71- Revirement historique à Cuba Fidel Castro s’excuse aux gais et lesbiennes

Par Les InRocks
Photo Citizen Media PVT

Pour son premier entretien fleuve à la presse, Fidel Castro reconnaît sa culpabilité dans la persécution menée à l’encontre des homosexuels dans les années 60-70, après son arrivée au pouvoir. Aperçu de l’évolution d’une société qui, aujourd’hui, rembourse intégralement les opérations de chirurgie transsexuelle.

“Après mon arrivée au pouvoir, les représentants des minorités sexuelles étaient persécutés… C’étaient des moments de grande injustice…de grande injustice !”, a reconnu le leader de la révolution cubaine dans un entretien exclusif de plus de 5 heures. Le Parti Communiste est-il responsable ? “Si quelqu’un doit en assumer la responsabilité, c’est moi”, insiste le père de la révolution cubaine. “Oui, l’image de la révolution à l’international en a pâti”, a t-il encore acquiescé. Sans toutefois se priver d’expliquer qu’à cette époque, les “problèmes compliqués” de son pays l’ont détourné de ceux des minorités sexuelles : “Nous n’y faisions pas attention… il faut s’imaginer ce à quoi ressemblaient les premiers mois de la révolution : la guerre, les armes, les attentats contre moi”, faisant référence entre autres à la Baie des Cochons en 1961, à la Crise des Missiles en 1962, aux incursions militaires, aux poursuite de la CIA.

Parallèlement à ces évènements, la révolution de 1959 signe le début d’une chasse aux contre-révolutionnaires, donc aux homosexuels, perçus comme produits de la société capitaliste et “agents de l’impérialisme”.

“Au nom d’une moralité confuse et incertaine, les hippies, les homosexuels, les témoins de Jéhovah, les artistes idéologiquement « diversionnistes », sont envoyés dans des camps appelés Unités militaires d’aide à la production (UMAP) (…). Ils constituent la catégorie de citoyens dont la conduite est « impropre »”, explique le sociologue Vincent Bloch, auteur de Rôle de la terreur dans le genèse d’un pouvoir totalitaire à Cuba.

Le débat se poursuit encore aujourd’hui sur la nature des UMAP, créées en 1965 pour faire participer à la récolte de canne à sucre tous ceux qui réussissaient à échapper au service militaire.

Mais sur le sort réservé aux “maricones” (“pédés”), considérés comme déviants, les historiens s’accordent: “Il fallait les « transformer », c’était l’idée de l’époque (…). Même les psychiatres pratiquaient des thérapies pour les faire devenir hétérosexuels”, assure Mariela Castro, nièce de Fidel Castro et militante LGBT, au journal Clarin. Si elle réfute l’appellation de “camps” et justifie leur existence dans le cadre d’une “période tourmentée”, elle reconnaît la “violation des droits de ces personnes” qu’a constitué l’enfermement dans ces camps.

Un financement symbolique d’une évolution considérable des mentalités, depuis la fin des années 70. Dépénalisée en 1979, l’homosexualité “ostensible” cesse d’être poursuivie en 1988, avec le soutien de Fidel Castro qui déclare : “Il est temps de changer les attitudes négatives envers les gays dans le Parti et la société.” Les dernières références homophobes sont supprimées de la loi cubaine en 1997. La nièce de Fidel Castro, Mariela, psychologue et fille du président Raul Castro, y est pour beaucoup. Activiste de premier plan dans la défense des droits des gays et lesbiennes à Cuba, le Centre national d’Éducation Sexuelle (Cenesex) qu’elle dirige est un laboratoire actif responsable de nombreuses avancées.


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