1997- Quand la police se fait juge!

Squeegee, lave-vitres, lave-vite ou lavite, appelez ça comme vous le voudrez, ce phénomène est en passe de rendre fou la plupart des automobilistes qui passent dans le village. Oui car c’est encore une fois dans notre quartier que le problème est le plus évident, pourquoi? Comme pour la prostitution, le quêtage, la drogue et tous les autres problèmes sociaux, c’est dans notre quartier qu’on applique le moins les lois. Est-ce qu’il serait pensable de voir des squeegees ou des mendiants punks à Westmount? La population locale est pourtant dix fois plus riche que dans le village! Sûrement pas, la police de ce quartier, comme dans la plupart des autres quartiers de Montréal, ne tolère pas ce genre de sollicitation et applique la loi à la lettre. C’est qu’il y a en effet un règlement municipal interdisant le squeegisme mais nos bons policiers à la costarde et au caramel “n’auraient pas le temps de courir après ces petits contrevenants”. Des crimes beaucoup plus sérieux que l’extorsion, la menace, la mendicité, la drogue, les putes et la pollution humaine occupent nos braves protecteurs.

Et que dire de cette nouvelle vague de sollicitation qu’on peut apercevoir régulièrement au coin de Papineau et Sherbrooke alors que des “représentants” d’organismes de charité SIDA et pauvreté mendient avec des petites boites et de jolis sarraus orangers? Sachez que la loi interdit catégoriquement TOUTE SOLLICITATION SUR LA VOIE PUBLIQUE à moins de posséder un permis municipal spécial ce qui a TOUJOURS ÉTÉ REFUSÉ. Les policiers sont en mesure de certifier que ces organismes n’existent souvent pas et qu’il s’agit là d’une nouvelle façon de nous frauder. Si ça marche et si ça continue, c’est qu’il se trouve toujours des naïfs irresponsables qui donnent un petite piasse pour la cause alors que cet argent ne servira qu’à payer les prochains méfaits de la petite pègre. Une fois pour toute, si les squeegees et les quêteux officieux restent là, c’est qu’il y a de l’argent à faire. Ne donnons plus un sou et le problème se réglera aussi subitement qu’il n’a commencé.

Que dit la loi au juste?

(début de l’italique)

Règlements refondus de la ville de Montréal no.21: Il est défendu à quiconque de se tenir sur le trottoir, sur la voie publique ou à un lieu de stationnement quelconque, dans le but de solliciter la surveillance ou la garde d’un véhicule, (début souligné)ou d’offrir ses services pour nettoyer, essuyer ou polir un véhicule (fin du souligné), sans un permis spécial du directeur. (fin de l’italique) Une amende de 100$ plus 35$ de frais sera alors donnée mais qu’en est-il de l’application du règlement? D’après notre policier ressource, le quartier général (lire Duchesneau) aurait envoyé une directive aux postes de quartiers leur demandant de ne pas appliquer le règlement à moins qu’il y ait exagération. << on nous a demandé de ne pas courir après ça>> de nous expliquer le policier. <<en fait, chaque policier est libre d’appliquer le règlement ou pas, la majorité ne l’applique pas. Les femmes sont aussi plus souvent victimes des squeegees parce qu’ils savent qu’elles vont avoir peur et donneront plus facilement de l’argent.>> Je n’ai pas souvenir avoir voté pour un policier et je ne pensais pas que ceux qu’on mandatait pour appliquer la loi pouvaient décider arbitrairement de ne pas respecter la volonté des élus! Ça explique bien des problèmes de notre société et surtout les problèmes du village. Ceux qui ont le pouvoir votent des lois et ceux qui doivent les appliquer ne le font pas. Tous les ingrédients sont là pour déclencher la révolution! Mais est-ce que tous les squeegees sont des loques?

Un squeegee qui fait fureur dans le village

Par un vendredi soir ordinaire, je stationne ma voiture sur la rue de Maisonneuve, juste devant la Place Dupuis, histoire de faire quelques courses. À peine ai-je ouvert ma portière qu’un jeune squeegee me fait signe du trottoir, il voulait laver mon pare-brise. Par habitude, je lui fais gentiment connaître mon désaccord. Il insiste, je lui dit que je n’ai pas d’argent pour le payer croyant que cet argument le ferait fuir à toutes jambes. C’est plutôt le contraire qui s’est produit. Quelle ne fut pas ma surprise de le voir commencer à laver mes vitres en m’expliquant que “son village, il le voulait propre”. Je l’ai remercié tout bonnement et suis parti faire mes courses à l’intérieur. À mon retour, une seconde surprise m’attendait. Mon jeune squeegee à l’allure si “colorée” avait eu la gentillesse de laver toutes mes vitres et mes miroirs. N’en croyant pas mes yeux, j’ai décidé de partir à sa recherche, il ne devait pas être bien loin comme il ne s’était écoulé que 30 minutes. C’est au coin des rues St-Denis et Ste-Catherine qu’à peine 10 minutes plus tard, je retrouvais mon ti-monsieur Net.

