Posts Tagged ‘nazi’

Allemagne : le chef du parti néo-nazi démissionne, soupçonné d’actes homosexuels

Saturday, December 28th, 2013

rtl.fr

Holger Apfel, ex-patron du parti allemand d'extrême-droite NPD, a dû démissionner.

Holger Apfel, ex-patron du parti allemand d’extrême-droite NPD, a dû démissionner.

Crédit : JOHANNES EISELE / AFP

Holger Apfel, le leader du parti néo-nazi allemand NPD, a été contraint de démissionner après avoir été soupçonné de gestes déplacés envers un jeune militant.

Marié et père de trois enfants, Holger Apfel, à la tête du parti d’extrême-droite allemand NPD, a été contraint à la démission après des rumeurs d’homosexualité.

Il est accusé, au sein de son parti, d’avoir eu un geste déplacé envers un jeune militant, lors de la dernière campagne électorale, selon L’Express.

Le parti néo-nazi n’accepte pas l’homosexualité, et même s’il ne s’agit que de rumeurs, Holger Apfel, 42 ans, s’est retrouvé menacé d’exclusion et a préféré rendre sa carte, affirme Le Figaro. Il a été remplacé par Udo Pastörs, 61 ans, jugé plus intransigeant, possédant notamment la biographie de Joseph Goebbels dans sa bibliothèque.

Composé d’environ 5.000 membres, le NPD n’est qu’un micro parti qui représente 1,3% aux élections, soit 300 élus locaux, rapporte Le Figaro. Il recueille ses voix dans des régions défavorisées d’Allemagne de l’Est ou dans les lieux les plus conservateurs de Bavière, axant ses campagnes sur le thème de l’identité allemande et de la chasse aux immigrés.

L’Affaire Stéphane Gendron Ou la mort des gais, «seulement des gais»!

Tuesday, August 21st, 2012

La pire affaire de violence et de menaces contre des homosexuels au Canada depuis les dernières années vient de se produire au Québec et implique une personnalité plus que connue, l’animateur de V-Télé et Maire de la ville de Huntingdon, Stéphane Gendron.

Début juillet dernier, alors qu’une simple photo était présentée sur la page Facebook de M. Gendron, Gay Globe Média avait commenté et répondu à une question anodine sur la définition possible du mot Homocool, affiché par Gendron. Dès lors, s’en est suivi une attaque de la pire espèce contre le fait homosexuel, attaque voulue, désirée et maintenue par Stéphane Gendron, malgré nos protestations et le dépôt de nombreuses procédures à son endroit. Les attaques venaient d’un certain Kamel Messaoudi et comportaient les propos suivants, par exemple:

“Moi j’aime pas les PD, ça me dégoute, enfin, la pratique me dégoute, mais bon de là à les insultés individuellement… J’ai dit que la pratique GAY (qui est la sodomie) me dégoûtait ais je le droit ? de trouver cette pratique qui relève pour moi de la scatophilie répugnante ? mais bon, je n’en attendait pas moins d’une tapette… Ohlaaa les tafioles en ordre de bataille, ça promet, un remake de la cage aux folles peut être hahahahahaahahaha PDDDDDDDD. Écouté, je ne pense pas à tué tout ce qui bouge, (seulement les gays). peut être toute cette foutre vous monte t’elle à la tête ? tapette hystérique, reprenez donc vos esprits, je ne veux pas de mal aux homos, je pense que l’on devrait les aider, notamment en les enfermant de force dans des hôpitaux psychiatriques, afin de les traités du fléaux dont ils sont touché, (il parait que la sismothérapie donne des résultats de ce côté là.). Je ne suis pas un troll, mais admettez qu’Hitler ne faisait pas fausse route en envoyant ces tarlouzes au camp, d’ailleurs je trouve ça très regrettable que personne n’en ait encore l’idée aujourd’hui (SIC)”…

Stéphane Gendron, qui avait été avisé dès les premières minutes de ces attaques sur SON site, a d’abord inventé une histoire sur son emploi du temps, déclarant qu’il n’avait pas eu le temps d’intervenir alors que dans les faits, il l’avait fait dès le début de la journée, décidant de maintenir les propos illégaux, selon le code criminel canadien.

Plus tard, confronté à nouveau au fait qu’il maintenait des propos illégaux et terriblement violents à l’endroit d’une minorité protégée au Canada, Gendron répliquait qu’il avait une vie, qu’il n’avait pas le temps de s’occuper de ces affaires-là et qu’il était pathétique de le lui reprocher. Devant son refus clairement exprimé de retirer des attaques et des propos qui incitaient à la haine et à la mort  contre les homosexuels, Gay Globe a décidé de prendre ses responsabilités et de soumettre cette affaire aux autorités.

