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Vous avez dit trans? Un petit lexique du phénomène trans pour tous…

Saturday, April 28th, 2012

Suite à l’affaire “Jenna Talackova” (à droite sur la photo), cette jeune transgenre canadienne ayant d’abord été bannie du concours Miss Univers pour ensuite être réintégrée suite à une décision de Donald Trump, le public s’est questionné sur la distinctions à faire entre les transgenres, les trans- sexuels, les travestis et la confusion actuelle va jusqu’à les inclure toutes et tous, selon les opinions, au sein de la com- munauté gaie. Afin de clarifier les différents termes, il est important d’en connaître la définition et surtout les distinc- tions. Un transgenre, comme Jenna Talackova, est une per- sonne dont le genre, l’identité psychique et sociale reliée aux concepts d’homme et de femme, ou identité sexuelle com- plète, entre en conflit avec leur sexe biologique. Le trans- genre n’est pas “opéré”, il considère être né dans le mauvais corps et peut être candidat à la chirurgie de changement de sexe couverte par le Gouvernement du Québec et la Régie de l’Assurance-Maladie.

Le transsexuel est très souvent confondu avec le transgenre et bien que la différence soit subtile dans la définition globa- le, il existe un consensus au Québec pour dire que le trans- sexuel est un transgenre qui a décidé de s’habiller et de se comporter comme le sexe opposé à celui de sa naissance. Les deux peuvent ne pas être “opérés”, les deux peuvent être sous hormonothérapie et être candidats à la chirurgie mais essentiellement, le transsexuel est plus visible que le trans- genre.

Le travesti quant à lui est définitivement une classe à part. Beaucoup plus associé au milieu artistique, les travestis sont des artistes à part entière. Au Québec ils sont sou- vent membres de l’Union des Artistes et qu’ils soient hétéro- sexuels ou gais, leur orientation sexuelle n’a rien à voir avec leur talent. Il ne s’agit ni d’une condition médicale en voie de traitement ni d’un trouble de l’identité sexuelle.

Exceptionnellement, une personne se travestira pour vi- vre au quotidien sans se considérer comme transgenre ou transsexuel. Il s’agira alors d’une simple variante de l’Arc- en-Ciel spécifique aux personnes qui en font le choix.

Là où la confusion devient encore plus évidente, pour le public, c’est l’amalgame fait entre les transsexuels, les transgenres et la commu- nauté gaie. Cette associa- tion est effectivement pour plusieurs, une aberration.

Les gais n’ont rien à voir avec une quelconque ano- malie de l’identité sexuelle ou une condition médicale. L’homosexualité n’est pas présente dans les compen- diums médicaux et elle ne se traite certainement pas par quelque procédure médicale ou chirurgicale que ce soit. L’inclusion du “T” des trans dans la communauté LGBT est illogique effectivement parce qu’on associe des per- sonnes médicalement re- connues, pour qui des trai- tements existent, avec des personnes qui se sont bat- tues par le passé pour jus- tement sortir le médical de leur vie. Normal que le pu- blic soit confus si les LGB le sont aussi. Il nous semblait important de l’expliquer pour que la communauté lesbienne, gaie et bisexuelle reste LGB, et rien d’autre…

Trans et VIH/IST : la fin de l’invisibilité ?

Thursday, September 29th, 2011

Vih.org
Depuis le début de l’épidémie de sida, les communautés trans sont les grandes oubliées des statistiques officielles sur le VIH et les IST à l’échelle internationale (Namaste, 2010). Pourtant les quelques enquêtes disponibles soulignent la très forte prévalence du VIH dans certains sous-groupes de cette population. En France, de nombreuses associations trans, soutenues par des acteurs de la lutte contre le sida, réclament de longue date une meilleure prise en compte de cette situation dans les études épidémiologiques et socio-comportementales. De ce fait, la revue critique réalisée par Alain Giami et Jonas Le Bail et publiée dans la Revue d’épidémiologie et de santé publique (en anglais) doit être saluée, car elle constitue une ressource de tout premier ordre sur les questions « trans et VIH ».

