Monsieur André Giroux est à l’emploi des Assurances-vie Desjardins-Laurentienne depuis maintenant plus de 10 ans. En bonne santé, il envisageait avec beaucoup d’optimisme son entrée dans la compagnie qui allait fusionner peu de temps après avec les Assurances Desjardins. Au bout d’un an, soit le 23 mai 1987, André apprend qu’il est séropositif mais ne désespère pas, il a la ferme intention de continuer et de monter les échelons, comme tous les autres bons employés.
Une supérieure qui voit loin, trop loin?
Madame Marie-Stella Downs, supérieure immédiate de Monsieur Giroux, informait celui-ci lors de son évaluation annuelle qu’il “n’aurait jamais grand chose, car ils (la compagnie) devaient penser à long terme”. Commençait alors pour André, une longue lutte pour faire reconnaître ses compétences malgré l’ignorance de ses patrons et collègues devant une telle maladie. À cette époque, André était en bonne santé et n’avait pas plus d’absences que les autres. Il s’acquittait très bien de sa tâche en s’occupant de l’entrée de données dans le système informatique.
Au fil du temps, André s’est aperçu que ses collègues semblaient être au courant de son état de santé. Il a donc commencé à se questionner sur un refus de révision de poste auquel il avait droit et qui n’avait jamais été vraiment motivé. Le 13 mai 1992, il tente à nouveau sa chance pour se voir refuser une seconde fois une révision de poste sans qu’on lui en explique les raisons. Toutefois, au mois de juillet de la même année, il se voit promu au grade-4 soit, préposé à la tarification.
Dernièrement, devant l’état de santé un peu plus fragile et les quintes de toux d’André, certains employés se sont mis à blaguer en lui prédisant la mort s’il continuait à tousser ainsi. Du coté de ses employeurs, on écartait de plus en plus André de son travail régulier jusqu’à lui demander simplement de placer des chèques dans des enveloppes du matin au soir. Le salaire ne baissait pas mais le moral et la dignité eux, étaient au plus bas. C’est donc à ce moment qu’il a décidé de porter plainte devant la commission des droits de la personne du Québec pour discrimination basée sur l’état de santé. À son avis, il y a manifestement une volonté de lui casser les reins pour qu’il quitte la compagnie probablement parce que les gens ont peur de d’attraper le SIDA ou simplement peur de le savoir près d’eux.
Un collègue se confie.
En entrevue avec RG, monsieur Daniel Provencher, coordonateur en tarification ne semblait pas surpris de prendre connaissance des propos de monsieur Giroux:<<… ce que je sais, c’est que monsieur Giroux se dit discriminé. Je ne dis pas que c’est impossible, qu’il n’y a pas de discrimination ou que les gens ne se comportent pas face à cette maladie de façon extrême, je l’ignore, mais je pense qu’il n’y a pas de discrimination sévère. Je sais qu’il n’y a personne qui ne s’attarde à parler du cas d’André Giroux dans mon entourage…>>
Monsieur Provencher nous explique que certains employés se sentent peut-être nerveux et ne savent pas comment se comporter devant ce qui représente une première pour eux mais du même coup, il se trouve aussi des employés qui ne comprennent pas comment monsieur Giroux fait pour supporter le harcèlement qu’on lui fait subir:<<… Comme il doit travailler en équipe avec d’autres employés, il est possible que monsieur Giroux sente un inconfort devant sa situation. Les employés qu’il cite dans sa plainte sont pourtant des gens très sensibles mais encore là, je ne suis pas près de lui, je ne pourrais pas garantir qu’il soit complètement à l’abris des actions et remarques discriminatoires…>> termine monsieur Provencher.
Une direction plus que fuyante.
Quand on a demandé une entrevue avec les supérieurs de monsieur Giroux sur le sujet, on se serait cru à un “stempeade” tellement on cherchait à trouver des raisons de ne pas commenter. D’abord, on a tenté de communiquer avec madame Marjolaine Berthelot, supérieure de Giroux, et elle semblait être à l’extérieur de son bureau. On a ensuite demandé à parler à Madame Daoust, patronne de madame Berthelot et on a plutôt reçu un appel de monsieur Richard Fournier, directeur des communications, qui voulait nous dire qu’il ne connaissait pas le dossier, que madame Berthelot était en “vacance”, que madame Daoust n’avait pas été consultée et que de toute façon, ce dossier était confidentiel tout en s’empressant de nous dire qu’il ne savait pas de quoi il s’agissait.
Enfin, monsieur Giroux a la ferme intention de porter plainte à la Commission des droits de la personne du Québec pour harcèlement et discrimination malgré les actes de vandalisme contre sa voiture, se déroulant par hasard au moment, et les changements de poste à répétition. À sui