La Commission québécoise des Droits de la Personne du Québec recevait notre plainte et déclarait par la suite, comme l’orientation sexuelle est protégée par la Charte québécoise, vouloir se prononcer sur l’affaire vu la nature extrêmement violente des attaques, . La Commission fédérale quant à elle souhaitait aussi se prononcer et recevait notre plainte vu la diffusion sur Internet, qui relève des pouvoirs du Gouvernement Fédéral. Le SPVM ouvrait une plainte criminelle contre Gendron par la suite selon l’article 319 de la loi sur la propagande haineuse. Un suivi sera fait dès que les dossiers évolueront. NDLR: Malgré tout, M. Gendron persiste à maintenir les publications qui comportent même un drapeau nazi depuis peu…

Stéphane Gendron: Gay Globe Média dénonce l’appel à l’exécution des gais

Wednesday, July 4th, 2012

COMMUNIQUÉ

Roger-Luc Chayer, éditeur et journaliste responsable du groupe média Gay Globe/Le National/Le Point dénonce les appels à l’exécution des personnes homosexuels publiés sur la page Facebook de Stéphane Gendron, animateur au Canal V et Maire de la ville de Huntingdon au Québec.

La page comportant les propos extrêmement violents est au http://www.facebook.com/photo.php?fbid=10151070552345915&set=a.485015790914.267924.529680914&type=1&theater&notif_t=photo_reply

“J’ai été le triste témoin d’une attaque terrible à l’endroit des personnes homosexuelles de la part d’un ami Facebook de Stéphane Gendron. Cet ami à lui a publié des appels à exécuter les personnes homosexuelles, les seules à mériter une exécution selon lui, il a déclaré que les nazi avaient raison de vouloir les exécuter et ont bien fait de le faire, il n’a pas cessé de publier des messages haineux par dizaines, au plus grand désaroi des autres utilisateurs présents et témoins impuissants. Stéphane Gendron, bien qu’invité à retirer ces messages de sa page, a volontairement laissé ces textes haineux persister”, déclare Roger-Luc Chayer, journaliste et ex-ami de Stéphane Gendron.

Les autorités ont été consultées sur cette sordide affaire et des interventions à l’endroit de Stéphane Gendron sont en préparation car quiconque publie ou laisse se publier des textes en infraction avec les chartes canadienne et québécoise des droits et libertés, qui interdisent toute discrimination ou attaque contre des minorités protégées comme celles concernant l’orientation sexuelle, s’expose à de graves accusations de la part des autorités.

“J’ai requis ces intervention après avoir consulté les autorités perstinentes parce que la nature des propos est si violente qu’elle peut pousser des individus à agir contre les gais et parce que je crois sincèrement, c’est aussi l’avis des autorités consultées, qu’un individu qui ne retire pas de tels messages démontre qu’il endosse ces propos. Il doit asumer son choix de laisser survivre des appels à une haine qui ne trouvent aucun justificatif dans une société démocratique telle que le Québec”, déclare avec émotion l’éditeur qui avoue qu’il n’a jamais vu de sa vie une telle violence contre ce qu’il représente, venant d’un ami.

Stéphane Gendron a refusé de retirer les messages haineux contre les gais même après qu’il ait été avisé que l’identité de l’auteur était fausse et sa photo Facebook aussi, démontrant qu’il endosse par passivité les propos de cet étrange et anonyme tueur de gais…

La Commission Canadienne des droits de la personne et la Commission québécoise sont sur le dossier et des accusations graves pourraient être portées contre Stéphane Gendron dans les heures qui viennent.

NDLR: Stéphane Gendron donnait finalement signe de vie le 5 juillet au matin et déclarait dans une série de messages publics et privés à Gay Globe, pour expliquer les délais à retirer les messages haineux, qu’il avait une vie, qu’il ne pouvait être présent sur sa page continuellement et qu’il n’endossait pas ces propos. Ce à quoi Roger-Luc Chayer, éditeur de Gay Globe, lui répondait que la responsabilité de gérer ses sites internet et ses outils de communication lui incombait directement et qu’il devait assumer la responsabilité de ce qui avait été fait sur des outils internet lui appartenant et laissés sans surveillance si longtemps. Quant à l’argumentaire à l’effet qu’il ne pouvait pas être présent et ne pouvait se libérer de la journée, l’éditeur de Gay Globe lui a fait remarquer qu’il était pourtant intervenu avec un message, peu de temps après les premières attaques, et qu’il avait décidé de ne pas effacer les messages incriminés. Ce à quoi Stéphane Gendron a répondu qu’il n’avait pas lu les messages initiaux, que ces messages n’étaient pas de sa connaissance au moment de son intervention.

