Homosexualité dépistée au premier coup d’oeil

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Les stéréotypes ont la vie dure! En Malaisie, le gouvernement tente de stopper le fléau gay en distribuant une liste de comportements suspects des enfants à l’attention des parents.

Charade: mon premier a un corps musclé et aime l’exhiber en portant des cols en V et des T-shirts sans manches, mon deuxième préfère les vêtements moulants dans des tons clairs et colorés, mon troisième apprécie les sacs à main XXL, similaires à ceux qu’utilisent les femmes, quand il sort. Quant à mon quatrième, il est – évidemment – attiré par les hommes. Et mon tout alors, une petite idée? On ne va pas vous faire un dessin mais on vous le donne en mille, il s’agit d’un homme gay. C’est en tout cas ce que stipule la liste des «symptômes d’identification» de l’homosexualité, telle qu’elle a été établie par le ministère de l’éducation en Malaisie.

Ces symptômes se trouvent compilés dans le guide paru mi-septembre à l’attention des parents. Pratique pour déceler le danger dès le plus jeune âge chez son fils avant que la tare ne soit irrémédiable! On vous voit venir Mesdames. Pas de souci, vous aussi, vous avez droit à votre petit descriptif, tout aussi débile. Par contre, veuillez en excuser le gouvernement malaisien, contrairement à la liste des symptômes pour les hommes, vos attributs ne ressemblent en rien à un catalogue Mattel. C’est bien connu, la lesbienne est sauvage, farouche et asociale! Comme suit: attirées par les femmes, les femmes homosexuelles n’ont aucune affection pour les hommes et aiment sortir, partager des repas et dormir en compagnie d’autres femmes. Toutefois, en dehors de leurs compagnes, elles maintiennent une distance par rapport aux autres femmes. Eh ben tiens! Autant affligeante que navrante, cette liste de symptômes a été présentée à 1500 parents et enseignants lors d’un séminaire à Penang le 12 septembre dernier. Oui Mesdames et Messieurs, cela se passe en 2012.

Desproges dans le texte
Pendant que dans nos contrées, la communauté LGBT se bat pour obtenir le droit au mariage et à l’adoption, il existe quelque part sur cette Terre un ministre de l’éducation qui justifie un obscène opuscule en arguant que «la jeunesse est facilement influencée par les sites et les blogs relatifs à la communauté LGBT. Cela peut même se propager parmi leurs amis. Nous craignons même que cela ne puisse déborder sur le temps imparti aux études.» Le guide détecteur de comportements suspects précise qu’une attention particulière et immédiate doit être prêtée à des enfants répondant à ces critères.

Face à une telle avalanche de conneries, on ne peut que se souvenir du fameux dicton de Pierre Desproges: «On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui.» Il est vrai que dans un pays où une loi étatique permet de punir les homosexuels avec une peine allant jusqu’à 20 ans de prison, ça rigole pas. Mais pas du tout. Bon, accordons tout de même au gouvernement malaisien un pas de géant cette année: les personnages homosexuels dans des fictions à la télévision ou au cinéma sont autorisés. Mais seulement si dans le dénouement de l’histoire, ces derniers regrettent leur mauvais choix et deviennent, comme il se doit, hétérosexuels. Ouf, on a eu chaud mais après tant de suspense, en guise de happy end, difficile d’imaginer mieux. Alors pour celles et ceux qui prévoient déjà un voyage de noce en grande pompe, la Malaisie demeure – malheureusement tant ce pays est beau – à rayer de la liste.

https://www.gayglobe.us


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