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VAGUE DE DÉCÈS Chez les danseurs exotiques du Village

Sunday, October 27th, 2013

La Presse

Pierre-Alexandre Charette, 27 ans, est le premier de quatre danseurs du Stock Bar à avoir perdu la vie au cours de la dernière année. Le jeune homme est mort à l’hôpital de Saint-Eustache le 21 août 2012 d’un arrêt cardiaque. Ses reins ne fonctionnaient également plus.

Un an plus tard, les proches de Pierre-Alexandre sont encore atterrés. Et quand La Presse leur a appris que trois autres jeunes hommes ayant travaillé au Stock étaient morts dans la dernière année, tous ont été renversés. Pierre-Alexandre, qui se faisait appeler Sean quand il travaillait, dansait au Stock depuis 10 ans. Au fil des ans, la pression pour conserver un corps d’Adonis montait. Pour entretenir son corps d’athlète, Pierre-Alexandre consommait des stéroïdes. Et plusieurs autres substances. Selon Mme Charbonneau, Pierre-Alexandre contrôlait strictement son alimentation. « Il mangeait des steaks de cheval. Il pesait tout. Il fallait qu’il soit cute pour bien paraître », dit-elle.

Sunny Deblois, 22 ans, est mort subitement chez son ami, le 8 mars à Longueuil. Le jeune homme originaire de Saint-Georges-de-Beauce mangeait chez son ami après une soirée mouvementée quand il est tombé face première dans sa nourriture.

Plusieurs substances ont été retrouvées dans son sang. Le coroner Jacques Ramsay, qui enquête sur cette mort, s’apprêtait à conclure à une mort par « effet cumulatif de toutes les médications qu’il avait pris ». Car M. Deblois consommait entre autres des antidépresseurs et des opiacés pour soulager la douleur liée à une luxation de l’épaule. Mais le coroner Ramsay a décidé de pousser son investigation plus loin quand il a appris par La Presse que M. Deblois était le deuxième de quatre danseurs du Stock à mourir au cours de la dernière année.

Le 15 mai 2013, c’était au tour de Louis-Philippe Nadeau, 21 ans, de perdre la vie. M. Nadeau est mort d’un arrêt cardiaque. Lui qui dansait sous le nom de Luis, travaillait occasionnellement au Stock Bar depuis décembre 2012. Il était un adepte du culturisme, comme le démontrent les nombreuses photos de lui participant à des compétitions sur sa page Facebook. À la Coupe Espoir Québec de culturisme de 2012, M. Nadeau avait terminé premier de la catégorie « Heavyweight Junior ».

Selon un athlète du milieu du culturisme québécois, Louis-Philippe était reconnu comme étant un grand consommateur de stéroïdes. « Mais il les prenait en continu. Ce n’est pas surprenant si son corps a pété au frette ». La responsable des communications de l’Association québécoise des médecins sportifs ne peut commenter directement la mort de ces jeunes hommes. Mais elle confirme que les stéroïdes ont des effets indirects sur le cœur. Le dernier danseur du Stock à avoir perdu la vie est Steeven Grenier, 24 ans. Le jeune homme de Terrebonne, qui a dansé sous le surnom de Steev Gold pendant plusieurs années avant de se retirer en 2012, a été retrouvé pendu dans un bois près de Saint-Jérôme.

Le propriétaire du Stock Bar, est au courant de ces quatre morts survenues au cours de la dernière année. Mais selon lui, son établissement n’a aucun lien avec ces événements. « Certains des gars ne travaillaient plus ici depuis plus d’un an », dit-il. « Le seul lien qui unit ces garçons, c’est qu’ils étaient jeunes et qu’ils faisaient beaucoup d’argent », tout en reconnaissant que les danseurs du Stock ont un certain « style de vie » commun.

Le Stock et le Unity en ruines

Monday, February 22nd, 2010

Un terrible drame sʼest abattu sur le réputé bar de danseurs nus de Montréal…
Dans la dernière semaine dʼavril, tout juste avant les grands événements gais de lʼété et après avoir investi des sommes importantes dans sa modernisation et son très célèbre site internet au https://www.stockbar.ca/, un incendie est venu ravager lʼensemble de lʼimmeuble, détruisant à la fois le Stock Bar et le club Unity. Un drame oui, mais une réelle volonté de reconstruire est venue remplacer la déprime des premières heures.

