Patient zéro
Trouver le responsable, celui par qui tout a commencé. Dans l’histoire du sida, bien plus que dans celle de toutes les autres pandémies, la question du “patient zéro” – première personne à avoir contracté la maladie – a été récurrente. Si chercher le patient originel ne présente que peu d’intérêt scientifique, les sociétés et les médias ont eux fantasmé sur des coupables.
Gaétan Dugas a endossé ce rôle de “patient zéro” aux Etats-Unis dans les années 1980. Ce steward québécois participe en 1982 à une étude sur les premiers malades du sida du Center for Disease Control (centre pour le contrôle des maladies ou CDC). Le CDC établit un lien entre lui et 40 des 248 premiers cas de sida aux Etats-Unis. Il apparaît alors bien vite comme le coupable parfait, celui qui a introduit la maladie sur le continent nord-américain.
En 1987, le journaliste Randy Shilts, dans son ouvrage And the Band Played On, utilise en premier le terme de “témoin zéro” pour qualifier Gaétan Dugas. Il affirme que le jeune homme, du fait de son activité sexuelle intense et de ses voyages nombreux, a transmis le sida a un très grand nombre d’homosexuels aux Etats-Unis. Il note aussi que Dugas, mort du sida en 1984, a eu dans la fin de sa vie une conduite “irresponsable”, refusant de se protéger, alors qu’il connaissait les risques pour ses partenaires.
Le livre de Randy Shilts, best-seller aux Etats-Unis, fait la “une” des journaux américains. En octobre 1987, le magazine Time publie un article intitulé “Medecine : the Appaling Saga of Patient Zero” (Médecine : la terrifiante saga du patient zéro). “Le patient zéro est identifié pour la première fois publiquement dans un nouveau livre sur l’épidémie de sida”, affirme le journaliste dans l’article. Au même moment, le New York Post titre “L’homme qui nous a donné le sida”, le National Review décrit de son côté Gaétan Dugas comme le “Christophe Colomb du sida”. Les propos de Shilts ont ensuite été interprétés par des historiens comme une attaque directe à l’encontre de la communauté homosexuelle. “Les propos de Shilts (…) ont renforcé le lien perçu entre la maladie et la soi-disant dépravation sexuelle des homosexuels”, raconte dans un de ses articles Phil Tiemeyer, professeur à l’Université de Philadelphie.
“Gaétan (Dugas) a en quelque sorte ‘prouvé’ que les hommes qui pratiquent la sodomie et qui font des cabrioles dans les bains [gay] sont vecteurs de maladies – semblables à la peste – dans leur communauté et le reste de la société.” Selon le chercheur, ce “mythe sensationnel sur l’origine du sida aux Etats-Unis” est symptomatique de la répulsion de la société américaine de l’époque par rapport à la sexualité gay.
Gaétan Dugas n’est pas le seul à avoir été stigmatisé. David Carr, un marin britannique décédé en 1959, a lui aussi été considéré par certains comme le “patient zéro”.
La revue médicale The Lancet a ainsi affirmé dans un article publié le 7 juillet 1990 que David Carr était le plus vieux cas de sida répertorié, après que des tests ADN eurent été effectués sur des prélèvements de tissus.
Mais quelques années plus tard, David Ho, directeur du Aaron Diamond AIDS Research Center montre, lui, que tous les tissus utilisés par les chercheurs appartiennent à deux ou trois individus différents, et que l’on ne peut donc pas conclure que David Carr avait contracté ou non la maladie.
Quelques années après David Carr, en 1969, un adolescent américain meurt à Saint-Louis (Missouri) d’une maladie inconnue. Lui aussi est soupçonné d’être le “patient zéro”. Interrogé, il avait affirmé être né à Saint-Louis, n’avoir jamais voyagé ou reçu de transfusion sanguine.
Soupçonné d’être un prostitué, la mort de cet adolescent fait émerger à nouveau des fantasmes autour du lien entre la maladie inconnue et la dépravation sexuelle. En 1987, un test VIH effectué par des chercheurs de l’Université de Tullane, s’est cette fois avéré positif.
