72- Éditorial

Est-ce que la criminalisation
du VIH-SIDA
est la solution en
prévention?
Depuis quelques mois, les tribunaux canadiens
rendent des décisions très sévères à l’encontre
de personnes porteuses du VIH/SIDA et
vont jusqu’à condamner criminellement des
personnes à l’origine de la transmission de la
maladie.
D’une part, certains groupes communautaires
crient à l’injustice et à l’homophobie et en
même temps, les victimes exigent encore plus
de peines de prison de manière à envoyer un
“message clair” aux porteurs de la maladie qui
ont les moyens de contrer sa transmission par
des comportement responsables.
Le débat fait rage dans la société mais certainement
pas dans les salles des palais de justice
puisque les juges semblent appliquer à la
lettre le code criminel qui tient responsable les
personnes qui se savent séropositives et qui
ont des relations sexuelles non protégées.
Avant de crier à l’injustice, il faut bien se mettre
dans la peau d’une personne qui, lors d’une relation
sexuelle, se voit infectée par une maladie
potentiellement mortelle et par une personne
qui se sait porteuse, qui ne protège pas l’autre
par les moyens habituels comme le condom.
ÉDITORIAL Par : Roger-Luc Chayer Photo : Gay Globe Média
Roger-Luc Chayer est journaliste et éditeur de Gay
Globe Média. Il est Vice-président du chapitre montréalais
de l’Association Canadienne des Journalistes,
membre de l’Investigative Reporters and Editors
des États-Unis et de la Fédération Européenne
de Presse.
Les groupes pro-gais répondent que c’est à chaque
personne de se protéger si elle ne souhaite
pas s‘exposer à la maladie et que cela n’a rien à
voir avec le code criminel. Toutefois, si on se met
à la place des contribuables qui devront suite à
l’infection prendre en charge l’ensemble des traitements
médicaux des victimes, les médicaments
et les rendez-vous médicaux, et si en plus la personne
porteuse de la maladie la transmet à 10 ou
40 personne par année, d’un point de vue économique,
la société a le droit et le devoir d’intervenir
afin de mettre un terme non seulement aux
comportements irresponsables des personnes qui
se savent atteintes du VIH/SIDA et qui sciemment
décident de ne pas protéger les autres mais aussi
pour mettre la main au collet des personnes qui
le font volontairement, en toute connaissance de
cause, dans le seul but de se venger de leur propre
condition.