Les saunas gais définitivement légaux

Un vaste soupir de soulagement a soufflé au-dessus des principales
villes canadiennes alors que le plus haut tribunal du Dominion
rendait publique sa décision sur les clubs échangistes et, du coup,
sur les saunas gais, très nombreux au Canada.
Lʼenjeu était de taille. Est-ce que les adultes, majeurs, au Canada, avaient le
droit de fréquenter et de poser des gestes sexuels ailleurs que chez eux, dans
leur vie privée? Depuis le bill Omnibus de Pierre-Élliotte Trudeau, dans les
années ʻ70, la sexualité des canadiens nʼétait plus considérée comme le parent
pauvre des lois sociales avant-gardistes du gouvernement de lʼépoque. Lʼho-
mosexualité a été reconnue comme normale et les actes sexuels des adultes
consentants, pourvu quʼils se produisent dans des lieux privés, ne relevaient
pas de la compétence du Gouvernement.
Cʼest sur cette nouvelle base de définition de la sexualité des canadiens que de
nombreux saunas gais firent leur apparition. Montréal, toujours un pas en avant
des autres villes canadiennes, permettait que des saunas fonctionnent sur son
territoire pourvu quʼils soient discrets et que ne soient pas admis les mineurs
et que les règles en matière dʼalcool soient respectées. Rien quʼà Montréal, en
2005, on pouvait compter plus de 20 saunas pour la communauté gaie.
Lʼéchangisme a, quant à lui, connu un essor beaucoup plus tard, dans les années
ʻ90 mais même si le principe de tolérance par les autorités restait le même, il
subsistait jusquʼà aujourdʼhui un doute sur la légalité de tels établissements.
Une affaire de descente de police à Montréal à la fin des anées ʻ90 con-
firmait le doute de plusieurs et face aux accusations criminelles déposées
par la suite contre les tenanciers des clubs échangistes impliqués dans la
descente dʼorigine, une contestation judiciaire sʼest engagée menant les
acteurs de lʼaffaire devant les honorables juges de la Cour suprême du
Canada. Traditionnellement, la plus haute Cour du pays intervient dans
toutes les questions qui impliquent lʼévolution des moeurs et de la morale
des canadiens, parfois discrètement, comme dans le cas des clubs échan-
gistes dont le jugement vient tout juste dʼêtre publié. Non seulement les
clubs échangistes seront désormais légaux, les juges, en majorité, déclarent
que les établissements du même genre, comme les saunas, représentent
lʼaboutissement dʼune évolution sociale devenue acceptable au Canada.
Quʼon se le dise, et les juges de la Cour suprême du Canada le déclarent: Selon
la preuve, seules les personnes déjà favorables à ce genre dʼactivité sexuelle
étaient admises à y participer et à en être témoins.  La preuve nʼétablit pas
non plus lʼexistence dʼattitudes ou dʼactes antisociaux envers les femmes, ni
dʼailleurs envers les hommes.  Personne nʼa été contraint de se livrer à des ac-
tivités sexuelles, nʼa été payé pour sʼy livrer, ni nʼa été traité comme un simple
objet sexuel servant à la gratification des autres. Lʼaccusé doit être acquitté!


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