Pour les scientifiques, il est aujourd’hui clair que ni David Carr ni Gaétan Dugas ni l’adolescent de Saint-Louis ne peuvent être le fameux “patient zéro”. “L’épidémie n’est pas née aux Etats-Unis, mais en Afrique centrale, dans la zone du Cameroun et de la République démocratique du Congo. Le ‘patient zéro’ n’est pas américain mais africain”, assène Gilles Pialoux, auteur de Sida 2.0 et chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Tenon, à Paris.
“Le fameux ‘patient zéro’ décrit par Shilts n’est pas le véritable ‘patient zéro’ de la maladie, on peut en être sûr”, conclut Jacques Pépin, auteur de The Origins of Aids (2011) et professeur à l’Université de Sherbrooke. “Le véritable ‘patient zéro’ est un Africain, probablement de la région du sud Gabon, du sud Cameroun ou du sud de la République centrafricaine, et il ne sera jamais possible de le retrouver”, poursuit-il.
Né en Afrique centrale, le virus a ensuite voyagé d’un continent à l’autre. Selon Gilles Pialoux, le virus aurait été introduit en Haïti à partir de l’Afrique centrale en 1966, puis d’Haïti à l’Amérique du Nord en 1972, et enfin d’Amérique du nord à l’Europe à la fin des années 1970, début des années 1980.
Dans une étude parue en 2007, le chercheur américain Michaël Worobey donnait des conclusions proches sur la datation de la circulation de la maladie. Pour lui, le virus serait arrivé sur les côtés américaines autour de 1969, peut-être introduit par un Haïtien célibataire.
L’épidémie a été introduite sur le continent nord-américain avant les années 1980, Gaétan Dugas ne peut donc pas être le premier cas de sida aux Etats-Unis.
Par ailleurs, Randy Shilts accusait Gaétan Dugas d’avoir transmis le sida à un nombre incroyable d’individus dans les dernières années de sa vie. Or, les scientifiques affirment aujourd’hui que le délai d’incubation du VIH s’élève à environ dix ans. Les individus ayant déclaré la maladie quelques mois seulement après leur relation sexuelle avec Gaétan Dugas n’ont donc pas été contaminés par le steward québécois, mais bien avant, par un autre partenaire.
Si Gaétan Dugas n’est pas le véritable “patient zéro”, il aura cependant joué bien contre son gré un rôle dans l’histoire de la maladie. “C’est le ‘patient zéro’ de la visibilité, le patient à partir duquel on a identifié l’émergence de la maladie et on lui a donné un visage”, explique Gilles Pialoux.
Les jeunes homosexuels plus vigilants face au dépistage du VIH
(La Parisienne)
Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes âgés de 18 à 25 ans sont plus attentifs aux dangers du VIH que leurs aînés. D’après la nouvelle édition du Net Gay Baromètre présentée dans le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, mardi 24 juillet, plus de la moitié des moins de 25 ans (53,9%) affirment avoir réalisé un test de dépistage VIH dans les douze derniers mois, contre 40% pour les hommes âgés de plus de 25 ans.
Trois jeunes répondants sur dix déclarent avoir eu recours au dépistage du VIH en raison d’un rapport sexuel non protégé, contre 27% qui souhaitaient connaître leur statut sérologique pour avoir des relations sexuelles non protégées, et 23% en raison d’un changement de partenaire.
Chez les HSH les plus âgés, le recours au dépistage du VIH est essentiellement lié au besoin de connaître régulièrement le statut sérologique (30%).
Un stage pour “guérir” les homosexuels
(Le Point)
“Vous cherchez à être touché par la bonté de l’Éternel dans vos souffrances, vos difficultés, vos lieux cachés, vos relations et votre sexualité brisées ?
Cette semaine est faite pour vous. Elle prend en compte qui vous êtes maintenant, elle vous permet d’être écouté et d’être à l’écoute, de déposer, de découvrir et de vous reposer… pour mieux repartir.”
À première vue, on pourrait presque croire à une petite cure d’été comme toutes les mouvances new age en proposent des dizaines chaque année pour faire le point et repartir du bon pied.
Pour 410 euros, 700 euros pour un couple, Torrents de vie propose ni plus ni moins de… devenir hétéro ! En revanche, point de détails sur le site internet concernant le programme du “Séminaire de restauration et de formation” et les activités censées agrémenter le séjour. Les organisateurs du stage n’ont, pour l’instant, pas répondu à nos sollicitations.