Sida: la juste posologie
Saturday, October 12th, 2013Mediapart
Dans un billet intitulé L’annonce de séropositivité de Richard Cross ou le danger du sensationnel, Mathieu Brancourt évoquait « une méthode controversée »: l’allègement des traitements contre le VIH mis en place par le Dr Jacques Leibowitch à l’hôpital de Garches (Yvelines). Mediapart publie ici la réponse de Jacques Leibowitch, spécialiste du sida et chercheur, qui défend de moindres prises d’antirétroviraux.
Richard Cross aura choisi de se faire traiter contre le VIH selon la modalité ICCARRE (Intermittents en Cycles Courts, les Antirétroviraux Restent Efficaces) : sous ordonnances de son prescripteur, les médications anti VIH ont été réduites à 4 jours de prises par semaine (au lieu des 7 jours d’auparavant) puis 3 jours semaine (= 4 jours de médicationsOFF) maintenant le rétrovirus sous contrôle optimal… Une posologie juste nécessaire et suffisante, préférée aussi par 90 patients de Garches aux 7 jours de traitement hebdomadaires imposés. Pour une personne de 30 ans sous anti VIH traitée suivie jusqu’à 80 ans = 50 années de chimiothérapie ! Sous ICCARRE 2 jours par semaine, 104 prises médicamenteuses par an au lieu de 365= 50 ans plus tard, 35 années de chimie en moins dans l’organisme… Dans les cercles sida, on rêve de la rémission pharmaceutique prolongée… ICCARRE l’aura fait, dans sa réalité !
« Un traitement particulier » ? 80 000 personnes sous traitement anti VIH effectif durable en France pourraient sans doute bénéficier de la réduction à 4 jours sur 7. La solidarité nationale ferait incidemment des centaines de millions d’euros non-consommés par an, récompense de la petite réduction à 4 jours – au lieu des 7 toujours recommandés.
« Un traitement controversé » ? Assurément… Mais à qui « profiteraient » donc les 3 ou 4 ou 5 jours de médicaments en trop par semaine? A Big Brother Pharma… Mais les vilains fabricants de bombes ne pas responsables des bombardements effectués ? Les temps réglementaires venus, Big Pharma se conformera, évidemment… Nos Barons de Chaires, arbitres décisionnaires-experts sur tous les cas, en cumul de mandats d’influence, dotés d’auxilliaires en bandes organisées par eux mêmes publiquement dotées, auront eu, les documents le prouvent (du) mal en effet : tous partisans dun dogme de la réparation immunitaire optimale comme objectif premier absolu du traitement anti VIH, ils ont en ligne de mire …un mirage de dimensions immesurables… Le catéchisme a chez eux valeur de Graal, aussi éternellement désirable qu’inatteignable ! De quoi ne jamais lever le couvercle des prescriptions 7 jours sur 7, pour autant n’est pas que nos forteresses intérieures ne seront jamais assez immunitaires !
Leibowitch Vieux Pitbull, « serait derrière le coup de projecteur de Richard Cross »… Merci pour la délicatesse, Cher Jeune, mais non: RC y est allé de son initiative, dans l’élan concerté des ICCARRE de se fédérer pour revendiquer leur droit aux médications ajustées. Pourquoi cet activisme ? Parce que bientôt chargé de 75 balais, Leibo pourrait bien tirer sa révérence… Pardon alors aux ICCARROIS et Reines, mais elles/ils devront s’en retourner à la sur-médication réglementaire, contraire par elles et eux éprouvés aux principes du Primum Non Nocere… Secundum Non Exaggerare…Les chimiothérapies anti VIH à long terme seraient-elles d’eau douce ! Tous les ICCARRE disent le soulagement physique et mental des astreintes médicamenteuses raccourcies.
ICCARRE modalité « controversée » ? ou carrément « niée » ? Tout médecin responsable est habilité à prescrire ces anti VIH, hors autorisation de mise sur le marché, foi de l’article 8 bis du code de déontologie médicale des années 2000 et suivantes – où est spécifié: « le médecin doit limiter ses prescriptions et ses actes à ce qui est nécessaire à la qualité, la sécurité et à l’efficacité des soins…». Mais foin de l’éthique, foin des résultats ICCARRE-SCARIYET ( Short cycles (of) Anti Retrovirals (provide) Intermittent Yet Effective Therapy…), publiés (en anglais) il y a 4 ans dans un journal scientifique international à comité de lecture académique indépendant : la faisabilité d’ICCARRE – et l’efficacité sans faille des 4 jours de traitement au lieu des 7- y étaient présentées… Mais les confrères auront préféré comme naturelle la sur-médication réglementairement obligée.
La généralisation du protocole ICCARRE serait possible en droit pourtant… au prix d’une RECOMMANDATION TEMPORAIRE DE PRESCRIPTION HORS AMM… Issue par l’Agence de Sécurité du Médicament après sa réquisition par une association agréée – l’agence nationale de recherches sur le SIDA par exemple - le temps pour les patients sous ICCARRE et d’autres qui en feront alors la demande à leurs médecins, de profiter d’un bénéfice thérapeutique hautement désiré… En attendant – mais sans plus attendre – que l’ANRS et ses alliés en aient terminé des procrastinations procédurières qui auront retardé l’implémentation d’ICCARRE en clinique.
Merci à Mediapart, premier des derniers journalistes d’investigation, pour l’ouverture de ce ban. Que les personnes vivant avec le VIH et ses médications 7 jours par semaine se saisissent de leur droit à LA JUSTE POSOLOGIE pour que cesse – avant les 5 ans ou 10 ans et plus prévus par « le règlement »- une sur-médication soutenue par les caciques de circuits SIDA figés.
Docteur Jacques Leibowitch, Garches, 9 octobre 2013.