Triangle Rose sur bottes noires : l’Allemagne nazie et l’homosexualité

Tuesday, October 11th, 2011

Actualitte.com
À l’heure de la Gay pride et du Coming out, on pourrait espérer que la cause homosexuelle ne soit plus un combat à mener au quotidien, mais les éructations homophobes que l’on peut entendre régulièrement et les agressions relatées dans les journaux prouvent que non…

En partenariat avec BDfugue.com

Triangle rose (Quadrants) de Michel Dufranne et Milorad Vicanovic nous ramène à une période où le régime nazi envoie des hommes dans les camps de concentration pour « crime contre la race » et c’est l’un d’entre eux que rencontrent de nos jours de jeunes écoliers à la recherche d’un témoignage pour un devoir d’histoire. L’homme se montre revêche et même brutal, car la sortie des camps n’a pas signifié pour lui la fin du calvaire…

Dans les années Trente, Andreas est un talentueux dessinateur publicitaire entouré d’amis ; il est joyeux, optimiste et vit parfaitement bien son homosexualité dans une relation amoureuse tendre et discrète (on est aux antipodes de l’excellent film Cabaret de Bob Fosse et de ses personnages flamboyants et tapageurs).

Triangle rose,

sur BDfugue.com

En accédant au pouvoir, les nazis vont systématiser et durcir l’arsenal répressif dirigé contre l’homosexualité jusqu’à ce fameux paragraphe 175 du Code pénal allemand, porte ouverte à l’arbitraire total… Le groupe d’amis se disloque, certains d’entre eux pensent à se marier pour tromper les autorités !

C’est le cas d’Andreas, mais il est dénoncé par sa concierge et perd son travail : convoqué par la police, puis jeté en prison où il est battu et violé, il refuse de révéler les noms des homosexuels qu’il pourrait connaître, ce qui lui vaut d’être déporté dans un camp de concentration… Miraculeusement, il va survivre, mais l’après-guerre est terriblement cruel pour lui, car il n’a pas droit à une réparation financière, étant un condamné de droit commun, il est méprisé parce qu’ayant survécu à la guerre sans combattre (!) et stigmatisé parce qu’homosexuel…

Le premier mérite de ce livre est de remettre en mémoire l’acharnement des nazis contre les Allemands considérés comme traîtres à la patrie de par leur orientation politique ou sexuelle, avec cette sinistre méticulosité administrative symbolisée par le fameux triangle rose portée par les détenus dans le camp !

Situés au plus bas de l’échelle pénitentiaire, les homosexuels sont parmi les premiers à être déportés, leur espérance de vie est l’une des plus courtes, et ils subissent des humiliations spécifiques comme d’être forcés de laisser leurs mains visibles pendant leur sommeil pour ne pas, et je reprends là l’écœurante expression des nazis, « se toucher »…

Peut-on craindre le retour d’une telle barbarie ? La séquence d’ouverture de cette bande dessinée nous invite à nous poser la question : avant d’aller interroger Andreas, les jeunes lycéens chahutent dans la rue et se lancent des vannes sexistes et homophobes, évidemment sans fondement, mais imaginons ces clichés montés en épingle par un parti politique d’extrême droite dans une période troublée ? Sur quoi tout cela pourrait-il déboucher ?

Beaucoup d’Allemands pensaient que le gouvernement d’Hitler ne tiendrait que quelques mois… En Italie , à la même époque du fascisme triomphant, il fut proposé de s’aligner sur les lois d’exception de l’Allemagne nazie, ce à quoi Mussolini, niant l’existence des homosexuels, répondit en organisant un système de confinement qui nous est présenté dans le livre de Luca De Santis et Sara Colaone en Italie, il n’y a que des vrais hommes (Dargaud).

En Italie, il n’y a que des vrais hommes

sur BDfugue.com

Deux jeunes journalistes y interrogent Antonio, survivant des camps de détention : une chaude bichromie et un dessin très doux exaltent l’émotion qui nous saisit à la lecture de ce témoignage simple et pudique…

Last homosexual concentration camp survivor dies at 98

Sunday, August 7th, 2011

jpost

BERLIN – Rudolf Brazda, widely believed to be the last gay survivor of Nazi Germany’s extermination camp system, died on Wednesday in France, the Lesbian and Gay Federation of Germany confirmed on Thursday. He was 98.

