Prévention et information santé : l’exemple du Crij et de Corsica Sida

Corse Matin

L’été, les vacances, l’insouciance… S’il y a bien une période dans l’année où l’on ne veut plus s’embarrasser des contraintes et profitez du moment présent, c’est la saison estivale. Et pourtant. Les soirées en boîte, les fêtes sur la plage et les bals de village sont propices à des conduites à risques dont les conséquences peuvent être irréversibles.

Pour sensibiliser les adolescents et les adultes aux dangers en tout genre, le Centre régional d’information jeunesse (Crij) d’Ajaccio a mis en place une campagne de prévention axée sur la consommation de stupéfiants et d’alcool, la sécurité routière et la sexualité.

Le Jbus, fourgon équipé d’un stand, parcourt les lieux de convivialité. Diane Bedu, animatrice au Crij d’Ajaccio, est responsable de cette prévention statique. Parallèlement, trois jeunes femmes recrutées par le Crij pour l’été, Hélène, Marilyne et Nora, sont chargées d’aller au contact de la population ciblée.

La distribution de documentation, de préservatifs et d’éthylotests accompagne le message de prévention porté par les quatre animatrices du Crij.

Rappel des risques
« Nous avons récemment mené une action plus axée sur la prévention routière avec la préfecture lors de la soirée sur la plage de Capo-di-Feno, raconte Diane Bedu. Ce fut un succès : nous avons été dévalisés en éthylotests ».

Le Crij profite de ces échanges pour rappeler les dangers des conduites à risques.

« Beaucoup de jeunes jugent sans conséquence la consommation de cannabis, poursuit Diane Bedu. Je les informe alors des effets négatifs sur la santé et sur le comportement social ».

Généralement le public est réceptif. « Il y a forcément un temps de latence entre le message adressé et la prise de conscience », analyse l’animatrice du Crij qui voit également des adultes se présenter à son stand en quête de renseignements.

Sida : une campagne pour le port du préservatif
Depuis une dizaine d’années, la prévention à destination des jeunes s’est accrue pendant la saison estivale et des collaborations se sont nouées.

Le Jbus se déplace par exemple dans la journée pour rencontrer des groupes d’adolescents dans les centres de vacances, en partenariat avec la CCAS.

De son côté, Corsica Sida c’est dix-huit ans sur le terrain et toujours la même volonté d’aller au combat. Pour Dany Papi, la présidente de l’association  lutter contre le VIH, c’est un combat. Sans merci et quotidien. Avec sa « petite » équipe de trois salariés et ses amis bénévoles, elle est partout. Et cette année encore, son investissement est total. Pourtant, aujourd’hui Dany Papi est inquiète.

« Nous travaillons avec le centre de dépistage anonyme et gratuit de l’hôpital Princesse Grace, à Monaco. Les dernières études sur l’épidémie en région Paca sont inquiétantes puisque l’on observe une augmentation de la séropositivité dans la communauté gay. Elle est de l’ordre de 10 à 15%.  Nous n’avons toujours pas de chiffres exacts dans l’île, mais le lien avec cette région est évident car nous savons que certains malades insulaires partent se faire soigner à Nice ou à Marseille pour des raisons d’anonymat. Aussi, on peut malheureusement penser que la contamination est aussi en progression chez nous ».

Si la tri-thérapie a effectivement fait baisser considérablement le taux de mortalité chez les malades du sida, Dany Papi rappelle qu’« hélas, ce traitement n’empêche pas la contamination ».

Aussi, elle espère que le gouvernement relancera des campagnes « importantes » d’information et de communication sur le port du préservatif : « C’est toujours le seul moyen d’éviter le  virus ».  Elle se félicite d’autant plus de l’action menée en partenariat avec le conseil général de Corse-du-Sud – l’association est également soutenue financièrement par la ville d’Ajaccio – qui permet cette année de lancer une campagne d’affichage sur l’ensemble du département avec ce slogan : « En vacances j’oublie tout sauf mon préservatif ».

Même si les temps sont difficiles pour les subventions , Corsica Sida, poursuit inlassablement son travail de terrain. Et cet été, les bénévoles de l’association sont partout. Sur les plages, dans les campings, les discothèques, les offices de tourisme et parfois même dans les concerts. Avec toujours le même objectif : informer. Pour éviter le pire.


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