Les auteurs prennent soin, en introduction, de rappeler que ces dernières années les questions de citoyenneté et de santé des personnes trans font l’objet d’une attention plus grande que par le passé. Dans ce contexte, et constatant l’absence d’enquêtes ciblées en France, l’objectif de l’article est de compiler les données internationales éparses sur le VIH et les IST dans les communautés trans, afin de mieux identifier les facteurs de risque et d’orienter les futurs travaux de recherche. Soulignons que les auteurs se sont attachés à rendre leur travail disponible en français (PDF, 463Ko).
Comment a été réalisée cette revue de littérature

Les articles étudiés dans cette revue critique de la littérature proviennent des bases de données Pubmed et Ovid. A partir de mots-clés ciblés, 124 articles ont été sélectionnées. Les auteurs mettent également en évidence un certains nombres de limites, qui tiennent aux grandes disparités entre les enquêtes concernant la définition des personnes et les méthodologies appliquées. De plus, il n’existe pas pour les trans de population « de référence » : chaque enquête se fonde sur un échantillon particulier et ne peut être extrapolée qu’avec prudence. Il est donc difficile d’établir des critères de représentativité des données analysées.

A ce sujet, la construction de cette revue appelle une critique d’ordre méthodologique. Les articles analysés s’échelonnent sur une longue période, du début des années 1990 à l’année 2010. L’article d’A. Giami et J. Le Bail aurait gagné à mieux prendre en compte la chronologie des travaux, car tant le contexte de l’épidémie que celui des interventions de santé publique ou des mobilisations trans ont profondément évolué au cours de ces vingt années.
Questions de définition

Pour les auteurs, l’une des premières difficultés qui se pose dans la réalisation de cette revue de littérature tient aux multiples enjeux de définition des personnes concernées. Ils constatent la grande diversité des termes utilisés et de leurs multiples implications politiques : transsexualisme, transgenre, trans, transidentité… Des usages qui divisent les experts et les associations trans elles-mêmes. Dans la littérature scientifique anglo-saxonne, la catégorie « transgenre » (transgender) est considérée comme un terme parapluie, englobant la diversité des positionnements identitaires et se différenciant des définitions médicales et psychiatriques. Dans la même logique, les auteurs ont fait le choix d’utiliser dans l’article le terme « trans », qui leur parait le mieux à même de maintenir une « extériorité méthodologique » vis-à-vis des débats politiques.

Se pose de ce fait une autre question, absente de l’article, celle des implications sociales et politiques des recherches menées. Dans un contexte de transphobie structurelle, les chercheurs peuvent-ils faire l’économie de penser (et de mettre en œuvre) la participation des communautés aux recherches les concernant ? Qu’en est-il des travaux référencés dans cette revue ? De plus, « l’extériorité méthodologique » revendiquée par les auteurs est-elle tenable, tant les résultats de la recherche font l’objet d’interprétations et de débats de la part des différents acteurs ? Sur ce point, plusieurs chercheur-e-s, dont V. Namaste (2010), ont ouvert la voie à des perspectives stimulantes, qui démontrent à quel point la participation des groupes étudiés est une condition de la pertinence des recherches. A ce titre, le développement des approches de recherche communautaire dans le domaine du VIH pourrait être un levier précieux (Henry, Spire, 2010).
Prévalence du VIH/IST

A partir des articles étudiés, les auteurs établissent que la prévalence du VIH varie très fortement en fonction du genre : de 11,8% à 27, 7% en moyenne chez les MtF, autour de 2% chez les FtM, même si les hommes trans sont globalement sous-représentés dans les travaux. Peu de données sont disponibles sur les autres IST. En France, la seule enquête actuellement disponible indique une prévalence du VIH de 4,5% (D’Almeida et al, 2008). En dépit des limites méthodologiques constatées, et en l’état des données disponibles, la prévalence du VIH apparait très élevée dans les communautés trans.
Facteurs de risque

Les auteurs établissent ensuite une liste des facteurs de risque à partir des enquêtes disponibles (pour les détails chiffrés et les références des enquêtes, se rapporter à l’article):
- L’expérience de la migration et l’appartenance à un groupe ethnique minoritaire;
- Le travail du sexe;
- Le multipartenariat;
- Les violences, l’exclusion sociale et la santé mentale;
- La détention.

