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Cuba songe à légaliser le mariage gai

Saturday, February 4th, 2012

Selon le journal Métro, Mariela Castro, la directrice du Centre National d’éducation sexuelle de Cuba et fille du président cubain, affirme que “le gouvernement de l’île des Caraïbes examinera la possibilité de légaliser l’union civile entre personnes du même sexe cette année.” Le projet serait à l’étude dans l’idée d’une éventuelle modification du Code civil cubain afin de permettre à des personnes de même sexe de pouvoir se marier. Rappelons que Cuba, loin d’être un pays démocratique, autorise tout de même depuis 2008 de changer civilement de sexe.
Une histoire LGBT encore jeune, puisque ce n’est qu’en 1979 qu’est dépénalisée l’homosexualité, bien qu’il faille encore attendre 10 ans pour une dépénalisation de la sodomie. C’est dans les années 70 que tout commence à bouger à Cuba pour les homosexuels avec notamment l’abandon de l’idée que l’homosexualité est une décadence importée des sociétés capitalistes. Ainsi, on abroge les lois interdisant les métiers dans l’Art et l’Éducation aux homosexuels. Les mentalités changent. Cela va même jusqu’en 1987 à pénali- ser les policiers qui harcèlent les civils à cause de leur façon de s’habiller, allez savoir pourquoi ça a beaucoup profité aux gais. Et en 1997, les dernières lois homophobes sont retirées.
D’ailleurs en août dernier, le site Têtu mentionnait le maria- ge d’un gai et d’une transsexuelle, au palais des Mariages de La Havane, à Cuba. Le même site avait aussi en 2010 rapporté des propos de Fidel Castro qui reconnaissait que de graves erreurs avaient été commises par le passé : « S’il y a quelqu’un de responsable, c’est moi (…) Échapper à la CIA, qui achetait tant de traîtres, ce n’était pas simple, mais s’il faut assumer la responsabilité, j’assume la mienne, je ne vais pas tenir pour responsable quelqu’un d’autre ».

Cuba : Un militant homosexuel et une transexuelle se sont mariés

Sunday, August 14th, 2011

France Soir

Cuba devait fêter samedi les 85 ans de Fidel Castro. Mais ce qui a marqué le plus la population, qui dans sa majorité considère son ancien président comme un dictateur sans pitié, c’est le mariage qui a été célébré à La Havane. Ignacio Estrada, 31 ans, s’est uni civilement avec Wendy Iriepa, 37 ans. Le militant homosexuel a ainsi épousé une transexuelle. Cette union n’est pas à proprement parler un mariage homosexuel, qui est interdit dans le pays. L’événement avait néanmoins pour objectif de faire avancer les droits des gays dans l’île. Les jeunes mariés l’ont présenté comme un cadeau à Fidel Castro pour son anniversaire.

Après la noce, le couple s’est enveloppé dans un drapeau arc-en-ciel, symbole mondial de l’homosexualité, et a défilé dans les rues de la capitale. Dans les années 1960, les gays, considérés comme contre-révolutionnaires, étaient emprisonnés dans des camps. L’an dernier, Fidel Castro s’en est excusé. Mariela Castro, fille du président Raul Castro et nièce de Fidel, s’est dite favorable au mariage homosexuel à Cuba. C’est l’une des figures politiques les plus importantes qui militent pour la cause gay dans l’île.

Parallèlement, de multiples manifestations ont eu lieu pour fêter l’anniversaire de Fidel Castro. L’ancien dirigeant, âgé de 85 ans, est aujourd’hui totalement retiré du pouvoir. Une « Sérénade de la fidélité » organisée au grand théâtre Karl Marx de La Havane fut le temps fort de l’événement.

Gay Pride à La Havane: peu de participants, mais grande première

Wednesday, June 29th, 2011

AFP

LA HAVANE — Ils n’étaient qu’une douzaine, mais les homosexuels qui ont participé mardi à la première Gay Pride jamais organisée à La Havane ont célébré avec chaleur un nouveau pas vers la reconnaissance des droits des homosexuels.

“Nous ne réclamons rien, nous ne faisons que célébrer le fait que Cuba a voté aux Nations unies en faveur d’une reconnaissance des droits de la communauté homosexuelle”, a affirmé à la presse Ignacio Estrada, un des dirigeants de l’Observatoire cubain des droits LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels).

