Au meurtre! Pas de prise de sang, pas de médicaments en prison!

Est-ce qu’un médecin peut annuler le traitement contre le VIH d’un patient simplement parce qu’il refuse de se sou- mettre à un nombre excessif de prises de sang?

C’est ce qui m’est arrivé à mon centre carcéral en Floride. Après avoir subi des prises de sang à trois reprises et ce, en l’espace de six semaines, les résultats revenaient toujours comme inconcluants, incomplets ou les analyses n’avaient pas été faites correctement. Jugeant abusifs ces tests, après avoir refusé la 4ème convocation et encore lors de la 5ème, j’étais loin de me douter que quelques semaines plus tard, le médecin allait simplement me punir… En annulant ma trithérapie!

J’ai eu beau crier au meurtre et à la violation de mes droits auprès des autorités médicales de l’institution, rien à faire! Pas de prise de sang = pas de médicaments. Pourtant, mon dossier médical indique clairement que je suis séropositif et ce, depuis le début de mon incarcération. À quoi jouait donc le médecin? Avec ma santé? Avec ma vie?

Est-ce ma faute si à chaque reprise les analyses ont été fai- tes de façon incorrectes? Dois-je faire les frais de l’incompé- tence du personnel médical et servir de rat de laboratoire? Surtout que ces analyses étaient routinières simplement afin de vérifier ma charge virale et mes niveaux de CD4.

Il aura fallu l’intervention de Christian Schoeppe, agent des services consulaires du Consulat du Canada à Miami pour rétablir les choses. Ayant été informé de mon sort dès les premiers jours de mon arrêt de traitement, M. Schoeppe est venu me rencontrer à l’institution de Jackson, où je suis dé- tenu, pour m’assister dans les démarches nécessaires afin que mon traitement soit rétabli dans les plus brefs délais.

Cette fois, les analyses ont été faites adéquatement et après une rencontre avec le médecin, mon traitement a recom- mencé. J’aurai passé cinq semaines sans traitements. Était- ce suffisant pour développer une nouvelle résistance aux médicaments et mettre ma vie en danger? Je le saurai dans quelques semaines après de nouvelles vérifications sangui- nes. Ne nécessitant actuellement qu’un seul comprimé de multithérapie contre le VIH, il se pourrait qu’à cause de ces événements, je passe à un traitement plus agressif.

En terminant, j’aimerais vous annoncer une bonne nouvelle. Dans une récente chronique, je vous racontais mon désarroi face à la viola- tion d’un accord avec l’État de Floride qui me permettait de purger ma sentence au Canada. Bref, après avoir déposé une requête en libé- ration sur la base d’une violation, le Tribunal flori- dien a déclaré ma requête recevable et bien fondée, ordonnant au Procureur en chef de l’État de répondre de façon préliminaire avec ses arguments dans les semai- nes à venir ou de déposer un règlement avec moi.

Je m’attends donc à une réponse d’ici juin de la part de l’État et si la Cour règle en ma faveur, comme prévu dans une entente signée et déposée en preuve, il est fort probable que je sois de retour au Québec au cou- rant de l’été 2012. Faites une petite prière pour moi!

NDLR: Nous souhaitons infor- mer nos lecteurs que Stépha- ne G. a accepté de contribuer à une émission de GGTV sur son aventure mais aussi pour se livrer en toute transparen- ce sur son identité une fois ici. Nous reviendrons donc sur cette émission lorsqu’il sera enfin au Canada.


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