Comme l’indique A. Giami et J. Le Bail, ces différents facteurs sont souvent très imbriqués. On aurait cependant pu attendre des auteurs une démarche plus critique vis-à-vis des catégories utilisées dans les enquêtes. Car, les données le montrent, le constat de l’imbrication et du cumul des situations de risque ne permet pas d’isoler le «travail du sexe» ou «l’appartenance ethnique» comme facteurs de risque. Bien au contraire, ces facteurs ne sont pas homogènes selon les contextes : par exemple, aux Etats-Unis, les femmes trans afro-américaines ou latinas sont très touchées par le VIH, mais pas celles originaires d’Asie. Il apparait que certaines situations de précarité (illégalité du séjour, travail dans la rue, répression policière), peuvent moduler les risques, par exemple en compliquant la négociation de la prévention avec les clients. Le travail du sexe n’est donc pas «en soi» une situation à risque.

De la même manière, le multipartenariat apparaît comme un «facteur de risque» dans certaines des enquêtes ; là encore, cette catégorisation pose problème. Elle a d’ailleurs été largement critiquée par les chercheurs travaillant sur l’homosexualité masculine : pourquoi ré-émerge-t-elle si facilement quand il s’agit des trans? Il est en effet difficile d’envisager le multipartenariat de manière univoque : avoir plusieurs partenaires traduit de multiples réalités. Cela peut refléter des choix de vie/de relations ou le fait d’être travailleur/ses du sexe. Mais cela peut aussi découler de discriminations : le rejet par les partenaires du fait de la transidentité ou la difficulté à établir des relations stables. Par ailleurs, plus que le nombre de partenaire, c’est leur appartenance à un groupe à forte prévalence qui est en jeu. Ainsi, certaines enquêtes montrent les nombreuses connexions, dans les réseaux sexuels, entre les communautés trans et les communautés HSH très fortement touchées par le VIH. Isoler le multipartenariat comme facteur de risque ne permet donc pas nécessairement de mieux comprendre ce qui se joue.

Plus largement, dans les articles étudiés par A. Giami et J. Le Bail, la dimension du contexte est singulièrement absente. Or, pour les sciences sociales, c’est bien le contexte (social, politique, légal, relationnel, etc.) qui façonne les situations de risque, et non simplement les comportements individuels. De ce fait, mettre en exergue, dans les enquêtes, le non usage du préservatif et/ou le partage de seringue (lors de l’usage de substances injectables et/ou de produits psychoactifs) ne donne qu’une vision limitée de la dynamique de l’épidémie dans les populations trans. Sur ce point, les auteurs auraient pu pousser plus loin la critique.
Conclusion

On le voit, des enquêtes épidémiologiques et sociologiques sont indispensables pour mieux renseigner le contexte du VIH dans les communautés trans. Cela passe aussi par l’amélioration des dispositifs existants, lorsque c’est possible et utile, afin de mieux prendre en compte les personnes trans dans les données de santé. Ces enquêtes devront nécessairement être accompagnées de travaux qualitatifs. Cependant, comme l’a souligné V. Namaste (2010), le genre n’est pas toujours l’angle le plus adéquat pour comprendre les vécus des personnes trans. En d’autres termes, pour certains segments de cette population, la prise en compte des réseaux sexuels, de l’orientation sexuelle ou des conditions matérielles de subsistance pourraient s’avérer pertinents afin de mieux envisager l’hétérogénéité des expériences.

On rejoint sans réserve les auteurs Alain Giami et Jonas Le Bail dans leur constat conclusif : la situation sanitaire des communautés trans est très préoccupante au vue des niveaux de prévalence du VIH documentés. Mais elle est aussi complexe, du fait de l’imbrication des facteurs de risque. Les auteurs estiment que les trans constituent une population très diverse, qui n’est pas exposée de manière homogène aux risques du VIH et des IST. Sur le plan méthodologique, les enquêtes menées jusqu’à présent comportent d’importantes limites. L’une des principales étant que les recherches portent, pour la plupart, sur des segments spécifiques de la population trans (plus « à risque » et/ou fréquentant des centres de santé), laissant dans l’ombre une partie des personnes, dont la proportion est difficilement estimable. La publication prochaine des résultats de l’enquête sur la santé sexuelle des trans, menée en 2010 par A. Giami1 va constituer une étape importante pour une meilleure connaissance des ces réalités en France.

