VIH Une autre ruse du virus mortel
Sunday, October 27th, 2013Université Laval
Le virus du sida est un petit futé. Il utiliserait la machinerie cellulaire de son hôte pour fabriquer des molécules empêchant les cellules infectées de se faire hara-kiri. Ce faisant, il achèterait du temps pour boucler son cycle de réplication. Voilà ce que suggère une étude que des chercheurs de la Faculté de médecine de l’Université Laval et du Beckman Research Institute de Californie publient dans un récent numéro de la revue Retrovirology.
Les molécules en question sont des microARN. «Il s’agit de courts segments d’ARN qui interfèrent avec la synthèse protéique en bloquant la traduction des ARN messagers, explique l’un des auteurs de l’étude, Patrick Provost. Dans le cas du VIH, les microARN viraux seraient fabriqués par les mêmes enzymes qui produisent les microARN de leur hôte.» Les travaux qu’il vient de publier avec son équipe montrent que les microARN du VIH modulent la synthèse de quatre protéines qui jouent un rôle dans l’apoptose et dans la survie de la cellule.
«L’apoptose est un mécanisme de défense qui permet à un organisme de se débarrasser de cellules malades ou infectées. Normalement, ces cellules infectées sont sacrifiées rapidement afin d’assurer la survie de l’organisme», explique le chercheur. On devine facilement que cette éventualité ne fait pas l’affaire du VIH qui a besoin de cellules vivantes et de temps pour mener à bien sa réplication. «En modulant l’expression de ces quatre gènes, le VIH maintient un équilibre entre sa prolifération et la mort cellulaire», avance la première auteure de l’étude, Dominique Ouellet. Les chercheurs envisagent la possibilité de recourir à ce mécanisme pour entraver la multiplication du VIH. «Il s’agirait de neutraliser les microARN du virus en livrant dans les cellules de l’hôte des molécules qui leur sont complémentaires, propose le professeur Provost.
L’apoptose pourrait alors avoir lieu et les cellules de l’hôte mourraient avant que le virus ait le temps de se répliquer.»
L’étude parue dans Retrovirology est signée par Dominique Ouellet, Jimmy Vigneault-Edwards, Kevin Létourneau, Lise-Andrée Gobeil, Isabelle Plante et Patrick Provost (Faculté de médecine, Centre de recherche du CHUQ au CHUL) et par les chercheurs américains John Burnett et John Rossi.
VIH : deux fois moins d’infections chez les enfants en dix ans
(Nouvel Obs)
Le sida recule. L’Onusida souligne dans son rapport annuel « une accélération considérable » en direction de l’objectif fixé pour 2015 : l’inversion du cours de l’épidémie. L’objectif n’est pas encore atteint puisqu’en 2012, le VIH a infecté 2,3 millions de personnes. Mais cela représente 33% de nouvelles infections de moins qu’en 2001 et 52% de moins si l’on ne considère que les enfants.