La courte manifestation –sur cinq cent mètres, de l’avenue du Prado vers le Malecon, le boulevard du bord de mer– arborant les couleurs arc-en-ciel gays s’est déroulée sans incident et s’est dispersée dans la musique et les chansons, sous l’oeil amusé des passants et des touristes.

Un très officiel Centre d’Education sexuelle (Cenesex), dirigé par Mariela Castro, fille du président Raul Castro, célèbre chaque année la Journée contre l’homophobie, mais c’est la première fois qu’une Gay Pride est organisée à La Havane à l’image de celles des grandes capitales mondiales.

“Mariela Castro était invitée, mais (les autorités) ont perdu une occasion de démontrer dans la rue que ce qu’ils disent est vrai, que nos droits sont respectés, qu’ils n’ont rien contre d’autres organisations comme la nôtre”, a estimé Leannes Imbert, directrice de l’Observatoire.

“Malheureusement, la discrimination continue d’exister à Cuba. Il y a toujours des rejets dans le travail, des tracasseries à tous les niveaux”, ajoute-t-elle.

“Nous faisons le vrai travail de révolution, +changer ce qui doit être changé+ (une expression lancée par le père de la Révolution cubaine Fidel Castro) et reprendre les droits dont un jour nous avons été privés”, a conclu Leannes Estrada.

Le statut des gais à Cuba Mythes et réalités (Dossier I de 3)

Wednesday, March 17th, 2010

EXCLUSIF AU QUÉBEC
Par Larry R. Oberg, bibliothécaire principal émérite.
Willamette University, Salem, Oregon, États-Unis
[email protected]
Réalisé par Julian Schnabel et sorti en 2000, le film «Avant la nuit» raconte lʼhistoire de feu lʼécrivain cubain Reynaldo Arenas à partir de ses mémoires. Il traite de son passage à lʼâge adulte, qui correspond au début de la révolution cubaine, du harcèlement des autorités dont il a été victime, pour cause dʼhomosexualité et de son statut dʼartiste, ainsi que de son exil volontaire et définitif à New York. Écrites une dizaine dʼannées après son départ en 1980, lors de lʼexode de Mariel, massif et autorisé par les autorités cubaines, les mémoires dʼArenas ont été publiées peu avant sa mort du sida, en 1990.
Les critiques ont soulevé plusieurs questions, tant à lʼégard du livre que du film, qui vont au-delà de la qualité littéraire de ces oeuvres. Ainsi, on remet en cause lʼexactitude de son témoignage concernant la persécution des gais au début de la révolution, lʼintérêt de ses mémoires tout autant que leur adaptation à lʼécran par Schnabel. En somme, le livre et le film sont-ils vraiment représentatifs de la réalité telle que vécue de nos jours par les gais de Cuba ?
Pour ma part, je dirais quʼà tout le moins, Arénas a exagéré ses « exploits ». Par exemple, sa prétention, assez incroyable, dʼavoir couché avec quelque 5 000 garçons avant lʼâge de 25 ans… On admettra que cette donnée, basée sur « des calculs mathématiques compliqués », est invraisemblable; si on le prenait au mot, tous les jeunes mecs de lʼîle restaient aux aguets pour lui sauter dessus !
Quant au film, il nʼaborde lʼappétit sexuel dʼArénas, apparemment insatiable, que de façon superficielle. On pourrait aller jusquʼà prétendre que le réalisateur a produit une version cinématographique très édulcorée des mémoires. Lʼauteur y est présenté comme nʼétant rien de plus quʼun allumeur invétéré qui donne peu ou pas de suites aux avances quʼil provoque.
Une critique informative du livre et du film, par Leonardo Hechavarria, un Cubain, et le Québécois Marcel Hatch, Les gays à Cuba et lʼécole de falsification de Hollywood, est disponible sur Internet (http://vdedaj.club.fafr/spip/article.php.32id_article=7).
Le statut légal des gais et des lesbiennes cubains
Avant dʼaller plus loin, situons dʼabord lʼhistorique du statut légal des gais et des lesbiennes à Cuba. Dans les années trente, le régime dʼalors, non communiste faut-il le rappeler, adoptait la Ley de ostentación pública, une loi interdisant les attitudes et les comportements ouvertement homosexuels en public. Prenant pour cibles ceux qui « font étalage » de leur homosexualité, la loi définissait les actes homosexuels publics et même privés dont pourraient être témoin, même involontaire, une tierce personne. Cela était punissable dʼamende et dʼemprisonnement. Elle fut abrogée en 1988, mettant ainsi fin à la discrimination légale contre les homosexuels puisque toutes les autres lois pénalisant les actes homosexuels en tant que tels, lʼavaient précédemment été en 1979.
Le contraste légal entre Cuba et les États-Unis en devient frappant. Ainsi, aux États-Unis, plusieurs États ont maintenu en vigueur des lois séculaires anti-sodomie jusquʼà ce que, tout récemment, en 2003, la Cour suprême des États-Unis les déclare anticonstitutionnelles et quʼelles ne disparaissent à jamais, espérons-le, du cadre légal du pays. Malgré cela, des États maintiennent toujours dʼautres lois répressives à lʼégard des gais et de nouvelles sont constamment adoptées. Nʼoublions pas quʼau niveau fédéral, les États-Unis de George W. Bush résistent avec vigueur à lʼacceptation du mariage entre personnes du même sexe.
Le contexte historique de Cuba
Il vaut la peine de sʼattarder au contexte historique de Cuba sous lʼangle particulier du sort réservé aux gais et aux lesbiennes durant les premières années de la révolution. Le passé de Cuba à lʼégard du droit des gais nʼest peut-être pas plus reluisant que celui de la plupart des sociétés occidentales. Indubitablement, la culture gaie cubaine a été réprimée, parfois sévèrement, pendant la période décrite par Arenas dans ses mémoires. Ne correspondait-elle pas, plutôt, à cette ère pré-Stonewall, comme partout ailleurs dans le monde ?