Longtemps réputé pour la qualité de ses danseurs et de son site internet montrant des centaines de photos de danseurs, le Stock nʼest plus que ruines, mais son patron, M. Sylvain Sénécal, est bien déterminé à faire revivre le Stock. Il a été impossible de recueillir les commentaires des propriétaires du Unity mais il est probable que ces derniers soient animés par la même volonté de repartir à neuf que leurs voisins du Stock.
Le Point a contacté M. Sylvain Sénécal pour lui offrir son support et son appui afin que reviennent vite ces superbes danseurs qui ont fait la réputation de Montréal auprès des touristes en manque de beaux mecs.

Le phénomène des danseurs nus

Saturday, November 14th, 2009

Jʼhabite le Village, jʼy sors et mes amis sont en majorité gais. Pourtant, je suis straight. Est-ce possible de parler de gais lorsquʼon est straight,
sans glisser dans lʼhomophobie, ni déraper vers une apologie de lʼidentité gai?
Par: Alain Hochereau
Parler pour le plaisir dʼéchanger autour de sujets qui nous concernent
tous, gais ou lesbiennes comme straights, hommes comme femmes.
Chronique dʼun regard hétéro, mais peut-être pas si straight que ça.
Lorsque je suis arrivé à Montréal, il y a de ça déjà quelques années, on mʼa
« initié » aux bars de danseuses. Ça peut paraître anodin pour un straight
du cru et même, sans intérêt pour un gai dʼici, mais pour lʼeuropéen que
jʼétais, cʼétait toute une expérience, presque métaphysique. Toucher du bout
des yeux, du bout des doigts, mais jamais de lʼextrémité que toute cette
stimulation visuelle éveille le plus. Un vrai supplice!
Pourtant, pour nous-autres dʼAmérique du Nord, aller dans un bar de
danseuses ou de danseurs serait plutôt un passe-temps agréable et, somme
toute, très bon-enfant. On va prendre un verre avec des amis, on jase, on
plaisante, on tapote amicalement des fesses, on caresse gentiment un
sein, un pénis, mais presque par inadvertance, en tout cas, sans arrière
pensée, aucune. Dʼun autre côté, on entend dire des choses inavouables,
par exemple, que le milieu de la danse nue serait lié à la drogue et à la
prostitution, que les clients nʼauraient pas toujours des motivations très
saines, que les danseuses ne seraient pas si étudiantes que ça et que les
danseurs des bars gais ne seraient pas toujours très gais. Mais, rien ne le
prouve…
Un métier vieux comme le monde.
Depuis quand danse-t-on nu? Diffi cile de le savoir, sauf si lʼon croit les
mythes… Au Ier siècle avant Jésus Christ, il y aurait une certaine Salomé,
qui aurait dansé une « danse des sept voiles », érotique avant lʼheure,
devant le tétrarque de Galilée, Hérode Antipas. Mais cʼest une histoire trop
abracadabrante pour être vraie. Salomé aurait été la petite nièce dʼHérode
quʼelle aurait voulu séduire pour obtenir la tête de lʼélu de son coeur,
Saint Jean-Baptiste, qui se refusait à elle parce quʼil dénonçait lʼadultère
incestueux de la mère de la danseuse qui avait épousé en deuxième noce
son propre oncle. Dʼailleurs, lʼexpression « Danse des Sept Voiles » ne date
pas de lʼépoque, puisque cʼest Oscar Wilde qui lʼa inventée, en donnant
plus tard lʼidée à Richard Strauss de composer son opéra. De toute façon,
au Ier siècle avant Jésus Christ, les princesses ne dansaient pas devant les
hommes…
Dans son livre très bien documenté sur lʼhistoire du Striptease (1), Rachel
Shteir indique que « le striptease est au départ un divertissement typiquement
américain, né à la fi n du XIXeme siècle, qui sʼest épanoui de lʼâge dʼor du
Jazz jusquʼà la révolution sexuelle des années 60 ». Plus la société était
puritaine, plus les bars de danseuses avaient du succès. Mais, on parle bien
de danseuses, pas de danseurs. En ce qui concerne ces derniers, on assiste à
un phénomène inverse. Cʼest à partir du moment où la société commence à
se libérer, avec notamment lʼémergence des mouvements gais et féministes,
que les spectacles de danseurs nus se multiplient. Les bars de danseurs
deviennent plus populaires dans les « Villages » nouvellement constitués
et, pour les femmes, des groupes apparaissent, comme les Chippendales en
