Article du Canard Enchaîné sur le dossier Romero
Jean-Luc Romero a ensuite exigé un droit de réplique que nous allons republier ici tout en ajoutant que par le passé, toutes les demandes de répliques faites à Romero sur des affirmations nous concernant sont restées sans suite de sa part. Nous allons lui donner une lecon d’équité ce jour même…
(La rédaction Gay Globe)
Monsieur,
Mis en cause dans votre édition du 3 juillet 2013, en page 4, dans un article intitulé « La lutte contre le Sida est une fête » signé par Anne-Sophie Mercier, je demande à exercer mon droit de réponse conformément à la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse.
Vous voudrez bien insérer dans votre prochaine édition, en lieu et place de l’article incriminé, le droit de réponse suivant. A défaut je me verrais contraint de faire valoir les voies de droit afférentes. Je vous indique, en cas de besoin, que la loi prévoit que ce droit de réponse ne saurait être modifié ou tronqué par l’organe de presse à qui il est demandé. Vous voudrez donc bien le publier dans son intégralité.
Droit de réponse
Dans un article consacré au Centre régional d’information et de prévention du Sida d’Ile-de-France (CRIPS) dont je suis le président, la journaliste suggère que je me montrerais « généreux envers les copains » et que j’aurais procédé à des « embauches indispensables» mettant en évidence cette générosité.
A l’appui de cette affirmation, la journaliste invoque quatre recrutements. Hélas ! l’édification des lecteurs du Canard commence bien mal. Deux de ces recrutements-le poste de trésorier occupé par Philippe Loheac, qui travaille sous le contrôle d’un commissaire aux comptes, en relation avec la directrice financière du Crips, et le siège au conseil d’administration de Christophe Michel- ne correspondent nullement à des emplois, mais à des fonctions bénévoles et pour lesquels les titulaires sont élus.
Restent deux vraies embauches de collaborateurs qui n’ont aucun lien personnel avec moi. Celle d’un chargé de mission, Bastien Vibert. Recruté en juillet 2011, Il n’est pas rémunéré 2500 € par mois comme le soutient l’article, mais 1600 € net.
Corinne Mancel, elle, a été salariée du CRIPS du 2 janvier 2012 au 31 août de la même année. Elle avait en charge la communication de l’association, mission pour laquelle elle était rémunérée 1500 € net par mois.
Un euro est certes un euro, mais on est loin de la générosité dispendieuse que semble suggérer l’article.
Second reproche qui m‘est adressé, la préférence que j’accorderai dans le choix de mes collaborateurs à deux associations, Elus locaux contre le sida (ELCS) et l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD).
Premier élément à porter à la connaissance de vos lecteurs, l’association ELCS est membre du Conseil d’administration du CRIPS depuis 2002, soit une bonne dizaine d’années. Comme trois autres associations, Sida info service, l’ANPAA Ile-de-France et Aides délégation Nord-Ouest Ile-de-France.
Faut-il s’étonner alors que des membres d’ELCS occupent des fonctions au sein du CRIPS ?
Il y a encore deux ans, le représentant de ELCS au conseil d’administration était Bastien Vibert, le chargé de mission que j’ai recruté en 2011. Cette embauche l’a conduit à abandonner son siège de représentant de ELCS au sein du conseil d’administration du CRIPS. L’association ELCS a donc désigné Christophe Michel –salarié de cette association (rémunération de 1590 € net) pour le remplacer. Voilà donc une partie des soupçons de népotisme qui s’envolent.
Reste l’ADMD, l’association que je préside. Il se trouve que Philippe Loheac, le trésorier du CRIPS est délégué général de l’ADMD. Suivez mon regard, semble nous dire la journaliste…
La bonne foi commanderait au Canard d’indiquer à ses lecteurs que la fonction de trésorier du CRIPS est bénévole. Sans doute seraient-ils moins édifiés par cette révélation fracassante. Et peut-être concevraient-ils quelque admiration pour une personne, qui accepte, sur son temps libre, de remplir une fonction assez ingrate.
Même remarque concernant Christophe Michel déjà mentionné dans l’article. Son appartenance à l’ADMD – dont il est le secrétaire général adjoint élu par les adhérents et le responsable des jeunes ADMD – doit-elle lui interdire de siéger, sans indemnité aucune, au sein du conseil d’administration du CRIPS pour représenter ELCS ?
Par ailleurs, quelques vérifications supplémentaires auraient évité à la journaliste de commettre plusieurs erreurs factuelles. Qu’il me soit permis de rectifier ces informations erronées et de préciser que la journaliste a appelé le 2 juillet, jour de la parution, et qu’il lui a été communiqué tous les bons chiffres :
- A la demande de l’Etat, et depuis plus de 10 ans, le CRIPS organise le stand France lors des conférences internationales sur le sida comme cela a été le cas à Washington (avec 39 associations et 11 institutions présentes sur le stand). Cela a coûté 99 853 € pour un budget prévisionnel de 86 910 €, et non pas 20 000 € comme l’indique l’article. De sus, l’Etat et différents partenaires institutionnels ont versé 59.700€ au Crips pour cette opération. La prise ne charge par le Crips est quant à elle de 39.700€ . Par ailleurs, les personnes qui sont parties pour animer ce stand étaient au nombre de 6 : chargé de prévention, documentaliste, responsables des animations publiques etc et n’étaient donc pas mes collaborateurs.
- La campagne contre l’homophobie, qui contrairement à ce qui est indiqué dans l’article fait partie des compétences du Crips, coûte 21 000 € et non 50 000 €.
- L’exposition sur « l’histoire des gays au Canada » nous a été proposée à titre gracieux par Gai Ecoute et non pour la somme de 30 000 €. Nous n’aurions eu que le tirage des photos à notre charge. Nous n’avons pas donné suite à ce projet.
Au final, que reste-t-il de cet article sinon des accusations infondées et des amalgames ? Je laisse aux lecteurs du Canard le soin d’apprécier les raisons qui ont pu conduire à sa rédaction. Pour ma part, je préfère me consacrer mon combat personnel et collectif contre le Sida et … l’homophobie.