Je lui ai demandé de m’expliquer comment il pouvait faire son argent si il lavait gratuitement les vitres de toutes les voitures? Sébastien m’a expliqué qu’il voulait faire comprendre au monde qu’il n’est pas nécessaire d’avoir peur de tous les squeegees. Qu’il était connu dans le village pour toujours faire un bon travail et ne jamais parler d’argent. Devant tant de gentillesse, je lui ai glissé un p’tit 2$ et j’ai contribué moi-même à récompenser ce que je croyais à l’époque légitime. Comme quoi, c’est encore dans le village qu’on trouve les êtres les plus inusités et les victimes les plus innocentes.

Agression sur la route

Louis Laflamme habite le village depuis presque 8 ans. Il aimait jadis circuler en voiture et aller faire ses courses au centre Maisonneuve sur Sherbrooke Est mais depuis quelques mois, les squeegees lui causent de plus en plus de soucis. Un soir alors que je circulais moi-même sur Ontario, j’ai aperçu cet automobiliste aux prises avec quelques squeegees. Comme je devais faire un dossier sur le sujet, rien de plus naturel que de le rejoindre quelques rues plus loin et lui demander de nous raconter ce qu’il venait de se passer. Nous avons pu assister de nos propres yeux, en prime, à ce qui semblait être une sombre histoire de je-m’en-foutisme-policier. En cette chaude soirée du 11 août dernier, alors qu’il circulait sur la rue De Lorimier, au coin de la rue Ontario, Monsieur Laflamme a eu la désagréable surprise de voir sa voiture encerclée par 7 squeegees pendant qu’un huitième lavait sa vitre sans en avoir demandé l’autorisation évidemment. Étonné, Monsieur Laflamme baisse sa vitre et demande ce qui se passe. On lui répond qu’il n’est pas aveugle, que quelqu’un lave son pare-brise et que les autres s’assurent qu’il soit payé! Un pas de plus venait d’être franchi, est-ce que les squeegees étaient maintenant devenu des maîtres chanteurs? <<maintenant on utilise l’intimidation et les menaces pour vous extorquer votre argent en pleine rue>> de nous dire Monsieur Laflamme en proie à la colère.

Qu’à cela ne tienne, il donne 1$ et passe l’intersection pour s’arrêter à la première cabine téléphonique où il est rejoint par notre journaliste. Il compose immédiatement le 911 et demande une assistance immédiate de la police pour menaces, intimidation et agression sur son véhicule. Après plus d’une heure d’attente, Monsieur Laflamme recompose le 911 et insiste pour avoir une assistance de la police puisqu’il y avait là une situation abusive et dangereuse. Une autre demi-heure passe et à bout de patience, il quitte les lieux sans avoir eu droit à la protection dont il croyait pouvoir bénéficier en tant que payeur de taxes montréalais.

Comme d’habitude!!!

Interrogé par RG sur cette histoire, un policier du poste 22, qui devait répondre à l’appel de Monsieur Laflamme, s’est contenté de nous dire encore une fois que les moyens et les effectifs manquaient pour répondre à de tels appels. << Ce soir-là, on avait seulement deux voitures et l’appel de Monsieur Laflamme a été classé comme non prioritaire. Il y avait un cas de violence conjugale et un autre de personne blessée>> de nous expliquer le policier dont nous garderons l’anonymat.

Mais était-ce là la véritable raison? De plus en plus, les policiers mettent sur le dos des “décideurs” leurs propre fainéantise et alors même que Monsieur Laflamme attendait l’aide d’une police invisible et qu’on nous expliquait au téléphone les raisons de cette absence, RG a pu observer une voiture de police en face du Monsieur Donut sur Ste-Catherine avec ses deux policiers à l’intérieur qui attendaient en ligne pour se faire servir. Appels urgents? Manque d’effectifs? ou gros lards fainéants qui mentent à leur répartiteur simplement pour ne pas manquer la dernière fournée de ti-beignes chauds?

Solutions

Encore une fois, l’opinion publique pourrait se faire entendre, encore faudrait-il savoir à qui s’adresser? Les personnes qui souhaitent enrayer le fléau des squeegees, des quêteux malpropres, des drogués et de la prostitution du village peuvent 1- contacter le commandant FOURNEL du poste 22 (280-0122) et lui dire leur façon de penser. C’est lui qui peut ordonner que ses policiers appliquent les règlements votés démocratiquement par le conseil municipal. 2- Contacter le conseiller municipal du village Monsieur Sammy FORCILLO (872-3108) qui se fera un plaisir de transmettre les revendications au commandant FOURNEL et à la mairie. 3- Contacter le chef suprême de police de Montréal Monsieur DUCHESNEAU au quartier général de la police. 4- contacter la commission de déontologie policière et porter plainte pour non application des règlements municipaux. Ça, ça va vraiment faire chier les commandants de police et ça pourrait porter fruit. Si toutes ces solutions ne marchent pas, il reste toujours la possibilité de ne plus rien donner, jamais, à ceux qui sollicitent et qui salissent nos voitures rien que pour se payer leur foutue drogue. Ça, c’est du concrêt!

R.L.C.

About gayglobeus

Roger-Luc Chayer Journaliste et éditeur de Gay Globe TV et de la Revue Le Point
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