont un rapport sexuel avec les hommes, notamment ceux originaires de zones à forte prévalence comme l’Afrique subsaharienne. On garde, en France, une proportion importante de malades non diagnostiqués, entre 28 000 et 30 000 personnes.

Et dans la région ?

Ces trois dernières années, le nombre de nouvelles prises en charge a augmenté d’environ 15 % alors qu’on pouvait espérer une baisse. On suit 4 500 personnes dans les files actives des CHU de Montpellier, Nîmes et Perpignan, pour 180 à 200 nouvelles prises en charge par an. La population des hommes homosexuels ou bisexuels, les “HSH”, ne représentait que la moitié des nouvelles contaminations en 2010, c’est aujourd’hui les deux-tiers.

Comment l’expliquer ?

Il y a moins de vigilance. On est très préoccupé par le développement de nouvelles pratiques addictives comme le slam, qui consiste à s’injecter des drogues synthétiques à des fins d’excitation sexuelle, avec d’énormes prises de risques.

Sur les traitements, rien n’a changé ?

En France, une personne séropositive est immédiatement placée sous trithérapie antirétrovirale, y compris lorsque ses défenses immunitaires sont bonnes. C’est très efficace, et la tolérance est très bonne. On réduit ainsi quasiment à zéro le risque de transmission du virus. En revanche, des choses n’ont pas avancé comme les traitements pré-exposition.

Faut-il encore croire au vaccin ?

Au vaccin thérapeutique, oui. En revanche, l’idée d’un vaccin préventif est quasiment au point mort.

Enfin, où en est-on avec les auto-tests ?

Les techniques sont disponibles. Elles permettront de faire un diagnostic par une piqûre du bout du doigt, ou un prélèvement salivaire. Les techniques sont disponibles. Le problème, c’est aujourd’hui la volonté politique et la mise en place d’une réglementation.


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