On pourrait aller jusquʼà prétendre que, dans les premières heures de la révolution, la tolérance envers les gais et les lesbiennes pouvait, dans lʼesprit des gens de lʼépoque, sʼapparenter à des relents de décadence bourgeoise dont on venait tout juste de se libérer avec la révolution. Ou quʼau contraire, la répression exercée contre cette minorité prenait sa source dans des attitudes petites bourgeoises persistantes chez les révolutionnaires eux-mêmes. Alors que le contexte nʼexcuse que de façon rarissime un tel comportement, il faut se souvenir que Cuba nʼétait pas le seul pays à discriminer les gais de cette façon, au contraire ! Souvenons-nous que de semblables exemples, voire des pires, ont existé dans lʼhistoire de la plupart des pays occidentaux.
Cependant, aujourdʼhui, Cuba soutient avantageusement la comparaison sous ce rapport avec les pays dʼAmérique latine, voire même avec les États-Unis et plusieurs pays européens.
Ainsi, encore récemment, il ne se passait pas trois jours, en moyenne, sans que les « escadrons de la mort » brésiliens nʼassassinent un homosexuel. La comparaison avec les États-Unis ne cesse de surprendre: des citoyens motivés par la haine, ont commis beaucoup de meurtres contre des homosexuels. Ne retenons que les cas les plus récents de Matthew Shepard, Brandon Teena, Billy Jack Gaither et dʼautres encore. En 1955, il sʼest produit, en Idaho, sans doute lʼune des plus infâmes actions «anti-gaies» de lʼhistoire des États-Unis.
Connues sous le nom de Boys of Boise (Les gars de Boise), quelque 1 400 personnes furent impliquées dans cette minable affaire dont plusieurs furent persécutées et dʼautres forcées de quitter leur foyer et leur famille, poursuivies quand elles se réfugiaient dans les États voisins et emprisonnées pendant des années. Un récent documentaire a été réalisé à propos de cette histoire par lʼÉtats-Unienne Seth Randal; il sortira bientôt sous le titre de The Fall of ʼ55 (Automne 1955). De plus, la Floride, qui abrite tant dʼexpatriés cubains, a commis maintes offenses contre les gais et les droits de lʼhomme. De même, dans les années quatre-vingt-dix, la police de la ville dʼAdrien, au Michigan, a guetté un parc public pendant des mois. Une vingtaine dʼhommes, presque tous mariés et hétérosexuels, furent accusés dʼattentat à la pudeur. La plupart furent arrêtés à leur domicile devant leur épouse, leurs enfants et, dans certains cas, leurs petits-enfants.
Si Cuba était aussi répressif que ses critiques nous le laissent croire, il est peu probable quʼun magazine gai aussi branché quʼOut nʼait fait de La Havane, sa destination vedette dans son numéro de février 2001. On y décrivait La Havane comme étant « la nouvelle destination gaie branchée [...] garçons passionnés, bars sexy de travestis et beaucoup plus encore [...] » !
Suite, partie II de ce dossier dans la prochaine édition de la Revue Le Point: La culture cubaine.