1979 et les Dreamboys en 1988. A Montréal, le Campus a 20 ans et le 281
date de 1980.
Qui va voir les danseurs?
Comme tout le monde le sait, il y a de tout dans les bars de danseurs. Des
vieux, des jeunes, des beaux et des moins beaux. On y est tous allé à un
moment donné, que lʼon soit homme ou femme, toutes orientations sexuelles
confondues. Pourtant les motivations varient beaucoup en fonction de chacun.
Dans une étude sociologique sur les danseurs nus (2), Michel Dorais et
Simon Louis Lajeunesse écrivaient que « les danseurs nus identifi ent
dʼemblée deux types de clients ; les « cochons », qui essaient de les tripoter
au maximum en les payant le moins possible, et les « amicaux », qui «
ont plus besoin de parler que de toucher, qui viennent nous raconter leurs
problèmes » ». En fait, après avoir interrogé différents gérants de bar de
danseurs, il en est ressortit que lʼon va voir les danseurs, soit pour assouvir
un fantasme (voyeurisme, domination psychologique), soit tout simplement
pour prendre un verre, soit encore pour y trouver une oreille attentive.
Eh oui, cʼest ainsi! Dans notre monde de solitude, on nʼa souvent guère le
choix que de confi er nos petites angoisses et nos grands rêves dʼamour à
notre analyste ou à… notre danseur attitré. Car lorsque le danseur nu se fait
psychologue, il a ses clients réguliers. Les hommes autant que les femmes
peuvent passer (et payer!) des heures à écouter cette voix caressante et à
se baigner dans ce regard doux comme un doudou qui nous fait croire
que, nous aussi, nous avons droit à notre part de tendresse. Néanmoins, les
clients qui ont besoin dʼécoute restent minoritaires. Dans lʼarticle de Michel
Dorais (2), un danseur nommé Billy fait remarquer que « ceux qui parlent,
qui te prennent quasiment pour un psychologue, qui ont juste besoin dʼune
David Beckham
Les danseurs aussi font semblant. Ils nous font croire à la séduction,
à lʼamour presque. Au 281, ils sont tous straights et dans le Village, ils
sont tous gais… paraît-il. En fait, on mʼa confié que 75% des danseurs
pour hommes seraient straights. Dʼailleurs, ça tombe plutôt bien, puisque
beaucoup de straights fréquentent les mêmes bars. Ce sont souvent des
pères de famille qui se retrouvent coincés entre leurs responsabilités et leur
désir qui nʼest pas toujours très clair dʼailleurs.
Et puis, il y a les isoloirs, qui nʼisolent pas vraiment parce quʼon les laisse
ouverts, histoire de montrer quʼon nʼa rien à cacher, même si on sʼisole
pour ça. Et puis, il est interdit de toucher, et de toute façon les danseurs sont
straights. Donc, on suppose quʼil ne se passe jamais rien, même si on nʼen
croit pas un mot.
Un bar de danseur cʼest un monde dʼillusions, une sorte de cirque de
lʼérotisme facile. Mais, cʼest aussi tout simplement un endroit où lʼon ne
fait que passer (ce nʼest que dans la journée que les clients sʼéternisent),
où lʼon prend du bon temps, où lʼon vit ses « bas instincts » de bête, bien
innocemment, sans faire de tort à qui que ce soit et sans que personne ne
porte de jugement. Comme le dit Gary, le sémillant propriétaire du Campus,
« Il y a dans les bars de danseurs une grande ouverture dʼesprit, tant du côté
des danseurs que du côté des clients. Ici, on ne juge pas le monde ». Après
tout, la vie est souvent une affaire de petits faux-semblants bien inoffensifs.
Et si les bars de danseurs existent, cʼest sans doute quʼon en a besoin. Alors,
laissons-nous aller et allons voir les danseurs…
(1) Striptease: The Untold History Of The Girlie Show, Rachel Shteir,
Oxford University Press, Octobre 2004.
(2) Intimité à vendre : comment devient-on travailleur du sexe?, Michel
Dorais et Simon Louis Lajeunesse, Revue Sociologie et Société, 2003
présence, cʼest seulement 15 à 20 % des clients ». Pour les autres, dans le
cas de Billy, « tʼes comme un morceau de viande, ils essaient de te toucher
le sexe, même si je les avertis quʼils vont trop loin là, ils arrêtent pas ». Et
cʼest sans doute la différence majeure qui existe entre les hommes et les
femmes face à un danseur nu.
Regard dʼhomme, regard de femme.