Brazda was born in Germany and sent to the Buchenwald concentration camp in August 1942.

The United States army liberated Buchenwald, near the eastern German city of Weimar, in April 1945.

“I didn’t understand what was happening but what could I do? Under Hitler you were powerless,” Brazda said in a 2010 video interview with the French gay website Yagg.

Though Paragraph 175 of Germany’s criminal penal code outlawed homosexuality before Adolf Hitler became chancellor in 1933, the Nazi party under Hitler radically intensified the enforcement of the anti-gay law.

Historians estimate that 10,000 to 15,000 homosexuals across Europe – most of them German – were deported to concentration camps. Many of them were murdered in the camps or castrated by the Nazis as part of their sinister “National Sexual Budget” plan.

More than 50,000 men in Germany were arrested because of alleged violations of Paragraph 175 during the Nazi period (1933-1945).

Brazda was incarcerated in 1937 for six months because of Paragraph 175. A Nazi collaborator denounced him to the authorities as engaging in “unnatural lewdness.” Four years later, he was again jailed and convicted under the anti-gay law.

After serving a prison sentence in 1941, he was deported to Buchenwald, where an estimated 650 homosexual men were imprisoned.

West Germany suspended the Nazi-era Paragraph 175 in 1969 and the Federal Republic abolished the law in 1994.

While in Germany in 2009, Brazda’s first visit to his native country in 64 years, he examined his Buchenwald concentration camp documents. “Yet they were never able to destroy me. I am not ashamed,” he noted.

Commenting on the contemporary gay and lesbian generation, he said, “They should consider themselves lucky to live in a free democracy.”

Brazda said that a kapo – an inmate forced by the Nazis to oversee the work of other prisoners – helped save his life. Gay prisoners were frequently sent to work in the grim quarry, but Brazda was assigned to work as a roofer. The less taxing work as a roofer – his profession before imprisonment – coupled with extra meals allowed him to survive.

In Buchenwald, he was compelled to wear a pink triangle on his uniform, denoting the Nazi category for homosexuality.

Shortly before Buchenwald was liberated, he escaped the “death march” to the Flossenburg concentration camp. He said, “But I was lucky. To have gotten out of there, to be alive. It wasn’t easy.”

A second kapo hid Brazda in a tool shed with pigs before the death march started. He survived 14 days in the shed until the Americans liberated Buchenwald.

“After that, I was a free man,” he said.

After World War II, Brazda relocated to France, in Alsace, where he lived with his partner, Edi Mayer, for more than three decades. Mayer died in 2003.

Brazda was born in 1913 to Czech parents in Brossen, Thuringia state. The son of a coal miner who died when Brazda was a young boy, he had seven siblings.

Two recent books have documented Brazda’s life. Alexander Zinn, a former press spokesman for the Lesbian and Gay Federation of Germany, published a biography in 2011, whose title loosely translates as Happiness Always Came to Me, the lifelong motto of Brazda.

A second biography – Itinerary of a Pink Triangle – was published by the French author Jean-Luc Schwab last year.

This past April, France appointed Brazda a Knight of the Legion of Honor. Germany chose not to award Brazda the Federal Cross of Merit. Brazda did not receive monetary compensation from the German government for his incarceration in Buchenwald.

Successive post-Holocaust German governments resisted paying financial compensation for gay victims of the Nazi period.

La mort du dernier déporté pour homosexualité nous impose un devoir d’histoire

Saturday, August 6th, 2011

Nouvelobs

Qui est Rudolf Brazda ?


Né le 26 juin 1913 en territoire allemand, ses parents sont des sujets Austro-hongrois émigrés en Saxe pour des raisons économiques. En ce début de XXe siècle, la brutalisation des sociétés et les conflits qui en découlent vont avoir des conséquences graves sur la vie de Rudolf. À la suite de la Première Guerre mondiale, la réorganisation de l’Europe centrale par le traité de Versailles lui impose la nationalité du nouvel état tchécoslovaque.