Gais à Cuba

Saturday, November 14th, 2009

La vie gaie à Cuba a font lʼobjet de très nombreuses
rumeurs, allant de la pire répression à lʼouverture digne des
grandes villes nord-américaines. Il existe toutefois une réalité
qui, parfois, peut être observée par les voyageurs, qui ont
toujours le sentiment de prendre une chance avec la loi en se
laissant aller à flirter un beau cubain.
Le texte qui vous est présenté aujourdʼhui vient replacer dans
son contexte tout la question de la liberté sexuelle à Cuba.
Il sʼagit dʼune première publication au Québec et dʼune
exclusivité dans un média gai. Le texte, de toute évidence, est
très partisan! Il ne sʼagit pas ici de faire le procès de ses auteurs,
qui voulaient sʼexprimer sur la sortie dʼun film américain qui
détruisait, dʼaprès eux, la réalité sexuelle de leur pays. Non,
ce nʼest pas dans le propos que nous souhaitons attirer votre
attention mais bien sur le geste lui-même, sa publication.
Si un groupe de cubains décide de sʼexprimer apparemment
en toute liberté et quʼil va jusquʼà parler très ouvertement
de la question homosexuelle en en faisant pratiquement la
promotion, il doit être écouté. Jusquʼà ce jour, nous pensions
tous que cette analyse de la vie gaie ne pouvait exister au pays
de Fidel, nous étions peut-être dans lʼerreur.
[ LES AUTEURS : Leonardo Hechavarria, citoyen cubain, est traducteur
et interprète. Cʼest un partisan fervent de la Révolution et milite pour la
reconnaissance des lesbiennes et des gays dans son pays. Marcel Hatch
est typographe et un vétéran de la lutte pour les droits des homosexuels
au Canada. Ils organisent chaque année à Cuba la Tournée dʼEducation de
Nouveau Parti Démocratique [du Canada], sponsorisée par le Mouvement
de la Paix Cubain (voir www.ndpsocialists.ca). Vous pouvez contacter
Hechavarria et Hatch à lʼadresse suivante : [email protected] ]
«Avant la Nuit» nʼest pas un film bâclé. Au contraire, cʼest du ci-
néma finement ciselé, avec de bons acteurs de niveau international tels
que Javier Bardem, Olivier Martinez, Andrea Di Stefano, Johnny Depp
et Sean Penn.
Cette production US, dirigée par Julian Schnabel et tournée au Mexique,
a reçu de nombreux prix grâce à la qualité de ses images et une charge
émotionnelle à vous briser le coeur. Qualifié «dʼhistoire vraie», ce film
est rempli aussi de demi-vérités et de sornettes anti-castristes présentés
comme de lʼart et de la poésie, le tout enrobé de sexe. Et, fidèle à un cer-
tain genre, lʼhomosexuel meure avant le générique de fin.
Ce film est une version épurée de la vie du poète et écrivain Cubain Rei-
naldo Arenas. On nous montre son enfance pauvre, ses talents de poète et
ses premiers penchants pour ceux du même sexe.
Nous suivons son évolution sociale et hormonale, son voyage comme
auteur, ses frustrations face à lʼhomophobie dʼune époque, ses désillu-
sions sur Cuba, son emprisonnement.
Nous assistons à lʼauto-exil dʼArenas, à sa vie à New-York où il attrape
le SIDA, vit dans une misère noire, écrit beaucoup sur Cuba, et se suicide
en 1990.
On sort de la salle de projection avec lʼimpression dʼun Cuba aussi
corrompu quʼun état policier stalinien – un goulag pour homosexuels,
intellectuels et artistes. Est-ce que ça marche ? A voir la consommation de
mouchoirs en papier de nos voisins de séance, il semblerait que oui.
Est-ce que nous vous conseillons de boycotter ce film ? Non. Mais nous
vous demandons de le regarder avec un oeil critique. Nous ne connais-
sons pas un seul Cubain, quʼil soit partisan ou adversaire du régime, qui
trouve le film crédible. Pas plus que les militants gay intelligents. Dans le
Guardian du 7 Mai 2001, le Dr. Steve Williamson, un expert de lʼoeuvre
dʼArenas, dit que le film «rabache une histoire très vieille et déformée».
Il pense que le poète souffrait de paranoïa, sinon de démence, lorsquʼil
écrivit «Avant la Nuit» dans les derniers moments de sa vie.
Williamson ajoute : «Cuba a énormément changé depuis cette époque.
Cʼest de loin le pays le plus progressiste de toute lʼAmérique latine en
ce qui concerne les droits des gays. A lʼévidence, [Arenas] a souffert ce
quʼil a vécu durant cette période à Cuba, ce qui fut une erreur, mais si on
prend au pied de la lettre ce quʼil a écrit ou ce que le film montre, on est
en train de falsifier lʼhistoire.» Le film présume que le public est aveugle
ou ignorant, mais pas forcément totalement hostile à la réalité Cubaine.
Pourtant, par une étrange pirouette cinématographique, il fait lʼimpasse
sur les progrès énormes accomplis pour les travailleurs, les femmes, les
gens de couleur et, bien entendu, les gays à Cuba depuis 1959.
La disparition de la faim, des sans-logis, de lʼanalphabétisme, du
taux de mortalité infantile élevé et de la domination étrangère sur lʼîle