Pour nous les hommes, cʼest plus fort que tout. Il faut quʼon touche, quʼon
sʼapproprie. On doit avoir conservé beaucoup dʼenfance en nous pour avoir
un tel besoin de préemption et de mettre dans la bouche tout ce qui passe
près de nous… Les femmes, elles, ont des besoins plus fantasmagoriques.
« Elles vont se faire séduire, mais elles ne veulent pas aller plus loin »,
mʼa confié Steeven, le gérant des danseurs du 281. Dʼailleurs, que ce soit
dans les bars de danseurs pour femmes ou dans ceux du Village lors des
ladiesʼnights, les danseurs se mettent peu nus et ne sont que rarement en
érection. Les femmes préfèrent lʼérotisme de la suggestion à lʼévidence
brutale dʼun homme bandé. Et elles sont friandes de spectacles. Au 281, les
danseurs travaillent de véritables chorégraphies à la Chippendales. Cʼest
tellement pris au sérieux que Steeven mʼa révélé que deux chorégraphes du
Cirque du Soleil participent depuis peu à lʼélaboration des chorégraphies du
bar.  Lʼobjectif avoué du 281, a rajouté le gérant, est de faire « un spectacle
cabaret à connotation érotique ». Dʼailleurs, le spectacle nʼest pas que sur la
scène, il est dans la salle. On se tortille sur sa chaise, on hurle, on trépigne.
Cʼest digne dʼune foire aux bestiaux. Lʼavantage cʼest que ça rend les
soirées nettement plus animées et bon-enfants que dans les bars de danseurs
pour hommes ou les bars de danseuses. Par ailleurs, toute cette frénésie
électrise les danseurs et rend leur performance meilleure. « Plus elles crient,
plus on a envie dʼen donner, plus on a du fun, meilleur on devient et ça les
fait crier encore plus! », résume Steeven.
Cʼest une dynamique danseur/public qui est absente chez les hommes.
Dʼailleurs, jʼai pu constater que les danseurs du Village ont aussi peu de
sensualité et dʼimagination dans leur façon de bouger que les danseuses
nues que jʼai vues ailleurs. Comme quoi, quʼon soit straight ou gai, les
hommes sont tous les mêmes. On veut voir de belles fesses, peu nous
importe quʼelles sachent bouger correctement. Sois belle et ne bouge
pas, pour que je puisse tʼattraper! Car même si les danses contact sont
officiellement interdites dans le Village, ça nous trotte tous dans la tête
de faire quelque chose de plus intéressant avec ces petites fesses qui se
trémoussent devant nous que de juste regarder. Chez les straights, on ne
va dʼailleurs pas sʼenfermer dans des isoloirs exiguë et inconfortables pour
rien! Cʼest sans doute dommage dʼêtre si dépendant de ce quʼon a entre les
jambes. Ça nous empêche de jouer. Les femmes, qui nʼont pas ce problème,
sʼen donnent à coeur joie. Steeven du 281 et Normand le gérant de lʼAdonis
(ouvert aux femmes trois soirs par semaine) mʼont tous les deux dit quʼavec
les femmes, les débordements sont monnaie courante. « Elles arrivent sans
bobette, elles se frenchent entre elles, juste pour exciter les danseurs ». Avec
les femmes, le jeu de la séduction (pas toujours très raffiné, certes) existe
dans les deux sens, du côté des danseurs, comme du côté des spectatrices.
Nous les hommes, on ne veut pas sʼattarder à séduire, on veut consommer.
Le témoignage de Billy dans lʼétude de Michel Dorais (2) est à cet égard
éloquent. « Danser pour les hommes ou pour les femmes, cʼest pas la même
ambiance, du moins pas pour moi. Avec les femmes, cʼest plus facile, tʼas
quʼà jouer au séducteur ; tandis quʼavec les hommes ça va être plus sexe,
plus provocateur… ». Pourtant, on sʼen cache. Il ne faudrait pas passer pour
un monstrueux obsédé. Alors, on fait semblant…
Faisons semblant
Cʼest vrai que les femmes simulent beaucoup. Pour paraître très excitées,
elles hurlent à lʼorgasme et deviennent exhibitionnistes. Pour les hommes,
cʼest le contraire. On fait semblant de ne pas être excité du tout. Alors, on
ne dit pas quʼon va voir des hommes nus (ou des femmes nues), on va
simplement prendre un verre dans un bar de danseurs, même si on sait très
bien quʼil nʼy en a aucun qui sache danser.  On ne regarde pas non plus ce
superbe appendice qui se dresse vers nous comme une offrande, on prend un
air dégagé, presque distrait et on sirote sa bière en plaisantant avec son voisin.