Faisant fi de cette identité administrative arbitraire, Rudolf Brazda construit sa propre identité par une jeunesse ancrée dans l’insouciance et la liberté. Liberté d’opinion tout d’abord lorsqu’il adhère en 1936 aux Jeunesses communistes allemandes dans un pays soumis à la propagande hitlérienne. Liberté d’action également lorsqu’il décide de vivre pleinement son attirance pour les hommes dans une Allemagne qui développe alors une idéologie nataliste dans laquelle l’homosexualité masculine est l’objet de discriminations, puis de persécutions.

Rudolf Brazda ne tarde d’ailleurs pas à être inquiété. Il est condamné une première fois à huit mois de prison en 1937 en raison de son amour pour les hommes. À sa sortie, il doit quitter le territoire allemand pour s’installer dans une Tchécoslovaquie qu’il ne connaît guère, mais à laquelle il est censé appartenir d’un point de vue légal. Installé à Karlsbad, il reconstruit sa vie jusqu’à ce que l’irrésistible expansionnisme hitlérien s’étende dans la province des Sudètes en octobre 1938. La législation nazie s’applique dès lors à cette nouvelle région de l’Europe et Rudolf est à nouveau inquiété au titre du Paragraph 175 qui condamne tout acte de nature homosexuelle. En raison de sa récidive, il est à nouveau envoyé en prison, mais cette fois-ci pour une durée plus longue. Il entre alors dans l’engrenage du système pénitentiaire nazi qui le conduit progressivement dans le camp de Buchenwald en 1942. Il n’en sortira qu’au moment de la libération du camp.

Les circonstances le conduisent alors en France où il décide de s’installer avec son compagnon avant de demander, en 1960, la nationalité française. Ce n’est qu’à la mort de ce dernier qu’il décide de livrer son témoignage recueilli par Jean-Luc Schwab (“Itinéraire d’un triangle rose“, éditions Florent Massot, 2010).

Le 28 avril 2011, la République française avait décidé de lui rendre hommage en lui remettant la légion d’honneur.

Une histoire de l’homosexualité au XXe siècle


Dans la plupart des articles et réactions éditées depuis sa disparition, c’est essentiellement la déportation de Rudolf Brazda qui a été mise en avant. Cet événement est en effet tragique et il marque durablement les mémoires. J’ai moi-même eu l’occasion de rappeler au cours d’une interview accordée à l’AFP que nos connaissances sur ce sujet doivent encore être approfondies et que les recherches historiques dans ce domaine doivent être encouragées.

La vie de cet homme a cependant bien d’autres enseignements à nous offrir. Son témoignage contribue à une meilleure connaissance de l’histoire de l’homosexualité tout au long du XXe siècle et pas seulement durant la période nazie. À travers son parcours, on découvre notamment les pratiques récurrentes du travestissement dans certains milieux homosexuels qui diffusent par exemple des cartes postales d’hommes maquillés campés sur des talons hauts. Rudolf Brazda nous emmène également avec lui dans les parcs et les bosquets qui sont des lieux de dragues privilégiés avant que les bars, saunas, et sites Internet ne viennent les remplacer. Enfin, on découvre avec étonnement qu’au début des années 1930, soit près de soixante-dix ans avant le PACS, il était déjà possible d’organiser des simulacres de “repas de noces” avec amis, et parfois même familles, pour célébrer l’union amoureuse de deux jeunes amants.

Au-delà des fluctuations de l’histoire sociale, conditionnée par les évolutions juridiques, le témoignage de Rudolf Brazda est une histoire qui manifeste cet irrésistible besoin d’amour et cette rage presque incompréhensible de défendre toujours cette forme d’amitié particulière, y compris contre les pires atrocités des régimes autoritaires.

Un vide vertigineux dans la mémoire de la déportation


La disparition de Rudolf Brazda n’est cependant pas seulement l’occasion de rappeler l’histoire de ces événements tragiques. Elle constitue aussi un moment important pour les mémoires européennes et mondiales.

Mercredi 3 août 2011, c’est le dernier survivant connu de la déportation pour motif d’homosexualité qui s’est éteint. Ce moment tant redouté depuis plusieurs décennies est arrivé. Dans quelques années, l’ensemble des survivants de la Seconde Guerre mondiale aura probablement disparu et nous entrerons alors dans une nouvelle période tant redoutée où l’émotion de la voix du témoin ne pourra plus porter le souvenir d’un évènement qui constitue encore aujourd’hui une référence dans l’incarnation du mal.

71- Rhétorique de la survictimisation sur les déportés homosexuels Est-ce que la Fondation Émergence exagère?

Wednesday, October 13th, 2010

Enquête par
Roger-Luc Chayer
Photos Rosa Hilfe Freibourg

Cette semaine se déroulait en Europe un événement visant à honorer la mémoire des personnes déportées par le régime nazi pour cause d’homosexualité.