sont bien sûr indiscutables – grâce à la Révolution.
Ce fut sous le règne de Clinton/Bush que fut déclenchée la vague de mé-
lodrames anti-Cubains autour de lʼhomosexualité. Le mythe persistant,
promu principalement par les cubano-américains dʼextrême-droite (dont
la plupart sont violemment homophobes), que lʼhomosexualité serait
illégale à Cuba, que les gays et les lesbiennes seraient bannis du Parti
Communiste et quʼils seraient maltraités et jetés en prison ne sont que
des balivernes.
Cette contre-vérité est très prisée chez les progressistes septiques et la
communauté gay. Cʼest ce public là qui est visé par le film. Il est néces-
saire de contrer ces affabulations par des faits. Les voici.
UNE HISTOIRE BREVE DES HOMOSEXUELS A CUBA
Avant le Révolution de 1959, la vie des lesbiennes et des gays était mar-
quée par un isolement extrême et une répression inscrite dans la loi et ren-
forcée par le dogme Catholique. Les attitudes patriarcales rendaient les
lesbiennes invisibles. Si elles étaient démasquées, elles étaient souvent
victimes de violences sexuelles, dʼune mise à lʼécart de la communauté
et de la perte de leur emploi. Le milieu clandestin des gays à la Havane
– environ 200.000 — était un bouillon de prostitution pour le tourisme des
Etats-Unis, dʼasservissements, de menaces constantes et de chantages.
La mise au placard était de rigueur. La survie passait souvent par de faux
mariages hétérosexuels, ou par un bannissement dans le ghetto gay. La
vie des homos à Cuba ressemblait en tous points à celle des homos des
autres pays.
Après la Révolution, lʼégalité des sexes fut inscrite dans la loi, y compris
pour les salaires, la garde des enfants, lʼavortement, le service militaire,
entre autres conquêtes historiques, élevant ainsi le statut social et politi-
que des femmes.
Cette politique, une première en Amérique latine, a joué un grand
rôle pour lʼindépendance des femmes et leur liberté sexuelle, un pré re-
quis à la libération homosexuelle. La Révolution a aussi détruit la position
contrôlée par la Mafia et alimentée par le tourisme US qui maintenait les
homosexuels et lesbiennes sous un joug. La Révolution entreprit de four-
nir une éducation et un emploi aux femmes prostituées. Les lesbiennes
bénéficiaient des avancées sociales des femmes en général, et beaucoup
sont devenues de ferventes partisanes de la Révolution. Dʼun autre coté,
une minorité importante dʼhommes gays quittèrent le pays. Certains ont
rejoint les expatriés contre-révolutionnaires à Miami ou y ont été forcés
par le chantage. Ironiquement, les Etats-Unis, tout en menant la chasse
aux homosexuels et les jetant en prison dans la période du McCarthysme,
ouvrait grand les bras aux Cubains gays dans le cadre de la tentative de
déstabilisation généralisée du régime castriste.
Le machisme latin, la bigoterie catholique et lʼhomophobie stali-
nienne se sont combinées au début de la Révolution pour limiter les ré-
formes légales pour les lesbiennes et les gays. Cependant, ces derniers ont
joint leurs efforts dans la construction du Socialisme : la majorité espérait
un avenir meilleur, tout en gardant un profil bas.
En 1965, Cuba était soumis aux agressions des Etats-Unis (Baie des
Cochons en 1961, Crise des Missiles en 1962, des incursions militaires
et biologiques incessantes à partir de la Floride). Des brigands contre-
révolutionnaires sévissaient dans les montagnes de lʼEscambray. Dans un
effort maladroit de faire participer aux efforts de la récolte de canne à su-
cre tous ceux qui réussissaient à échapper au service militaire — depuis les
gays jusquʼaux Témoins de Jehova en passant par les travestis — , le gou-
vernement créa les Unités Militaires dʼAide à la Production (UMAP).
A la suite de pressions internes et internationales, et aussi suite à une
intervention politique directe de Fidel Castro, les UMAPs furent suppri-
mées 18 mois plus tard. Les Cubains considèrent le projet des UMAPs
comme une grave erreur et une atteinte au principe dʼégalité socialiste.
Cependant, la droite persiste à décrire les UMAPs comme des camps de
concentration, et laissent entendre quʼelles existent toujours. «Avant la
Nuit» se sert des UMAPs pour renforcer lʼimage dʼun Cuba transformé
en colonie pénitentiaire pour les gays.
A la fin des années 60, lʼattitude de Cuba à lʼégard des lesbiennes et des
gays était en synchronisation avec les pays dʼEurope ou le Canada. Lʼho-
mosexualité était traitée comme une «maladie» qui devait être soignée et
non plus comme une activité criminelle.
Dans les années 70, on abandonna la notion importée du Stalinisme-
Maoisme selon laquelle lʼhomosexualité était une «manifestation de la
décadence capitaliste». LʼHomosexualité était perçue comme une forme
de comportement sexuel quʼil fallait étudier.

