42- Ay pays du Kama Sutra Être homo est un crime

INDE – LʼInde se projette comme puissance économique dans un futur rapproché et sa capitale se targue dʼune image moderne de cité de «classe mondiale». En dépit dʼune volonté dʼouverture, la plus grande démocratie du monde continue à criminaliser lʼhomosexualité, niant le droit dʼaimer à des centaines de milliers de citoyens. Une poignée dʼentre eux se rebellent.
Deux hommes mûrs déambulant dans la rue principale main dans la main; deux jeunes employés dʼhôtel couchés lʼun sur lʼautre sur le lit devant un match de cricket télévisé; cinq étudiants se cramponnant bras dessous bras dessus… Personne ne bronchera devant ces scènes de la vie quotidienne. Vous avez dit homosexualité? Êtes-vous complètement à côté de vos baskets? Se toucher entre mâles, entre vrais, en Inde, nʼest de loin pas un péché, cʼest la norme. En revanche, celui qui revendique ouvertement son homosexualité le fait à ses dépens. Et les femmes qui aiment les femmes? Lʼimagination la plus folle est à des années de lumière de frôler cette fantaisie, réservée au royaume de la pornographie. On lʼaura compris, être Indien et gai, a fortiori Indienne et lesbienne, et sortir du placard nʼest pas aussi simple que de crier «ciseau!»«Soyez financièrement indépendants»: cʼest le conseil dʼor dispensé tant par Maya Shanker que Rahul Singh, deux activistes de la
cause gaie, aux rares et téméraires homos qui osent envisager de faire leur coming-out à Delhi. Car la capitale indienne a beau vouloir projeter une image de cité de «classe mondiale», progressiste, au carrefour des idées nouvelles, lorsquʼil est question dʼhomosexualité, on est encore au XIXe siècle. Littéralement, puisque le code pénal compte toujours une loi promulguée par le roi britannique, criminalisant lʼamour homo. Si en réalité, la section 377 du code pénal indien, qui date de 1860, ne cite pas explicitement lʼhomosexualité, elle est cependant utilisée contre les personnes homosexuelles sous prétexte quʼelle interdit toute «relation contre-nature, dont la sodomie, avec un homme, une femme ou un animal», sous peine dʼemprisonnement pouvant sʼétendre à toute la vie de lʼaccusé.
En 2002, un sondage mené dans une foire fréquentée par la upper middle class en témoignait. «Soixante-dix pour cent des interviewés affirmaient nʼavoir rien contre les gens attirés par leur propre sexe», rapporte Maya Shanker, le look garçonne, qui, avec sa copine, mène à bout de bras Sangini, la seule association offrant un service dʼaide téléphonique et de consultations aux lesbiennes de la mégalopole de plus de 15 millions dʼhabitants. «En revanche, interrogés sur la manière dont ils réagiraient si leur soeur ou leur fils était gai, plus personne ne voulait discuter!»


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