Les responsables de la Fondation pour la mémoire de la déportation, dans un communiqué diffusé en marge du dévoilement d’une plaque dédiée aux déportés homosexuels, déclaraient que le nombre de personnes déportées était établi à 215 pour le camp de Struthof et règle générale, on s’accorde pour dire que les déportations ne concernaient que les homosexuels des territoires annexés par l’Allemagne comme l’Alsace et non toute la France occupée qui vivait sous le code Napoléon et non la loi allemande même pendant l’occupation.

Toutefois, dans un communiqué publié par la Fondation Émergence, basée à Montréal et présidée par Laurent Mc Cutcheon, datée du 23 septembre 2010, on déclare, citant le Président Mc Cutcheon <<Si le monde entier ne pourra jamais oublier les horreurs de cette guerre et les châtiments imposés aux Juifs, il faut rappeler que 10 000 personnes homosexuelles ont aussi été envoyées dans les camps nazis et que 6 000 n’en sont jamais ressorties>> de dire le président de la Fondation Émergence, monsieur Laurent Mc Cutcheon. Et il donne comme source la United States Holocaust Memorial Museum. (Le communiqué peut être lu au http://www.fondationemergence.org/default.aspx?scheme=4017)

Encore une fois dans cette affaire, on doit se questionner sur les motifs de la Fondation Émergence à exagérer des informations factuelles pourtant reconnues. Si on vérifie la source, le site de la United States Holocaust Memorial Museum mentionne clairement à la fin de sa page réservée aux homosexuels déportés la phrase suivante: On ne dispose d’aucune donnée statistique concernant le nombre des homosexuels qui moururent dans les camps. On peut prendre connaissance de cette page à l’adresse suivante http://www.ushmm.org/wlc/fr/article.php?ModuleId=74

Le chiffre avancé par M. Mc Cutcheon ne trouve donc aucun justificatif dans la source qu’il offre dans son communiqué et semble être exagéré.

De plus, un vaste débat a cours actuellement en Europe sur le nombre réel des personnes homosexuelles décédées dans des camps de concentration car si personne ne nie la déportation des homosexuels, on ne semble pas trouver les chiffres avancés par M. Mc Cutcheon à quelque endroit que ce soit.

Sur le site de l’Observatoire du Communautarisme au http://www.communautarisme.net/Manipulations-autour-de-la-deportation-homosexuelle_a337.html, on consacre un dossier bien documenté sur les manipulations autour de la déportation homosexuelle et on y affirme que les seuls français qui ont été déportés pour leur homosexualité -on estime leur nombre à environ 200- étaient originaires d’Alsace et de Lorraine, deux régions soumises au joug nazi après avoir été annexées par le IIIème Reich en 1940. On peut cependant en douter. En effet, le “conseiller historique”  recruté par la production sur ce téléfilm (Un amour à taire) était Jean Le Bitoux, un personnage pour le moins controversé. Fondateur du magazine homosexuel Gai Pied, et président du Mémorial de la Déportation Homosexuelle, Jean Le Bitoux a été récemment écarté pour incompétence du projet d’archives homosexuelles de la Ville de Paris. Auparavant, il avait notamment fait paraître le livre de souvenirs de Pierre Seel, un homosexuel alsacien rescapé des camps. Bien que Pierre Seel n’ait pas porté le fameux triangle rose (il était marqué du triangle bleu des catholiques au camp de Schirmeck) et qu’il ait par la suite été enrôlé par la Wehrmacht pour combattre sur le front de l’Est, Le Bitoux a donné à son livre d’entretiens le titre ambigu de Moi, Pierre Seel, déporté homosexuel.

Si M. Mc Cutcheon et la Fondation Émergence exagèrent des données factuelles pourtant reconnues et multiplient le nombre réel de victimes, on peut se demander d’abord pourquoi et ensuite à qui sert cette survictimisation?

Rhétorique de la
survictimisation
Par Gay Globe Magazine

Selon les auteurs Pierre Tremblay, Éric Boucher, Louise Biron et Marc Ouimet du Journal Canadien de Criminologie #40, l’hypothèse d’une survictimisation des homosexuels semble plausible. On a peut-être exagéré la portée de cette attraction et dramatisé l’ampleur de cette forme particulière de violence. La survictimisation peut aussi être un outil pour certains militants afin de revendiquer des fonds publics sur la base d’exagérations.