Un mode d’emploi indispensable

Mode dʼemploi du tourisme rose
[4 mai 2004] Les gais et lesbiennes sont de grands voyageurs : aux
États-Unis, 84 % détiennent un passeport. Selon lʼInternational Gay
and Lesbian Travel Association (IGLTA), 97 % des gais et lesbiennes
américains prennent des vacances. Plus des deux tiers prennent au
moins trois périodes de vacances chaque année. Fait intéressant,
cette clientèle demeure presque insensible aux menaces terroristes et
épidémiques (SRAS), leurs intentions de voyages restant inchangées.
Mais il faut casser un mythe : les gais et les lesbiennes ne voyagent
pas de la même façon.
On sort du placard
Toute destination ne saurait négliger lʼopportunité de courtiser ce lucratif
segment de clientèle. Bien quʼil soit difficile à évaluer, lʼIGLTA estime son
apport aux États-unis à plus de 54 milliards de $ US, soit 10 % de lʼindustrie
touristique. Généralement sans enfants, les gais et lesbiennes profitent dʼun
revenu discrétionnaire plus élevé que la moyenne, quʼils consacrent en grande
partie aux loisirs. Environ la moitié (53 %) dépensent plus de 5 000 $ pour
leurs vacances. Plusieurs destinations accordent une attention particulière
aux gais et lesbiennes dans leur stratégie marketing. Les métropoles les plus
courues étant Berlin, San Francisco, New York, Melbourne et Montréal.
Carte: Wikipedia
Lʼhomosexualité dans le monde
Plus de 76 % disposent
dʼun revenu supérieur à la
moyenne américaine. Ce sont des
professionnels, majoritairement
des hauts gestionnaires, qui
sont plus souvent locataires que
propriétaires. Environ 67 %
dʼentre eux sont membres dʼun
programme de fidélisation dʼun
transporteur aérien.
Les produits et activités de
prédilection sont :
•  les grandes villes
•  les lieux dʼanimation
nocturnes
•  les grands événements festifs
•  les films et les musées
•  les croisières
•  le nudisme et le naturisme
•  les plages
•  les bons restaurants
Le Point
La revue gaie des gais
qui ont les moyens!

Montréal fait bonne fi gure sur ce marché, en raison notamment de la
popularité de son Village gai, du festival Black & Blue et de lʼévénement
Divers/Cité qui bénéfi cient dʼune importante notoriété auprès de cette
communauté. Tourisme Montréal estime à 200 millions de dollars les
dépenses liées au tourisme rose à Montréal.
Ne pas mettre gais et lesbiennes dans le même panier
Le comportement de voyage des gais diffère de celui des lesbiennes.
Ces dernières voyagent autant que les hétérosexuels, alors que les gais
le font à une fréquence beaucoup plus élevée. Le choix des destinations
diffère également. Les gais optent pour des lieux où lʼon nʼest pas
surpris ou choqué de les voir ensemble. Les lesbiennes attachent moins
dʼimportance à ce critère. Elles préfèrent les voyages dans les régions
plus rurales et recherchent lʼaventure douce. Tant les gais que les
lesbiennes ne recherchent pas nécessairement des endroits exclusifs aux
homosexuels.
Quelle recette utiliser ?
Il nʼy a pas de formule magique pour courtiser ce créneau de clientèle
particulier. Les statistiques offi cielles du Print Measurement Bureau,
organisme dʼenquête, établissent à 1,1 % la proportion canadienne
offi cielle de gais et lesbiennes, alors que les experts lʼestiment plutôt à 5
ou 6 %. On doit en conclure quʼune part importante des gais et lesbiennes
préfèrent demeurer discrets sur cet aspect de leur vie privée.
Les intervenants touristiques désirant sʼaffi cher gay friendly doivent
combiner ouverture dʼesprit de leur personnel et totale discrétion sur
les agissements de leur clientèle. Les employés à lʼaccueil doivent
éviter les présomptions en proposant, par exemple, une chambre avec
deux lits séparés à deux hommes qui sʼenregistrent. Certaines mesures
particulières peuvent également être adoptées.
En Europe, on segmente à lʼoccasion les plages afi n de diviser
les catégories de clientèles. Les familles sʼinstallent à lʼentrée, les
familles nudistes un peu plus loin et fi nalement les gais et lesbiennes à
lʼextrémité.
Des placements publicitaires à lʼintérieur de revues ciblées constituent
une stratégie gagnante pour attirer leur attention. Plus de 43 % dʼentre
eux sont des lecteurs assidus de magazines. Les efforts consentis peuvent
rapporter des dividendes à long terme, cette clientèle étant réputée
pour sa fi délité envers les entreprises démontrant un intérêt face à leur
communauté.
Claude Péloquin
Sources :
– Community Marketing, Inc. CMIʼs Gay & Lesbian Travel Profi le, Gay & Lesbian
Travel Surveys, 2003.
– Zoe Aster, Andrea. « Defi ning pink consumers », Marketing Magazine, 19 avril
2004.
– Perron, Alexandra. « Lʼor rose voyage », Le Soleil, Voyages, 14 février 2004. – Tourisme Montréal. Le tourisme gai et lesbien nord-américain, octobre 2002.


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