En 1971, un pas en arrière fut accompli lorsquʼun Congrès Culturel
a adopté une déclaration qui stipulait «quʼaucun homosexuel ne pouvait
représenter Cuba». Le décret fut contesté devant la justice par un groupe
de théâtre et fût finalement abrogé deux ans plus tard. Tout comme au
Canada dans les années 70 et début 80, les gays Cubains souffraient du
harcèlement routinier des policiers et faisaient lʼobjet de dénonciations
honteuses en public. Mais à Cuba il nʼy a jamais eu de tortures pratiquées
sur les gays.
LE BOND EN AVANT
1975 : les lois qui limitaient lʼemploi des homosexuels dans les domaines
de lʼart et de lʼéducation sont abrogées. Un code de la famille fût adopté
qui préconisait une responsabilisation à égalité entre hommes et femmes
pour lʼéducation des enfants et les tâches ménagers.
1979 : les actes homosexuels sont dépénalisés.
1981 : le bestseller Cubain «Pour défendre lʼamour» (traduction du titre
anglais), par le Dr Sigfried Schnabl, déclare que lʼhomosexualité «nʼest
pas une maladie, mais une variante de la sexualité humaine».
1986 : La Commission Nationale sur lʼEducation Sexuelle présente un
programme sur lʼhomosexualité et la bisexualité qualifiées de saines et
positives.
1987 : Interdiction pour la police de harceler les gens pour leur apparence
ou leur manière de sʼhabiller. Cette interdiction profite largement aux
gays.
1988 : la loi contre lʼhomosexualité «ostensible» est abrogée. Fidel
Castro explique quʼil est temps de rejeter les rigidités et de changer les
attitudes négatives envers les gays dans le Parti et la société .
1992 : Vilma Espin, dirigeante de la Révolution et présidente de la
Fédération des Femmes Cubaines condamne les préjudices à lʼégard des
gays et lesbiennes. Castro sʼexprime en faveur de lʼégalité des femmes et
rejette les sentiments anti-gays : «je suis absolument contre toute forme
de répression, de mépris, de critique ou de discrimination à lʼégard des
homosexuels. [Il sʼagit] dʼune tendance humaine naturelle quʼil faut sim-
plement respecter.»
1993 : Sortie du film à succès financé par lʼEtat, «Fraise et Chocolat»,
qui critique la discrimination des gays par le Parti Communiste dans les
années 70 et 80. Le film remporte un très vif succès à Cuba et reçoit les
louanges du monde entier. Le premier groupe de gays pour combattre le
SIDA est lancé.
1994 : le documentaire «Gay Cuba», de lʼétat-unien Sonja de Vries, exa-
mine avec franchise la situation des droits des gays sur lʼîle. Le film est
projeté à lʼouverture dʼune soirée de la Fédération des Femmes Cubaines
(FFC). La FFC invite des gays état-uniens à visiter lʼîle.
1995 : le documentaire cubain «papillons sur lʼéchafaud» (traduction du
titre anglais, «papillon» = expression pour dire «gay») raconte comment
des travestis se sont intégrés dans un quartier de la Havane. Des gays et
travestis Cubains dansent en tête du cortège du 1er Mai à la Havane, et
deux délégations état-uniennes de gays participent à la marche.
