Scapulalgie bilatérale révélant une primo-infection à VIH

Sidasciences
La névralgie amyotrophiante ou syndrome de Parsonage-Turner peut révéler une infection VIH. Cette étiologie devra être systématiquement recherchée devant une douleur neurogène intense suivie d’une amyotrophie et d’un déficit moteur.

Une plexite inflammatoire affectant habituellement le plexus brachial

Le syndrome de Parsonage-Turner est une plexite inflammatoire apparaissant parfois dans les suites d’un traumatisme, d’une intervention chirurgicale, d’une grossesse, d’une vaccination, d’une maladie de système, ou d’une infection, ce qui fait évoquer une hypothèse auto-immune.

L’origine de cette atteinte axonale multiple prédominant au plexus brachial est encore mal élucidée, l’hypothèse dysimmunitaire restant la plus plausible, en présence de facteurs déclenchants infectieux ou vaccinaux, et devant la présence dans certains cas d’anticorps antimyéline.

La symptomatologie est dominée par une douleur de l’épaule, permanente et insomniante, à type de brûlures, mais aussi de sensation d’arrachement, accrue par la mobilisation de l’articulation et rebelle aux antalgiques.

La douleur précède de quelques jours une paralysie qui devient rapidement amyotrophique. Ce déficit est en général contemporain d’une régression des douleurs. Il concerne surtout le plexus brachial supérieur (deltoïde, grand dentelé, sus- et sous-épineux).

Cette pathologie n’est pas rare (1,5 à 2 cas/100 000) ; elle touche 2 fois plus souvent les hommes et survient entre 10 et 80 ans (moyenne : 45 ans).

Des circonstances déclenchantes sont rapportées dans 30 à 50 % des cas et les plus fréquentes sont : une infection (respiratoire en particulier), une vaccination ou une sérothérapie, un geste chirurgical quel qu’il soit, la grossesse et l’accouchement, un traumatisme bénin.

L’électroneuromyogramme démontre une atteinte axonale aiguë de topographie radiculaire, plexique ou tronculaire suivant les cas, qui est un élément essentiel au diagnostic. L’imagerie du rachis cervical est souvent utile pour éliminer une autre cause devant un tableau « radiculaire ».

Le diagnostic différentiel principal est la névralgie cervico-brachiale hyperalgique et déficitaire liée à une hernie discale ou à un conflit disco-radiculaire.

Plusieurs agents pathogènes peuvent déclencher une névralgie amyotrophiante

– des virus

virus de la grippe ;
herpès ; zona ;
coxsackie B ;
cytomégalovirus ;
Epstein-Barr (mononucléose) ;
Echo ;
parvovirus B19 ;
hépatite B et VIH.

– Des bactéries et des parasites

Haemophilus influenzae ;
pneumocoque ;
Yersinia ;
Salmonella typhi ;
E. coli ;
Rickettsia ;
Borrelia burgdorferi ;
paludisme.

Une scapulalgie bilatérale évoluant depuis 3 semaines chez un homme de 63 ans

La douleur était résistante aux antalgiques. Le déficit moteur était apparu rapidement. Lors de l’hospitalisation, l’examen clinique retrouva une amyotrophie des muscles deltoïdes et sus-épineux.

L’enquête sérologique révéla une infection à VIH. La charge virale initiale était à 80 1860 copies/mL. Le taux de lymphocytes CD 4+ était à 517méga/L.

La trithérapie antirétrovirale et un traitement antalgique symptomatique permirent une évolution clinique favorable avec une régression rapide de la douleur, le déficit moteur récupérant plus lentement.

Un autre cas chez un anglo-saxon de 45 ans

Les auteurs décrivent un cas de plexite brachiale bilatérale chez un homme de 45 ans, homosexuel, survenue pendant la phase de séroconversion d’une infection à VIH/sida. Le patient a conservé une amyotrophie résiduelle.

A retenir

Une névralgie amyotrophiante peut révéler, dans de rare cas, une infection à VIH/sida. Il n’existe pas de consensus thérapeutique. Toutefois, le traitement antirétroviral, associé au traitement antalgique et à une rééducation motrice est généralement prescrit.


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