Sida: ouverture à Paris du procès d’un serial contaminateur

Romandie News
Il connaissait les risques. Pour moi, c’est un serial contaminateur. Agnès n’a pas de mots assez durs mardi, au premier jour du procès d’Hicheim Gharsallah devant les assises de Paris, pour décrire son ancien compagnon, accusé de lui avoir sciemment transmis le virus du sida.

Il le savait très bien qu’il était porteur du VIH, a assuré mardi en marge de l’audience la jeune musulmane.

C’était un jeu pour lui. Pour moi, c’est un assassin. Un +serial contaminateur+. Je sais qu’il y en a eu d’autres avant moi, mais combien’ s’interroge la trentenaire voilée.

En juin 2004, la jeune femme apprend que son concubin est séropositif depuis quatre ans. Des tests lui apprennent plus tard qu’il lui a transmis le virus.

La première fois qu’ils font l’amour, a assuré Agnès devant la cour, elle n’était pas consentante pour une relation non protégée. Mais Hicheim Gharsallah, qui se garde bien de l’avertir de sa séropositivité, l’empêche alors d’aller acheter des préservatifs.

Je suis de ceux-là qui n’aiment pas le préservatif, explique l’accusé, un homme de 34 ans au crâne dégarni. Quand je mettais un préservatif, ça ne me faisait rien du tout. J’avais pas de sensation.

De toute façon, jure-t-il, ce que je savais à l’époque, c’est que ça s’attrapait juste par le sang.

Une lacune difficile à croire alors que quelques minutes plus tard, il admet que lui-même a attrapé le sida lors d’un rapport sexuel parce qu’il ne se protégeai(t) pas.

D’ailleurs, mardi, Agnès a de nouveau raconté par quels mots son compagnon lui avait répondu lorsqu’elle lui avait demandé s’il se rendait compte qu’il l’avait contaminée en se sachant déjà séropositif: Quoi, et alors’ Moi aussi, on m’a baisé.

M. le procureur, vous m’avez fait craquer

En cette première journée d’audience, l’accusé dit souvent tout et son contraire. L’avocat général Julien Eyraud pointe l’une de ses incohérences. Hicheim Gharsallah se prend alors les pieds dans le tapis et reconnaît une relation sexuelle qu’il venait de nier. Et d’avouer, tel un garçonnet pris en faute: Monsieur le procureur, vous m’avez fait craquer.

Le jeune homme qui, après les avoir niés, a reconnu les faits, est également poursuivi pour avoir imposé des rapports non protégés à deux autres de ses compagnes, en 2005 puis 2008.

Selon le conseil de l’accusé, Me Pascal Garbarini, il était au départ dans un déni total et avait une attitude irresponsable même vis-à-vis de lui-même.

Il refusait d’accepter sa maladie, mais aujourd’hui, il l’accepte et il se soigne, assure-t-il. Cette audience d’ailleurs fait partie de sa thérapie. (…) Il a un devoir d’explication.

Tout en dénonçant un comportement criminel et dangereux, le conseil des parties civiles, Me Eric Morain, espérait que l’accusé prendrait effectivement ses responsabilités.

Ce n’est pas la première fois que la justice française a affaire à ce genre de dossier. Ainsi, en janvier 2005, la cour d’appel de Colmar a condamné un homme à six ans de prison ferme pour avoir contaminé deux de ses partenaires par le VIH.

Depuis, la cour d’appel de Fort-de-France a condamné en 2007 à dix ans ferme un homme ayant contaminé cinq mineures. D’autres condamnations ont suivi à Aix-en-Provence en 2009 (trois ans), à Rennes en 2010 (six mois ferme) ou encore ou encore à Strasbourg où en mars 2011, la cour d’assises du Bas-Rhin a condamné un homme à cinq ans de prison, dont deux avec sursis, pour avoir sciemment transmis le virus du sida.

Verdict vendredi.

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Roger-Luc Chayer Journaliste et éditeur de Gay Globe TV et de la Revue Le Point
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