L’ONU avance vers un traitement “universel” du sida

Lemonde.fr

Les pays riches se sont engagés pour un traitement universel de tous les séropositifs dans les pays pauvres, soit 15 millions de personnes d’ici 2015.  Cette promesse a été saluée jeudi 9 juin par les associations, même si la question des financements reste en suspens.

Cet engagement a été trouvé à l’issue de négociations qui ont duré plusieurs jours et se sont achevées mercredi soir, a expliqué un diplomate négociateur qui s’exprimait sous couvert d’anonymat. L’Onusida estime que si l’on met 15 millions de personnes sous traitement dans les pays à revenus faibles et intermédiaires, cela revient à un traitement universel. Un projet de déclaration finale du sommet de l’ONU confirme que les participants au sommet “s’engagent à accélérer les efforts vers l’objectif de l’accès universel au traitement antirétroviral” avec comme objectif “15 millions de personnes vivant avec le VIH d’ici 2015″.

LES ONG SATISFAITES MAIS MÉFIANTES QUANT AU FINANCEMENT

Cette mesure a été saluée par les ONG Act Up Paris, Aides et Médecins sans frontières, mais il reste aux pays donateurs à se mettre d’accord sur les financements. Plus de 6 millions de personnes reçoivent actuellement un traitement pour lutter contre le sida et le VIH dans les pays à revenus faibles et intermédiaires. Mais plus de 9 millions de personnes n’ont aucun traitement et quelque 1,8 million de personnes meurent du sida chaque année.

“Ce nouvel engagement doit désormais se concrétiser par des mesures immédiates et mettre un terme au gel des financements de la lutte contre le sida au niveau international”, a souligné Act Up. La porte-parole de l’association explique toutefois qu’“il n’y a pas de plan d’action précis” quant au financement des pays. “C’est un engagement historique, dont la dynamique va permettre à la communauté internationale de redoubler d’efforts et de véritablement rattraper le retard pris sur cette pandémie hors de contrôle”, a souligné Emmanuel Trénado, directeur adjoint d’Aides.

OPTIMISME SUR LA QUESTION DU COÛT DU TRAITEMENT

Les négociateurs se sont aussi mis d’accord sur l’élimination de la transmission du sida entre mère et enfant d’ici 2015 et pour cibler les actions de prévention sur les populations vulnérables. Le ministre des affaires étrangères brésilien Antonio Patriota a souligné que “rien dans les accords de l’OMC sur la propriété intellectuelle liée au commerce ne va empêcher les pays d’adopter des mesures pour protéger la santé publique”.

La baisse des coûts et la généralisation des médicaments génériques est l’une des préoccupations des pays pauvres pour faire face à la pandémie. Le coût annuel du traitement du VIH et du sida a chuté dans des proportions considérables grâce aux génériques. Le coût annuel par patient était d’environ 10 000 dollars en 2001 mais n’est désormais plus que de 67 dollars selon une experte de Médecins sans frontières.

Trente ans après la découverte du virus du sida, qui contamine encore 7 000 personnes par jour, l’ONU organise un sommet de trois jours sur les futurs engagements de la communauté internationale contre le sida. Il rassemble une trentaine de chefs d’Etat, de chefs de gouvernement et de vice-présidents, principalement d’Afrique. Lors des négociations qui avaient lieu en parallèle du sommet ces derniers jours, les pays pauvres se plaignaient de l’absence de volonté affichée par les pays riches de débourser les montants nécessaires pour la prise en charge de tous les malades.


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