La méthadone réduit le risque de transmission du VIH

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La méthadone réduit le risque de transmission du VIH chez les utilisateurs de drogues par injection (UDI). C’est ce que révèle une étude internationale publiée aujourd’hui sur le site Internet du British Medical Journal (bmj.com) et à laquelle a participé la Dre Julie Bruneau, chercheuse au Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM) et professeure au Département de médecine familiale de l’Université de Montréal.

“ Il est bien démontré que les traitements de substitution aux opiacés (TSO) sont efficaces pour réduire la morbidité, la mortalité, et certains comportements à risque chez les UDI. Cependant, il n’existait à ce jour aucune estimation de l’effet des TSO sur la transmission du VIH. Grâce à cette nouvelle étude, il y a maintenant des preuves solides démontrant l’association entre ces traitements et la réduction du risque de transmission du VIH ”, a indiqué la Dre Bruneau, une des six cochercheurs à avoir travaillé avec Matthew Hickman, chercheur principal de l’étude et professeur d’épidémiologie et de santé publique à l’Université de Bristol (Royaume-Uni). Les résultats sont d’autant plus importants qu’une augmentation de l’incidence des infections au VIH chez les UDI a été signalée dans plusieurs pays au cours des dernières années, alors que le TSO y reste illégal ou sévèrement restreint ”, d’ajouter la Dre Bruneau.

L’usage de drogues par injection est un facteur de risque majeur de la transmission du VIH. Mondialement, on estime qu’environ 5 à 10 % des infections par le VIH sont dus à l’usage de drogues par injection. La méthadone et la buprénorphine sont les principaux médicaments prescrits contre la dépendance aux opiacés, principalement pour des TSO.

Les résultats de cette étude sont le fruit d’une collaboration internationale. Des auteurs provenant des États?Unis, du Canada, d’Italie et d’Australie ont procédé à une revue critique et à une analyse des données regroupées (mieux connue sous le nom d’une méta-analyse) de plusieurs études publiées et non publiées provenant de plusieurs pays (incluant les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Autriche, l’Italie, la Thaïlande, Porto Rico et la Chine) pour examiner l’association entre les TSO et la transmission du VIH auprès des UDI. Les neuf études sélectionnées portaient principalement sur des hommes âgés de 26 à 39 ans, et totalisaient 819 nouveaux cas d’infection au VIH observés pendant 23 608 années-personnes de suivi.

Après avoir analysé ces études, les auteurs ont constaté que les TSO étaient associés à une réduction de 54 pour cent du risque d’infection au VIH parmi les UDI. Les études n’étaient toutefois pas homogènes et comprenaient des taux de base différents d’infection au VIH rendant impossible le calcul d’une “ réduction du risque absolu” applicable à tous. Également, certaines études n’avaient pas tenu compte d’autres facteurs liés à l’intervention qui auraient pu influer sur l’association entre le TSO et l’infection au VIH. Malgré ces limites, l’influence des TSO sur la transmission du VIH s’est avérée positive et robuste dans les différentes analyses de l’étude. Par ailleurs, les analyses suggèrent qu’une durée plus longue d’exposition aux TSO pourrait avoir un effet bénéfique additionnel, quoique modeste.

Pour la Dre Bruneau, les résultats de cette étude encouragent la promotion des TSO : “ Ces thérapies peuvent réduire la transmission du VIH auprès des UDI, dans les pays où il existe une forte prévalence de cette maladie, mais également au Québec où on note une augmentation de la consommation illicite des opiacés par voie intraveineuse, notamment chez les plus jeunes, et où l’accès au TSO est encore problématique ”, de conclure la chercheuse.

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