53- L’avocate Micheline Montreuil, trans- genre, gagne contre l’armée

Saturday, December 18th, 2010

MONTREAL – L’avocate trans- genre Micheline Montreuil a remporté une bataille juridique contre le Comité des griefs des forces armées canadiennes. En 2004, Mme Montreuil avait dé- posé une plainte contre le Co- mité des griefs de l’armée, qui lui avait refusé un poste. Elle était alors persuadée d’avoir été victime de discrimination fondée sur le sexe. Dans une décision rendue mardi, le tribu- nal canadien des droits de la personne lui a donné raison.
Le Comité des griefs de l’armée est condamné à lui verser des indemnités de près de 40 000 $ en perte de salaire et une in- demnité spéciale de 5000 $ en plus des intérêts.

Le transsexualisme revu et corrigé

Thursday, May 21st, 2009

Le 22 avril dernier, nous recevions à la Revue Le Point un second fax d’une organisation du nom de fiertetrans.org, oeuvrant principalement dans l’organisation d’une journée internationale de la fierté trans et d’un gala de la fierté transsexuelle 2009 à Montréal. En plus de nous donner des informations sur l’événement, qui devait se tenir le 2 mai à l’UQAM, on nous expliquait sommairement le déroulement de ce gala. À la réception de cette télécopie, à titre d’éditeur du Point, j’ai décidé de faire une mise au point sur la question de la transsexualité en général car à mon avis, il s’agit d’une association avec la communauté gaie qui résulte d’une mauvaise information et surtout d’une méconnaissance de l’histoire et de la culture gaie.

La transsexualité n’est pas une question de culture et ne devrait pas être associée, selon moi, à la communauté gaie ou lesbienne puisque du propre aveu des personnes atteintes de cette condition de santé, il s’agit d’une anomalie qui se traite par une médication et par la chirurgie. On propose d’ailleurs dans le cadre de la journée de la fierté trans, des rencontres avec des spécialistes du domaine médical comme le Dr. Pierre Brassard, spécialiste de la chirurgie de réassignation de sexe ou avec le Dr. Éric Bensimon, professeur au département de chirurgie de l’Université de Montréal dont la pratique est dédiée à la chirurgie esthétique et à la chirurgie reconstructive faciale. Est-ce que les gais et lesbiennes sont le résultat de chirurgies ou de traitements hormonaux? Non. L’homosexualité a été retirée du compendium des maladies depuis des lustres au Canada et l’association volontaire ou accidentelle du transsexualisme à la communauté gaie devrait être évitée. Les gais et lesbiennes se sont battus pendant des années pour justement ne pas être traités de malades et pour que l’homosexualité ne soit pas réputée être une condition médicale. La reconnaissance des gais et lesbienne comme une culture, une orientation différente qui fait partie d’une grande diversité sociale et non médicale est établie et ne saurait être diluée par des amalgames maladroits.

Je n’ai pas répondu à l’invitation de ce groupe, qui me semble toutefois proposer des activités tout à fait légitimes au même titre que la Fondation Canadienne du Cancer ou la Fondation contre la Sclérose en Plaques qui œuvrent à l’amélioration des conditions de vie de personnes atteintes de ces maladies. Les gais ne sont pas des personnes atteintes d’homosexualité. J’avoue que l’amalgame m’indispose au plus haut point. J’ai publié de nombreux textes sur la condition trans par le passé parce que personne ne donnait un juste accès médiatique aux personnes qui vivent avec cette condition. J’ai été un précurseur dans ce domaine et j’en suis fier. Je souhaite toutefois conclure en réaffirmant que la communauté gaie ne doit pas inclure les conditions médicales de tous les délaissés de la société, nous avons assez de nos travesties qui, elles, sont des artistes membres de l’Union des Artistes et non des personnes atteintes de quoi que ce soit.