Robert Laramée: Où est passé l’argent des aînés?
Journal de Montréal
Un rapport confidentiel lève le voile sur la mauvaise administration d’une résidence. La Maison des aînés compte 45 logements. Selon un rapport de la Société d’habitation du Québec, les revenus de buanderie, de transport et de certains repas n’auraient jamais été comptabilisés pendant près de 20 ans. Des montants de plusieurs dizaines de milliers de dollars.
estion déficiente, des dizaines de milliers de dollars non déclarés, des dépenses sans pièces justificatives et du travail au noir. Voilà ce qu’on relate dans un rapport de vérification concernant une résidence pour personnes âgées dirigée par l’ancien conseiller municipal de Montréal, Robert Laramée.
Le rapport confidentiel de la Société d’habitation du Québec au sujet d’Habitations les II volets n’a rien de rassurant. Il est mentionné entre autres qu’il y aurait eu pour 79 040 $ de frais de buanderie non comptabilisés entre 2006 et 2009 seulement.
On y indique aussi la location d’une Volvo au bénéfice du directeur général, pour laquelle il n’y avait pas d’avantage imposable. Le conseil d’administration d’Habitation les II volets a pourtant tenté d’éviter la divulgation de ce rapport compromettant à un locataire devant la Commission d’accès à l’information.
« Ils ont tout fait pour protéger Robert Laramée. Ils ont tout fait pour lui permettre de s’en sauver », dénonce Michel Pepin de l’Association des locataires de la Maison St-Étienne, l’une des deux résidences que regroupe l’organisme sans but lucratif.
Gestion déficiente
Le président du conseil d’administration, Pierre Breton, reconnaît que la gestion était déficiente, mais refuse de prendre le blâme. « Il y a un passé qui est questionnable, ce n’est pas drôle ce qui s’est passé. Ça nous prend plus d’aide, ça nous prend des individus qui viennent témoigner. Des ouï-dire, je ne peux pas travailler avec ça », dit-il.
À la suite des interventions de Michel Pepin, il dit avoir commencé à poser des questions. La Société d’habitation du Québec qui a fourni plus d’un million en subventions depuis cinq ans a été appelée à la rescousse.
À cette époque, les dirigeants de l’OSBL ont également fait une dénonciation au fisc pour un montant de 60 000 $ au provincial et au fédéral pour des montants non déclarés.
Le rapport de vérification produit par des vérificateurs internes de la SHQ est une procédure exceptionnelle. Pourtant, le c.a. estime que des erreurs ont été faites.
« Quand on compare les revenus avec les dépenses actuelles, c’est vraiment astronomique ce qu’on dit », soutient Pierre Breton.
Il admet toutefois que certains remboursements de dépenses n’étaient pas nécessairement légitimes. Selon le rapport de la SHQ, ce sont des dépenses de 39 344,82 $ en 2007 et 46 557, 67 $ en 2008 qui ne sont pas supportées par des pièces justificatives. De 2007 et 2009, le montant mensuel des frais de service payés par les locataires est aussi passé de 168 $ à 302 $. « C’est épouvantable », dit Michel Pepin. Depuis, il a été diminué de 44 $.
« Ces anomalies sont suffisamment importantes pour que la SHQ exige, conformément aux conventions d’exploitation en vigueur, que votre organisme ait recours à un gestionnaire externe et indépendant afin d’assurer une saine gestion », a écrit le président de la Société d’habitation du Québec, James McGregor.
Robert Laramée a quitté son poste en décembre 2010.