1997 : les dernières traces de références anti-homos dans la loi cubaine
sont supprimées.
1998 : un programme national à la télévision cubaine lance une
série de débats sur les lesbiennes et les gays. Pendant les semaines qui
suivent, le sujet provoque des discussions à travers le pays.
AUTRE LUTTE, AUTRE COMBAT
Contrairement à beaucoup de leaders gays au Canada qui considèrent que
la fin du fin seraient que les mariages gays bénéficient des mêmes avanta-
ges et droits que les mariages mixtes, les lesbiennes et gays de Cuba ont
dʼautres préoccupations. A Cuba, le mariage nʼest pas considéré comme
un but ultime dans la vie. Le système social Cubain garantie une protec-
tion à vie pour tous, particulièrement pour les enfants et les personnes
âgées. De même que la santé, lʼalimentation, le logement, lʼéducation et
lʼemploi ne constituent pas un enjeu majeur pour les gays à Cuba, comme
cela est le cas dans des pays «avancés». Les malades du SIDA à Cuba (qui
a le plus faible taux de sidéens de toute lʼAmérique), reçoivent lʼintégra-
lité de leur salaire et bénéficient de soins gratuits, quʼils soient en capacité
de travailler ou non.
La violence physique contre les gays a disparu depuis 1959. Les
médias décrivent pas les gays et lesbiennes comme des hédonistes, des
narcissiques ou des pédérastes. Il nʼy a pas de groupes de pressions riche-
ment financés et des manifestations homophobes.
Les lesbiennes, les gays et les travestis peuvent se réunir librement, tant
quʼil nʼy a pas de drogues ou de prostitution en cause.
Les transsexuels bénéficient dʼopérations chirurgicales prises en charge
par lʼEtat. Les syndicats, les écoles et les organisations de masse défen-
dent officiellement leur membres homosexuels contre les discriminations.
Les harcèlements mineurs de la part de la police sont en nette baisse.
La lutte pour les droits des homosexuels à Cuba ne présente pas le mêmes
caractéristiques que chez nous parce que de nombreux objectifs légaux
et les revendications dʼégalité dʼici sont déjà satisfaits là-bas. Ce que les
homosexuels Cubains réclament est le respect total et la dignité dans le
milieu social, et la reconnaissance que leur contribution à la société en
tant que gays, lesbiennes et travestis vaut autant que celle de leurs com-
patriotes hétérosexuels.
AUCUN HOMO NʼEST LIBRE
SI TOUT LE MONDE NʼEST PAS LIBRE
A chaque nouvelle du meurtre dʼun gay aux Etats-Unis ou ailleurs, les
Cubains sont révulsés dʼhorreur, et prennent toute la mesure des obsta-
cles quʼils ont réussi à surmonter et des erreurs quʼils ont évitées dans le
passé, et renforcent leur détermination à intégrer leur propres citoyens
gays. Au début des années 60, une section du Parti Communiste Cubain
considérait lʼhomosexualité comme une déviation capitaliste. A présent,
les Cubains comprennent que la haine et la discrimination contre les gays,
ainsi que contre les femmes ou les gens de couleur, est plutôt une maladie
du capitalisme.