«L’infection HIV est comparable aux autres maladies chroniques»

Lematin.ch

La Journée mondiale de lutte contre le sida approche à grands pas. Environ 34 millions de personnes dans le monde, dont 97 % sont dans les pays en développement, sont actuellement infectées avec le virus du sida. Mais l’optimisme prévaut chez les chercheurs quant à l’éradication de la maladie. Le point sur la recherche avec le Pr. Giuseppe Pantaleo, chef du service d’immunologie et d’allergie au CHUV*, à Lausanne.

Le Matin: – Où en est la recherche sur la sida?

Giuseppe Pantaleo: La recherche sur le sida vit un moment très positif. La Pr. Françoise Barré-Sinoussi (ndrl: chercheuse française de renommée mondiale qui a reçu le prix Nobel de médecine en 2008 pour avoir découvert en 1983 le virus de l’immunodéficience humaine (HIV) à l’origine du sida) a lancé il y a un an une nouvelle initiative pour développer une cure contre le HIV.

Nous connaissons les mécanismes qui permettent au HIV de persister après plusieurs années de thérapie. Pendant la thérapie antivirale, le virus arrive en effet à se cacher au système immunitaire. Il peut ainsi réapparaître une fois le traitement terminé. Il s’agit donc de développer des stratégies pour attaquer le virus pendant la phase où il se cache. Des médicaments, déjà utilisés dans le traitement du cancer, sont actuellement testés pour réactiver la réplication du virus pendant cette phase et pour le rendre visible au système immunitaire.

Le Matin: – Qu’en est-il d’un vaccin contre le sida?

Les choses avancent! En 2009, le premier test clinique d’un vaccin expérimental contre le virus du sida, mené en Thaïlande sur plus de 16’000 adultes, a démontré une efficacité du produit de 60% un an après, et de 30% trois ans après. L’objectif est bien sûr d’atteindre les 100%, mais nous pouvons déjà être satisfaits, car l’impact à long terme est important. Nous allons dans la bonne direction! D’autres vaccins sont en train d’être développés.

Le Matin: – A Lausanne également?

A Lausanne aussi. Au CHUV, nous menons des études pour évaluer la tolérance des ces nouveaux produits et leur capacité à induire une réponse immunitaire contre le HIV. En 2014, une série d’études va démarrer en Afrique du Sud pour évaluer l’efficacité de ces nouveaux vaccins. Parmi eux figureront les vaccins lausannois. Le problème, c’est que ces études prennent beaucoup de temps. Il faut trois ans et demi avant d’avoir les résultats.

Le Matin: – Est-on proche d’une fin de la pandémie, comme annoncé lors de la conférence mondiale sur le sida en juillet dernier?

Il est clair qu’avec le meilleur accès à la thérapie dans les pays en développement, la tendance n’est plus à la hausse. Plus les malades sont traités, moins ils vont transmettre le virus. Mais il est impossible de mettre toutes les personnes infectées sous thérapie.

Pour éradiquer complètement la maladie, la seule solution demeure le développement d’un vaccin. Et si vous combinez le vaccin avec des mesures de prévention telles que la circoncision chez l’homme, vous arrivez potentiellement à avoir un impact majeur, soit de 70 à 80% de protection. D’où l’optimisme des chercheurs lors de la conférence mondiale sur le sida.

Le Matin: – Comment les patients vivent-ils aujourd’hui avec le sida?

Ils vivent une vie 100% normale! Aujourd’hui, avec les progrès de la médecine, les patients ont la possibilité de prendre une pilule une fois par jour. La formule a été améliorée et les effets secondaires ont été divisés par dix par rapport il y a dix ans. La thérapie est moins toxique qu’avant. Selon moi, à l’heure actuelle, l’infection HIV est comparable aux autres maladies chroniques.

*Le CHUV organise deux journées d’action sur le sida les vendredis 23 et 30 novembre.

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