Sommes-nous prêts à un PM femme ou homosexuel?

JOurnal Métro
Mardi dernier, le député péquiste Claude Pinard a jeté un pavé dans la mare québécoise quand il a affirmé qu’une partie de la population ne voterait pas pour la chef du Parti québécois, Pauline Marois, parce que c’est une femme.

Aussitôt, toute la classe politique, hommes et femmes, s’est mise à la défense de Pauline Marois. Comme quoi, la compétence n’a pas de sexe et la politique est aussi dure pour les femmes que pour les hommes.

Jeudi, à 24 heures en 60 minutes, l’émission de début de soirée à RDI, Louise Beaudoin s’est portée à la défense dans son ancienne chef. Elle a même plaidé qu’en 2011, personne ne croirait qu’on est plus arriéré que l’Alberta, la Colombie-Britannique, Terre-Neuve et le Nunavut qui viennent d’élire des femmes comme première ministre. Elle a surtout avancé qu’il y a autant de femmes compétentes que d’hommes compétents, comme il y a autant de femmes incompétentes que d’hommes incompétents.

Alors, sommes-nous prêts à élire un PM femme ou homosexuel? À mon humble avis, j’ai un doute là-dessus. Et pour cause, en 2007, André Boisclair était aux commandes du PQ, quand un miniscandale a ébranlé notre province. Cette fois, c’est l’animateur Louis Champagne qui a tenu des propos homophobes à l’endroit du chef péquiste. Là aussi, André Boisclair a été soutenu par toute la classe politique et publiquement par toutes les personnes qui ont eu la chance d’avoir un micro pour le dire.

À l’époque, caméra à l’épaule, j’ai suivi un candidat souverainiste dans un fief libéral. J’ai été dans la campagne de son début jusqu’à la débâcle du PQ. On en a battu du pavé. La totale! Le porte-à-porte, les marchés publics, les rues et les centres commerciaux, partout où le candidat avait la chance de croiser des électeurs. Et j’ai été étonné qu’une fois le micro fermé, les gens se lâchaient complètement. L’homosexualité de Boisclair ne passait pas. Au Québec, au 21e siècle, j’ai été bouleversé!

En effet, le sexe ou l’orientation sexuelle d’un candidat ne devraient en rien nuire à son savoir, ses compétences et ses qualités. Ce qui importe c’est sa personnalité, son programme, son leadership au sein de son propre caucus et son ouverture.

Or, dans la réalité, hier comme aujourd’hui, ce n’est pas parce qu’on a un arsenal juridique pour protéger les droits de la personne, qu’on a mis les bouchées doubles pour prendre conscience du conditionnement et des préjugés, pour déconstruire des aberrations comme l’inégalité hommes-femmes ou l’homophobie, que le monde va changer. L’égalité juridique ne se traduit pas automatiquement par une égalité sociale. Il faut du temps et beaucoup d’éducation.

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Roger-Luc Chayer Journaliste et éditeur de Gay Globe TV et de la Revue Le Point
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